L’auteure a réuni dans cet ouvrage quatorze textes, issus d’un colloque organisé, en juin 2003, à l’Université de Rouen. Consacrés essentiellement à la problématique du sport, ces textes tentent de répondre à la question posée dans le titre en s’appuyant sur des historiques et sur les problématiques les plus actuelles.
La série de contributions ancrées sur les historiques s’ouvre sur un texte de Michel Soêtard couvrant un aspect de la «préhistoire» du sport à travers un regard sur «Pestalozzi et les ambivalences de la formation corporelle». Ce pédagogue a été selon l’auteure le premier à s’être intéressé au corps d’un point de vue essentiellement éducatif et à en faire un objet d’éducation en soi tout en se gardant de l’instrumentaliser.
Daniel Denis, restituant les termes du débat sur le caractère éducatif du sport au dix neuvième siècle en Angleterre, axe son texte sur la transformation progressive de l’idée d’éducation par le sport, montrant que Thomas Arnold n’est pas le personnage central de l’invention du système éducatif axé sur la pratique sportive.
Gilbert Andrieu retrace l’historique du rôle de l’école de Joinville qui selon lui fût la première à propager les valeurs éducatives de l’effort physique, de ses bienfaits, de son utilité individuelle et sociale à l’échelle de la nation.
Eric Dugas analyse l’opposition perceptible dans l’enseignement entre jeux et sports. Ses observations le conduisent à préconiser la cohabitation des deux formes d’activités parce que dit-il, la valeur éducative du sport tout comme celle des jeux est identique.
Élisabeth Lê-Germain présente le cas particulier de la municipalité de Lyon qui, durant l’entre-deux-guerres, pour des motifs idéologiques, a donné la priorité à l’éducation physique. Elle rappelle, à ce titre, les démonstrations collectives des mouvements de gymnastique organisées lors des fêtes de la jeunesse à cette époque.
Laurent Grûn a consacré son texte à une analyse des conditions d’évolution du football, montrant que ni l’amateurisme marron, ni le professionnalisme n’empêchent le football d’être éducatif.
Pierre Arnaud met l’accent sur le caractère paradoxal de l’histoire des rapports entre le sport et l’éducation et résume pour nous l’histoire du développement du sport et de ses adversaires qui l’ont tenu à l’écart de l’école durant plus d’un siècle.
Emmanuel Bayle et Christophe Durand ouvrent le débat sur l’éthique sportive qu’ils ne dissocient pas de la morale impliquant à la fois le respect des règles de la pratique sportive mais aussi son esprit. Ils soulignent l’influence de l’éthique sur l’identité des organisations sportives, la culture des dirigeants et leurs discours.
Ludovic Lestrelin et Loïc Sallé s’interrogent sur la question de l’idéal sportif et des valeurs qu’il véhicule. On comprend aisément que ce sont les collectivités qui associent des attributs fonctionnels au sport: des fonctions sociales, éducatives et citoyennes.
Le mythe d’un sport opératoire, éducatif est et sera inusable, même si à la question posée dans le titre de l’ouvrage et les réponses apportées convainquent à moitié.
auteur
Aïcha BENAMAR