Insaniyat N° 28 | Espace - Acteurs sociaux - Altérité | p.03-04 | Texte intégral
Ce n’est pas un changement de style que nous réservons au présent numéro d’Insaniyat, que de regrouper deux thèmes, même, si apparemment ils ne paraissent pas avoir entre eux un lien thématique directe. En fait, la revue, avait déjà inauguré cette forme d’organisation, non pas pour des raisons d’économie de textes; mais, pour permettre à de nombreux chercheurs de faire connaître leurs travaux qui ne sont pas nécessairement intégrés dans un même numéro thématique.
Les deux principaux thèmes que sont «Espace et habitat» et «Acteurs sociaux et Altérité», dans lesquels s’inscrivent les sept contributions, ainsi que les deux positions de recherche; sont en fait sous-tendus par le même fil conducteur qui établit entre eux des rapports permettant de fournir des ouvertures sur de nouvelles réflexions dans les divers champs de l’anthropologie.
Le premier thème sur «Espace et Habitat» se trouve parfaitement illustré par trois études de cas représentant chacune l’exemple d’un des trois pays du Maghreb. L’article de Mohamed Ben Attou consacré au cas de la ville de Ksar-el-Kébir, au Maroc; s’appuie sur la particularité frontalière de cette ville, situation qui pour le moins, la soumet plus que toute autre, de même taille, à un processus de péri-urbanisation aussi intense. L’auteur essaie d’en analyser le processus et les mécanismes d’extension de cette zone de la périphérie urbaine.
Cette approche des espaces périphériques des villes moyennes se trouve également au cœur de la préoccupation de recherche que tente de cerner Sidi Mohammed Trache à travers le cas de la ville de Nédroma, dont il essaie d’établir au moyen des outils d’analyse de la géographie urbaine, le rapport qui pourrait exister entre l’exurbanisation et les mobilités résidentielles. La contribution de Imad Saoula, rejoint les thèmes précédemment abordés, en faisant du cas de l’habitat traditionnel, une lecture anthropologique, privilégiant l’exemple spécifique de la symbolique du seuil dans les rites relatifs à la maison en Tunisie.
Concernant encore les pratiques rituelles, Houria Abdennebi-Oularbi, nous fait revenir en Algérie, vers précisément une zone montagneuse laquelle, capte son intérêt. En se livrant à une confrontation de l’analyse anthropologique aux complexes réalités de la montagne du Djurjura, l’auteur, dresse un tableau assez large des pratiques rituelles autrefois collectives liées à la transhumance; tout en nous faisant découvrir la diversité des rapports sociaux qui sous-tendent cette pratique pastorale en milieu montagneux.
Le deuxième thème, axé autour de la problématique des Acteurs sociaux et de l’Altérité, aborde d’emblée, les nombreux questionnements dont fait l’objet le rôle des divers acteurs qui se réclament actuellement de la société civile, tant sur le plan local que sur le plan mondial. Ainsi, la contribution de Omar Derras se situe dans la perspective locale de l’analyse du mouvement associatif en Algérie à l’heure des réformes. Il y est question de la réorganisation législative et d contrôle politico-administratif qu’essaie d’exercer sur ce mouvement les pouvoirs publics.
Quant à Zoheir Ben Jennet, il invite à partager la réflexion sur la place que pourraient occuper les stratégies de l’acteur de développement aux prises avec les exigences de l’environnement local et les contraintes imposées par la mondialisation.
Des questions relatives aux acteurs sociaux, la contribution de Mohamed-Larbi Aggoune nous renvoie au paradigme de l’Altérité qu’il essaie d’analyser à travers le cas de l’un des épigones de l’ethnographie coloniale en Algérie, l’interprète militaire, Charles Feraud, dont les travaux ethnographiques sur la Kabylie faisaient autorité même dans les milieux académiques.
Saddek BENKADA