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Une source d’archives cartographiques : le fonds des cartes et plans conservé à la Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran


Insaniyat N° 89 | 2020 |Varia |p.13 -29  | Texte intégral


 


Saddek BENKADA: Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, 31 000, Oran, Algérie.


La Société de Géographie et d'Archéologie de la province d'Oran (S.G.A.O.) fut, pendant près d'un siècle, l'une des plus importantes sociétés savantes en Algérie[1]. Elle fut la quatrième à être créée durant les cinquante premières années de la colonisation, après la Société Archéologique de Constantine (1852), la Société Historique Algérienne (1856) et la Société de recherches scientifiques, devenue par la suite l'Académie d'Hippone (1863)[2].

L’idée de sa création, en 1877, est contemporaine en France, des nombreuses sociétés provinciales de géographie qui furent créées au lendemain du choc provoqué par la défaite de 1870-1871 face à la Prusse[3].

On nous permettra de rappeler également que la fondation de la Société intervenait à un moment crucial de l’expansionnisme colonial français, notamment en Afrique, et à un tournant important du développement de mise en carte du territoire « pacifié » par l’armée coloniale en Algérie ; où, justement, débute en 1879, la campagne de confection de la carte au 1/50.000 qui sera suivie par celle au 1/20.000, qui ne commencera qu’en 1888 (René, T. 1933, p. 105). Toutes ces cartes, à usage militaire, étaient produites jusqu’à la fin du XIXè siècle, par le Dépôt de la Guerre[4].

La Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran, relais de la propagande coloniale

Dès sa création, la S.G.A.O. a été portée sur les fonts baptismaux de la franc-maçonnerie oranaise, dont de nombreux « frères », sinon la majorité, étaient de fervents propagandistes de la « mission civilisatrice » de la France en Afrique[5]. En plus de son obédience maçonnique, la Société a été, par ailleurs, fortement marquée par des personnalités plus ou moins proches du domaine de la géographie militaire, à l’exemple de : César-Auguste Trotabas (1828-1897), Henri-Léon Fey[6], Louis Demaëght (1831-1898), isidore Derrien (1839-1904), Louis Voinot (1869-1960), Louis Mougin (1873-1955), lieutenant-colonel Chérif Cadi (1867-1939)[7], général Léon Jules Didier[8], Gaston Pellecat (1858-1932)[9] et même Michel Coquery[10]. Deux de ses présidents furent des militaires de carrière ; le lieutenant de vaisseau Trotaba[11] et le lieutenant-colonel, Isidore Derrien[12].

Agissant dans le cadre de la politique d’expansion coloniale de la France en Afrique, la S.G.A.O. se considérait comme partie prenante du réseau de comités et d’associations qui œuvrait activement dans le domaine de la propagande coloniale et elle se fait même le porte-parole du groupe d’influence du républicanisme nationaliste et coloniste représenté notamment par le député d’Oran, Eugène Étienne[13]. Ce dernier compte à son actif, la création de nombreux comités et associations agissant comme autant de lobbies pour la propagation du projet colonial : Le Comité de l’Afrique française (en 1890), Comité de l'Ethiopie (1892), l’Union coloniale (1894), le Comité de l'Égypte (1895), le Comité de Madagascar (1897), le Comité de l'Asie française (1901) et le Comité du Maroc (1903). 

En marge de ses travaux et publications, la Société organisait de temps à autre des Concours de Géographie du Département. En 1909, en prévision d’une intervention française contre l’empire chérifien, la Société initie un concours sur la Géographie du Maroc[14].

Pour ce dernier, plus particulièrement, la Société va s’investir pleinement[15]. Auguste Mouliéras (1855-1931), titulaire de la chaire de langue arabe à Oran, connu pour ses travaux sur les tribus marocaines, fut un fervent partisan d’Eugène Étienne et de sa politique coloniale. Étant président de la « Société », en 1904, il provoqua une crise en multipliant contre le gré de la majorité des membres, des initiatives en faveur de la campagne d'Eugène Étienne pour l'occupation du Maroc, en proposant notamment, de créer une « École de sociologie marocaine » à Oran, et une « Section orano-marocaine» de la Société[16].

Il fut remplacé en 1905 par le Dr Jules Gasser. Le secrétariat général du Comité du Maroc était tenu par Edmond Dechaud, secrétaire-archiviste de la Chambre de Commerce d'Oran[17].

La « Société » fut sollicitée, à maintes occasions, pour participer et donner son avis sur les grands projets d’envergure qui concentraient au plus fort l'intérêt du monde scientifique pour la découverte de nouveaux espaces et le besoin des milieux d’affaires devant le développement des échanges internationaux et l’expansion coloniale : canal inter-océanique, projet de mer intérieure dans le sud algérien et le sud tunisien (Rondaire, E., 1874), pénétration du Sud-Oranais, occupation du Maroc, l'application de l'heure décimale, etc. Mais le point nodal, si on ose dire de son programme colonial, reste, cependant, le projet de tracé du chemin de fer transsaharien[18], appelé à jouer un rôle stratégique important dans la constitution d’une Afrique totalement soumise à la domination coloniale française, et qui relierait, à partir de l’Algérie, le Nord de l’Afrique dont, seul le Maroc échappait pour quelque temps encore au début du XXè siècle à la domination coloniale à l’Afrique Occidentale Française (A.O.F.).

Il n’est donc rien de plus normal, dans ce cadre bien précis que la S.G.A.O. puisse entretenir des relations très étroites avec les missions d'exploration, notamment au Sahara (Cortier, Sabatier, Flamand, Kramer, Flatters, Foureau, Lamy, Gentil, Monteil…). Roland Villot fait observer que « les récits des explorateurs ont été insérés avec une particulière ferveur. Le Fouta-Djalon, le Haut-Sénégal, le Niger, le Soudan, le Congo français nous révèlent quelques-uns de leurs mystères et l’on peut suivre le colonel Monteil dans son expédition au Sénégal, à Tripoli et applaudir à sa hardiesse » (Villot, R. 1954, p. 44).

Origine du fonds cartographique

Le fonds documentaire est constitué de la bibliothèque (livres, revues, brochures, …) des archives et du fonds cartographique. Il y a lieu de préciser, en effet, que ce dernier comptait parmi les plus riches fonds qui ont pu exister à Oran durant l’époque coloniale, aux côtés de ceux des organismes, aussi bien civils (service de la Topographie et de l'Organisation foncière, Service des Archives départementales, Direction des Travaux publics, bureaux d’études publics,…) que militaires (chefferie du Génie, Batterie géographique de l’armée, Service de l’Observatoire des Cartes et Documents de la Marine,…)[19].

Le moins que l’on puisse constater en analysant la « liste d’inventaire » des cartes conservées à la S.G.A.O., on est d’emblée frappé par la diversité de la provenance des cartes. Il serait, cependant, juste de noter que depuis sa fondation, la S.G.A.O. n’eut de cesse d’enrichir son fonds cartographique en procédant à l’acquisition d’instruments géographiques (Atlas, cartes, plans, globes, reproduction des anciens plans espagnols de la ville,…). Le fonds est laborieusement constitué au fil des ans par des donateurs, eux-mêmes membres de la Société ou des correspondants en France et à l’étranger; parmi eux des militaires[20], des explorateurs (Savorgan de Brazza, Charcot, Jules Verne, …) des administrateurs coloniaux, des officiers de marine, etc. Les cartes et plans proviennent ainsi, aussi bien des acquisitions auprès des personnes qu’auprès d’organismes civils et militaires spécialisés dans la production ou la conservation des cartes.

En dehors des militaires et assimilés, ce sont les géomètres et les ingénieurs des services civils, membres de la Société, qui étaient les premiers pourvoyeurs et même à l’occasion, dessinateurs de schémas, de croquis ou de reconstitution de plans de sites historiques[21], etc. : Canal père et fils, agents-voyers à Nemours et Tlemcen, Engel, ingénieur civil, Secrétaire général de la Société, Évariste Flahault ingénieur civil École Centrale de Paris, SG de la SGAO ; des géomètres : Victor Danglès et Léopold Gomez au service Topographique, Camille Brunel au Service des Domaines[22]. Il faut noter également que l’un des plus importants organismes fournisseurs de cartes géologiques est le Service de la carte géologique de l’Algérie, dont la majorité des géologues qui ont procédé aux levers des cartes géologiques de l’Algérie en général et de l’Oranie tels que : A. Brives, M. Dalloni, F. Doumergue, E. Ficheur, F. Ehrmann,  L. Gentil, A. Rey entretenaient de très étroites relations avec la Société[23].

Présentation de la collection

D’après un document intitulé « Liste des cartes » que nous avons eu le bonheur de retrouver ; il y a lieu de penser qu’il s’agit-là d’un premier travail de recension du fonds cartographique de la Société qui aurait été entrepris avant 1962. Cette « Liste des cartes » se présente sous la forme d’un document de 66 feuillets dactylographiés.

Il y a lieu de noter, également, que la recension des cartes aurait obéi à deux classements ; un classement par thèmes, essentiellement deux : géographie et géologie et un classement par aires géographiques, elles-mêmes réparties par « tiroirs » au nombre de onze :

-      1 et 2 : Oranie

-      tiroir 3 : Algérie

-      tiroir 4 : géologie

-      tiroir 5 : Maroc, Tunisie (géographie)

-      tiroir 6 : Colonies françaises en Afrique

-      tiroir 7 : Égypte et Palestine (géographie)

-      tiroir 8 : Afrique (géographie)

-      tiroir 9 : France et Europe (géographie)

-      tiroir 10 : Asie

-      tiroir 11 : Amérique du Nord et Amérique latine

La répartition géographique du nombre de cartes (les cartes géologiques non comprises), par aires géographiques, se présente comme suit :

  • Algérie = 95
  • Oranie et l'Ouest algérien = 108
  • France-Europe = 59
  • Maroc-Tunisie-Maroc = 89
  • Égypte- Palestine = 46
  • Possessions françaises d'Afrique = 73
  • Possessions françaises d'Asie = 34
  • Afrique non française = 83
  • Asie non française = 35
  • Amérique du Nord (Canada) = 4
  • Amérique latine =14
  • Régions polaires = 2
  • Divers = 10

Total = 652

Le fonds dispose, entre autres, d'une variété d'autres documents cartographiques : la carte topographique de l'Égypte, levée par la Commission de savants de l'armée d'Orient, un planisphère céleste en langue arabe, la carte de l'Algérie en arabe, dessinée par Alphonse Houel, carte des Beni-Snassen et de la frontière marocaine dressée d’après l’itinéraire et les notes de Si M’hamed Ben Rahal, au 1/200.000è[24], des plans de lotissements urbains d’Oran au XIXè siècle, etc.

Les schémas et croquis de terroirs qui devaient être annexés à des textes publiés par le Bulletin trimestriel de la Société (le B.S.G.A.O.) ou intégrés dans les monographies de village non publiées[25], n’ont pas été répertoriés. Ils constituent, à eux seuls, un excellent fonds de cartes manuscrites et de plans de villages qui pourraient servir d’excellentes bases de données pour les recherches anthropologiques[26].

La prépondérance des cartes à vocation militaire

Les militaires ont été l’un des principaux acteurs de la colonisation, leur rôle consistait, en premier lieu, à la mise en carte de l’espace conquis par la force et à élaborer une politique de la carte pour répondre à la demande du pouvoir colonial et à ses objectifs de contrôle politique des populations et d’appropriation des terres détenues par les tribus[27].

De ce fait, la mise en carte du territoire algérien reste l’une des missions prioritaires de l’armée qui, rappelons-le, avait déjà derrière elle une longue expérience acquise de l’héritage des expéditions militaro- scientifiques qu’elle mena au cours des XVIIIè et XIXè siècles (Égypte, 1798 ; Mexique, 1864-1867 ; Morée, 1828-1833)[28].

Cet héritage avait permis à l’armée coloniale de développer grandement son savoir cartographique, dans le cadre notamment de la Commission d'exploration scientifique de l'Algérie (qui comprendra 37 volumes). Cette Commission d'exploration a été, sans conteste, l’expression la plus parfaite de la mise en adéquation des savoirs naturalistes et archéologiques avec le savoir cartographique militaire en Algérie (Dondin-Peyre, M. (1994) [29].

À Paris, c’est le Dépôt de la guerre qui avait essentiellement la charge d’élaborer des cartes pour l’Algérie[30]. Ces cartes étaient dessinées par les cartographes militaires (capitaine Pelet, colonel Blondel, général Perrier, Mac Carthy, etc.). Au Dépôt de la guerre succède en 1887 le Service Géographique des Armées (S.G.A.), qui survivra jusqu’en 1940 et sera remplacé par l’Institut Géographique National (I.G.N.)[31].

Le Service hydrographique de la Marine (cartes et plans)[32] avait pour tâche de dresser des cartes hydrographiques dont la plupart, concernant l’Algérie, ont été levées dans les années 1860-1870 par l'ingénieur Ernest Mouchez[33].

En Algérie, la mission de mise en carte était dévolue, au sein du 19è Corps d’Armée (Algérie),[34] à deux organismes : le Service Cartographique de l’état-major et le Bureau Topographique (Le Maître (capitaine), 1922).

Sur le plan local, deux instances militaires participent au monopole de l’armée dans les domaines des savoirs cartographiques :

  • Le Bureau topographique de la Division militaire d'Oran[35], qui avait la charge d’élaborer les travaux de levés géodésiques et topographiques pour le compte du Dépôt de la guerre, et par la suite, pour le Service Géographique de l’armée à Paris[36].
  • La Chefferie du Génie d’Oran qui[37], sans qu’elle soit directement concernée par la cartographie, ne s’intéressait pas moins à la constitution d'un fonds d'anciennes cartes de la ville, notamment de la période espagnole. Il était évident qu'en l'absence à cette époque à Oran, de société savante ou d'institutions académiques, la chefferie du Génie était le seul organisme qui était en mesure de se charger de la collecte de documents archivistiques et cartographiques concernant le passé de la ville (Benkada, S. 2004, p. 135-150). Effectivement, dès les débuts des années 1850, la chefferie du Génie, faisant le bilan des ouvrages de fortification hérités de la période espagnole, rédigea un Rapport sur tous les ouvrages exécutés dans les places d'Oran et de Mers-el-Kébir (Fey, H.-L., 1858, p. 141). Henri-Léon Fey, commis civil à la chefferie du Génie de la Division d'Oran, a eu l’intelligence de mettre à profit les documents d’archives espagnols relatifs à l’histoire militaire de la ville[38], pour écrire son histoire d’Oran.

Dans son sillage, le colonel Tripier, directeur des Fortifications à Oran, utilisant les archives de la chefferie du génie, rédigea son Mémoire militaire sur la Place d'Oran, un gros travail de 405 feuillets.

La 52èmeBatterie Géographique (B.G.) basée auparavant à Saïgon[39] quitte l’Indochine après la défaite de Diên Biên Phû, en 1954 ; sa nouvelle destination est l’Algérie où vient de commencer la Guerre de libération nationale. Elle prend quartier à Oran où elle active de juillet 1955 à juin 1962, sous sa nouvelle appellation de 53ème B.G.A. (Batterie Géographique Autonome). Celle-ci aura pour principale mission l’élaboration de la cartographie des théâtres d’opérations sur tout le territoire algérien ; mais, également la confection des plans de ville, comme celui d’Oran établi en 1959, qui servira à tous les officiers du Corps d’armée d’Oran de plan de référence dans les opérations urbaines[40].

Durant la présence de la 53ème B.G.A. à Oran, on comptera parmi ses effectifs de nombreux appelés du contingent universitaires spécialisés dans les sciences géographiques et de la cartographie, à l’instar de Michel Coquery, Pierre Merlin et bien d’autres qui deviendront par la suite de grands noms de la géographie et de l’urbanisme en France[41]. Certains même se firent admettre comme membres de la S.G.A.O[42].

À Oran, la première tâche dont fut chargé Michel Coquery, consistait à cartographier les terrains fortement accidentés des faubourgs des Planteurs et de Raz-el-Aïn, de sorte que les militaires puissent disposer de cartes leur facilitant le contrôle militaire et administratif de ces faubourgs situés dans les marges de la ville. Ces fonds de cartes serviront jusqu’à la période post-indépendance à l’élaboration des différents P.O.S. (Plans d’Occupation du Sol) de cette partie de l’espace urbain oranais. Parallèlement à sa mission militaire, Michel Coquery procéda à d’intéressantes recherches d’études urbaines sur Oran où il retournera en 1963 pour compléter ses informations qui donnèrent lieu à deux excellents articles (Coquery, M. 1962).

Les organismes civils centralisés (Paris) apportent également leur contribution à la vaste entreprise cartographique commencée par les militaires. Nous citons, tout d’abord, le ministère des Travaux Publics qui fut également un grand producteur de plans concernant les infrastructures de base (ports, chemins de fer, routes, etc.). Dans ce contexte, il importe de citer, bien après la publication en 1857 de la volumineuse Étude sur les ports de l'Algérie d’Aristide Lieussou[43], l’imposant travail sur les villes portuaires effectué par l’ingénieur en chef des Ponts et chaussées à Alger, Gaston Meunier qui avait établi, en 1890, un important ouvrage sur « Les ports maritimes de France » (Meunier, G. 1890). 

Gilbert Jacqueton[44] affirme que pour la Notice[45] qu’il a réservée dans cet ouvrage à l’histoire de la ville d’Oran et de son port, « M. Meunier ne s’en est pas tenu à l’ouvrage de Fey. Il a utilisé d’autres documents, un en particulier de première importance et encore inédit, qui lui a été communiqué par le Génie militaire, le Rapport sur tous les ouvrages exécutés dans les places d’Oran et de Mers-el-Kébir, et leurs châteaux, du 1er janvier 1734 jusqu’à 1738 » qui lui fut communiqué par le Génie militaire[46].

État actuel de conservation du fonds

La situation du siège de la Société dans le sous-sol du marché Michelet a grandement contribué, ces dernières années, à la détérioration des ouvrages de la bibliothèque et des documents d’archives.

Les cartes, autrefois bien conservées dans une cartothèque, ont été  déplacées et enroulées dans un coin. De ce fait, elles furent exposées aux infiltrations des eaux usées et pluviales provenant du marché qui les ont sérieusement détériorées. Il convient de noter également que la cessation d’activité de la Société due pratiquement à la mésentente qui a prévalu à la fin de mandat de son dernier président, a entraîné sa fermeture en 1999.

Devant cet état d’abandon total, en ma qualité de Président de l’Assemblée populaire communale d’Oran, de 2007 à 2010, et de membre actif de la Société, j’ai cru qu’il était de mon devoir, en attendant la reprise de son activité, de sauver au moins le fonds de cartes qui était dans un état pitoyable, en le faisant transférer provisoirement en octobre 2010 à la Bibliothèque communale d’Oran.

Conclusion

La première tâche, à laquelle s’attelèrent les fondateurs de la Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran en 1878, est la constitution d’une riche bibliothèque regroupant tout ce qui se publiait sur l’histoire, la géographie, l’ethnographie et l’archéologie de l’Algérie d’une manière particulière et du Maghreb d’une manière générale. Cependant, cette bibliothèque serait, pensaient-ils, incomplète, si elle ne s’appuyait pas sur une collection de documents cartographiques. Au fil des années, cette collection s’est considérablement enrichie et variée, jusqu’à constituer un fonds de cartes et de plans qui est devenu, avec celui du service départemental des archives[47], un des plus importants legs coloniaux en matière d’archives cartographiques existant actuellement à Oran[48]

Force est de constater, cependant, que la période post-indépendance durant laquelle a été réactivée la S.G.A.O. depuis 1966, ne s’est pas particulièrement distinguée par l’intérêt porté à la collecte des documents cartographiques, combien même, une importante production ait été faite par divers organismes d’aménagement urbain ou par des institutions universitaires.

Bibliographie

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Sitographie

Charles, Z. Quand les Européens se disputaient le Maroc. www.geopolitis.net

Notes 

[1] Élisée Reclus décrit la Société de Géographie et d'Archéologie d’Oran comme « la plus importante de la France africaine ; une bibliothèque, un rudiment de musée occupent quelques salles de l'Hôtel de ville», Élisée Reclus, Nouvelle géographie universelle, 1886, p. 519.

[2] En 1878, la S.G.A.O. figurait alors, parmi les six sociétés de géographie qui furent fondées cette année-là en France ; après celle de Marseille (1876) et avant celle d'Alger (1880).

[3] Joseph Bouty, secrétaire général de la Société et l’un de ses membres fondateurs, rappelle, dans un discours lu à l’occasion du 20è anniversaire de la S.G.A.O., en avril 1898 : « On disait alors que nos malheurs de 1870 avaient pour cause première et déterminante notre ignorance en géographie. L’instituteur prussien, ajoutait-on, était le premier facteur de ce douloureux résultat. Ce sentiment était alors partagé par beaucoup de bons esprits ».

[4] Le Dépôt de la Guerre est l’ancêtre de l’I.G.N. (Institut Géographique National). Créé par Louvois en 1688, le Dépôt de la guerre est chargé de recueillir et conserver les archives historiques, les mémoires militaires, les plans et les cartes, de les faire graver et publier, et enfin de s’occuper de tout ce qui concernait les opérations topographiques. Parallèlement aux cartes topographiques, d’autres séries thématiques étaient également produites (cartes géologiques, pédologiques ou de végétation), Voir sur ce sujet : Guillaume, L. & Sarazin, J.-Y. (2012). Les territoires de l’Afrique du Nord et de l’Algérie. Paris : BNF.

[5] Sur le rôle joué par la loge « Union Africaine » dans la création de la Société de géographie oranaise, voir en particulier : Sabah, L. (1989). La Franc-Maçonnerie à Oran de 1832 à 1914. Paris : Aux Amateurs des Livres, p. 435-458.

[6] Henri-Léon Fey était commis civil à la chefferie du Génie de la Division d'Oran.

[7] Le lieutenant-colonel Chérif Cadi (1867-1939), premier musulman algérien admis à l'École Polytechnique de Paris. Membre de la S.G.A.O., ses contributions par des conférences et des articles concernaient les aspects de la situation politique des Algériens dans leur rapport à l’institution coloniale, notamment les conditions de la femme musulmane.

[8] Léon Jules Didier (1865-1932), né à Mutzig en Alsace (Bas-Rhin). En 1920, il est affecté au commandement de la 2e brigade d'Algérie et de la subdivision d'Oran. Dès son arrivée à Oran, il est subjugué par le passé militaire de la ville et s’attèle à de laborieuses recherches historiques qui se concrétisent par la publication entre 1927 et 1932 d’une originale Histoire d’Oran en 4 volumes, ainsi qu’un recueil de conférences qu’il avait présentées au cercle des officiers, sous le titre de L'Algérie et le développement de sa civilisation (éditions Jeanne d'Arc, Oran).

[9] Né en 1858, au Château-Neuf où son père était capitaine d’état-major et archiviste de la division militaire d’Oran ; sa mère, était issue de l’une des plus anciennes familles nobles de France, les Huon de Navrancourt.

De part l’héritage culturel et social de ses parents, Gaston Pellecat était tout naturellement prédestiné à développer une passion toute particulière pour la curiosité historique. 

Après sa retraite d’officier de gendarmerie, il s’installe à Oran. Conseiller municipal au sein des municipalités d’après-guerre, il se liera d’amitié avec de nombreux conseillers municipaux musulmans qui deviennent ses informateurs sur l’histoire de la ville.

Historien amateur mais avisé, sa parfaite connaissance de la langue de Cervantès fit de lui un des meilleurs spécialistes de la période espagnole à Oran. Il est l’auteur de nombreux articles sur l’histoire de la ville, publiés notamment, dans la Revue Africaine et le Bulletin de la Société de Géographie et d’Archéologie de la province d’Oran. Il a laissé une importante documentation manuscrite sur les divers aspects du passé de la ville que conserve jusqu’à nos jours cette Société. La bibliothèque de la Direction des Archives de la Wilaya d’Oran conserve une copie dactylographiée de 215 feuillets, datée de 1929, intitulée, Histoire du Vieil Oran depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Il décède à Oran le 5 janvier 1932.

[10] Durant sa période de service militaire à Oran, en 1959-1960, Michel Coquery était accompagné de son épouse, celle qui deviendra par la suite la célèbre historienne
et africaniste, Catherine Vidrovitch. Une de leur fille, Olga, elle-même aujourd’hui historienne, est née à Oran en juillet 1960.

Ce n’est que lors d’un dîner, le 12 septembre 2012 à Oran que j’ai informé Catherine Coquery-Vidrovitch, chose qu’elle ignorait totalement, que Michel Coquery était adhérent à la Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran.

[11] César-Auguste Trotabas (1828-1897), officier de marine et directeur du port de Mers-El-Kébir. Membre de la loge maçonnique oranaise, l’Union Africaine, fondateur de la Société en 1878.

[12] Derrien (lieutenant-colonel Isidore, 1839-1904). Il consacra presque toute sa carrière à des travaux de géodésie en Algérie, en Palestine et en Afrique. Il collabora avec le colonel Perrier à la jonction trigonométrique de l'Algérie avec l'Espagne.

Sous sa présidence furent organisées par la Société les deux grandes manifestations scientifiques; la célébration du vingtième anniversaire de la Société, en 1898, et la tenue du Congrès National des Sociétés Françaises de Géographie en avril 1902. Il fonde en 1896 l'Observatoire météorologique, installé au fort Santa-Cruz.

Son livre Les français à Oran, depuis 1830 jusqu'à nos jours édité en 1886 à Aix, demeure jusqu'à nos jours une source incontournable de l'histoire de la ville.

[13] Eugène Napoléon Étienne, né le 15 décembre 1844 à Oran (Algérie), décédé le 13 mai 1921 à Paris. Admis comme membre de la S.G.A.O. depuis le 8 juin 1881, à l’époque où il était encore inspecteur général de l’exploitation des chemins de fer. Député d'Oran de 1881 à 1919, Sénateur d'Oran de 1920 à 1921, Sous-Secrétaire d'État aux Colonies du 7 juin au 12 décembre 1887et du 14 mars 1889 au 27 février 1892. Il fut à son époque un cacique de la vie politique algérienne en général et oranaise en particulier. Républicain opportuniste, il fut avant la Première Guerre mondiale l'un des principaux chefs, avec Auguste d'Arenberg, du Parti colonial, en organisant notamment en 1892 le Groupe colonial et des affaires extérieures à la Chambre des députés qui comptait environ deux cents parlementaires. Ministre de l'Intérieur du 24 janvier au 12 novembre 1905.

Sur le Parti colonial, voir notamment, Zorgbibe Charle ; Marc Lagana, 1990.

[14] Le concours de Géographie du département de 1890 fut remporté par Joseph Canal (père, décédé en 1897), ancien agent-voyer à Ghazaouet (ex. Nemours) ; tandis que le concours de Géographie du Maroc de 1909, revenait à son fils, Joseph-Ange Canal ; alors, agent-voyer principal à Sidi -Bel-Abbès.

[15] Il y a lieu de signaler que bon nombre d’officiers, collaborateurs de la Société, faisaient partie au début du XXè siècle de la mission militaire française préparant l’occupation du Maroc, tels que les capitaines Louis Voinot (1869-1960) et Louis Mougin (1873-1955). Il est à noter également que Louis Mougin (1910-1980), le fils du capitaine, polytechnicien et historien spécialiste du XVIè siècle marocain est né à Lalla-Maghnia, lorsque, son père, le capitaine Louis Mougin, chef du bureau des Affaires indigènes du cercle militaire, faisant également partie de la Mission militaire basée dans cette ville frontalière dans le but de préparer la pénétration militaire française au Maroc (1907). C’est à cette occasion qu’il fit publier un article intitulé, Résumé de nos rapports avec les représentants du Makhzen et les populations de la zone frontière orano-marocaine depuis vingt ans, B.S.G.A.O., (30), 1910, p. 402-408.

[16] Sur le rôle joué par les Sociétés de géographie d'Alger et d’Oran en faveur de l’occupation du Maroc ; voir, Charles Zorgbibe, op., cit.

[17] Edmond Dechaud, secrétaire de la Chambre de commerce d’Oran, s’est avéré un ardent propagandiste de la politique d’agression coloniale contre le Maroc, voir : Dechaud, E. Rapport à Monsieur le Gouverneur général de l’Algérie : Des moyens de développer (1900). L’influence française au Maroc, 1ère partie : Analyse des moyens généraux d’influence. Paris : F. Levé.

[18] Sur la question du chemin de fer transsaharien, la S.G.A.O. ; en plus, de sa possession d’un grand nombre de cartes sur les différents projets du tracé, elle a publié dans son Bulletin de nombreuses contributions sur le sujet. Faut-il rappeler que, dès la première année de sa création en 1878, le géologue et paléontologue Auguste Pomel, fut nommé président d'honneur et membre du comité du Transsaharien parrainé par la Société. La même année, son président, le lieutenant de vaisseau César Trotabas a également publié dans le Bulletin de la Société ses « Considérations maritimes au sujet du Transsaharien ».

[19] Il est cependant regrettable que pendant le passage de l’historien Francis Kœrner à l’université d’Oran dans les années 1970, le siège de la Société n’était pas encore accessible au public ; c’est pour cette raison que F. Kœrner n’a pas cité le contenu documentaire et cartographique de la Société dans son intéressant article, Les sources de l'histoire contemporaine de l'Algérie conservée à Oran (1830-1955). Alger : Revue d'Histoire et de Civilisation du Maghreb, (9), juillet 1970, 95-103.

[20] Un mois avant sa démission de la présidence de la Société, le lieutenant-colonel Derrien, avait fait part des démarches qu'il avait effectuées auprès du ministère de la Guerre, dans le but d'obtenir pour les officiers, l'autorisation de faire partie de la Société et de publier leurs travaux dans son bulletin. Répondant favorablement à la demande du président de la Société, le ministère de la Guerre autorisait, par une circulaire du 2 avril 1904, « les officiers et assimilés à faire partie de la Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran et à publier, sans autorisation ministérielle préalable, les résultats de leurs travaux dans le bulletin de la Société ».

[21] De par sa formation militaire, le général Didier avait le souci du détail topographique des données historiques. Nul besoin de préciser qu’il recourait le plus souvent au
savoir-faire des techniciens des services civils pour l’aider à faire figurer les données historiques destinées aux représentations cartographiques illustrant ses articles, notamment ceux relatifs à la période espagnole de la ville, publiés par la revue ORAN.

‒ « Carte dressée par le général Didier, le 18 mai 1926 Mers-el-Kébir et Oran en 1505 », revue ORAN, (201), 21 août 1926. « 1790, éphémérides (urbanisme espagnol, réseau de fortifications, + photo carte espagnole intéressante et jusque-là inconnue. », revue ORAN, (188), 22 mai 1926‒ « carte d’Oran en 1535, reconstituée d’après le Général Didier », revue ORAN, (247), 9 juillet 1927.

[22] Plan de la ville d'Oran et de ses environs pendant l'occupation espagnole, échelle de 1/20.000, dressé par Camille Brunel, d'après un document communiqué par M. Galens, pour illustrer sa traduction de « Guerre de Tlemcen et conquête de cette ville par les Espagnols sous le commandement de Don Martin de Cordoue, comte d'Alcaudete, en 1543 », Bulletin de la Société de Géographie et d'Archéologie de la province d'Oran, 1891.

[23] Sur la collection des cartes géologiques de la Société, voir : Déména, A. (1951). « Note au sujet des cartes géologiques de l’Oranie. B.S.G.A.O., fasc. 229, 1ère partie, pp. 73-76.

[24] Si M’hamed Ben Rahal (1857-1928), notable à la double culture, arabe et française, membre actif du mouvement Jeune-Algérien au début du XXè siècle. Il était l’un des rares algériens à avoir été membre et contributeur du Bulletin de la Société de Géographie et d’Archéologie de la province d’Oran. La carte en question accompagne son article : À travers les Beni-Snassen. B.S.G.A.O, (9), 1889, pp. 1-50.

[25] Parmi les cartes conservées figurent trois monographies manuscrites : deux monographies datant de 1899, dues à Jean Métrat, instituteur à Mazouna, Monographie de la commune-mixte de Renault (arrondissement de Mostaganem) (Oran) et Monographie de l’arrondissement de Mostaganem ; la troisième effectuée par Buisson, Monographie de la commune de plein-exercice de Mazagran, (sans date). Toutes les trois contiennent de très intéressantes cartes dessinées par la main des auteurs.

[26] Pour l’usage en anthropologie de ce genre de document cartographique. Voir : Lacoste, C. (1976) et Cresswell, R. & Godelier, M. (1976).

[27] Le Sénatus-consulte du 22 avril 1863 relatif à la constitution de la propriété dans les tribus en est un parfait exemple d’utilisation de la carte au service de la dépossession coloniale. Chaque décret d’application du Sénatus-consulte était accompagné de documents cartographiques des territoires des tribus concernées. Ces cartes non reproduites par le Bulletin officiel du Gouvernement général en Algérie de 1867, sont conservées par les directions de la Conservation foncière et des Domaines, héritières des anciennes directions départementales de l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre. Ces archives ont donné lieu à plusieurs travaux universitaires d’historiens et de géographes français, dont : Isnard, H. (1950). La réorganisation de la propriété rurale dans la Mitidja. Ses conséquences sur la vie indigène. Revue de géographie jointe au Bulletin de la Société de géographie de Lyon et de la région lyonnaise, vol. 2(4), pp. 318-320.

Yacono, X. (1955). La colonisation des plaines du Chélif. Alger, vol. 2.
Nouschi, A. (1961). Enquête sur le niveau de vie des populations rurales constantinoises de la conquête jusqu’en 1919. Tunis ; du côté algérien, il y a lieu de noter les travaux d’Abdelkrim Badjadja, Cartographie agraire de l'Est Algérien à la fin du XIXème siècle, Étude de Géographie Historique à partir des Archives du Sénatus-consulte, DEA Géographie Historique, Université de Constantine, 1974, sous la direction du professeur Armand Frémont de l'Université de Caen ; et du même auteur Carte des anciennes tribus de l'Est algérien 1863‑1887, Constantine, éditée à compte d'auteur, Imprimerie El-Baath, Constantine, 1990.

[28] Sur ce sujet voir, notamment : Lepetit, B. (1998). Missions scientifiques et expéditions militaires : remarques sur leurs modalités d'articulation. L'Invention scientifique de la Méditerranée, Égypte, Morée, Algérie. Paris : Éd. de, l’E.H.E.S.S., 97-118 et Blais,
H. (2014). Mirages de la carte. L’invention de l’Algérie coloniale, XIXe-XXe siècle. Paris : Fayard, L’héritage des expéditions scientifiques, 83-88.

[29] Dondin-Peyre, M. (1994). Préface de Jean Leclant, Paris : Institut de France, Mémoires de l'Académie des inscriptions et des belles-lettres, MCMXCIV. La place occupée par les militaires dans la Commission d'exploration scientifique de l'Algérie est également abordée par nos contributions : Benkada, S. (2006). Bergaoui, S. & Remaoun, H. (ed.) ; Benkada, S. (2007), Marouf, N. (édit.).

[30] Sur le bilan cartographique de la période coloniale, voir l’étude de Marie-Anne de Villèle et Claude Ponnou, (2010). À la découverte d’un territoire. Inventaire des cartes d’Algérie conservées aux archives de la guerre du Service Historique de la Défense (1830-1950), Service Historique De La Défense (SHD), Château de Vincennes.

[31] Organisme civil créé par le décret-loi du 27 juin 1940, l’I.G.N. avait une annexe en Algérie, située à El Harrach (Maison-Carrée), route moutonnière. Son équivalent en Algérie actuellement est l’I.N.C.T. (Institut National de Cartographie et de Télédétection) dont le siège est à Hussein-Dey.

[32] Le Service hydrographique de la Marine (aujourd’hui, Service hydrographique et océanographique de la marine (S.H.O.M.) a pour ancêtre le Dépôt des cartes et plans de la Marine qui était un service cartographique créé en 1720 par le roi Louis XV.

[33] Le contre-amiral Ernest Amédée Barthélemy Mouchez (1821-1892), astronome, hydrographe, membre de l'Académie des sciences et directeur de l'Observatoire de Paris. On lui doit, notamment, d'importants travaux hydrographiques sur les côtes de l'Algérie.

[34] En 1956 la Xe Région Militaire (Xe R.M.) remplace le vieux 19e Corps d’armée (Algérie), dénommé la « Zaouïa ». La 10e R.M. est organisée en trois Corps d’Armée (C.A.) : le C.A.A., Corps d’armée d’Alger ; le C.A.C., Corps d’armée de Constantine et le C.A.O., le Corps d'Armée d’Oran. 

[35] Édouard de Martimprey (1808-1883), officier saint-cyrien, spécialiste de topographie, fut proche collaborateur et protégé du général Lamoricière à Oran. Selon Hélène Blais, il  découvre l’Algérie comme chef du bureau topographique d’Oran, entre 1836 et 1842, Hélène Blais, op., cit. p. 317.

[36] L’un des présidents de la S.G.A.O., le lieutenant-colonel Isidore Derrien exerça pendant très longtemps comme ingénieur topographe au Bureau topographique de la Division militaire d'Oran ; où il eut l’idée d’établir, en 1874, la première carte polychrome des « Environs d'Oran » au 1/40.000.

[37] Le hasard de l’histoire a voulu que l’un des descendants du grand Vauban, soit nommé, en 1848, à Oran comme commandant du Génie de la Province. Il s’agit d’Edmond-Sébastien François Joseph Le Prestre, comte de Vauban (Besançon-1805/Nice-1871).

Sur les débuts de la chefferie du Génie à Oran, se reporter à notre thèse ORAN 1732-1912. Essai d'analyse de la transition historique d'une ville algérienne vers la modernité urbaine. Thèse de doctorat, vol. 2, 553 p., Université d’Oran, 2008.

[38] Il s’agit en fait du Mémoire de don Harnaldo Hontabat, portant la date du 31 décembre 1772, dont une copie du manuscrit de ce mémoire, en langue espagnole était déposée à la Chefferie du Génie et dont H.-L. Fey a eu connaissance dans le courant de l’année 1851, et à propos duquel, il note que, vraisemblablement il fut rédigé : « … pour un officier général espagnol de l’arme du Génie, en tournée d’inspection dans la Place d’Oran. Prise sur la pièce originale, conservée aux archives du Ministère de la Guerre à Madrid, cette copie fut transmise, en 1850, par un officier faisant partie de l’ambassade française, à MM. Cassaigne, capitaine d’état-major, aide de camp de M. le général Pélissier, et Lachaud de Loqueyssie, capitaine du Génie, qui en firent la traduction », Henri-Léon Fey, op., cit. p. iii.

[39] La 52ème Batterie Géographique (B. G.) deviendra peu après la Batterie d’Extrême-Orient du Groupe Géographique Autonome (B.E.O.G.G.A.)

[40] Un modèle de ce plan est reproduit par le général Joseph Katz dans son livre, L'Honneur d'un Général. Oran-1962. Préf. Ch.-R. Ageron, préface de Jacques Delarue, Paris : l'Harmattan, 1993.

[41] Pierre Merlin, ingénieur géographe et docteur ès lettres, a été président de l’université de Vincennes (1976-1980). À l'automne 1968, il fut l’un des fondateurs avec Michel Coquery du département Urbanisme de la nouvelle université de Vincennes. Fondateur, directeur, puis président de l’Institut français d’urbanisme, puis de l’Institut d’urbanisme et d’aménagement de la Sorbonne. Il fait partie des géographes du contingent qui ont effectué leur service militaire à Oran, affectés à la Batterie géographique de l’armée. Profitant de son séjour oranais en 1960, Pierre Merlin rédigea un excellent article sur « Les pêcheurs d'Oran et de Mers-el-Kébir », Méditerranée, (4), 1963, p. 27-55.

En 1976, une délégation du ministère français de l’Equipement, dont faisait partie Pierre Merlin, était invitée par le ministère de la Planification et de l’Aménagement du territoire pour une tournée d’information en Algérie. À Sidi-Bel-Abbès, où j’effectuais à l’époque mon service national comme secrétaire général de l’administration communale, j’ai eu le plaisir de faire sa connaissance lors d’une réunion de travail qui regroupa les responsables locaux et la délégation française. Voir Merlin, P. (2014).Une expérience dans la guerre d’Algérie. Les Cahiers d’EMAM, Résister, témoigner, s’indigner, (23), 61-65.

[42] Capitaine Charles Guillé, Michel Coquery, etc. Après l’indépendance, la Société continuait à accueillir les adhésions de militaires français basés à Mers-El-Kébir, comme c’est le cas du chef d’escadron Ventre, adhérent et contributeur au bulletin de la Société (1968).

[43] Lieussou Aristide (1815-1858), Ingénieur hydrographe de la marine, concepteur avec de Lesseps du Canal de Suez. Les départements de la Guerre et de la Marine lui publient son article Étude sur les ports de l'Algérie.

[44] Jacqueton Gilbert (1864-1965), historien et archiviste paléographe. Il fut, dans les années 1930, conservateur adjoint à la Bibliothèque nationale d'Alger. Jacqueton, G. (1893). Chronique d’histoire moderne. Revue Africaine, p. 263.

[45] Ponts-et-Chaussées 1° circ. 1°art. Archives n° 33-0, carton 216, dossier 556. Atlas des Ports. Port d’Oran, Notice rédigée par l’ingénieur Meunier, 26 novembre 1886. Renseignements géographiques et hydrographiques, 136 p., D° 33-4. Notice sur le port Oran-Mers-el-Kébir, 34 p. dactyl., sd, (1928). Robert Tinthoin, Mers El Kébir « le grand port ». Étude d’une géo-histoire locale bi- millénaire, Oran, Heintz frères, 1956.

[46] C’est le Rapport du gouverneur Joseph Valléjo (1734-1738) intitulé : Relacion de Todas las obras de fortifcacion y correspondientes a ellas que se han ejecutado en las Plazas de Oran, Mazarquivir, y sus castillos, desde el dia 1° de Enero de 1734 hasta el presente de 1738….

Ce texte est accompagné d’une traduction française et d’un plan de la ville en 1738. Une traduction a été publiée aussi par le commandant Gaston Pellecat, dans le Bulletin de la Société de Géographie et d’Archéologie de la province d’Oran, 1926.

[47] Actuellement, Direction des archives de la Wilaya d’Oran.

[48] L’un des projets culturels qui me tenait vraiment à cœur et dont j’ai souhaité qu’il soit réalisé durant mon mandat interrompu de « maire » d’Oran (2007-2010) ; était de mettre à contribution le fonds de cartes de la S.G.A.O., comme noyau constitutif d’un futur « Musée de la cartographie ». Voir notre article, (2018). Pour une exposition sur la cartographie en marge des jeux méditerranéens de 2021 à Oran. Madinati, (7), décembre 2018, 6-9.

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