Histoires(s) (RAWAFID [Confluents]. Revue de l’Institut Supérieur d’Histoire du Mouvement National. (Tunis) vol. 1 n° 1, 1995)

فؤاد صوفي (مؤلف)
175 – 182
Le travail : figures et représentations
N° 1 — Vol. 01 — 30/04/1997

Soeur tunisienne de la précédente mais d’une toute autre qualité. Modestement, avec des moyens pas toujours à la mesure des efforts qu’ils consentent, ni de leurs ambitions, nos amis tunisiens produisent plus, mieux et bien.

Ce premier volume est consacré pour une large partie à l’histoire du mouvement national. Loin de s’enfermer dans une vision hagiographique de l’Histoire du mouvement national tunisien, l’Institut encourage une approche plurielle où les réflexions sur la méthode renforcent le débat sur l’histoire. Et apparemment l’histoire tunisienne pose problème.

Hassan Raouf HAMZA explique le manque d’intérêt des historiens tunisiens pour l’histoire du mouvement national, par le fait que cette histoire est « perçu... comme une histoire surveillée et verrouillée qui est faite souvent de silence, de prudences et d’omissions...et qui a toujours à compter avec la raison d’Etat, le bon plaisir du prince... » et de proposer quelques hypothèses pour le débat. Reste à savoir si vraiment « l’histoire a constitué une pièce maîtresse du dispositif colonial français », si vraiment « la France allait se servir de l’arme de l’histoire pour parachever son oeuvre et entreprendre la conquête des âmes » Pour Hamza, l’histoire enseignée par Bechir Sfar - l’aîné de notre Mubarak El Mili - est dépassée et il y a « urgence aujourd’hui de repenser notre histoire, de lui donner sa matière et sa méthode et de lui fixer de nouveaux axes et horizons de recherches... En somme une histoire qui aiderait le Tunisien... à mieux se connaître et à mieux se penser dans le temps... », Vaste programme. Mais n’y a-t-il pas là également « conquête des âmes » ? Le problème du statut de l’histoire et de sa fonction sociale reste entier en Tunisie et en Algérie. Visiblement nous avons besoin d’un bilan serein de l’historiographie coloniale, d’évaluer sans complaisance son impact sur nos histoires nationales pour mieux discerner l’envers de l’endroit.

Mohamed El Hadi CHERIF, dans son Essai d’évaluation de l’histoire du mouvement national est moins systématique. Tout n’est pas noir et tout n’est pas blanc et de suggérer d’étudier les changements intervenus entre 1881 et 1956, changement économiques, démographiques, culturels, changements des mentalités et changements politiques.

De son côté, Habib BELAID se demande à travers un article sur les P.T.T. dans la Régence de Tunis (1847-1955) si la destruction régulière du réseau télégraphique tunisien est une forme d’« une résistance anticoloniale puis nationaliste ou une résistance à un progrès technologique non maîtrisé » ? Le télégraphe devient le symbole du pouvoir beylical et des étrangers. Il est détruit à chacune des révoltes avant et après 1881. Aussi, « l’année 1881, n’aurait été qu’une accélération et une confirmation de cette pénétration devenue militaire... »

Le dossier bibliographique que présente Kmar KCHIR-BENDANA est une sorte de point sur cette vague éditoriale française sur la colonisation. Sans complaisance pour les ouvrages passés en revue, l’auteur est convaincue que « seule une circulation plus internationaliste de l’information scientifique (thèses, éditions de textes, enquêtes orales...) et des résultats de recherches peut espérer donner naissance à des ouvrages didactiques... sortant des sentiers battus de l’histoire coloniale et du seul souci identitaire des histoires nationales en renaissance ».

Un débat maghrébin (et même maghrébo-français) sur nos rapports à l’historiographie coloniale devrait être ouvert

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SOUFI, F. (1997). Histoires(s) (RAWAFID [Confluents]. Revue de l’Institut Supérieur d’Histoire du Mouvement National. (Tunis) vol. 1 n° 1, 1995). إنسانيات - المجلة الجزائرية الأنثروبولوجيا والعلوم الاجتماعية, 01(1), 175–182. https://insaniyat.crasc.dz/ar/article/histoiress-rawafid-confluents-revue-de-linstitut-superieur-dhistoire-du-mouvement-national-tunis-vol-1-n-1-1995