Coordonné par : Ammara Bekkouche, Professeure d’architecture retraitée de l’enseignement supérieur (USTO). Conseillère scientifique au Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC) Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, Oran.
Lakhdar Yamani, Université des Sciences et de la Technologie d’Oran - Mohamed Boudiaf (USTO-MB).
A la fin des années 1990, sont élaborés les PDAU et les POS en même temps que s’effectue le désengagement partiel de l’Etat au profit de nouvelles formules consacrées à l’habitat (Safar Zitoun, 2012). Des statuts diversifiés lancent les concepts du logement social participatif ou du le logement public promotionnel aidé ou libre, la location-vente, le logement évolutif/RHP, les coopératives immobilières et les lotissements privés. Pour cette raison, plusieurs intervenants1 dans la maîtrise d'ouvrage, la maîtrise d’œuvre et le financement ont été mis à contribution afin de réaliser un gigantesque programme d'habitat provoquant ainsi une profusion d’extensions spatiales aux dépens des espaces naturels et souvent de l’agriculture. Aussi, le problème récurrent du rapport ville/campagne reste posé suivant l’évolution sémantique des notions qui définissent la ville et son environnement (Belguesmia, Yousfi, Otmane, 2019). L’extension urbaine assimilée aux vocables « expansion » ou « périurbanisation », intègre les questions relatives à « l’étalement urbain », la « ville nouvelle » mais aussi de densification des tissus urbains existants (centre-ville et quartiers péricentraux, rénovation et destruction du tissu ancien). A ce titre, les mécanismes connexes à cette problématique, ouvrent plusieurs perspectives de recherche relatives à l’anthropisation des lieux et des milieux de vie. Elles s’expriment en termes d’aménagement du territoire et de politique de planification urbaine à l’épreuve de la modernité confrontée à des contextes où s’enchaînent le poids de l’histoire et autres dichotomies ou décalages entre les moyens et les objectifs escomptés (Noizet, Clémençon, 2021 ; Semmoud, Aït-Amirat, 2009, Boumaza, 2005). Dès lors, l’intérêt porté à ces phénomènes, est motivé par l’intention de mieux comprendre leurs transformations pour en maîtriser la gestion et prévenir les effets estimés néfastes à l’environnement (dégradations, nuisances, pollutions). Il est vrai que l’expansion des zones urbaines génèrent des besoins qui font pression sur les ressources naturelles telles que l’eau, l’énergie et les matériaux de construction. Elle peut entraîner aussi une augmentation des coûts qui se répercutent sur les prestations des services publics et par conséquent sur les relations sociales et la cohésion communautaire telles que préconisées dans les objectifs onusiens du développement durable (2015). Au-delà des investigations sur les aspects de la morphologie et des adaptations au site, elles renvoient aux méthodes d’analyse anthropologique incluant les pratiques et les logiques d’appropriations de l’espace habité (actions mises en œuvre, adaptations, détournements, rapports au pouvoir, urbanités, reconfigurations, recompositions, …).
S’agissant des conséquences de l’extension urbaine en matière de risque sur l’environnement, le climat et notre vie quotidienne, la transition écologique met au défi les nouvelles productions architecturales et urbanistiques (Bekkouche, 2020). Entre autres impacts de l’essor urbain, le CNES (Conseil National Économique et Social) avait édité en 1998 et en 2003, des rapports instructifs sur la ville algérienne et les conséquences d’une urbanisation démesurée. Leur finalité est de signaler les effets désastreux des formes de développement mené à ce jour par les choix de localisation et d’aménagement urbanistiques d’une part (littoralisation, urbanisation incontrôlée, espace urbain éclaté, dégradation des ressources naturelles, pollutions urbaines, des services publics défaillants, violences urbaines…). D’autre part, est abordée la prévention contre les risques industriels et naturels (séismes, inondations, mouvements des terrains…). Pour autant, « … le projet de ville [étant] un projet de société […] qui relève du politique » (Sidi Boumedine, 2013), la législation en matière d’architecture et d’urbanisme a mis l’accent sur des nouvelles méthodes pour la protection, la préservation, la valorisation des potentialités spécifiques de la nature et du patrimoine matériel et immatériel. En tant que tel, il est conditionné par les enjeux écologiques et les questions de gouvernance dont les grandes lignes se déclinent, dans la Loi d’orientation de la ville2. Pour l’heure en matière d’urbanisme, il s’avère que donner un sens à des territoires morcelés et sujets à l’extension urbaine, revient à injecter à grands renforts de coulées et de trames vertes (Jennifer Buyck. 2022).
Compte tenu des faits observés et des actions menées concernant la question de l’extension urbaine, il s’agit d’interroger ses différentes formes en rapport avec l’environnement politique, social et économique. Qu’elle soit ancienne ou récente, l’identification des types d’urbanisation la qualifie d’importante, massive, diffuse, anarchique, …en fonction de la situation dans le temps et dans l’espace. De nos jours, la question de l’extension urbaine est approchée en termes de rapport avec le milieu naturel et d’impact des activités humaines sur l’environnement. La conjecture de la transition écologique, inclut le problème du développement durable l’échelle internationale, irrémédiablement rattaché au réchauffement climatique (Tedjani, 2021).
Les contributions attendues sur la question des extensions urbaines à l’échelle du bassin méditerranéen et en lien avec l’environnement, privilégient les études de cas selon les objectifs qui visent à décrypter des processus d’urbanisation en terme des modes d’habiter. Ils impliquent l’examen des mécanismes de conception-réalisation-anthropisation de l’espace incluant des changements dans les principes d’aménagement et des pratiques sociales. La « coévolution » des interdépendances entre gestion et planification des besoins, qualité environnementale et cadre de vie, intègre plusieurs thèmes de réflexion qui se rapportent à différents enjeux et logiques de la planification (instruments d’urbanisme, les acteurs, les contraintes, les normes, la régulation…). Il s’agit également de mettre en évidence les conséquences des phénomènes des extensions urbaines démesurées ou excessives (prise en charge des flux migratoires en rapport à la gestion et la consommation des ressources foncières et autres risques). En outre, du point de vue des conceptions architecturales et urbanistiques, il est intéressant d’explorer des questions relatives à des pratiques de contournement, les anomalies, les ségrégations, les ruptures, les dysfonctionnements… des nouveaux fragments de l’extension urbaine. En ce sens, les axes suggérés (non exhaustifs) se déclinent comme suit :
- Les formes spatio-temporelles des extensions urbaines.
- Les villes nouvelles et les défis environnementaux.
- La planification, la gouvernance, la localisation territoriale.
- L’extension urbaine en rapport à l’espace rural.
- Le renouvellement urbain.
- La programmation urbaine et le développement local.
- Les enjeux environnementaux et écologiques des extensions urbaines.
- Les enjeux fonciers et la pression sur l’espace agricole et/ou naturel.
- L’étalement urbain et les manifestations spatiales de la périurbanisation.
1 L'AFL, la CNEP, l'ENPI (Ex. EPLF), l'OPGI, l'AADL, la CNL, les banques, les bureaux d’études (publics et privés), les promoteurs immobiliers et les entreprises (nationales et étrangères).
2 La loi n°06 – 06 du 20 février 2006 portant loi d’orientation de la ville.
- Les travaux de terrain sont privilégiés.
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- Les articles en langue arabe, française ou anglaise, doivent être rédigés conformément à la note aux auteurs de la revue Insaniyat : (Notes aux auteurs)
Quelques repères bibliographiques
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