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Abdelkader HAMIDI : Mutation d’un quartier périphérique d’une ville moyenne en centre d’animation : Debdaba à Bechar (Algérie). (Directeur de recherche : Pr. Abed Bendjelid). Magister en géographie et aménagement, option : Villes en développement, 133 p.,

Habitée par 135 000 personnes en 1998, l’agglomération de Bechar est localisée dans un secteur frontalier et une zone saharienne s’ouvrant par le Touat sur l’Afrique subsaharienne. Fortement soutenue par l’Etat colonial d’abord et par l’Etat national ensuite, sa croissance urbaine apparaît aujourd’hui comme démesurée et désordonnée car ses tissus urbains s’étirent sur plus de 17 kilomètres; c’est dire là, tous les problèmes d’aménagement, de viabilisation posés aux gestionnaires locaux et de mise en cohérence des divers quartiers (circulation, réseau de transport, assainissement…). C’est dans ce cadre géographique singulier que Hamidi Abdelkader inscrit la configuration de l’imposant quartier (près de 40 % de la population becharie!) qui se développe au-delà de l’Oued Bechar, oued à sec la plupart du temps et plaçant de ce fait, la question de l’environnement au cœur de la gestion urbaine de la ville saharienne.

Debdaba a connu une formidable expansion de son bâti après la Seconde guerre mondiale, devenant un quartier indigène dont la plus grande partie des parcelles cultivées de la palmeraie de Bechar s’était progressivement transformée en îlots construits pour une fonction résidentielle par les produits de l’exode rural. L’auteur décrit toutes les phases de sédentarisation des populations nomades, notamment celle des grandes structures tribales des Ouled Djerir et des Doui-Menia, particulièrement la période consécutive à la Loi de 1958 interdisant le nomadisme. L’approche de la mobilité à travers la périodisation de l’installation des migrants dans la palmeraie de Bechar est très expressive de l’urbanisation foisonnante de ce quartier périphérique. Ainsi, pour reprendre une formule consacrée, ‘‘le nomade créa… la ville’’ en occupant progressivement une partie du plan parcellaire agricole, déjà mité par les khammès et hartanis, par les propriétaires et usagers des terres cultivées et par l’aide foncière apportée par le chef de la zaouïa de Kénadsa; toute une série d’informations rapportées par l’auteur, relatives aux mécanismes d’installation des nomades à Debdaba est illustrée par une collection de photos d’époque attestant de la sédentarisation misérable vécue par les migrants nomades. L’analyse de cette forme d’urbanisation de Debdaba, quartier indigène de Bechar, et celle des changements économiques enregistrés constituent le cœur du questionnement posé. Questions foncières entre appropriations et usages, occupation légale ou illicite et art de construire permettent au lecteur de suivre les transformations de l’espace habité (multiplication de haouchs ksouriens, utilisation de différents matériaux de construction, plans de structure des îlots…) à Debdaba et ce, depuis les années 40.

L’intérêt de l’Etat, lors de la période planifiée, a certes occasionné la création de nombreux équipements et la réalisation d’un habitat collectif destiné aux fonctionnaires; mais, la multiplication ultérieure de lotissements et de coopératives immobilières à Debdaba a aussi permis l’installation de classes moyennes et aisées en raison de la disponibilité foncière locale. Par ailleurs, la libéralisation de l’économie nationale, l’élargissement des salaires injectés par l’emploi public civil et militaire, le changement du mode de consommation… tout comme la progression de la pauvreté ont impliqué une multiplication et une diversification des natures commerciales (Rue Emir Abdelkader, Rue Hamlili Brahim, Place centrale) à Debdaba ; tout cela a fini par constituer peu à peu un centre d’animation périphérique face au centre-ville de Bechar, apparemment moins animé. La problématique de la centralité (périphérique) méritait une approche géographique plus constructive dans une ville saharienne, en crise semble t-il.

auteur

Abed BENDJELID

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