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Présentation

Insaniyat N°6 | 1998 | L'Ecole : Approches Plurielles | p. 1-3 | Texte intégral 


Cet ensemble d'études, d'analyses et de pistes de recherche que contient le sixième numéro d'Insaniyat, principalement consacré au domaine de l'éducation en Algérie, répond à la double ambition de contribuer utilement à la réflexion en cours sur notre système d'enseignement, et aussi de progresser dans l'évaluation de la maîtrise, par les chercheurs travaillant sur l'Algérie, des différentes approches des faits éducatifs, qu'ils mettent en œuvre, et aussi du niveau d'accumulation de l'information sur ces faits.

Plusieurs textes figurant dans ce numéro, s'inscrivent dans une perspective de recherche de type historique et sociologique. Les sciences de l'éducation ne peuvent en effet se développer solidement dans notre pays sans que l'évolution des institutions éducatives durant les différentes étapes historiques traversées par le Maghreb et l'Algérie, n'aient donné lieu à une accumulation de travaux susceptible de conduire le niveau de nos connaissances en matière d'histoire de l'éducation, bien au-delà des lieux communs dont on se contente trop souvent. De même, le développement de ces sciences en Algérie, est-il tributaire du degré auquel la recherche parvient à éclairer, en s'appuyant sur les démarches de la sociologie, la spécificité des relations entre la structure et l'évolution des institutions éducatives et la diversité des conditions et des positions sociales des différentes catégories d'usagers de ces institutions.

Les articles de O. TENGOUR, de F. LORCERTE, comme l'analyse que propose M. GHALEM de trois thèses, consacrées à l'histoire des institutions éducatives au Maghreb, ou les réflexions soumises par H.REMAQUN, fournissent des pistes de recherche, des informations et des observations stimulantes sur différents aspects de l'histoire du champ éducatif Maghrébin et Algérien. Ce n'est pas seulement parce qu'ils peuvent répondre à des «curiosités» désintéressées portant sur le passé, que ces textes sont pertinents. Il en est ainsi parce que des aspects considérables de la culture transmise dans le système éducatif de l'Algérie d'aujourd'hui, comme des méthodes par lesquelles celle-ci est transmise, ou encore des objectifs explicites ou implicites conscients ou inconscients visés par l'action pédagogique, conduite par différents groupes d'acteurs au sein de ce système, sont tributaires de normes et de pratiques qui ne se sont effacées qu'en apparence.

O. TENGOUR offre ainsi aux lecteurs de ce numéro d'Insaniyat, un ensemble de repères utiles, résultant d'investigations dans des dépôts d'archives, sur les conditions dans lesquelles la tradition d'ouverture d'écoles coraniques - dont les différentes catégories auraient sans doute dû être mieux distinguées - s'est maintenue, malgré l'environnement de suspicion et d'oppression entretenu autour des institutions d'enseignement traditionnel, par les autorités coloniales. Le dossier ainsi ouvert par O.TENGOUR s'enrichit des analyses que propose M.GRALEM de trois thèses universitaires consacrées l'une à «l'histoire de l'éducation et de la pensée pédagogique en Ifriqiya (Tunisie), de Ibn Sahnoun à lbn Khaldoun», la seconde à I' «Université de Karaouiyine de Fès (Maroc)» et la troisième consacrée au «Kuttab, l'islam et l'éducation,...». Faisant le lien avec la tradition universitaire telle qu'elle existe dans le monde arabe, H.REMAOUN quant à lui traite des universités actuelles, comme résultats d'une greffe opérée à partir du modèle occidental. Bien que portant sur des faits plus proches de nous dans le temps et plus lointain dans l'espace, le dossier ouvert par F.LORCERIE sur «la scolarisation des enfants d'immigrés en France», aide à mieux comprendre les cheminements qui ont conduit à donner à la communauté des Algériens vivant en France, en particulier à leurs enfants, les configurations qui sont les siennes aujourd'hui. Au-delà de leur intérêt intrinsèque, ces textes permettent d'apercevoir tout le chemin qui resterait à parcourir pour que puisse être esquissée une véritable archéologie de notre univers éducatif.

Différents aspects du statut de nos institutions éducatives et de leurs fonctions dans la société algérienne actuelle, sont abordées dans cette livraison d'Insaniyat. Les relations entre les structures éducatives et les structures sociales sont envisagées non pas seulement du point de vue de ce qu'est ou de ce que devrait être leur adéquation institutionnelle et organisationnelle (voir l'article de T. KACI), mais aussi du point de vue des avantages ou des handicaps dont jouissent ou que subissent les différents groupes sociaux dans leur rapport à l'univers scolaire.

N.Remaoun s'efforce ainsi, à partir d'une enquête portant sur une importante population de lycéens, de mettre à jour les effets des représentations de ces derniers de l'institution scolaire et des enjeux que celle-ci implique, sur les stratégies qu'ils mettent en œuvre. M.HADDAB tente de soumettre l'institution du baccalauréat en tant que lieu de rencontre et de négociation entre d'une part, la « politique» scolaire conduite, plus ou moins lucidement par les agents de l'Etat, et d'autre part, les efforts fournis par les familles et les groupes sociaux en fonction du niveau et de la qualité de leur information, pour maximiser leurs chances de réussite scolaire et sociale à une première analyse surtout destinée à tracer le cadre conceptuel de recherches en cours.

Que se passe-t-il véritablement à l'intérieur de cette organisation complexe qu'est le système éducatif et que devrait-il s'y passer ? Telle est semble-t-il la question implicite à l'élucidation de laquelle plusieurs des articles de ce numéro d'Insaniyat tentent de contribuer. Question qui se spécifie selon la diversité des objets sur lesquels elle porte les méthodes appliquées à l'Ecole Fondamentale conduisent-elles les élèves à acquérir une maîtrise suffisante des techniques de l'écriture des textes et des logiques que celle-ci implique, se demande C. GHETTAS; la validité des évaluations docimologiques effectuées au cours des cursus des candidats au baccalauréat est-elle confirmée, et ce, dans les diverses disciplines étudiées, par les résultats à cet examen?; (cf Le texte de D. FERROUKHI). T. MEKIDECRE pose le problème de la capacité de nos institutions éducatives à tenir compte des résultats de la recherche psychopédagogique concernant les modalités de variation des dispositions intellectuelles des élèves, selon les différents moments du temps de présence dans les établissements scolaires. A. BENAMAR s'engage dans une procédure d'analyse des facteurs de stimulation de la motivation des apprenants, motivation qui constitue une des conditions majeures de la réussite scolaire. On sait combien la question de la motivation des différentes catégories d'agents qui interviennent dans le système éducatif revêt d'importance aujourd'hui, pour l'ensemble des mesures qui sont prises ou que l'on envisage de prendre, en vue d'initier un processus efficace d'amélioration des prestations pédagogiques. La réussite scolaire constitue aussi la préoccupation principale de N. REMAOUN, A. BENAMAR, B. MIMOUNI, C. GHETTAS et Z. SENOUCI, dans leur texte sur les espaces de socialisation et les influences différentielles de ceux-ci sur les caractéristiques positives ou négatives des cursus scolaires des individus et/ou des groupes.

A. BEKKOUCHE enfin pose le problème des constructions scolaires à travers le rapport entre concepts de pédagogie active et d'école ouverte et la conception architecturale.

L'objet de la présentation de ce sixième numéro de la revue Insaniyat, n'était pas de passer en revue la totalité des textes qui le composent, mais plutôt de s'interroger sur le degré auquel la diversité des approches des faits éducatifs qui se manifeste dans cet ensemble d'études peut aider à atteindre une connaissance et à une maîtrise plus concrètes et plus authentiques des véritables problèmes qu'affronte aujourd'hui, notre système éducatif.

Nouria BENGHABRIT-REMAOUN
Mustapha HADDAB

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