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Frontières minées ou modèles interdits: Ouvrières de l’Electronique de Sidi-Bel-Abbès

Insaniyat N°4 | 1998 | Familles d'hier et d'aujourd'hui | p. 89-98 | Texte intégral 


Explosive limits or forbidden models : Electronic workers of Sidi-Bel-Abbes

Abstract : In the name of a set model of women in Algerian society, the female electronic-worker under goes the violence of her social environment under form of psychological and physical pressure, preventing her from fulfilling herself (as an adult being) and from social insertion.

Keywords : family, wife, industry, labor, factory


Hallouma CHERIF: Université d’Oran, 31 000, Oran, Algérie
Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, 31 000, Oran , Algérie.


 

Appuyées par la répartition traditionnelle des rôles entre les deux sexes, la société en général et la famille en particulier accueille l'entrée des garçons dans le marché du travail comme une bénédiction et s'érige contre celle des filles.

Cette répartition des rôles et les modèles qui lui sont liés sont posés comme des boucliers derrière lesquels, s'abritent la société et la famille, pour déclarer leur hostilité aux femmes qui travaillent ou qui désirent travailler en dehors du foyer.

Dans le présent article, nous tentons d'approcher les violences subies par les ouvrières de l'électronique de Sidi Bel Abbés à travers d'une part, le conflit qui a opposé l'ouvrière à son environnement social depuis son entrée à l'usine et d'autre part, l'obligation pour l'ouvrière d'articuler entre le travail domestique et le travail de l'usine pour pouvoir garder le "bénéfice" du travail en dehors du foyer.

Le concept de violence est utilisé, ici, dans le sens de comportements et attitudes discriminatoires dirigés envers l'ouvrière, l'obligeant ainsi à se conformer au rôle d'agent domestique et lui enlevant toute liberté de se réaliser en dehors du modèle de sa mère.

Pour cerner l'objet de cet article, nous avons puisé dans les récits relatés par les ouvrières de l'ENIE, (Entreprise Nationale des Industries Electroniques), sur leur propre histoire d'ouvrière à Sidi Bel Abbés. Récits que nous avons suscités dans le cadre d'un travail sur la "présentation de soi et du travail". Nous avons également utilisé quelques résultats quantitatifs de l'enquête menée auprès de 200 ouvrières de deux divisions de cette même entreprise. Notons que l'échantillon prélevé est composé de 87,43 % d'opératrices âgées de moins de 32 ans (tableau N01).

I. Quelles sont les violences subies par l’ouvrière depuis son entrée à l'usine (1978)?

L'accès de l'ouvrière au rôle d’agent économique l'a tout de suite placée dans un rapport de force avec son environnement social. Elle est d'une part, partie antagoniste du conflit avec la famille et d'autre part, objet d'hostilités déclarées par la me. Les agressions étaient non seulement verbales mais également physiques; jets de pierres, crachats et insultes accompagnaient les ouvrières à chaque fois qu'elles emprun­taient l'espace public en l'occurrence la rue.

Certaines ouvrières nous disent avoir été brutalisées par des inconnus. D'autres par contre, n'ont jamais fait l'objet d'agressions physiques, mais vivaient continuellement dans l'angoisse du lendemain et la peur de la violence collective. La plupart des ouvrières se sentaient en faute quand elles devaient transiter par la me car c'est là qu'elles subissaient les plus grandes vexations. Elles étaient traitées de filles de mœurs légères, de femme en quête d'aventures, etc... "Les gens, en 1978, nous prenaient toutes pour des dévergondées, on était tout le temps insultées et menacées" affirme une (opératrice).

La "liberté" de sortir du foyer leur vaudra, donc, d'être considérées comme déviantes puisqu'elles ont par cet acte, touché aux modèles tabous, transgressant ainsi les normes et lois sociales qui régissaient jusque-là un système de rôle et de statut et leur délimitation spatiale.

A ce propos Gabriel MOSER dit "les groupes exigent souvent un degré élevé d'adhésion à des normes et tolèrent mal le non-conformisme. En conséquence, des individus déviants exprimant des opinions contraires aux normes du groupe deviennent facilement la cible d'hostilités". Ces hostilités sont parfois très sévères comme le cas dune ouvrière qui s'est vue reniée par son grand-père, patriarche de la famille:

« quand j’ai commencé à travailler, mon grand-père m'a reniée, je suis partie le voir lors d'une fête, il m'a renvoyée...pour lui je ne suis qu'une p...".

La société des « mâles» accueillit donc très mal les femmes dans l'espace public, espace qu'elle considère comme un territoire à défendre des "maléfices féminins". Ainsi, la pénétration de l'espace public par les femmes est vécue par les hommes comme une agression interprétée dans une symbolique sexuelle.

Dans les réflexions d' "hommes de la rue" citées par les ouvrières, nous lisons leur crainte d'être dominés par les femmes (dans leurs nouveaux rôles) : "c'est un temps qu'on est en train de vivre; que Dieu nous préserve! Les femmes ont mis le tablier de l'usine et les hommes vont devoir porter le tablier de la cuisine". "Bientôt, ce sont les femmes qui nous demanderont en mariage...

Le travail des ouvrières touche à un rapport entre le rôle masculin et le rôle féminin sans toutefois les bouleverser , car les ouvrières n'ont fait que cumuler un nouveau rôle qui justifie leur présence dans l'espace longtemps réservé aux hommes : l'usine. A présent, ces ouvrières occupent l'usine mais ne font que transiter par la rue.

L'usine était, elle-aussi, attaquée et surnommée "SONABEBE", parce qu'elle était assimilée, par la présence des femmes, à un lieu de débauche; d'autant plus que les recrutements privilégiaient les femmes "pour leur précision dans le travail", nous dit-on. Cette sélection sur la base du critère sexe a été vécue, par les hommes, comme une frustration et un affront, alimentant de ce fait l'attitude agressive de la rue.

Les hostilités étant pressenties au départ, les ouvrières avaient emprunté le voile pour s'effacer de l'espace public mais aussi et surtout pour prendre le temps de gagner l'appui de la famille qui n'arrêtait pas de les faire chanter. Seulement c'est la rue qui a servi d'appui aux réticences de la famille vis-à-vis du travail de leur fille. C'est la rue qui réactivait les conflits entre l'ouvrière et les membres de sa famille, alimentant ainsi un chantage quotidien; "les rumeurs nous rendaient la vie difficile au foyer (nous dit une opératrice); et on n'était jamais sûre de retourner travailler le lendemain

Tous les jours son statut de femme (dans son acception traditionnelle) lui est rappelé par la mère, le père ou les frères, afin que son travail en dehors du foyer ne soit ni inscrit, ni investi dans l'optique d'un modèle différent de celui qui l'a façonné durant sa socialisation.

Les pères, les frères et les maris iront jusqu'à rendre visite à leurs filles à l'usine et s'ingérer dans l'organisation du travail, pour exiger que, là aussi, l'espace soit partagé entre les deux sexes. "Big Brother" était donc, partout: au foyer, dans la rue et à l'usine.

Dans la famille algérienne, la socialisation se fait déjà dans deux sociétés séparées : celle des hommes et celle des femmes. Ces deux sociétés ne communiquent que rarement, c'est pourquoi elles fonction­nent sur des préjugés et des comportements discriminatoires.

Selon DOISE et al. (In H.TOUZARD, 1972) : "La perception de caractéristiques négatives de tout groupe va de pair avec des opinions défavorables et des comportements d'hostilité à son égard".

L'image de la femme dans son rapport aux hommes, apparaît dans ces deux sociétés comme étant celle de la soumission et son travail en dehors du foyer n'est justifié que par le salaire. Les ouvrières de 1978 venaient, d'ailleurs, de familles nécessiteuses.

Le salaire des femmes a eu un effet certain puisqu'il a atténué les résistances, d'autres familles, à laisser leurs filles travailler, mais n'a pas changé l'attitude de ces familles à l'égard des femmes qu'elles gardent toujours sous leur tutelle.

Les pionnières du travail féminin à Sidi Bel Abbés ont vécu sous une pression continue, certaines ont quitté, menées à bout de leurs forces, d'autres, par contre, ont lutté en empruntant d'autres stratégies que celle de retourner au foyer.

Pour travailler en dehors du foyer, les filles de Sidi Bel Abbés devaient affronter la famille, à présent le coût de la vie et les rejets scolaires dissuadent celles-ci.

Nous pensons qu'il y a un léger changement dans les mentalités car l'homme, qui ne pouvait pas subvenir aux besoins de sa famille, était la risée de la société, à présent ces mêmes hommes "permettent" à leurs filles de travailler pour participer au budget familial, nous citons le cas de deux opératrices:

La première nous dit : "En 1980, les parents commençaient à être moins réticents au travail de leurs filles, moi je n'ai pas eu de problème quand j'ai demandé à mon père la permission de travailler". La deuxième opératrice "Les rumeurs ont cessé car dans chaque famille, il y a au moins une femme qui travaille à la SONELEC".

Même Si le travail des femmes s'est quelque peu généralisé dans cette ville, il reste néanmoins inscrit dans le registre du temporaire; ce qui est un compromis (né à la suite du conflit) entre les ouvrières et leur famille à propos du travail en usine.

Si ce compromis du travail temporaire ou provisoire, est un acquis pour certaines femmes, il est, par ailleurs, une garantie qui permet aux hommes de la famille d'exercer toujours et encore leur pouvoir sur les femmes d'autant plus qu'ils ont le droit socialement et "juridiquement" de les d’empêcher de travailler en dehors du domicile familial.

II. Comment l’ouvrière vit la double journée de travail?

L'articulation entre le travail domestique et le travail professionnel, se fait dans une course contre le temps.

Pour que l'ouvrière puisse garder son travail professionnel, il lui faut répondre, non seulement aux exigences de l'usine mais également à celles du foyer. Ainsi la double journée de travail s'impose à elle comme une fatalité liée à son statut de femme.

La société ne lui reconnaît que le rôle domestique, et ne fait, donc aucune concession pour l'aider à se réaliser par le travail professionnel, l'ouvrière doit assumer deux rôles pour espérer un minimum d'autonomie.

Le temps de l'ouvrière est absorbé par l'exécution de deux types de taches ayant comme caractéristiques essentielles la répétitivité, la routine et la monotonie.

Une ouvrière nous dit à ce propos "je déteste la routine et je ne vis que dans la routine, la routine à la maison et la routine à l'usine.

La routine empêche l'ouvrière de se développer et nous convenons avec R. SAINSALLIEU (1977) que le manque d'initiative a une influence sur la personnalité et la fait régresser.

L'ouvrière de l'électronique vit mal sa situation, elle est frustrée par rapport à ce qu'elle attendait du travail professionnel.

Elle exécute à longueur de journées des tâches qui ne font appel qu'aux aptitudes les plus préliminaires; F. HERTZBERG (1971) en voit là une privation pour les individus à exercer d'autres compétences que celles liées aux aptitudes exigées dans les travaux parcellaires et routiniers.

1. Le travail domestique

La deuxième journée de travail pour l'ouvrière pèse lourdement sur son quotidien d'autant plus que la première journée de travail n'est pas reconnue par la famille, 'le suis souvent en conflit avec la famille (nous dit une opératrice), je rentre fatiguée et on m'oblige à faire le ménage, c'est de la torture, on ne veut pas comprendre que j’ai travaillé toute la journée, ça ne compte pas ça!..."

Les femmes ouvrières nous disent exécuter autant de taches ménagères que les femmes au foyer, la différence réside dans l'organi­sation temporelle.

Si la célibataire a le devoir de participer aux charges domestiques, la mariée en a l'entière responsabilité.

Elles sont toutes deux, contraintes à des "engagements domestiques", faute de quoi elles se verraient obligées d'arrêter de travailler en dehors du foyer parce qu'elles sont femmes.

Le pouvoir décisionnel revient toujours à la famille, ce qui les empêchent de s'investir pour une carrière dans le travail professionnel, car elles ne sont jamais sûres de garder ce travail (tableau N02, en annexe).

"Je ne sais pas Si Je resterai longtemps ici, on peut me demander d'arrêter à n'importe quel moment. à cause du mariage ou peut-être même au cause d'une rumeur

Les modes de conduites imposés à l'ouvrière par sa famille sont vécus (par elles) comme des contraintes à sa réalisation, surtout que d'autres modèles d'identification lui sont offerts par ailleurs (l'école, la télévision...).

Néanmoins, elle comprend aisément l'attitude de la famille pour la simple raison que c'est au sein de cette famille qu'a commencé sa socialisation sur la base du modèle d'agent domestique souvent bien intériorisé.

Quelques citations d’ouvriers:

"Si la femme veut travailler à l'extérieur. il faut qu'elle puisse assumer son travail de femme d'intérieur"

"Ce n'est pas le travail de l'usine qui dure dans notre société, car quand je serai mariée on me demandera plutôt, si je sais cuisiner".

Ces ouvrières portent. sans aucun doute, les empreintes d'une socialisation discriminatoire qu'elles n'admettent pas toujours.

On les oblige à se conformer au modèle de leurs mères alors que celles-ci apparaissent à leurs yeux comme l'image même de la dépendance.

La majorité des ouvrières préférant leur situation a celle de leurs mères (tableau N03, en annexe) parce qu'elles sont instruites alors que leurs mères ne le sont pas, et aussi parce qu'elles rejettent la soumission de leurs mères

"Avec ma mère, je ne suis pas d'accord elle veut que je sois comme elle, toute la vie le dos courbé sur la serpillière"

Mais comme leurs mères elles n'ont pas le droit de décider de leur "sort" de leur avenir elles peuvent par contre participer à certaines décisions d'achats d'objets ménagers (tableau N04, en annexe).

2. Le travail en usine

La réalisation de soi par le travail ne se fait pas indépendamment de la satisfaction que l'on en titre.

Dans le cas des ouvrières de l'électronique, cette satisfaction est plus liée au salaire qu'au contenu de la tâche.

La tâche est dévalorisée parce qu'elle les handicape dans l'exercice de leurs initiatives et les réduit à des machines,' "nous sommes considérées comme des robots" (une ouvrière).

Cette tâche ne les valorise pas d'abord parce qu'elle est manuelle et parcellaire et ensuite parce qu'il y a un décalage entre leur niveau d'instruction et leur statut à l'usine. La population de l'entreprise des industries électroniques est dans l'ensemble une population alphabétisée (tableau N05, en annexe). Une ouvrière du niveau de terminal nous dit "Nous sommes à leurs yeux sans instruction, ils nous traitent comme Si on était analphabète".

La violence à l'usine s'exprime également par

- la cadence de la chaîne ou le rythme à suivre pour atteindre un standard de production,

- la posture statique qui agresse le corps,

- l'enfermement dans la lumière artificielle, vécu comme une rupture avec le monde extérieur,

- les nuisances thermiques (notamment la chaleur en été) faute de climatiseurs.

- le manque de moyens de protection adéquats,

- et enfin, la catégorisation des postes sur la base du sexe perçue comme une injustice à leur égard, les privant de se réaliser dans les postes qui intéressent le plus.

"C’est injuste, la femme peut tout faire, pourquoi nous refuser certains postes?!" (Ouvrière).

Nous ne parlerons pas des rapports interpersonnels à l'usine, ce thème à lui seul nécessite un article. Nous notons seulement, que l'ouvrière, à l'usine comme au foyer, doit faire preuve de soumission, de patience, de "stabilité" et de docilité, caractéristiques du modèle de la femme, pour lesquels elle a été recrutée; "les femmes sont plus précises, plus patientes, elles bougent moins, elles peuvent donc mieux supporter certaines tâches" nous dit un chef de département de l'ENIE.

Le responsable de la sélection a la même image de la femme "nous avons pris des femmes parce qu'elles sont habituées aux travaux de patience"

Pour conclure nous dirons que l'ouvrière de l'électronique est la cible sur laquelle se déversent toutes les violences à chaque fois qu'elle refuse de se soumettre aux consignes qui la figent 4ans un modèle de femme ménagère, épouse et mère.

Ce modèle la marginalise, c'est pourquoi elle reste, malgré les contraintes et violences psychologiques et sociales, en quête d'une véritable insertion sociale.

Bibliographie

- HERZBERG, F: "Le travail et la nature de l'homme". Paris, Edition E.M.E, 1971,.

- MOSER, G: "L'agression". Paris, Edition PUF, 1987..

- SAINSALLIEU, R : "L'identité au travail". Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1977.

- TOUZARD, H : "La médiation et la résolution des conflits" Paris PUF, 1977.

TABLEAU N°1 : Catégories d’âges

Atelier Age Assemblage Semi-conducteurs TOTAL
20 à 26 59,40 %6046,51 % 40,51 %4162,85 % 100 %101 %50,75 %
27 à 32 64%4736,43 % 35,61%2637,14 % 100%1536,68 %
33 à 38 86,66%1310,7% 13,33 %22,85 % 100%157,53
39 et plus 90%96,96 10%I1,42 % 100%105,02
TOTAL 64,82%129100% 35,17%70100% 100%199100%

TABLEAU N°2 : Pensez-vous faire carrière à l'Usine?

AtelierAge Assemblage Semi-conducteurs TOTAL
Pense faire carrière à l’usine 29 27 56

28,14 %

Pense quitter 79 37 116

58,29%

Ne sait pas 21 6 27

13,56%

TOTAL 129 70 199

100%

TABLEAU N°3 : Pensez-vous que votre situation est meilleure que celle de votre mère?

AtelierAge

Assemblage

Semi-conducteurs

TOTAL

Ma situation est meilleure que celle de ma mère

115

56

171

85,98%

Celle de ma mère

est meilleure

12

9

21

10,55%

Sans réponse

2

5

7

3,5%

TOTAL

129

70

199

100

TABLEAU N°4 : Les décisions qu'elle prend seule.

AtelierAge

Assemblage

Semi-conducteurs

TOTAL

Aucune

85

29

114

58,16%

Les achats

29

28

57

29,08%

En rapport avec

son travail

2

2

4

2,04%

Projets, vacances

loisirs

4

1

5

2,55%

En rapport avec les enfants

0

2

2

1,02%

Sans réponse

2

4

6

3,06%

Toutes les

décisions

5

3

8

4,08%

TOTAL

127

69

196

100%

TABLEAU N°5 : Niveau d’instruction

AtelierAge

Assemblage

Semi-conducteurs

TOTAL

Analphabète

100 %

1

0,78

o %

0

0%

100 %

1

0 ,5%

Niveau du

primaire

92,59%2,5

19,5%

7,41%

2

2,89%

100%

27

13,70%

C.E.P

78,26%

54

42,18%

21,73%

15

21,73%

100%

69

35,02%

Moyen

51.72%

45

35,15%

48,27%

42

60,86%

100%

87

44,16%

Secondaire

23%

3

2,34%

77%

10

14,49%

100%

13

6,59%

TOTAL

64,97%

128

100%

35,02%

69

100%

100%

197

100%

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+ 213 41 62 07 03
+ 213 41 62 07 05
+ 213 41 62 07 11
+ 213 41 62 06 98
+ 213 41 62 07 04

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