Organisées dans le cadre d’un programme de recherche algéro - français, signé entre l’université Mohamed Boudiaf d’Oran et l’université de Bourgogne, cette rencontre de deux journées qui s’est déroulée dans les murs du laboratoire THEMA, est perçue comme l’étape à mi-parcours exposant des résultats préliminaires du dit projet. Sur ce sujet primordial pour la vie économique et humaine de l’Oranie, 14 communications ont été présentées et discutées par des chercheurs de divers horizons géographiques spécialisés dans différentes disciplines des sciences sociales (économie, géographie, aménagement, sociologie…).
Inaugurant la première session, Larceneux A. a mis en évidence un des dilemmes de l’Algérie contemporaine, productrice d’hydrocarbures, énergie non renouvelable d’un côté, et de l’autre, la délicate gestion de l’eau, ressource durable certes, mais soumise à une série de facteurs contraignants (climat semi-aride, coût élevé des infrastructures, gestion économique, implications sur l’environnement, dégradation rapide de l’environnement naturel...); c’est dire là, la qualité de la réflexion politique qu’il s’agit de porter sur le futur développement économique, social et géographique du pays par le Centre. La laborieuse mise en place d’une politique planifiée de l’eau caractérisée par la réalisation tardive d’infrastructures au cours des décennies 1970-80 a abouti à une impasse; selon Amzert M., celle-ci entraîne un appel aux sociétés multinationales relatif à la gestion de l’eau potable et de l’assainissement. Fontaine J. fait le lien avec la situation actuelle en esquissant l’évolution récente de la vie politique et de l’économie de l’Algérie.
Une sélection de belles photographies du paysage et de la vie des oranais face à la question de l’eau autour de quatre sous thèmes (la ville, l’eau dans la ville, les réseaux et l’assainissement), prises à Oran en 2005, a été commentée par Geoffroy D. Sur les pratiques sociales, Bendjelid A. souligne le déficit du volume d’eau attribué à Oran et par voie de conséquence, la distribution inégale entre les quartiers; il insiste sur les différentes causes récentes de cette situation parmi laquelle il décèle le changement récent du système d’approvisionnement fondé sur les ressources du Bassin de Tlemcen qui est devenu caduc; l’essai de trouver une alternative en matière d’approvisionnement dans l’Est (Embouchure du Chélif, Barrage du Gargar…) et dans d’autres sources (unités de dessalement…) ne semble pas encore concluant. Sur les réactions des ménages face à l’alimentation irrégulière de la métropole régionale, Bellal S.A. fait le point sur les pratiques récentes concernant la vente de l’eau par divers modes marchands et en particulier par celui de colporteurs motorisés et ceci, tout en soulignant leur délicat contrôle réglementaire et celui, encore plus délicat, de la qualité de l’eau vendue aux ménages.
Par ailleurs, différentes interventions fondées à la fois sur des approches théoriques relatives à la question de l’eau et sur des démarches méthodologiques illustrées par l’utilisation de données statistiques et leur traitement informatique ont été exposées par des chercheurs (De Sède M.H., Amiotte-Suchet P., Chabin J.P.) et de jeunes doctorants des universités de Besançon et de Bourgogne (Barczak A., Thévenin T.) attestant de fait, de l’importance donnée localement à ce thème. Il apparaît utile de noter la place accordée à des analyses portant sur la gestion territoriale de l’eau (Belaida N. & Renaud E., Mille P. Mamonne V.).
auteur
Abed Bendjelid
