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Insaniyat N°60-61| 2013 | L’école: enjeux institutionnels et sociaux | p. 07-10 | Texte intégral 



L’École étant un enjeu essentiel du développement humain, elle fait l’objet de nombreuses déclarations, de programmes nationaux, de textes réglementaires, d’études et de recherches. Dans ce domaine, les liens entre éducation, culture, enseignement et apprentissage sont à la fois évidents et complexes ; si bien que dans ce numéro d’Insaniyat, nous abordons les problématiques de l’École et de la Formation, ainsi que leurs enjeux institutionnels et sociaux.

La mise en œuvre des différentes réformes engagées, au cours des dernières années, s’est traduite par des efforts pour accroître les offres d’éducation et de formation. Depuis 2003, l’éducation de base et l’enseignement post-obligatoire, par exemple, connaissent une refonte des paradigmes pédagogiques par l’adoption de l’approche par compétences (A.P.C.). L’enseignement supérieur a introduit des licences et des masters professionnalisants qui constituent des éléments importants dans l’articulation avec le marché du travail et l’insertion professionnelle des formés. La Formation et l’enseignement professionnels se trouvent également, engagées dans une nouvelle réforme, au nom de deux priorités essentielles : la mise en adéquation de l’offre et de la demande de formation, et l’apprentissage d’un métier permettant aux jeunes d’entrer rapidement dans la vie active.

Analysant les systèmes maghrébins de formation (de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie), Aïcha Benamar, Nouria Benghabrit-Remaoun et Zoubida Senouci, se posent la question de savoir comment concilier la demande « sociale » de formation et l’action publique ? L’objet de la contribution des auteures vise l’étude des grands axes des réformes engagées dans ces pays depuis 2006, afin de dégager la configuration de leurs systèmes respectifs ; l’enjeu consistant à évaluer leur portée et à identifier les modalités des changements introduits dans l’action publique, en matière de formation et d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes.

Le développement qualitatif de l’éducation en Algérie, en particulier, réalisé dans un contexte marqué par un gonflement des effectifs, a été contrarié par des insuffisances et des dysfonctionnements ayant affecté la qualité des enseignements dispensés, ainsi que le rendement du système dans son ensemble. La réforme du système éducatif est devenue alors nécessaire, autant en raison de l’état objectif de l’École qu’en raison des mutations intervenues dans les différents domaines au plan national. Aussi, les différents cycles de l'enseignement scolaire ont-ils enregistré quelques changements sur le plan pédagogique. Ces changements sont au centre de la contribution de Zohra Hassani qui traite du processus de refonte pédagogique des contenus notionnels et des méthodes pédagogiques, du préscolaire à la terminale de lycée. À partir d’une enquête par questionnaires et entretiens, auprès d’enseignants intervenant au secondaire, elle tente d’identifier les changements induits par cette approche au niveau des pratiques pédagogiques.

La réforme du système éducatif en Algérie, confortée par la loi d’orientation du 23 janvier 2008, vise, entre autres, l’amélioration significative et durable des acquis des élèves, à tous les niveaux de la scolarité, rendant ainsi le soutien scolaire contingent. Or, les dispositifs de soutien, affirme Aïcha Benamar, semblent s'épanouir aujourd’hui à l'ombre du système éducatif. Sa contribution tente de répondre, entre autres, à deux questions majeures : pourquoi les cours particuliers remportent-t-ils un tel succès du primaire à la terminale de lycée, et même au-delà ? Pourquoi l’institution éducative elle-même y a recours sous forme de soutien scolaire ? Le paradoxe étant que les nouveaux curricula ont été conçus pour réduire les dysfonctionnements du système et réduire de l’ampleur des cours de soutien.

Un autre regard est porté par Fatima Nekkal sur l’application de la réforme au niveau de quatre établissements d’enseignement secondaire dans la wilaya d’Oran. S’intéressant plus particulièrement à la filière « gestion-économie », l’auteure tente de percer la réalité du système, à travers un état des lieux succinct. Elle conclut au problème du manque de communication dans l’environnement scolaire, en lien avec la non-maitrise des langues qu’elles soient nationales ou étrangères. Des langues en milieu scolaire aux langues en milieu estudiantin, Wajih Guehria aborde le cas de quatre étudiantes algériennes, récemment immigrées en France, afin de décrypter leurs représentations sociolinguistiques et essayer de comprendre le rapport qu’elles entretiennent avec la langue française. Les représentations des langues en milieu professionnel constituent la trame textuelle de la proposition de Naziha Benbachir, soulevant la question de savoir : comment les cadres de Sonatrach perçoivent-ils leur rapport aux langues/cultures ? Dans un domaine analogue, Abdenacer Guedjiba centre son propos sur les liens entre mutations spatiales et pratiques des locuteurs. L’auteur s’intéresse en particulier aux rapports entre les changements linguistiques et d’espaces chez les locuteurs du massif de l’Aurès. Abdelnour Benazzouz interroge la notion de parler jeune à travers l’analyse de quelques productions orales de jeunes universitaires, mettant l’accent, ainsi, sur l’utilisation alternée de deux codes linguistiques dans chaque prise de parole.

La contribution de Fatima Zohra Boulefdaoui s’articule autour du processus d’enseignement apprentissage de la statistique au collège. Mettant l’accent sur les difficultés rencontrées dans ce domaine connexe aux mathématiques, elle plaide pour une formation continue des enseignants.

Les manuels scolaires sont au centre des préoccupations de Hassan Remaoun, de Youssef Boughanmi, de Fadhel Harzalli et de Abdelouahab Belgherras. La contribution de H. Remaoun aborde l’enseignement de la citoyenneté en Algérie tel que porté par le discours des manuels scolaires d’éducation civique. Les contenus de vingt-trois livres, destinés aux cursus scolaires des trois pays maghrébins, ont été analysés dans une approche comparative. La problématique porte sur l’acquisition de la culture de la citoyenneté dans ces ouvrages didactiques. Celle de Y. Boughanmi tente, à partir d’une analyse de deux manuels tunisiens de géologie, de répondre à la question de savoir si leurs contenus favorisent l’acquisition d’une culture participative à l’école et, par conséquent, dans la société. F. Herzalli s’intéresse à l’impact du manuel de géographie sur l’éducation à la gestion des risques laquelle reposerait à la fois, sur des savoirs, mais aussi des compétences psychosociales. A. Belgherras, traitant de la compétence culturelle, analyse le livre scolaire de philosophie utilisé de 2ème année secondaire, afin de décrypter les fondements de l’approche privilégiée d’un certain nombre de concepts et de valeurs.

Nabil Kerfes, Ahmed Hamza Ghadbane et Bendjedou Boutalbi, à partir d’une analyse comparée des systèmes de formation en éducation physique et sportive en Algérie et en Wallonie, proposent quelques éléments de réflexion susceptibles d’améliorer la qualité des processus engagés. Deux composantes, selon les auteurs, doivent constituer  les axes autour desquels devrait pivoter l'opération éducative et professionnelle.

Boubeker Yahiaoui traitant de la pratique de l’éducation physique et sportive à l'école s’interroge sur les conditions de son exercice sur les plans infrastructurel, matériel et humain, notant particulièrement la faiblesse de la participation féminine.

A travers une revue de la littérature internationale, Abdeljalil Akkari, Colleen Loomis et Thibaut Lauwerier examinent le système de préscolarisation en Afrique, évaluant in fine son impact sur les enfants. La question majeure est de savoir quels sont les facteurs pédagogiques susceptibles d’accroître l’impact du préscolaire. Ils ne manquent pas de souligner les conditions difficiles d’implantation de ce système en Afrique, précisant que cette institution se doit de collaborer étroitement avec les familles et les communautés locales.

Cadre institutionnel concret, historiquement construit, ancré dans la société, l’École peut prendre des formes plurielles, génératrices de disparités à l’échelle locale et nationale. Cette hétérogénéité institutionnelle est à l’origine de formes d’action et de processus sociaux rendant plus complexe la construction du sens des notions de réussite scolaire et sociale et d’insertion professionnelle des jeunes.

Aïcha BENAMARNouria BENGHABRIT-REMAOUN

 

 

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