Violence et ville par Ammara Bekkouche Bauer, Alain et Raufer, Xavier.- Violence et insécurité urbaines.- Paris, PUF, 1999. Que Sais-je ?

فؤاد صوفي (مؤلف)
113 – 114
Violence : Contributions au Débat
N° 10 — Vol. 04 — 30/04/2000

Un problème à définir, une démarche analytique, des suggestions de solution tel est le schéma introduit par le texte que nous proposent Alain Bauer et Xavier Raufer pour apprécier le niveau de gravité de l’insécurité urbaine en France. Il s’agit aussi de montrer l’inefficacité d’une soit disant démarche préventive pour pallier les effets de la violence. Une observation parallèle du modèle américain apporte quelques éléments des théories visant à établir l’origine du crime.

Documents, enquêtes et chiffres à l’appui, structurent le constat qui met en rapport les types d’espaces résidentiels (quartiers, cités, zones...) et les différentes formes de violences urbaines observées. Outre une méconnaissance du phénomène, la médiatisation des faits laisse percevoir que la mesure de la réalité n'équivaut pas à la gravité de la situation. Au­ delà de l’ampleur spatiale et géographique, ce sont les nouvelles formes d’organisation de la violence qui devraient préoccuper les décideurs. La délinquance des mineurs notamment au niveau des établissements d’enseignement et le trafic de drogue par exemple, masquent la stratégie des caïds locaux. La mise en place de Zones d’éducation prioritaires (ZEP) dont le chiffre ne cessent d’augmenter n’ont pas eu l’effet escompté d’amélioration dans le domaine de la sécurité. Les transports en commun sont eux aussi des lieux de délits, ainsi que la relation de plus en plus inquiétante entre la délinquance, le fanatisme et un ordre criminel de trafics plus lucratifs.

Quelles réponses à l’insécurité urbaine et que peut un Etat dont la justice est saturée et la police débordée, contre la sanctuarisation du phénomène ? Les pouvoirs locaux en France se heurtent au manque de moyens pour mettre en œuvre la loi d’autant que les problèmes de caïdat, et de l’absentéisme des parents restent une réalité difficile à aborder. Les effets pervers de la démarche préventive sont là pour signifier son inefficacité à plus d’un titre. Mais il existe selon les auteurs des formes d’action illustrées par deux exemples rapportés comme étant des expériences positives pour orienter la réflexion.

Trois numéros de la revue URBANISME ont retenu notre attention. Trois dossiers ouverts par Thierry Paquot qui nous livre ses observations à l’égard d’une vision statique du couple violence/répression que justifie une certaine «une idéologie sécuritaire» en omettant l’interrogation sur les causes qui les génèrent. Maux de tous les temps, il est intéressant de faire quelques détours historiques dont l’un des plus récents évoque «l’Esprit 68» et donne à réfléchir sur les multiples questionnements qu’il inspire.

Violences urbaines, janvier- février 1996, n°286

Ce dossier note les différentes formes de violences et en exprime la diversité à travers celle de ses articles et entretiens. Une attitude commune dans la démarche tend à observer l’évolution du concept de violence, pour contester voire contrevenir les visions nourries d’un fatalisme ambiant. En témoignage, Hélène Joinet, nous fait part des confidences d’une «bignolle» pour démystifier l'image de violence généralement attribuée à la cité de Courneuve.

Gilles Peissel, Sophie Body-Gendrot, Julien Damon, Jean Baudrillard nous livrent quelques éléments de perception des différentes formes de violence et de ses manifestations.

Les entretiens avec Michel Marcus d’une part et Jean-Pierre Duport d’autre part, rapportent les rudiments d’une prise en charge de la violence par de nouvelles formes d’institution où le caractère préventif tente de l’emporter sur le répressif. C’est dans cette même ligne que s’inscrivent Sylvie Schaffer et Jean ­Christophe Schmitt, tous deux journalistes attestant de l’existence d’une volonté de dialogue et d’intégration que pratique l’îlotier, ce métier d’un nouveau genre pour atténuer la crise. En d’autres lieux, Claudine Bansept, découvre la violence silencieuse qui peut s’instaurer dans une cité, Gisèle Fiche fouille les milieux de la justice et note la nature des expériences novatrices en la matière.

Dominique Picard investit les réseaux de transport urbain pour confirmer les revers d'une politique du tout sécuritaire et que Julien Damon illustre par ses observations sur la gare.

L’enquête enfin de Frédéric Ocqueteau et Marie-Lys Pottier consacrée aux hypermarchés français, ouvrent un champ de questionnements défiant les promoteurs de la sécurité publique de répondre à des questions de méthodes, de moyens et de procédures. Pour Bernard Defrance, professeur de philosophie, c’est la perception à sens unique du problème qu’il convient de revoir. Qu’en est-il en effet de ... ceux qui prétendent rétablir la loi dans les cités ... et de leur propre rapport à la loi ?

Exclusion, mars-avril 1996, n°287

Gestionnaires de la ville, administrateurs et architectes-urbanistes, collaborent   en force pour aborder les problèmes de l’exclusion.

Les Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) d’Ile de France se présentent comme un atout majeur dans leur approche, du fait de leur présence sur le terrain. Dominique Bonini, Sylvie Boulley-Duparc, Yves Brangier, Pascale d’Anfray-Legendre, Loula Choffé-Mitrofanoff, Vincent Lellèvre, Lonel Chomet, Laurence Feveile et Hubert Laignel représentants de CAUE et principalement des architectes contribuent par leur expérience à faire comprendre les données de ce phénomène.

Le regard historique de Roger-Henri Guerrand restaure les images d’une certaine exclusion qui a marqué en France, l’espace des mal-lotis et des zoniers jusqu’aux années 1950. Des progrès depuis ? Sans doute. Mais comme le constate l’auteur, plus sur le papier que sur le terrain. C’est cette même lenteur que Jean­ Claude Croizé nous expose à travers les espoirs déçus des cités d’urgence conçues entre 1954 -56.

Michel Steinbach pose le problème en terme de fracture dans les formes urbaines qui trouverait des éléments de réparation dans la recomposition de la Cité sur elle-même. Et c’est ce passage à l’opérationnel qu’appuie Dominique Girard en notant qu’il est aussi question de volonté pour combattre l’exclusion.

L’expérience des maires tels que Gaston Viens dans l’exemple d’Orly et Roger Prévot dans le quartier de La Caravelle, situe l’exclusion au niveau du concept de désintégration. Un exemple d’intégration d’ailleurs, réalisé par la Sonacotra, nous est rapporté par Sylvie Schaffer tandis que Serge Paugam pose le problème de la notion d’exclusion. Il invite les chercheurs à rassembler leurs connaissances pour mieux comprendre ce que l’on appelle l’exclusion.

Mai 68, mai- juin 1998, n° 300

Mai 68, 10, 20 puis 30 ans après, des bilans et des interrogations pointent le doigt sur les conceptions architecturales et 1’urbanistiques. Quel est le regard des architectes sur eux-mêmes et le regard des autres sur la pratique de ces disciplines ? Deux entretiens avec Hubert Tonka et Roland Castro, permettent de situer des repères. Curieusement, l’insurrection algérienne de novembre 1954 est évoquée chez ce dernier, pour avoir influé sur ses activités de contestataire contre un certain ordre établi. Michel Sené, de son côté, à partir d’une enquête de terrain, se penche sur le devenir des idées novatrices générées par les groupes de réflexion de l’après 68.

Le regard des autres nous est suggéré par Jean-Louis Violeau, Frédéric Seitz, Laurent Devisme, Anne Querrien, François Lautier, Otto Steidle, Laurids Ortner, Françoise Puaux.

Retracer l’histoire d’une subversion, relire la presse militante de l’époque, comprendre la logique des effets du baby-boom sur la politique de construction... autant d’actions qui nous conduisent au texte philosophique de Jean Paul Dollé, Paris-Mai, une sortie poétique à méditer.

Revue Historique, avril- juin 1998, n° 606

Histoire de la violence

L’intérêt de ce numéro est de rappeler que la violence est de tous les temps et de tous les pays. Une histoire de la violence peut se décliner au passé sans que, pour autant, ce passé ne soit convoqué pour expliquer et justifier le présent. A travers des exemples français (ils auraient pu être chinois, allemands, australiens, anglais ou brésiliens...), dans cette France en formation du 15è au 19è, sont écrites ces douloureuses expériences : B. Garnot : la violence et ses limites dans la France du XVIIIè siècle : l’exemple bourguignon, B. Benoit : Relecture des violences collectives lyonnaises du XIXè siècle, M.-H. Renaut: Vagabondage et mendicité : délits périmés, réalités quotidiennes, J-C. Cassard : Le légat catéchiste. Vincent Ferrier en Bretagne (1418-1419), Karine Leboucq : L’administration provinciale à l’époque des guerres de religion, Henri III, François d’O et le gouvernement de Basse Normandie (1579- 1588). Des travaux d’érudition historique qui nous sortent des idées prêt-à-porter, des jugements tous faits et des a priori. Des travaux qui sont autant de leçons d’histoire et de modestie pour intellectuels pressés.

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SOUFI, F. (2000). Violence et ville par Ammara Bekkouche Bauer, Alain et Raufer, Xavier.- Violence et insécurité urbaines.- Paris, PUF, 1999. Que Sais-je ?. إنسانيات - المجلة الجزائرية الأنثروبولوجيا والعلوم الاجتماعية, 04(10), 113–114. https://insaniyat.crasc.dz/ar/article/violence-et-ville-par-ammara-bekkouche-bauer-alain-et-raufer-xavier-violence-et-insecurite-urbaines-paris-puf-1999-que-sais-je