C’est au son des campagnes électorales qu’est posé dans ce dossier le lancinant problème de l’insécurité urbaine en France. Mais il pose plus d’interrogations qu’il n’anticipe d’hypothèses sur ce sujet trop brûlant où l’opinion vacille entre prévention et répression qui nécessitent une autre vision que celle de simplement les opposer (Antoine Loubière). Changer les rôles et revoir le rapport entre une politique de la ville et la sécurité est une suggestion (Michel Marcus) parmi les nombreuses approches en expérimentation pour lesquelles il est encore trop tôt pour apprécier les résultats (Sophie Body-Cendrot et Dominique Duprez). Aussi sont encore attendus les effets d’aménagements spécifiques tels que les villages privés (Sylvie Groueff), les ambiances lumineuses dans les quartiers concernés (Carine Lenfant) ou la résidentialisation (Michel Bonetti, Patrick Séchet et Jean-Didier Laforgue).
Pour les élus et autres agents de l’ordre et de terrain (Eric Chalumeau), le débat expose des aveux d’impuissance compte tenu de peu de moyens d’intervention, juridiques surtout (Jean-Pierre Balduyck et Jean-François Copé). Un pouvoir «nu» (Hacène Belmessous) tristement illustré par le cas de Strasbourg qui présente une situation des plus dégradées en matière de violence.
En d’autres lieux, l’observation de l’attitude des citoyens américains face au problème de la violence (Sophie Body-Cendrot), montre comment ces derniers ont fini par accepter le processus sécuritaire au détriment d’un de leurs principes fondamentaux qu’est la liberté.
Parmi les grandes figures de ce numéro, Patrick Geddes est présenté comme un des plus stimulants penseurs de la ville (Thierry Paquot) tandis que les hommages sont rendus à Colin Buchanan (Neil Parkyn traduit par Annie Zimmermann) et Pierre Bourdieu (François Chaslin). La rubrique recherche révèle la précieuse expérience du sociologue Michel Wieviorka et sa conception de la relation entre l’analyse et l’action autrement dit le chercheur, les acteurs et les institutions.
auteur
Ammara Bekkouche