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Annales, Histoire, Sciences Sociales, n° 4, juillet-août 2009

Ce numéro spécial est consacré aux Cultures écrites en Afrique francophone et lusophone. Les analyses critiques auxquelles font référence les différents articles répondent aux nouveaux questionnements relatifs aux formes et usages de l’écrit en Afrique, nés de la richesse des débats animés par le courant des Subaltern studies de l’école indienne d’une part et des post colonial studies d’autre part.

La réflexion sur la tradition écrite n’est pas nouvelle. « Les cultures écrites des régions anciennement lettrées d’Afrique constituent des chantiers de recherche bien établis sur lesquels de considérables projets sont toujours entrepris tant pour sauvegarder et inventorier les sources que pour les publier et les analyser. » Ces chantiers revisités aujourd’hui, contribuent à l’enrichissement des corpus d’écritures qu’ils soient fondés sur les religions du Livre ou sur les « formes d’écriture considérées comme authentiquement africaines ».

Ce numéro comprend deux parties. La première étudie les Ecritures africaines et [les] sociétés coloniales, à travers trois contributions qui couvrent plusieurs périodes historiques et des territoires très larges.

Celle de Catarina Madeira Santos, intitulée ‘Ecrire le pouvoir en Angola : les archives ndembu (XVIIe - XXe siècles)’ démontre comment les chefferies ndembu ont constituées des archives d’Etat, qu’elles prenaient soin de conserver avant que l’anthropologue Antonio de Almeida ne les découvre et ne les transfère à Lisbonne, au cours des années 1930. Ces archives sont restées pratiquement inconnues des chercheurs jusqu’à la publication qu’en fait Catarina Madeira De Santos, en 1998. Une fine analyse de ces sources révèle l’histoire intérieure des chefferies aux prises avec le pouvoir colonial portugais.

Dans la seconde contribution, intitulée ‘Itinéraires de sable : Parole, geste et écrit au Soudan central au XIXe siècle’, Camille Lefebvre s’intéresse aux textes recueillis dans le cadre de l’exploration scientifique auprès des populations musulmanes de l’Afrique de l’Ouest. Le transfert des savoirs géographiques a permis de constituer des matériaux dont l’analyse a permis de cerner « les liens entre formes d’écriture, parole et geste ». Enfin, la troisième étude intitulée ‘Je suis une africaine…j’ai vingt ans : Ecrits féminins et modernité en Afrique occidentale française’,  Pascale Barthélémy fonde son analyse sur un corpus de textes (manuscrits scolaires, correspondances, articles de presse signés par des femmes…) pour montrer les cheminements de la naissance d’une culture de l’écrit qui participe à la transformation des rapports de genre.

La seconde partie de ce numéro spécial est consacrée à l’Ecriture de soi, écrits publics. Elle s’ouvre sur des études effectuées sur des échelles plus réduites et concernant des thèmes plus contemporains. Dans ‘Tenir un cahier dans la région cotonnière du Mali : support d’écriture et rapport’, l’article d’Aïssatou Mbodj-Pouye s’inscrit dans une démarche originale de l’anthropologie de l’écriture. Le support choisi repose sur une enquête menée sur la tenue d’un cahier par des agriculteurs d’une région rurale du Mali. L’appropriation de l’écriture est la marque d’une écriture pour soi où des informations d’ordre privé croisent des données domestiques. C’est le lieu d’expressions personnelles qui engagent à poursuivre la réflexion sur la notion de privatisation. Julien Bonhomme s’attache à essayer de comprendre les graffitis que l’on peut lire sur les murs de la capitale du Gabon, Libreville. Ils sont dûs à un étrange personnage, « prophète autoproclamé » d’où le titre de la contribution ‘Dieu par décret, Les écritures d’un prophète africain’. L’auteur l’a rencontré et a réussi à établir un dialogue écrit en raison de sa surdité. Il en résulte une analyse de l’univers culturel d’un être bien singulier, mais dont la contemporanéité appartient bien à la société gabonaise.

Enfin, la rubrique des comptes rendus doit retenir aussi l’attention du lecteur car elle offre une sélection d’une vingtaine d’ouvrages, tous aussi intéressants les uns que les autres. Nous nous permettons de signaler à nos lecteurs l’important travail de vingt six chercheurs réunis autour de Samil Jeppie et Souleymane Bachir Diagne (ed.), The meanings of Timbuctu, Le Cap, HSRC Press, 2008, sur le riche patrimoine constitué de milliers de manuscrits et conservé au Centre de documentation et de recherches Ahmed Baba/ CEDRAB, au Mali.

auteur

Ouanassa SIARI-TENGOUR

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