Coordonné par : Nouria Benghabrit-Remaoun, Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, Oran.

Nouar Fouad, Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, Oran.

L’Algérie à l’instar de tous les autres pays, a été frappée de plein fouet par la Covid-19, pandémie qui continue à faire des victimes directes et indirectes. Les bouleversements dans la vie sociale quotidienne, ont été uniques dans les annales de l’histoire. Les conséquences de la globalisation et du néolibéralisme, amplifié en contexte covid, ont impacté les solidarités sociales de protection et de droits sociaux. L’épidémie vécue comme une épreuve, a été un révélateur voire une mise à nu du fonctionnement social et des tendances lourdes en œuvre dans la société. L’urgence de recueillir des données pour apprécier le degré de changement et des inégalités dans le vécu de tout un chacun, s’est imposée d’elle-même pour éviter supputations et récits fantasques. Etablir un état des lieux aussi partiel soit-il, donne un ancrage réaliste aux analyses. Au-delà des savoirs acquis de proximités, il y a lieu d’interroger tous les segments de la vie sociale. Il s’agira de mettre l’accent sur les singularités d’une société même si on sait que l’ailleurs n’est pas totalement différent, et  où regagner la confiance en même temps que continuer à agir,  face aux nombreuses zones d’incertitude, constitue un enjeu majeur.

A travers l’expérience sociale du confinement en raison de la pandémie Covid-19 et plus largement de la crise sanitaire, un constat : c’est l’augmentation des inégalités et des incertitudes. L’agenda 2030 des objectifs du développement durable de nos sociétés est construit sur les principes d’inclusion, d’équité et de durabilité. En nous appuyant sur des résultats d’enquête, nous tenterons d’analyser ce que la société fait pour s’adapter voire combattre le virus et fais de ce que les pouvoirs publics lui dictent de faire et qu’il s’agira de mettre en exergue dans ce numéro d’Insaniyat.

Provoquant une situation de « crise à tous les niveaux, comment les institutions, les acteurs, ont pu ou tenter d’y faire face ? Les pouvoirs publics usant et diversifiant les approches passant de la peur, à la sanction en passant par le compromis, le faire semblant voire le laisser allez, négocient de fait leur rapport d’Autorité. Comment se sont-ils organisés dans les familles, le quartier, la mosquée, l’école. Comment les familles peuvent-elles assumer leur rôle d’éducation ? Sont-ils prêts et/ou ont-ils les moyens d’aller au-delà de leur stricte charge statutaire face à la déscolarisation des enfants et face à une crainte réelle de l’augmentation de violence en raison de la rupture réelle d’autorité.

Dans le contexte de la pandémie, corona-19, la fermeture et la réouverture de l’école, relève de la responsabilité au plus haut niveau de l’Etat. L’organisation quotidienne du temps durant 24h00, pour l’enfance, l’adolescence, les jeunes, qu’elle soit imposée, ou volontaire, comment a-t-elle été impactée par la pandémie et selon les 4 temps fondamentaux  (productif, reproductif, récréatif et fonctionnel) et les 3 moments différenciés de confinement (total, partiel, ciblé). Les conditions d’habitats ont-elles une influence sur l’organisation du temps (type de logement, individuel ou villa) ?

À quels type de rationalité se réfèrent les individus, les acteurs, les institutions, pour suggérer des « solutions » ? A quelles normes s’identifient-ils ? Les mesures prisent ne relèvent –elle pas plus d’une posture protectrice que d’une stratégie sanitaire identifiée et reportant la responsabilité des décisions au Comité scientifique ? Le fait qu’une société dite démocratique, délègue à des experts l’autorité de décider pour tous, pose-t-il interrogations ou inquiétudes et pourquoi ?

Malgré parfois une communication anxiogène la peur n’arrive pas à s’installer durablement dans la société.

Identifier les actions projetées par l’Etat à travers ses institutions et les acteurs sociaux,  la gestion médiatique à travers la  presse, la mosquée,  les partis politiques, les parents d’élèves face aux inquiétudes et angoisses de la société, visibles à la lumière des fragilités des propositions. La matrice idéologique répond-elle aux normes de patriotisme, et/ou au référent religieux ?

Dans une première partie, les axes pouvant faire l’objet de textes élaborés sur la base de données d’enquête, aborderont les sujets suivants : la famille, l’école – le travail - la santé - la mosquée - la communication.

Dans une seconde partie, la parole sera donnée aux témoignages sur les vécus en situation de confinement comme le deuil, la déscolarisation, le hirak, le chômage forcé et reconversion. La gestion du deuil en situation d’isolement et de réduction des relations humaines, le quotidien de mamans face à la déscolarisation imposée, le Hirak en situation de pandémie, Histoire d’un vécu d’un changement d’activité, une reconversion de survie, un artiste en confinement.

• Date limite de réception des articles, le 31 juillet 2022
• Les articles en langue arabe, française ou anglaise, doivent être rédigés conformément à la note aux auteurs de la revue Insaniyat

Quelques références

• Bourdieu, P. (1970). La reproduction. Paris : Ed Minuit.
• Chambaud, L. (2021). Covid-, une crise qui oblige. Hygee Editions.
• Thioub, I. (dir.), (2021). Covid-19, tour du monde. Paris : Editions
• Les Cahiers du Cread, N° spécial vol 36-n° 03, L’après Covid-19. Une économie ouverte et durable seule possibilité pour juguler l’impact de la pandémie. (2020). Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le développement.
• Mebtoul, M. (2020). Vivre avec la pandémie Covid-19 à Oran. Rapport.
• N’Dango Samba Sylla, N. (2020, juin). En Afrique la promesse de l’ « émergence » reste un mirage. Le Monde diplomatique.
• Beck, U. (2001). La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité,
  (L. Bernardi, trad.). Paris : Aubier.

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