Insaniyat N°72-73|2016| Les personnes âgées entre les deux rives de la Méditerranée: quels devenirs ?| p. 115-129| Texte intégral
Taous KHERKHOUR, Université Mouloud Mammeri, 15 000, Tizi-Ouzou, Algérie.
Introduction
Les zawiyas kabyles constituent des pôles d’enseignement dont l’enracinement remonte souvent aux 15ème-16ème siècles. Ces établissements religieux ont historiquement répondu à des demandes de savoir exprimées par la société locale. De façon générale, les zawiyas kabyles ont fait face aux bouleversements induits par à la fois la présence ottomane et la domination coloniale française. Cette dernière a de plus, tout en mettant en œuvre une politique de destruction socioculturelle, introduit une compréhension dans les offres de savoir.
Au vingtième siècle, les zawiyas ont été confrontées à diverses situations qui ont imposé des transformations dans leurs fonctions (en particulier l’enseignement). Ce sont celles-ci et les modalités d’adaptation produites par les zawiyas que cette contribution se propose d’explorer.
L’approche se décline en deux perspectives : la première, synchronique, se propose d’explorer la question des enseignements religieux de la zawiya de Sidi Mansour aujourd’hui. La deuxième est diachronique et d’autres comme les programmes enseignés, la méthode employée, la configuration des rapports sociaux entre les agents du culte de la zawiya et la société locale… sont pris dans une perspective évolutive et historique. Les données recueillies sont reconstruites
et interprétées dans leur contexte spatiotemporel.
Cette présente contribution s’inscrit dans la perspective anthropologique. Elle s’appuie essentiellement sur une approche qualitative à partir d’entretiens et d’observations. L’enquête par le biais de l’entretien nous a permis de nous rapprocher le plus près possible de la communauté enseignante de la zawiya. Elle a permis aussi de remonter aux différentes périodes historiques afin de reconstituer l’évolution de la question des enseignements d’une manière chronologique. Des observations sur le site et l’assistance à des séances de travail nous ont permis de saisir la méthodologie d’enseignement et les rapports qu’entretiennent les tulbas avec leurs maîtres.
Présentation du terrain d’enquête
Il est question ici de la localité des Ait Djennad[1]. Elle occupait un grand espace du territoire de la région de la Kabylie maritime[2], ceinturée par Dellys, Azeffoun, et Djemaa n Saharidj[3]. Autrement dit, elle s’étendait sur la partie occidentale de la chaine de Tamgout ainsi que sur le versant oriental des Ait Ouaguenoun[4]. Aujourd’hui, elle compte trois communes : Timizart, Fréha et Aghrib.
Les sources historiques sur le territoire des Ait Djennad sont relativement rares[5]. Ibn Khaldoun[6] dans son inventaire des grandes tribus du pays Kabyle n’en fait pas mention. Mais leur absence n’est pas forcément synonyme d’inexistence. Il se peut que cet historien veuille seulement énumérer les tribus les plus importantes dont il a eu connaissance.
La région des Ait Djennad renferme un nombre important de lignages religieux[7] et de lieux saints. Les lignages religieux qui sont beaucoup plus connus dans la société locale les Ait Youcef et les Rebein n Yemnieen. Ils sont tous du village de Timizart ou se retrouve la zawiya de Sidi Mansour.
Les Ait Youcef constituaient le lignage gestionnaire de la zawiya de Sidi Mansour. Les Rebein n Yemnie forment aujourd’hui les quatre autres du village de Timizart : les Ait Seddiq, les Ait Si Ali, les Ait Oumhiddine et les Ait El Mehdi. Bon nombre de leurs shyukhs se sont illustrés dans la zawiya de Sidi Mansour où ils ont piloté et assuré les enseignements religieux avant l’arrivée du premier shikh gestionnaire de la zawiya.
La tradition orale retient que les Rebein n Yemnieen sont arrivés avant l’arrivée du saint Sidi Mansour. Ils occupent un espace en face de la zawiya de Sidi Mansour. Ils fréquentent cette dernière comme d’autres groupes sociaux de la société locale.
Pour les individus de la société locale, pour leurs adeptes, les Rebein n Yemnieen sont dépositaires d’un pouvoir spirituel et influent sur la société locale, dont la protection. L’expression « saean laenya », (ils ont un pouvoir de protection) illustre fortement leurs vertus. Ils jouent le rôle d’arbitrage dans les conflits de familles que ce soit au Ait Djennad ou ailleurs. Leur verdict est généralement respecté.
Il est à citer aussi la présence d’autres lignages religieux aux Ait Djennad à l’exemple des Ait Gherbi et des Ait Si Said. Ils se réclament être de descendance du saint Sidi Hend Agherbi[8]. Les Ait Si Said occupent un espace à coté de lieu saint cité. Cependant les Ait Gherbi se sont déplacés de leur localité d’origine non loin de Sidi Hend Aghrbi.
La zawiya de Sidi Mansour gérée par les Ait Youcef
Les Ait Youcef étaient un lignage religieux gestionnaire de la zawiya de Sidi Mansour dont le premier shikh est arrivé avant 1853. « Les Ait Youcef ne descendent pas du saint fondateur. La version la plus probable est qu’ils soient les héritiers des shuyuh qui ont exercé leur magistère à la fin du XVIIIe siècle»[9].
Depuis l’arrivée du premier shikh des Ait Youcef, la zawiya de Sidi Mansour est dirigée par cette même famille. Quand il s’agit de prendre des décisions importantes, le shikh gestionnaire décide en concertation avec deux représentants de chaque village des Aït Djennad. À titre d’exemple, lors de la célébration de la fête du musam du premier mai, chaque tajmaet (assemblée villageoise) des cinquante-six villages que comptent les Ait Djennad, choisit deux délégués.
Le village de Timizart où est implantée la zawiya de Sidi Mansour compte neuf fractions ou iderma (pluriel d’adrum), dont quatre sont des lignages religieux cités plus haut. Les cinq autres sont des groupes (laïcs)[10] les Iouassaiddene, les Ait Kaci, les Ait Lhamel, les Ibouaachene et les Aimrache.
De tradition, quatre ukils[11] du village de Timizart sont désignés pour participer à la gestion de la zawiya de Sidi Mansour. Au terme de quatre années, les ukils doivent être remplacés par d’autres. Ceux-ci sont désignés par des vieux sages du village de Timizart, dont deux sont issus de deux fractions des groupes laïcs et deux autres des groupes religieux. Ils ont pour rôle d’assister le shikh responsable de la zawiya comme dans la gestion des terres wakf de l’institution.
Le premier shikh gestionnaire des Ait Youcef était le shikh Mohand Said Amghar (1833-1903). Selon nos informateurs locaux, ce dernier est arrivé jeune à Ait Djennad. Il a dirigé la zawiya depuis son arrivée jusqu’en 1903. Pendant cette période les tâches de gestion et d’enseignement sont partagées entre les membres du lignage cité.
Avant sa mort, shikh Mohend Said Amghar a désigné son fils ainé shikh Ahmed (1869-1942) à la tête de la zawiya. Ainsi, ce dernier s’est-il chargé de sa direction de 1903 à 1942[12]. Ce successeur jouissait d’une bonne réputation et sa notoriété n’a pas pris une ride au sein de la société locale. Il était respecté de tous les groupes constitutifs de la région des Ait Djennad. À ce jour, encore nombreuses personnalités l’ayant connu ou entendu parler de lui, témoignent de sa spiritualité, de sa forte personnalité, de son érudition et de ses compétences scripturaires.
Si un conflit survenait dans cette région ou ailleurs en Kabylie, les familles belligérantes invitaient les hommes issus des lignages religieux dont le shikh Ahmed qui était toujours à la tête du groupe pour apaiser les tensions et ramener la paix sociale. Ses actes et ses paroles sont souvent respectés. Outre sa réputation d’intercesseur, le shikh Ahmed était un guide spirituel, sa baraka était tant recherchée.
La gestion des tâches, sous l’ère de shikh Ahmed, est répartie comme suit :
- - Shikh Ahmed : il cumule, à la fois, la responsabilité de la zawiya, de la gestion, des finances et de l’enseignement.
- - Shikh Hocine, lui est chargé de l’enseignement, assisté de shikh Mohand Cherif. Ce dernier développe des compétences scripturaires aussi importantes. Il représente la zawiya à toutes les occasions qui se présentent.
En 1941, une année précédant sa mort, le shikh Ahmed a choisi son deuxième fils shikh Mohand Said Amziane comme successeur à la tête de la zawiya. Ce choix est dicté par les qualités du shikh héritier. L’honnêteté, la confiance, la sincérité, la bonne foi et la droiture sont des qualités qui sont siennes.
L’un des compagnons du shikh Mohend Said Amziane pendant la période de sa gestion, nous confirme que ce dernier n’a jamais changé les ukils de la zawiya. Il a travaillé avec quatre ukils ayant tous accompli leur pèlerinage en terre sainte de l’Islam (hadj) (El-Hadj Bouchrit, El-Hadj Belkacem, El-Hadj Meziane Kaci, El-Hadj Chrif).
Les offrandes récoltées sont affectées par le shikh Mohand Said Amziane à la caisse de la zawiya[13]. Ces dons servent à subvenir aux besoins de la zawiya et à ceux des tulbas. D’ailleurs, c’est à son époque que la zawiya a connu des extensions dans son cadre bâti. Au temps de son père et de son grand-père la zawiya a acheté des terrains dont elle dispose encore aujourd’hui.
Une vision rétrospective sur la zawiya de Sidi Mansour et son affiliation à la tarika Rahmaniya
La fondation de la zawiya de Sidi Mansour remonte au XVIIeme siècle[14], l’époque de l’installation des quatre grands saints en Kabylie. Selon les informateurs locaux, la zawiya est édifiée par ce saint éponyme avant sa mort, aux environs de 1632-1635. Depuis la mort de celui-ci jusqu’à l’arrivée du premier shikh du lignage gestionnaire, soit en 218 ans, 25 shyukhs s’y sont succédé.
Parmi ces shyukhs, figure shikh Ulhasen du groupe religieux des Ait Ulhacen, copiste de renom de textes coraniques. On peut citer aussi shikh Umhiddin qui est des Ait Umhiddin, shikh Mhend et enfin, shikh Tahar El Djennadi. Ils sont tous issus de la région des Ait Djennad et du village de Timizart et appartiennent au lignage religieux de ce village. Ils participent à la gestion de la zawiya jusqu’à nos jours. shikh Tahar El Djennadi est un érudit de renom et s’est opposé à l’exhérédation de femmes.
Successivement, après ces 25 shyukhs, il y’eut l’arrivée du premier shikh du lignage gestionnaire de la zawiya de Sidi Mansour. Il s’agit de shikh Mohend Said Amghar n’Ait Youcef qui était le taleb de shikh Mohand Ouali Ousahnoune, célèbre Mokaddem de la tarika rahmaniyya des Ait Irathen. Depuis environ 1860, la zawiya de Sidi Mansour est dirigée par ce lignage des Ait Youcef.
La zawiya de Sidi Mansour s’est à l’instar d’autres zawiyas d’Algérie affiliée à la tarika rahmaniyya. Elle est l’une des plus actives de par son soutien au shikh Ameziane El Haddad, et l’un des chefs dirigeants de la zawiya de Sidi Mansour shikh Mohemmed Said Ait Youcef a pris une part active dans l’insurrection de 1871[15].
Les données dont nous disposons ne donnent pas suffisamment de précisions sur les circonstances de l’affiliation de la zawiya de Sidi Mansour à la rahmaniyya. Cependant, l’hypothèse la plus plausible est que la personnalité du shikh Mohammed Said Amgharn AitYoucef ait énormément contribué à la diffusion des principes de la tarika rahmaniyya au sein de la zawiya de Sidi Mansour. Cette forte personnalité religieuse s’est installée à la zawiya, après avoir été formé auprès du shikh Mohammed Ouali Ou Sehnoun (Ait Irathen), un éminent maître de la tarika. Ce dernier l’encouragea à imposer une nouvelle dynamique au sein de la zawiya de Sidi Mansour.
Il faut noter que la zawiya de Sidi Mansour maintient des rapports très étroits avec la tarika rahmaniyya jusqu’à l’insurrection de 1871. En effet, « cette zawiya ne semble pas avoir été fermée en 1871. Elle est affiliée jusqu’à cette date à Seddouk. Shikh Mohammed Said a été investi par shikh El-Aheddad en 1869. Il assure en 1871 lacorrespondance entre shikh El-Haddad et les khwans et mukaddems d’Azeffoun »[16].
Actuellement, la zawiya de Sidi Mansour conserve encore la vocation d’enseignement coranique et la maîtrise d’écriture comme l’un des principes doctrinaux de la rahmaniyya. En effet, ce fondement d’apprentissage coranique apparaît en premier abord, sous l’attachement d’un nombre considérable des tulbas à la zawiya de Sidi Mansour. En plus, nous relevons aussi la diversité des origines des tulbas qui y sont inscrits. Cette hétérogénéité correspond à un autre principe de la tarika rahmaniyya qui donne accès à tout croyant qui manifeste une volonté d’adhésion à cette voie initiatique.
Dans le contexte de la rahmaniyya, la hiérarchisation des statuts dans la zawiya de Sidi Mansour exclut actuellement l’existence du titre de mukaddem de la zawiya. Le shikh, présent, assure la fonction d’enseignant et celles entre autres de « daewa n lxir » pour les pèlerins, mais ne représente pas le shikh de la tarika.
En revanche, deux titres subsistent encore aujourd’hui, le taleb réputé pour ses compétences scripturaires et le khawni censé conserver l’werd de la tarika rahmaniyya. Mais leur intégration dans la voie initiatique n’est scellée que par le biais d’un mitak.
La zawiya de Sidi Mansour pôle du savoir religieux
L’essence de l’enseignement religieux à l’époque des Ait youcef était organisé autour de l’apprentissage rigoureux du Coran auquel s’ajoutent d’autres enseignements comme la jurisprudence, le droit, le Sidi Khellil, le tidjwad et la charia. L’enseignement de la langue arabe est aussi mis en perspective et occupe une place privilégiée, en développant différentes matières qui sont l’orthographe, el-ajarumiya et la el-fia.
Certains tulbas de la région des Ait Djennad qui s’inscrivaient à la zawiya de Sidi Mansour, ont déjà appris quelques hizb dans des zawayas de moyenne envergure de leur localité d’origine, comme la zawaya de Sidi Ahmed El-Maghzi d’Imessounen[17].Ceux qui ont appris tous les versets coraniques dans les zawayas les plus proches de leur domicile comme celle de Timellilin dans la région n’Ait Djennad et ils ont rejoint par la suite d’autres institutions comme celle de Sidi Abdrehman El-Yallouli.
Les tulbas sortent de la zawiya de Sidi Mansour, après l’apprentissage de tous les versets coraniques. Le taleb doit passer trois jeudis de suite à réciter les versets coraniques et être interrogé par des tulbas el-khatmin (les tulbas qui sont en phase finale d’apprentissage coranique), parfois en présence du cheikh, sur des questions de la religion. Si le talb a récité et a répondu à toutes les questions d’une façon irréprochable, ils ne l’interrogent plus. C’est lui qui, en revanche, va interroger les autres.
Pendant les années vingt et trente du vingtième siècle, l’enseignement est assuré par les membres de l’ancienne famille gestionnaire de la zawiya. Le premier shikh dirigeant, shikh Ahmed, est érudit en langue arabe, en orthographe. Il shikh Ahmed n’enseignait pas souvent à la zawiya de Sidi Mansour. Il rassemblait tous les tulbas, un à deux jours par semaine, il leur dispensait des cours de Sidi khellil, de sharia, d’orthographe, la récitation du Coran et il lit un hizb avec les tulbas.
Le qanun, el-adjaroumiya et Sidi Khellil étaient dispensés par le shikh Hocine secondé par le shikh Mohand Cherif reconnu pour ses compétences scripturaires. Outre l’enseignement de l’orthographe et celui d’el-elfiya, il représentait la zawiya dans toutes les occasions. Il n’est pas inutile de souligner également qu’un dignitaire nommé shikh Messoud appartenant au lignage religieux des Ait Oueghlis dans la région de Béjaia, avait été imam dans la zawiya de Sidi Mansour, pendant les années quarante. Ses tulbas, alors très nombreux, lui reconnaissent un immense savoir religieux.
Entre 1942-1998, l’enseignement est assuré davantage par le shikh Salah secondé parfois par le shikh Mohand Said Amziane. En 1974 l’ancien taleb de la zawiya de Sidi Mansour le « Shikh Meziane Yemmi » revient à la zawiya pour entreprendre l’activité d’enseignement avec le shikh Salah.
Profils et parcours des tulbas de la zawiya de Sidi Mansour
Les tulbas de la zawiya de Sidi Mansour accomplissent leur apprentissage coranique aux dépens de la jurisprudence. Leur culture théologique se résume à des connaissances sommaires sur des questions de la vie quotidienne. À l’issue des épreuves passées avec succès devant le grand cheikh de la zawiya, les tulbas obtiennent ce qu’on appelle la idjaza. Celle-ci n’est pas un document écrit, mais une autorisation verbale de l’apprentissage coranique.
La zawiya de Sidi Mansour a, de par son histoire, donné naissance à de brillants tulbas qui ont parachevé leurs études dans de grandes institutions religieuses du Maghreb. Sous l’ère des Ait Youcef, pendant les années vingt, six tulbas sont envoyés au Maroc, à l’Université de Fès. Plus tard, aux environs quarante, certains tulbas ont rejoint l’école réformiste d’Ibn Badis à Constantine, tandis que d’autres ont pris le chemin de la Zaitouna, en Tunisie.
Pendant les années soixante, des anciens tulbas devenus des personnalités religieuses de cru, sont mises au service du ministère de l’enseignement originel et des affaires religieuses et du ministère de l’éducation nationale. À titre d’exemple, les données dont nous disposons montrent que la question du culte à Ait Djennad pendant les années soixante était prise en main par les tulbas de la zawiya de Sidi Mansour.
Des tulbas issus de la zawiya de Sidi Mansour ont été recrutés en tant qu’imams dans différentes mosquées. Un ancien taleb shikh Mokran Bouhdad, de l’institution religieuse en question et de l’école réformiste citée plus haut a été recruté à la mosquée du village des Ait Bouchakour[18] pour exercer le culte pendant quarante ans. Une loi fut promulguée le 07 décembre 1969 pour fixer leur statut. En vertu de cette loi, appliquée en 1971, ils étaient appelés à postuler au statut de fonctionnaires, bénéficiant des mêmes droits que toutes les autres catégories des agents de l’État[19].
Le shikh Meziane Yemmi, l’une des personnalités religieuses, disposant d’excellentes compétences scripturaires, revient à la zawiya de Sidi Mansour dont il est issu, après son passage à l’université de Fès pour, continuer à perpétuer sa volonté pendant les années soixante-dix. En son temps, le nombre des tulbas inscrits oscillait entre 180 et 200. Ce chiffre important des inscrits renseigne sur la politique de l’État qui a encouragé et construit un terrain privilégié pour les enseignements religieux[20].
Au cours de ces années, un ancien taleb de la zawiya de Sidi Mansour et de la région des Ait Djennad, dénommé shikh Mohammed Salah Seddik[21], après sa solide formation dans les sciences coraniques à la Zaitouna, revient à l’institut de Sidi Abdrehman pour remplir la fonction d’enseignant.
Avant la promulgation de la loi redorant le statut des tulbas, tout juste après l’indépendance, des anciens de la zawiya de Sidi Mansour affirment que les populations les avaient sollicités pour prendre en charge l’enseignement religieux des enfants des villages. Des notables de la région leur avaient prêté main forte en mettant surtout à leur disposition des moyens logistiques.
En 1963, l’éducation nationale a ouvert un concours d’enseignement. Toute personne ayant la compétence d’écrire et de parler la langue arabe ou le français est invitée à s’y inscrire. Un taleb de la région des Ait Djennad formé à la zawiya de Timellilin et celle de Sidi Abdrehmman El-Yallouli témoigne de sa participation à une formation d’un mois, dispensée dans un établissement scolaire de la ville de Tizi-Ouzou. Selon cet enquêté, la formation avait porté seulement sur la pédagogie d’enseignement dans les établissements d’éducation nationale. La personne en question a exercé la fonction de maitre d’enseignement dans un établissement d’éducation nationale du cycle primaire dans le village de Taboudouchet, dans la région des Ait Djennad.
Le savoir religieux actuellement à la zawiya de Sidi Mansour
L’exploration de la zawiya de Sidi Mansour a permis d’observer de près la pédagogie qui s’y pratique. Aussi, au contact continu des maîtres de l’enseignement, nous sommes amenés à distinguer deux unités de la pédagogie d’enseignement. La première est subdivisée en deux matières : l’une concerne l’enseignement du Coran, l’autre consiste en l’enseignement des règles de récitation de celui-ci. La deuxième unité se penche sur l’enseignement de la langue arabe et du fikh.
D’après nos observations et les propos des maîtres interviewés, le travail de mémorisation est précédé de leçons sur les règles de la psalmodie pour que les tulbas puissent réciter le texte coranique de manière à sentir sa sacralité. Ces instructions convergent et se complètent. S’agissant du coran, sinon la tablette de bois, l’outil indétrônable, employé depuis toujours, son apprentissage nécessite l’effort de mémoire et de répétition.
L’enseignement de la langue arabe et du fikh est un acquis appréciable apportant une valeur ajoutée à la compréhension du texte coranique. Il est dispensé selon la méthode en usage dans le cycle éducatif officiel. D’après certaines règles, force est de constater que le niveau d’enseignement dans la zawiya correspond au niveau du cycle secondaire.
Bon nombre de tulbas sont victimes de la déperdition scolaire (échec ou interruption du cursus pour diverses raisons). Ils rejoignent la zawiya de Sidi Mansour en vue d’apprendre le Coran sans vouloir améliorer leur niveau en langue arabe. Certains d’entre eux sont prodigieux dans la mémorisation des textes cependant qu’ils sont pas faibles en langue. Cette incohérence n’est pas le cas de tout le monde, nous avons rencontré ceux qui apprennent brillamment le coran tout en étant soucieux de rehausser leur niveau d’expression.
Les programmes enseignés au niveau de la zawiya1
Les programmes suivis aujourd’hui à la zawiya de Sidi Mansour, sont élaborés par l’enseignant de la zawiya qui était membre d’une cellule religieuse[22].
Considérée comme un accès principal à l’enseignement religieux, la jurisprudence islamique est une unité fondamentale. La richesse et la variété de son contenu font qu’il est impossible de travailler chacun de ses thèmes. Pour remédier à ce souci pédagogique, le maître de la zawiya choisit les leçons essentielles.
Les unités d’enseignement se déclinent comme suit : la jurisprudence islamique est répartie en deux chapitres. Le chapitre de la prière avec ses différentes dimensions et ses modalités et le chapitre du jeûne. L’exégèse coranique, le Hadith Sharif, la biographie du Prophète et enfin les textes. Ces derniers contiennent dix-sept textes littéraires et les règles de la langue arabe.
Les programmes dispensés à la zawiya témoignent d’une prédominance de l’enseignement religieux. Mais la place de la langue arabe dans le cycle d’études témoigne de la volonté de consolider la compétence scripturaire. Par ailleurs, chaque programme de la matière apparaît comme une introduction à l’enseignement religieux. Certes les programmes sont variés. Mais les matières enseignées ne reflètent pas le bouquet des enseignements religieux. Nous avons constaté cela en nous référant aux programmes élaborés par le « conseil de lecture ». Il y’a également l’absence de la matière usul el-fikh qui nous semble importante. Puisque cette dernière accompagne souvent la jurisprudence.
Il convient de noter qu’un taleb à la zawiya peut apprendre tous les textes du Coran sans maîtriser leurs significations, car l’explication coranique est réduite seulement à quelques surates. Toutefois, cette carence des programmes peut s’expliquer par la désignation d’un seul et unique maître qui assure à la fois la matière de fikh et de langue arabe.
L’élaboration des programmes enseignés au niveau de la zawiya sont basés sur des références parfois scolaires. La matière des « textes arabes » sont par exemple tirés d’un ouvrage scolaire de 4eme année moyenne de l’ancien système. Pour la grammaire, le maître se réfère à deux ouvrages : l’un est un livre scolaire de 1ere année moyenne « el- mukhtar fi kawacidlugha el-carabiya», l’autre ouvrage qui n’est pas scolaire, se compose de deux tomes. Il s’intitule « el-nahew el-wadih ». Le recours à ces références est, à notre avis dû, aubesoin de renforcer le niveau de maîtrise de la langue arabe des tulbas et à l’influence de l’expérience acquise par l’enseignant lors de son passage dans les établissements de l’éducation nationale.
Les origines des tulbas de la zawiya de Sidi Mansour ?
Pendant les années deux-mille, les données dont nous disposons indiquent la sortie d’une nouvelle promotion chaque année et nous relevons une progression des effectifs d’année en année : puisqu’en 2002/2003, on comptait 42 taleb, Enfin, en 2007/2008 il était de 87, soit le double par rapport à l’année 2002/2003.
Ce qui apparait nettement dans les données collectées sont les origines diversifiées des tulbas. Ils sont issus de dix-neuf wilayas. Durant toute la période allant de 2001 à 2008, les tulbas proviennent des wilayas suivantes : Bordj Bou-Arrérridj, Chlef, Médéa, Bejaïa, Bouira, Blida, Sétif, Alger, M’sila, Boumerdes, Alger, Tizi-Ouzou, El Baidh, Djelfa, Tipaza, Laghouat, Tébessa, Boussaada, Batna. Il est à noter que les régions de Bordj Bou-Arrérridj, Médéa et M’sila ont donné le plus gros du contingent. Cette prédominance globale (effectif cumulé 2001-2008) des trois wilayas en question, n’est pas toujours confirmée lorsqu’on examine les chiffres par année.
Mis à part les wilayas de Msila, Bordj Bou-Arrérridj, Medéa et Sétif, l’effectif des inscrits venant des autres wilayas ne dépasse pas six tulbas. C’est ce que nous constatons à une large échelle dans la région de la Kabyle. À titre d’exemple :
- - L’année 2002/2003, la zawiya de Sidi Mansour recrute 3 tulbas avec un taux de 7,14% de la région de Bejaïa et aucun taleb de la wilaya de Tizi-Ouzou.
- - L’année suivante (2003/2004), 3 tulbas avec un taux de 6 ,66% de la wilaya de Tizi-Ouzou s’inscrivirent à la zawiya alors que cette dernière ne reçoit aucun taleb de la wilaya de Bejaïa.
- - L’année 2005/2006, nous constatons les mêmes résultats des deux wilayas.
- - L’année 2006/2007, le nombre le plus élevé des recrus de la wilaya de Tizi-Ouzou est de six tulbas avec un taux de 7,59% ainsi qu’en 2007/2008, le taux des inscrits de la même wilaya est de 6,89%. D’autant que, la région de Bejaïa dans ces deux dernières années 2006/2007 et 2007/2008 ne marque sa présence qu’avec un seul élément.
L’hypothèse la plus plausible de recul des tulbas de la région kabyle dans leur engagement à poursuivre les enseignements coraniques est que, les élèves au moment de l’implantation des écoles françaises, sont attirés par l’enseignement moderne, car ce phénomène est débuté aux années quarante[23].
Tel qu’il ressort de nos données, l’âge des tulbas se situe entre 14 et 24 ans, conformément à ce que prescrit le règlement intérieur de la zawiya. Globalement, pour finir l’apprentissage coranique, les tulbas restent à la zawiya entre une année et six ans ; et chaque année un nombre des tulbas sort de la zawiya après avoir achevé le cursus. Voici le nombre des tulbas sortants de la zawiya chaque année, depuis 2003 jusqu’à 2008: 2003-2004 : 7 tulbas, 2005-2006 : 9 tulbas, 2006-2007 : 12 tulbas, 2007-2008 :11 tulbas.
Il faut, toutefois noter que des cas exceptionnels peuvent donc dépasser 24 ans d’âge. C’est le cas d’un taleb, originaire de Sétif. En effet, il faut souligner que les tulbas qui restent à la zawiya plus de quatre ans, ce sont des tulbas qui font le volontariat ou ils aident l’enseignant d’apprentissage coranique, ou ils reprennent les textes coraniques afin de parfaire leur apprentissage.
Conclusion
Au cours de ce travail, nous avons montré que la région des Ait Djennad dispose d’une institution religieuse d’ancrage important et ancien. Son rayonnement s’exprime de plusieurs manières, beaucoup plus particulièrement la diffusion du savoir religieux. La formation d’une promotion chaque année et la diversité des origines des tulbas permet la diffusion de savoir mis en perspective à la zawiya de Sidi Mansour.
Historiquement, cette zawiya a subi, les aléas liés à la colonisation. Après 1962, une mobilisation de fortes personnalités locales et l’appui des Ait Djennad permit, en 1968, un renouvellement de cette institution religieuse. Comme nous l’avons montré, il y a une influence des transformations de la société locale et l’évolution interne de la zawiya.
Sur le plan de l’organisation et de la gestion, la zawiya de Sidi Mansour est placée sous la double tutelle du groupe local (Ait Djennad) et du lignage religieux des Ait Youcef. Cela a duré pratiquement de 1853 jusqu’en 1998. Nous avons montré comment, le village de Timizart, est aussi très directement impliqué dans la gestion de la zawiya. Si on excepte la période de la guerre de libération où la zawiya est à l’arrêt.
La zawiya de Sidi Mansour se distingue par la production et la diffusion d’un savoir religieux remarquable. Le niveau de l’enseignement religieux comme décrit dans ce travail est loin d’être rudimentaire mais apparaît comme un savoir mis en perspective. La vocation d’enseignement dans cette zawiya repose sur l’enseignement de la langue arabe, la jurisprudence islamique, l’apprentissage coranique et les règles de récitation du Coran. En effet, cette dernière matière montre des changements en matière d’enseignement à la zawiya.
Ce savoir religieux qui se développe au niveau de la zawiya permet la sortie d’un groupe ayant fini l’apprentissage coranique et le recrutement d’une nouvelle promotion chaque année. En effet, des effectifs importants y ont été formés ; entre autres des figures religieuses connues.
Les tulbas de cette institution, seront récupérés par la direction des affaires religieuses pour les recruter comme shyukhs dans des zawayas, des mosquées, comme étudiants à l’Institut de formation des cadres des affaires religieuses « Sidi Abdrrahman Al-Yallouli », ou étudiants dans des grands Instituts des pays musulmans. L’exemple shikh de la mosquée de la nouvelle ville de Tizi-Ouzou issu de la zawiya de Sidi Mansour, en est illustration puisque ce dernier a continué ensuite ses études à l’université de Fès au Maroc.
De plus l’origine des tulbas donne à la zawiya une audience et un rayonnement supra local. Nos données ont montré comment la zawiya de Sidi Mansour accueille plus de 80 taleb venant de différentes régions d’Algérie. En effet, le nombre des tulbas progresse chaque année.
Nous avons constaté aussi une prédominance globale des inscrits des trois régions suivantes : Bordj Bou-Arrérridj Médéa et M’sila. D’autant que, le taux des inscrits de région kabyle est largement inférieur à celui d’autres régions.
On peut, à partir de toutes ces observations, conclure que la démarche pédagogique au sein de la zawiya est fondée sur un équilibre et une complémentarité des enseignements des principales disciplines (Coran, langue arabe et fikh). De plus, la mise en œuvre d’une pédagogie qui s’inspire de celle en vigueur dans les établissements scolaires permet de réaliser des objectifs en matière d’apprentissage.
Bibliographie
Ouvrages
Boulifa, S.-A. (1925), Djurdjura à travers l’histoire (depuis l’antiquité jusqu’en 1830), Alger, J. Bringau.
Colonna, F. (1995), Les Versets de l’invincibilité : Permanence et changement religieux dans l’Algérie contemporaine, Paris, Presse de la Fondation Nationale des Sciences Politique.
Deheuvels L.-W. (1991), « Islam et pensée contemporaine en Algérie », Al-Asala (1971-1981), Paris, Centre National de la Recherche Scientifique.
El bakri, (s. n), Description de l’Afrique septentrionale, traduction de Slane.
Guelner, E. (2003), Les Saints de l’Atlas, Paris, Bouchene.
Hanoteau, A. et Letourneux, A. (2003), La Kabylie et les coutumes kabyles, 2eme édition, Paris, Bouchène.
Ibn Khaldoun, Histoire des berbères, traduction de Slane, tome. I.
Lacoste-Dujardin, C. (2005), Dictionnaire de la culture berbère en Kabylie, Paris, La Découverte.
Robin Nil, J. (1999), La Grande Kabylie sous le régime Turque, Paris, Bouchéne.
Salhi, M.-B. (2008), La Tariqa Rahmaniya, de l’avènement à l’insurrection de 1871, Alger, Haut Commissariat à l’Amazighité.
Articles
Aumerate (s, p), (1899), « Le bureau de bienfaisance », Revue Africaine, N° 43, Office des Publications Universitaire.
Saghir, M.-B. (1972), « Al-Silk al-dini fi Al-Djazair khilalc asher sanawat, wadjibat wahuquq », in Asala No 8, juin 1972.
Salhi, M.-B. (1994), « Confrérie religieuse et champ religieux en Grande-Kabylie. Au milieu du XXe siècle : La Rahmaniyya », in-Annuaire de l’Afrique du nord, Vol. XXXIII, CNRS.
Thèses et mémoires de magistère
Salhi, M.-B. (1979), Étude d’une confrérie religieuse algérienne : la Rahmaniya, thèse de doctorat 3e cycle, Paris, EHESS.
Notes
[1] À propos de vocable « Djennad » voir, El bakri, Description de l’Afrique septentrionale, traduction de Slane, p. 135, in-Boulifa, op.cit., p. 20.
[2] Lacoste-Dujardin, C. (2005), Dictionnaire de la culture berbère en Kabylie, Paris, La Découverte, p. 52.
[3] Boulifa, S.-A., Le Djurdjura à travers l’histoire (depuis l’antiquité jusqu’en 1830), Alger, J. Bringau, p. 33.
[4] Robin, J. (1999), La Grande Kabylie sous le régime Turque, Paris, Bouchéne, p. 66-113-116-117.
[5] Nous pouvons citer : Hanoteau, A., Letourneux, A., (2003), La Kabylie et les coutumes kabyles, 2eme édition, Paris, Bouchène. Ainsi que Boulifa, op.cit.
[6] Ibn Khaldoun, Histoire des berbères, traduction de Slane, tome. I. p. 256, in-Boulifa, op.cit., p. 11.
[7] Dans le parler local, il y a l’usage de mot : amrabbedh/ pluriel imrabdhen / tirubdha : (dignité maraboutique et ses privilèges), le nom est utilisé pour distinguer des familles ou des villages kabyles censés être descendus de religieux de ceux qui ne le sont pas (leqbayel).
[8] Sidi Hend Agherbi est un lieu saint dans la société locale
[9] Brahim Salhi, M. (1994), « Confrérie religieuse et champ religieux en Grande-Kabylie. Au milieu du XXe siècle : La Rahmaniyya », Annuaire de l’Afrique du nord, Vol. XXXIII, éd. CNRS, p. 256.
[10] En anthropologie religieuse, la qualification « laïc »désigne les groupes ou les lignages dont les statuts n’est pas défini par une généalogie ou une origine religieuse en sacrée. Les travaux, nombreux, comme ceux de Gelner, E. (2003), Les Saints de l’Atlas, Paris, Bouchene,. Ainsi que Collona, F. (1995), Les Versets de l’invincibilité : Permanence et changement religieux dans l’Algérie contemporaine, Paris, Presse de la Fondation Nationale des Sciences Politique, utilisent cette terminologie. Dans cette contribution nous la reprenons à notre compte car c’est la plus commode d’éviter les confusions entre mrabtin et non mrabtin.
[11] Ukil : représentant. Sur le rôle des ukils dans les zawayas, mosquée…. Voir, (s. n). Aumerate. « Le bureau de bienfaisance musulmane », Revue Africaine No 43 1899, Office des Publications Universitaire, p. 185.
[12] Sur la question de la période de gestion de shikh Ahmed et shikh Mohend Said Amziane voir, Brahim Salhi, M. (1979), Étude d’une confrérie religieuse algérienne : la Rahmaniyya, thèse de doctorat 3e cycle, Paris, EHESS, p. 235.
[13] En revanche celles qui lui sont destinées, il les garde pour lui-même.
[14] Brahim Salhi, M., Étude d’une confrérie religieuse algérienne : la Rahmaniyya…, op.cit., p. 234.
[15] Salhi, M.-B. (2008), La Tariqa Rahmaniya, de l’avènement à l’insurrection de 1871, Alger, Haut-Commissariat à l’Amazighité, p. 128.
[16] Salhi, M.-B., Étude d’une confrérie religieuse algérienne : la Rahmaniya…. op.cit., p. 235.
[17] Imessounen est un village dans la région d’Iflissen.
[18] L’un des villages dans la région des Ait Djennad.
[19] Saghir Boualam, M. (1972), « Al-Silk al-dini fi Al-Djazairkhilalc ashersanawat, wadjibat wahuquq », in Asala N° 8, juin, p. 247-248.
[20] Deheuvels, L.-W. (1991), « Islam et pensée contemporaine en Algérie », La revue Al-Asala (1971-1981), Paris, Centre National de la Recherche Scientifique, 1991, p. 16. D’après cet auteur, même le nombre du personnel du culte s’est fortement progressé pendant les années soixante et soixante-dix. Ils étaient ainsi 1538 en 1968, 2200 en 1972.
[21] Cette personnalité religieuse est un auteur de plusieurs ouvrages et articles.
[22] La direction des affaires religieuses a créé, en 2004, un réseau nommé « conseil de lecture ». Ce dernier est composé d’enseignants et des shyukhs des établissements religieux de la wilaya de Tizi-Ouzou. Chaque élément est chargé d’établir un programme d’une seule matière. Le maître qui enseigne le fikh et la langue arabe à la zawiya de Sidi Mansour s’occupe des textes et de la grammaire de la langue arabe au sein de la cellule. Toutefois, l’apparition des divergences entre les membres du conseil sur l’autonomie des zawayas, a entraîné la disparition de ce conseil. En effet, la raison du désaccord est due aux maîtres d’enseignements des zawayas qui n’ont pas voulu suivre les programmes conçus par le conseil. Cela est justifié par l’absence d’unification des programmes enseignés dans tous les établissements religieux de la wilaya de Tizi-Ouzou.
[23] Voir sur cette question, Mohammed Brahim Salhi. « Confrérie religieuse et champ religieux en Grande-Kabylie…. op.cit.