La lecture de cette revue qui consacre à Alger, son premier numéro à l’espace international, est un moment de bonheur ne serait-ce que grâce à la poésie de quelques textes qui nous fait oublier la sécheresse de bon nombre d’écrits ‘classiques’ relatif aux villes. La Cité d’Alger, voulue comme un vrai acteur, est certes honorée par Marseille, ville d’en face, mais en prenant le parti d’être décrite ‘‘ à partir d’une approche originale, celle des regards intérieurs’’ note T. Fabre en introduction.
Ainsi, le ton est-il donné puisque la liberté d’écrire est prise par ses habitants, journalistes (A. Belhimer, Abdou B., D. Dridi, G. Mouffok,...), universitaires (M. Safar-Zitoun, R. Sidi Boumédine, D. Djerbal, C. Hadjij, M. Madi, N. Laggoune...), et ses hommes de culture (D. Amrani, H. Ayachi, S. Hadjadj, B. Mefti, S. Hellal...). Le style caractérisé par une certaine légèreté, entendue dans le bon sens du mot, rafraîchit l’esprit du lecteur qui voit comment on vit quotidiennement à Alger et ce, ‘‘après ces dix dernières années, années terribles de guerre, de répression et d’attentats’’. En ce sens, la vie quotidienne a la priorité et ceci, à travers deux cheminements ‘‘une balade dans la ville et un portrait du paysage culturel d’Alger aujourd’hui’’.
Tout tourne, ici, autour de la population et principalement du petit peuple algérois, des femmes, des jeunes ‘trabendistes’... Les sociologues nous donnent une perception de la ville telle que vécue par les hommes et les femmes qui occupent l’espace public tout en recomposant l’organisation spatiale et sociale de la capitale algérienne. Description, anecdotes, nostalgie... parsèment les divers textes proposés. Le second cheminement perceptible se rapporte à la culture. On y rencontre la musique de la jeune génération (rap, chanson contestataire, chaabi), les arts plastiques, le cinéma, la littérature, la presse...; la question du renouveau culturel est sobrement posée.
Agréable à lire, ce numéro de la Pensée de midi consacré à Alger remet la Capitale dans le circuit des villes méditerranéennes d’un côté, et prouve les capacités des intellectuels algérois qui relèvent, malgré tout, le défi de l’écriture en tant qu’habitants avec brio, humour et justesse de l’autre. L’ensemble des textes contribuerait probablement à améliorer l’actuelle image désastreuse de la ville d’Alger dans les pays de la Méditerranée. Peut être faudrait-il rééditer pour d’autres villes algériennes, localement, ce type de travail collectif en se fondant sur la production de textes de qualité écrits simplement et avec poésie en vue de nous reconnaître et d’avoir une autre idée de nous-mêmes. C’est là une façon de restituer à la société une image et des perceptions que les violences, les difficultés quotidiennes et la méfiance ont dénaturées.
auteur
Abed Bendjelid