Insaniyat N°71 | 2016 | Varia | p. 07-08 | Texte intégral
Ce numéro d’Insaniyat traite plusieurs thématiques : le genre à travers le corps, la littérature populaire, la didactique de la physique à l’université, la littérature féminine et l’interculturalité, la citoyenneté et les pratiques urbaines, l’histoire des techniques industrielles, les représentations de l’étranger dans la ville et le célibat féminin dans
le discours local.
L’article de Hocine Fsian présente la question du corps sexué comme élément premier dans la définition de la personne humaine. Cependant, les représentations de l’un et de l’autre sexe ne se réduisent pas à cette donnée anatomique dans la mesure où il est impossible de penser le corps dans « sa nature » sans penser aux significations et aux savoirs qu’on lui attribue. Dans toute culture, hommes et femmes sont définis par des valeurs et des représentations distinctes liées au corps. Ces représentations fondent à l’évidence la division sexuelle et structurent les rapports hiérarchisés hommes/femmes.
De son côté, Mostéfa Mimouni aborde les aspects pédagogiques des quatrains du cheikh Abderrahmane El-Mejdoub qui continuent à marquer la vie quotidienne des sociétés maghrébines. Il interroge les thèmes abordés par ce soufi qui, cinq siècles après sa mort, continue de fasciner autant par sa personne que par ses apophtegmes. Cheikh Abderrahmane El-Mejdoub a laissé derrière lui des dictons en quatre vers qui demeurent, jusqu’à nos jours, une référence. Traduits dans plusieurs langues, ses quatrains sont toujours appréciés.
Nordine Meloua-Benzaba, de sa part, traite de la question de l’apprentissage de la physique en adoptant de nouvelles méthodes didactiques dans le champ universitaire. L’étudiant en sciences physiques se heurte à des problèmes d’ordre conceptuel et technique et l’auteur suggère des démarches pour pallier ces insuffisances.
Dans le champ de la littérature algérienne, Samir Messaoudi met en exergue la problématique de la relation et de l’emploi original du « je » dans l’œuvre de Malika Mokeddem L’Interdite. Il s’agit d’une narration en situation d’interculturalité où précisément ce « je » est morcelé entre deux cultures contradictoires.
Dans le domaine de la sociologie urbaine, Khmais Zouhaier analyse l’évolution du sens de la citoyenneté à Tunis à travers deux catégories urbaines, à savoir le territoire et le quartier. L’objectif est de voir comment les citadins se représentent le quartier afin de saisir le contexte dans lequel s’inscrivent leurs comportements: usages du quartier, liens de solidarité et de sociabilité. Deux dimensions sont retenues : la façon dont l’individu nomme son quartier exprimant le degré de son appropriation et de sa connaissance ; la seconde dimension concerne les sentiments qui s’y rattachent.
Dans une autre sphère, celle de l’anthropologie des pratiques sociales, l’article de Mohamed Frini aborde l’activité de l’extraction de l’huile d’olive à Dabdaba en Tunisie (1853-1863). L’établissement de l’huilerie moderne à vapeur dans la Régence de Tunis fait partie « des premières unités industrielles » établies sous le règne d’Ahmed Bey (1837-1855). Toutefois, cette expérience n’a pas eu les résultats escomptés pour deux raisons, à savoir une divergence profonde entre deux types de capitalisme et l’incapacité financière de l’Etat à s’adapter aux techniques du machinisme importé.
La contribution d’Abdelnour Benazzouz a pour objet la figure de « l’étranger » dans la ville de Mostaganem. Cette désignation renvoie à deux catégories distinctes selon les enquêtés : El Berrani ou l’étranger, c’est-à-dire étranger à la ville et El Dakhil ou le néo-citadin, qualifie tous ceux qui viennent de la campagne pour s’installer dans la ville. Selon les résultats de l’enquête, les représentations négatives relatives à la figure de l’étranger persistent toujours et structurent les rapports sociaux.
Enfin, l’article de Ferial Abbas présente les résultats d’un travail de terrain à Constantine sur la question du célibat à travers le discours local. L’objet est de recenser les mots utilisés pour désigner les femmes célibataires et de comprendre les représentations relatives au célibat féminin à travers les pratiques langagières locales.
Ainsi, ce numéro varia a réuni non seulement différents thèmes, mais aussi a permis de présenter diverses approches méthodologiques et a ouvert d’autres pistes de recherche.
Khedidja MOKEDDEM
et Abdelouahab BELGHERRAS