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Revue du Laboratoire d’aménagement du territoire. Publication semestrielle de géographie et d’aménagement Numéros 1 à 6, 2004 à 2006. Université Mentouri, Constantine.

La mise en place récente de laboratoires au sein des universités a donné lieu à la parution heureuse de séries de bulletins et revues qui rendent compte de résultats de recherche de différente nature. Dans cet ordre d’idée, c’est toujours un événement de constater la naissance d’une revue de géographie dans le paysage éditorial algérien et c’est la cas pour la revue du 'Laboratoire d’aménagement du territoire' de l’Université Mentouri de Constantine dont la périodicité affirmée est semestrielle. A travers les six numéros présentés ici, dont l’utilisation pédagogique est certainement profitable pour les étudiants et les chercheurs, il faut noter que 35,8% des 1293 pages imprimées durant les trois années sont en langue arabe.

Voici trois ans, quatre numéros de cette publication ont été édités d’un coup, suivis de deux autres l’année dernière. A travers cette lecture voulue critique, groupée des six numéros datés de 2004 à 2006, il faut d’abord relever que la valeur de la production scientifique est bien inégale, ensuite souligner que la tentative de ce laboratoire de rendre visible les résultats  de projets financés par Fonds national de la recherche, est tout à fait louable. Pourtant, à l’exclusion d’actes de colloques, cette moisson d’articles soulève la question de l’identification de la source de ces travaux (projets d’établissement, CNEPRU, travaux diplômants, recherche personnelle, …) rarement référencés en bas de page.

Dans le détail, et en raison des thèmes abordés reflétant des préoccupations actuelles d’aménagement du territoire en Algérie, le numéro 3 de 2005 mérite d’être signalé en raison de l’acuité de son objet car il rassemble les Actes du séminaire intitulé ‘Le logement social en Algérie : bilan et perspectives’. Ce thème couvre certes, bien des villes algériennes (Constantine, Alger, Oran, Annaba, Souk-Ahras) et des espaces ruraux concernés par la réalisation de l’habitat rural (Souf, Constantinois), mais il apparaît comme un produit non fini dans sa cohérence comme dans la présentation des travaux dans la mesure où voisinent dans un style foisonnant, des rapports administratifs, des commentaires de textes réglementaires, des triturations statistiques, voire des ébauches de cours…

Le second numéro qui mérite d’être cité est le 2 de 2004, lui aussi issu d’un séminaire national tenu en 2001 à l’université dont le sujet est ‘Une ville nouvelle, pourquoi ?’. Après lecture et réflexion, se pose alors la question de la définition du mot Ville nouvelle, non maîtrisée par de très nombreux intervenants comme d’ailleurs d’autres concepts (gouvernance, durabilité, villes satellites…); l’ensemble aboutit à des exposés d’autosatisfaction d’administrateurs invités, complétés par une tendance triomphaliste locale des chercheurs eux-mêmes… L’ensemble qui dénote la malaisée et redoutable relation entre l’administration et l’université, peut être lu dans ce cheminement comme une recherche de justification de la création de la ‘ville nouvelle’ de Ali Mendjeli, décidée localement, non programmée ni par le SNAT (Schéma national d’aménagement du territoire), ni par le SRAT (Schéma régional d’aménagement du territoire)… Personne n’informe le lecteur des mécanismes de la décision de sa création, ni de l’état d’avancement des travaux au moment du colloque,… Bien plus, celle-ci a été lancée bien avant les textes réglementant les villes nouvelles (Loi n° 02-08 du 8 mai 2002 relative à la création des villes nouvelles et de leur aménagement) et cette loi institue l’organisme de la ville nouvelle (création, suivi, coordination et précise sa superficie bâtie et non bâtie, sa population prévue, la nature des équipements, ses fonctions principales...) !

Seuls quelques travaux ont une vision critique de cette grande réalisation (Khenoucha T. et Ali Khodja A), s’interrogent sur sa viabilité (Boulbir L.) ou émettent un petit doute sur le devenir de la ville nouvelle de Ali Mendjeli (Layeb H.).

En ce sens, le coup parti des collectivités locales apparaît comme une opération visant à faire cautionner par la recherche scientifique une action d’aménagement du territoire prématurée dont les effets négatifs ne se feront sentir que dans deux décennies au moins. La visite de cette localité par l’observateur, de jour comme de nuit, se confirme aujourd’hui ; certes le paysage bâti de ‘la ville neuve’ de Ali Mendjeli agglutine des bâtiments d’allure urbaine, mais dans laquelle la vie sociale urbaine est encore médiocre et fragmentée. Pour l’observateur, cette localité qui apparaît comme une méga-ZHUN algérienne classique, attend encore d’être dotée de fonctions économiques à la mesure de l’attente des populations constantinoises relogées et des normes internationales appliquées dans ce cas (équipements structurants, commerces, services, industries, infrastructures et liaisons de transport collectif,…), meilleure façon de faciliter son intégration dans la métropole régionale.

Pour conclure, il faut tout de même saluer certes, les efforts méritoires de l’équipe du Laboratoire constantinois de géographie et d’aménagement qui essaie de donner une visibilité bénéfique aux travaux entrepris localement et ce, à travers l’édition de ce bulletin, façon d’accumuler un savoir géographique national aujourd’hui bien maigre ; toutefois, beaucoup d’application reste à faire par la Comité de rédaction et le Comité de lecture (normalisation de la présentation des articles, correction des textes, évaluation de travaux académiques, régularité de parution…) ; seule cette forme d’investissement de travail permettrait d’atteindre les standards internationaux en matière de publication scientifique de qualité. 

auteur

Abed BENDJELID

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