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Le silence d’une génération à une autre : une étude psycho-éducative sur les immigrés et leurs enfants en France

Insaniyat N° 59 | 2013| Famille : pratiques et enjeux sociétaux | p. 45-62 | Texte intégral


Silence from a generation to another: a psycho-instructive study on the immigrants and their children in France

Abstract: Whatever the characteristics that distinguish the immigration of the sixties of the twentieth century from that of the twenty-first century, there is an inner suffering, marked by the silence that regenerates through all generations of immigrants. My silence refers to the principle of Roger Bastide‘s cutting ; a form of a mechanic defense as to adapting to the new norms of the society. Unlike self-absorption, sometimes generator of violence, the subject adopts a planned silence. This is the case of both generations, the father’s generation (the generation of the sixties) and the son’s generation (the present one).
Facing the difficulties of learning, on the one hand to live without the relief of his social, linguistic or usual symbolic marks, and on the other hand, the impossibility of reconciling the values and norms of elsewhere and here, silence appeared to the father as a refuge and a way to defend himself or even to resist (a spontaneous silence).
Whereas for the son’s generation, the only way to escape from a real or symbolic threat of the society would therefore be to live in silence, a silence that would allow him not to get involved too heavily in the situations he faces. It is a remote, neutral or expressive and speaking silence (a planned silence). But we can guess the seeds of a deep suffering that would be not directly expressed, but whose existence is noticeable through some details of behavior.

Keywords : silence, suffering, father generation, son generation, immigration, Algeria, France

Salem MAAROUFI: IUFM de Bourges, Université d’Orléans-Tours/ Laboratoire PIPS-Amiens, France.


Introduction

Nous ne sommes pas en mesure, au moins dans ce modeste travail, de faire la sociologie de l’immigration[1] . Autrement dit, nous ne voulons pas revenir sur les différentes figures de l’immigration : quelle forme d’immigration et quel type d’immigré. Un clandestin, par exemple, peut devenir un « sans papier », puis quelque temps plus tard, un résident étranger (un immigré ordinaire). Ou encore, un demandeur d’asile peut devenir un clandestin puis un jour être régularisé et finir ses jours en France en tant que citoyen français. On pourrait multiplier les figures… mais notre intervention va chercher essentiellement à éclaircir la psychologie de l’immigré ordinaire, l’immigré « enfin installé » et de ses enfants dans cette région de la France. Dans une démarche socio-psychologique[2] nous cherchons à dévoiler le monde intérieur de deux générations (pères et fils) de parcours « migratoires » différents mais de sentiments d’ « étrangeté » partagés.

Un demi-siècle nous sépare de l’arrivée de la première vague d’immigration, et le discours (quel que soit le type de discours) sur les immigrés reste le même…

On parle, par exemple, de l’égalité des chances, du droit de vote des étrangers, de la démocratisation de l’enseignement à travers sa massification, de l’échec scolaire, de l’illettrisme, de l’immigration clandestine, de l’intégration…

Mais l’immigré lui-même a-t-il changé ? Nous ne pouvons pas de toute façon faire la comparaison entre les immigrés de la Picardie et les immigrés de Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Paris ou même Lille … des villes où les groupements migratoires très importants pèsent considérablement sur les grands évènements nationaux et sont également fortement influencés par eux. Là, l’état psychologique de l’immigré est lié à ces évènements que, parfois il subit ou auxquels, le plus souvent, il est amené à participer. La participation même à ces événements peut être considérée comme un souffle qui brise son silence alors que, dans des régions comme la Picardie, l’implantation historique des immigrés n’est pas suffisamment enracinée pour qu’ils jouent un rôle d’acteur dynamique dans les grands évènements. L’installation des immigrés africains et plus particulièrement de ceux de l’Afrique du Nord est un phénomène relativement nouveau en Picardie. Les chiffres qui ont été cités à l’occasion du colloque d’Amiens[3] montrent bien que l’immigration africaine en général y est assez récente surtout si on la compare à celle des ressortissants de l’Europe du Nord et de l’Est, puis du Sud. Notre observation se focalise surtout sur les changements « internes » et sur les différences entre le vécu psychosocial de la génération des Pères d’origine maghrébine et celui de leurs enfants (la génération des fils).

I. L’immigration : problématique de la recherche et méthodes d’appuis

a- Problématique de la recherche 

Mon intention n’est pas de parler de nos enquêtes menées sur le terrain depuis une dizaine d’années en France mais d’approfondir nos connaissances sur ce sujet, en particulier en ce qui concerne les élèves issus de l’immigration. Je suis allé enseigner «  l’arabe » et le « français » aux enfants d’origine maghrébine dans les cités ainsi que dans les mosquées et j’y ai entamé des discussions directes avec leurs parents afin de vérifier une hypothèse que j’avais initialement formulée. Quelles que soient les caractéristiques qui distinguent l’immigration des années soixante de celle du XXIe siècle, on observe une souffrance intériorisée, marquée par le silence qui se reproduit à travers toutes les générations de l’immigration. Quelles explications peut-on donner à ce silence ? Les quelques manifestations de ces dernières années, marquées parfois par la violence, ne sont elles pas l’arbre qui cache la forêt ? Autrement dit, le brouillage culturel qui marque la vie de chaque enfant-adolescent n’est-il pas un accumulé de silence ?

Dans une situation d’apprentissage, il est très important de savoir si le silence dépend surtout du type d’éducation donné par  les parents.

On peut à cet égard formuler l’hypothèse que ce silence varie selon l’autonomie accordée à l’enfant et le degré de soutien qu’il reçoit de ses parents. Dans cette logique, plus le modèle éducatif parental est caractérisé par la négociation, la relation, la communication, l’encouragement à la prise de décision, plus le silence de l’adolescent apparaîtrait sans signification. Inversement, plus ce modèle se caractérise par le contrôle, la contrainte, la faible communication, l’incitation forcée à l’accommodation, plus le silence serait significatif et observable.

Cette réalité est liée d’une manière ou d’une autre au degré de fermeture ou d’ouverture vis-à-vis de la pratique religieuse. Cette dernière est liée aussi à l’appartenance de groupe (berbère, rifi, arabe), une réalité multiforme que le français ignore et enfin au degré de stigmatisation sociale à l’égard de l’immigration.

b- Les méthodes d’appuis 

Toute recherche en sciences humaines en général, et en psychologie de l’éducation en particulier, ne peut qu’être marquée par son temps et les débats d’idées qui l’agitent. Elle n’est pas non plus sans être guidée et traversée de part en part par les préoccupations personnelles qui hantent à son insu le chercheur.

Ainsi, toute recherche comporte en effet une grande part de recherche de soi. On n’y recherche souvent qu’à retrouver, d’une manière ou d’une autre, ce qu’on a déjà rencontré dans sa propre histoire. Ainsi, la problématique de l’immigration me concerne d’abord en tant que sujet immigré. Mais aussi par ailleurs elle fait partie aussi de mes préoccupations en tant que chercheur depuis une dizaine d’années.

Nous avons participé à un certain nombre d’enquêtes faites à l’Université de Picardie Jules Verne, y compris à celle sur la situation précaire des étudiants étrangers. Mais notre objet de recherche s’est fondé essentiellement sur deux grandes enquêtes : la première concernait les musulmans de France avec Jean-Baptiste Williatte et Aline Soufflet[4] de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales à travers des récits de vie de ceux qu’on désigne sous le nom de première génération, les Chibanis du Maghreb. Nous étions concernés par le volet « mémoire et histoire » où les entretiens provoquaient chez eux l’apparition de souvenirs et suscitaient des récits (de vie en France et de guerre en Algérie). Nous ne pouvions pas ne pas nous sentir impliqués dans la singularité de ces destins souvent douloureux. En même temps, il nous semblait nécessaire de les transcrire afin de transmettre les valeurs qu’ils incarnaient.

La deuxième enquête était un grand projet européen sur l’estime de soi et la prévention de la santé mentale chez les adolescents en France et en Grande Bretagne[5] :

  • En France nous avons travaillé sur la région Picardie
  • En Grande Bretagne, sur la région du Medway

Nous avons enquêté auprès des collégiens et des lycéens (dans des collèges et lycées regroupant des élèves de milieux socioculturels et d’origine différents[6]).

L’Inventaire de Coopersmith a été le questionnaire utilisé dans notre enquête. Il a été élaboré pour fournir une mesure fidèle et valide de l’estime de soi. Les interviewés ont été répartis équitablement entre les filles et les garçons, entre les collèges urbains et les collèges ruraux, ceux regroupant des adolescents appartenant à des milieux socialement favorisés et ceux appartenant à des milieux défavorisés, entre les classes des collèges regroupant des élèves correctement adaptés et celles regroupant des élèves en difficulté scolaire.

L’Inventaire de Coopersmith a trait à tous les aspects de la vie des sujets : les mondes intérieur (psychologique) et extérieur (relationnel). À l’aide de ce questionnaire on a pu repérer l’ambiguïté ou la confusion possible dans toutes les réponses.

II. Le silence : une définition du point de vue psycho-éducatif 

Dans la documentation française[7], nous lisons la définition suivante de l’immigré : « l’immigré est toute personne née de parents étrangers à l’étranger et qui réside sur le territoire français ». Certains immigrés deviennent français par acquisition de la nationalité française, les autres restent étrangers : « tout immigré n’est pas nécessairement étranger, et réciproquement », souligne l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE)[8]. La connotation d’immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s’il devient français par acquisition. En revanche, on parle souvent d’immigrés de la deuxième ou troisième génération pour désigner les enfants dont les parents ou les grands parents sont immigrés... Pour éviter un certain abus de langage à l’égard de ces individus et une confusion des notions et des appellations liées à l’immigration, et pour approcher de manière cohérente le sujet du silence reproduit de père en fils, nous n’avons choisi de parler que de deux générations : la première arrivée dans les années 1960 (celle des pères) et l’autre issue de cette première génération mais née en France et donc bel et bien française :  celle des fils.

Mais essayons de donner d’abord une définition du silence. On lit dans le Petit Robert : « Fait de ne pas parler ; attitude de quelqu’un qui reste sans parler. Imposer silence à quelqu’un ». Ou encore : « le fait de ne pas exprimer son opinion, de ne pas répondre…attitude de quelqu’un qui ne veut ou ne peut s’exprimer. Souffrir en silence ». Le proverbe dit aussi : « la parole est d’argent et le silence est d’or », si la parole est bonne et utile, le silence peut être plus précieux encore.

Mon silence renvoie au principe de coupure chez Roger Bastide, c’est une forme de mécanisme de défense pour s’adapter aux nouvelles  normes de la société. Contrairement au repli sur soi, parfois générateur de violence, le sujet adopte un silence planifié. Il n’est pas à la recherche de son identité car il  la connaît parfaitement et il utilise la connaissance qu’il en a pour faciliter sa réussite sociale et ses relations personnelles. C’est une personne qui choisit le silence en tant que mécanisme de défense parce qu’il a accepté des normes sans être convaincu de leur authenticité et de leur degré de validité. La femme maghrébine est souvent silencieuse parce qu’elle a accepté les normes de sa société sans chercher ou vérifier s’il s’agit d’une vérité (le fait par exemple qu’elle se considère comme une gardienne muette de la tradition n’est-elle pas une forme d’exploitation !). L’enfant de l’immigré aujourd’hui se trouve dans une situation silencieuse parce qu’il n’a pas intégré, à notre avis, certaines normes parentales et sociétales. Le seul moyen d’échapper à une menace réelle ou symbolique de la société serait donc pour lui  de vivre dans le silence, un silence qui lui permettrait de ne pas s’impliquer trop fortement dans les situations qu’il doit affronter. C’est un silence parlant ou expressif, distant et neutre. Mais on peut y deviner les germes d’une souffrance profonde qui ne serait pas directement exprimée mais dont l’existence serait perceptible à travers certains détails de comportement.

Il y aurait un silence spontané dans la génération du Père lié à l’effondrement du mythe du retour au pays et un silence planifié chez le fils de l’immigré lié aux difficultés d’installation dans un pays peut être un peu trop fantasmé.

1. Le silence et la génération « Père »

Durant les années 1950-1970, une période marquée par la fin de la Deuxième guerre mondiale et un peu plus tard par la décolonisation, la France avait besoin d’une main d’œuvre nombreuse et peu qualifiée pour contribuer au développement industriel. Elle fait donc appel à des travailleurs immigrés originaires d’abord d’Europe du Sud puis essentiellement d’Afrique du Nord. Pendant cette période, les questions de culture et plus particulièrement d’identité ne constituaient apparemment pas un problème ni pour les immigrés ni pour le pays d’accueil. Mais le simple fait de s’installer en terre étrangère obligeait déjà l’exilé à se situer face à un ailleurs où il devait apprendre à vivre sans le secours de ses repères sociaux, linguistiques ou symboliques habituels. Les circonstances le plaçaient dans un entre-deux qui l’obligeait à se réinventer une place en restant d’une certaine façon fidèle au monde qu’il avait quitté tout en cherchant à se construire au présent dans son nouveau lieu de vie et donc à se redéfinir dans son rapport à autrui.

Mais cette redéfinition de soi était sans doute vouée à l’échec. Face à l’impossibilité de concilier les valeurs et les normes de l’ailleurs et de l’ici, le silence est alors apparu comme un refuge et une façon de se défendre voire même de résister. Tel fut le parcours intérieur de l’immigré maghrébin.

Volontairement, j’ai choisi mon destin : parcours de l’immigré ordinaire (année 1960).

« Je ne conçois pas, a dit le docteur des travailleurs nord-africains, qu’un travailleur d’une autre origine, vivant dans les mêmes conditions, ayant la même nourriture, faisant le même travail, résiste aussi bien… Il résiste à la peine, à la fatigue, en considérant que c’est ainsi, c’est une décision de Dieu, il faut qu’il travaille parce que d’autres attendent le pain de son effort quotidien »[9].

Souvent analphabète dans sa propre langue, il ignore largement celle du pays d’accueil. L’immigré Père ne comprend rien aux démarches à entreprendre, aux lois sociales du travail. Il ne sait pas s’orienter dans la ville ni se diriger dans le métropolitain puisqu’il est incapable de lire les indications, les noms des rues ou des stations. Tout doit lui apparaître comme une sorte de cauchemar. (…) Tout lui semble étrange, menaçant, angoissant… Dans cette situation il s’isole dans le silence, la nostalgie du pays quitté et l’espoir d’un retour.

  • Au moins l’immigré des années 1960 savait-il pourquoi il était là. Ses moyens et ses capacités ne lui permettaient pas de chercher une situation meilleure. Il n’avait donc pas besoin de créer d’autres mécanismes de défense par rapport à la société d’accueil puisque, semble-t-il, il  acceptait sa situation.
  • Son exil n’était qu’une démarche liée au retour.
  • L’époque n’était marquée ni par l’instrumentalisation du fait migratoire ni par les incertitudes liées à la mondialisation.
  • Il ne parlait pas de sa situation réelle à sa famille restée au pays.
  • Les seuls moyens de résister à la pénibilité de la vie étaient l’attachement à sa religion et l’espérance de retrouver un jour sa famille laissée là-bas, sur l’autre rive de la Méditerranée.
  • Convaincu qu’il restera toujours un étranger dans son pays d’accueil et qu’il n’y sera jamais traité comme un égal, il se refuse à toute critique et se résout à l’obéissance vis-à-vis de son destin.
  • Les conflits culturels n’étaient pas d’actualité et, même s’ils existaient, ils n’étaient pas au centre de ses préoccupations.
  • L’intégration n’était ni son souci ni celui du pays d’accueil et il n’existait donc aucune revendication identitaire.

Tableau 1 : Résultat génération « père »

Situation

Évaluation

Situation financière

Mauvaise par rapport aux espérances

Situation sociale 

Pas de confiance = distance

Situation culturelle 

Pas de changement

Situation relationnelle 

Liens affaiblis avec les familles

La remarque essentielle qu’on peut faire à propos de ce tableau est que la situation générale du père est mauvaise. La profondeur du silence est la résultante de la dégradation de sa vie et la volatilisation de ses espérances. Sauf que cette génération des années 1960 est consciente du fait que, pour surmonter le handicap lié à l’origine sociale et étrangère, il fallait investir dans l’éducation des enfants. Celle-ci est considérée par les parents comme une dette à leur égard. C’est pour cette raison qu’on remarque chez eux une volonté inébranlable et un engagement total pour que la génération « fils » ne se retrouve pas dans les mêmes conditions de vie que celles qu’ils ont connues. D’ailleurs, les années 1970 jusqu’aux années 1990 sont marquées par cette aspiration éducative des familles immigrées. Vallet et Caille[10] ont montré, grâce aux données du panel des élèves entrés en sixième en 1989, que les parcours scolaires de ces enfants sont meilleurs dans le secondaire que ceux des français d’origine, de milieu social et familial comparable. Les auteurs attribuent ces réussites aux attentes plus fortes des familles à l’égard du système éducatif. Ce rôle positif des aspirations éducatives des immigrés concernant la réussite de leurs enfants tient-il encore debout? Toutes les données psychologiques, sociales et éducatives montrent une régression non seulement des aspirations des parents mais aussi des motivations scolaires des enfants[11]. Ces espoirs personnels déçus puis  projetés sur la « réussite » des enfants se retrouvent en fin de compte également brisés. Le sentiment de frustration est devenu de plus en plus fort, et la relation de confiance entre l’immigré « père » et la société dans laquelle il vit s’est dégradée de jour en jour :

« J’ai perdu tout là-bas, je n’ai rien gagné ici. Le mythe de retour au pays n’est plus valable. Je vis mon inexistence dans le silence ».

2. Le silence et la génération « Fils » 

C’est ce que nous avons appelé la deuxième génération ou la génération « fils ». Elle est née en France. Le fils est là involontairement, Il n’est pas maître de son destin :

L’enfant issu de l’immigration, dont les parents alimentent une part importante des emplois ouvriers, apparaît particulièrement défavorisé. Il cumule un double handicap lié à son origine sociale et étrangère. Mais cette réalité ne semble pas, au moins au départ, avoir entravé la motivation, aussi bien des parents que des enfants, vis-à-vis des études. Mais au moment où les enfants découvrent les chemins possibles de la réussite, ils se heurtent à deux réalités, une histoire familiale qui ne les y a pas préparées et une société qui ne les y encourage pas. Le statut de l’enfant change et sa position vis-à-vis des parents et de la société prend une autre dimension.

a. Sa position par rapport à la famille 

Le fils d’immigré, une fois grandi, au lieu de pouvoir compter sur les idées des parents comme références de base sur lesquelles il va construire ses propres jugements et ses propres évaluations, se sent quasi-orphelin. Et la transmission des « savoirs » et des valeurs d’une génération à une autre, au lieu d’être un élément de cohérence et d’équilibre de sa personnalité, deviendra source d’incohérence et de trouble. En effet, le degré de maîtrise de la langue auquel parvient un individu est directement lié à la fonction  et la qualité de la médiation dont il a bénéficié dans ses premières années. C’est au cours de ces moments privilégiés où  on l’aide à dévoiler la langue dans toutes ses dimensions qu’un enfant comprend « ce que parler veut dire » en saisissant progressivement les enjeux du langage. La médiation entre enfant et environnement dans un contexte migratoire ne fournit aucun indice opérationnel du processus médiateur, selon les termes d’Osgood[12]. En effet, la représentation de ces enfants est souvent marquée par la langue et la culture des parents notamment celle de la mère. De bouche à oreille, cette dernière transmet fidèlement aux générations filles les contes imaginaires les plus fantastiques, les récits populaires les plus extravagants. Gardienne de la tradition, la mère joue d’abord un rôle très important de médiation entre l’enfant et la culture du pays d’origine de ses parents ; ensuite avec sa propre langue, ses représentations mythologiques et sa méthode touchante, elle fait de son mieux pour inculquer, à sa progéniture, certaines valeurs d’enfance graver dans sa mémoire. « C’est ainsi, écrit M. Feraoun, que j’ai fait connaissance avec la morale et le rêve, j’ai vu le juste et le méchant, le puissant et le faible, le rusé et le simple. Certes, je n’aurais jamais compati d’aussi bon cœur à un vrai malheur familial, le destin de mes héros me préoccupait davantage que les soucis de mes parents. Lorsque le dénouement était trop triste, nous nous couchions avec la même impression d’angoisse… »[13]. On comprend bien, dans ce climat oral et imaginaire, comment l’enfant de migrant se projette dans deux espaces de représentations différents, à savoir l’espace parental et l’espace scolaire du pays d’accueil. Le premier marqué par le tabou et l’imaginaire, le second par le permis et en quelque sorte, le réel. Sans structuration méthodique et sans médiation réfléchie, l’enfant se trouve à la croisée de deux codes linguistiques et de deux références culturelles différentes. Ce sont des enfants qui ne savent « parler qu’à vue », selon les termes de Bentolila[14]. L’absence de ce dont ils parlent, l’absence de celui à qui ils parlent les inquiète, rendent leur parole hésitante, ce qui les incite souvent à garder un silence prudent. Ce silence est originaire d’un sentiment, à la fois  de doute de ce que « parler veut dire » chez les parents, transmis aux enfants et d’anxiété parce qu’apprendre veut dire aussi comprendre à l’école, une aptitude qui exige une bonne maîtrise de l’outil communicatif (la langue). Ces craintes à double sens renvoient l’enfant à vivre ces propres représentations qui sont souvent négatives vis-à-vis de l’école en général et de la réussite scolaire en particulier. A travers le temps, cette situation non maîtrisée et souvent inconsciente peut éventuellement servir de support à des comportements et des réactions volontiers stigmatisés comme psychopathologiques : instabilité psychomotrice, refus scolaire, apathie, blocages divers des mécanismes permettant les apprentissages, agressivité, etc.[15].

La révolte de l'adolescent contre son père et quelques aspects tabous de la tradition maghrébine (l’exemple des sujets sexuels), que nous avons observé dans certaines écoles, collèges et lycées ces dernières années, la place dans une situation conflictuelle, et son degré d'estime de soi[16] paraît en corrélation forte avec cette situation. D’ailleurs, certains parents parlaient d’un renversement dans le statut et le rôle au sein de la famille.

D’autres études et surtout celles de Martinet[17], montrent que l’interférence des symboles (avec difficultés de distinguer entre les représentations propres à l’enfant et les représentations produites par la famille par exemple) et son transfert d’un individu vers le groupe et vice versa, posent un sérieux problème pour ce qui est de comprendre et d’évaluer les capacités intellectuelles de l’enfant et ainsi pouvoir préjuger de son avenir scolaire. Les êtres humains disposent, selon J.-M. Callina, d’une capacité de s’adapter à leur environnement et d’une maîtrise d’un certain nombre d’aspects de la vie, mais cette capacité reposerait, en grande partie, sur l’élaboration et la manipulation de représentations, ce qui constitue de ce fait un avantage certain sur les plans de l’adaptation et de l’évolution de notre espèce[18].

b. Sa position par rapport à la société d’accueil 

  • La scolarisation et les différentes activités culturelles et sportives offrent en principe au fils de l’immigré les moyens de s’adapter aux normes de la société dans laquelle il vit. Mais il se trouve que l’époque est aujourd’hui marquée par son instrumentalisation voire sa stigmatisation même si objectivement il est devenu un citoyen français[19] à part entière.
  • Il pense que ses parents ont une part de responsabilité au moins indirecte dans les difficultés qu’il vit quotidiennement dans un pays normalement devenu le sien.
  • Il éprouve un sentiment d’appartenance mais en même temps il se sent négligé : « je suis certes un français mais un français pas comme les autres… »
  • Il est dans une situation égale voire parfois supérieure à l’Autre, donc il doit être traité comme les autres…Il doit bénéficier de…comme l’autre,
  • Se sentant souvent victime de préjugés, il a tendance à réagir de manière impulsive à certains problèmes.
  • Les différences d’ordre culturel sont souvent perçues et traitées de manière conflictuelle ce qui l’amène à revendiquer fortement une appartenance identitaire qui pourtant est devenue « floue ».

Tableau 2 : Résultat génération « fils »

Situation

Evaluation

Situation financière

Mauvaise

Situation sociale

Peu  sûre

Situation culturelle

Améliorée mais incertaine

Situation relationnelle 

Centrée surtout sur la famille

Il n’y aucun doute sur la mauvaise santé des situations économique et sociale de la génération « fils ». En cela, elles ne se démarquent guère de celles des pères et en constituent d’une certaine façon le prolongement. Contrairement à ce qui était attendu depuis presque une trentaine d’années  d’efforts parentaux d’éducation, les fils sont restés socialement marginalisés. Cette situation a engendré un repli sur soi et sur la sphère familiale. Le fils est souvent resté figé dans son silence et une certaine incapacité à surmonter ses difficultés relationnelles dans la société en général et à l’école en particulier. Sa motivation scolaire, pourtant présente à la fin de l’école primaire et au début du collège, chute de manière significative par la suite. Même s’il va jusqu’au bout de ces études secondaires, il éprouve des difficultés pour s’orienter dans le supérieur. Cette situation s’est aggravée ensuite avec le traitement de l’immigration ou la façon dont il le perçoit comme faisant l’impasse sur l’avenir de l’immigré et le renvoyant par la même à son origine :

« Je n'ai rien ici, je vais chercher ailleurs, mais puis-je vraiment m’installer quelque part ? »

La politique assimilationniste silencieuse suivie par la France à l’égard de ses immigrés depuis la première partie du XXe siècle jusqu’aux années 1990 n’a fait qu’accentuer leur crise identitaire, qu’elle soit individuelle ou collective. Le silence chez les deux générations ne serait qu’une forme de repli identitaire et de recherche de soi. 

Mais si ce silence a continué à gagner du terrain chez les enfants issus de l’immigration tout au long de cette période, deux évènements ont symboliquement marqué la fin de ce silence et de la souffrance intériorisée qu’il impliquait.

Le premier est la question du voile[20] : c’est un événement qui a touché profondément cette génération migratoire, non seulement pour le rôle de marqueur identitaire qu’il joue mais aussi pour ce qu’il représente pour l’autre sexe: dévoiler la femme ne serait-ce pas dévoiler l’homme à travers toutes ses complexités et le priver sur le monde féminin en général et chaque femme en particulier ?

Ainsi, le garçon qui obéissait depuis son jeune âge aux principes d’une éducation familiale fondée sur le primat de la masculinité et de la virilité s’est trouvé confronté, au moment de la découverte de soi puis de la conquête de son indépendance physique, psychique et sociale à d’autres normes édictées par la société et difficilement compatibles avec les premières. En d’autres termes, l’éducation basée sur la virilité et l’esprit de domination masculine disparaissait pour laisser le garçon au centre des critiques et donc un peu désemparé. A la maison, le garçon faisait souvent l’objet d’une comparaison par rapport à ses sœurs la plupart du temps en situation de réussite scolaire ; un jugement dévalorisant voire dévastateur sur un terrain où le masculin était censé tenir la première place. Un autre jugement est venu de la société où il est apparu que les filles s’inséraient professionnellement mieux que les garçons. Cette double dévalorisation a placé le garçon en situation de rupture à la fois par rapport à lui même et par rapport à son environnement social. En même temps qu’il se détache de sa famille qui lui apparaît comme étant à la source de son échec, il ne parvient pas à trouver sa place dans une société qui, pour des raisons économiques voire esthétiques, lui a préféré les filles. Son avenir lui apparaît désormais incertain et brouillé. Selon Stéphane Clerget, auteur d’Elever un garçon aujourd’hui[21], « les filles parlent, des garçons agissent, pourquoi ? ». Moins armés pour mettre en mots leur mal-être, flottant dans leur identité masculine, les garçons auraient plus de mal à se construire dans une société qui survalorise les valeurs féminines, mais qui peine toujours à instaurer une véritable égalité entre les sexes.

Le silence dans ce cas n’est qu’une forme de révolte à l’égard des normes familiales et sociales. La grande participation des jeunes aux évènements du foulard n’est qu’une démarche de revalorisation de soi et d’attachement à une « virilité » menacée.

Ce premier événement est donc marqué par l’extériorisation d’un sentiment de crainte et de mésestime de soi dans une société où l’autre sexe (féminin) trouve sa place et devient de plus en plus une référence à partir de laquelle on peut juger et mesurer l’échec ou la réussite de chacun.

Le second événement a pour point de départ les paroles prononcées par le ministre de l’intérieur en 2005 à propos du comportement de certains jeunes de banlieue, paroles qui vont alimenter leur sentiment de révolte et jouer un grand rôle dans le déclenchement des émeutes de novembre 2005[22]. Le manque de mots pour comprendre et pour se faire comprendre ainsi que l’exaspération de ne pas avoir l’espace et les moyens de se faire entendre conduisent souvent à des comportements agressifs. Cette incapacité des jeunes à trouver les armes culturelles comme mécanisme de défense, qu’elles soient réelles (par la réussite dans les différents domaines de la vie) ou symboliques (par la langue et la cohérence dans la pensée en général), a été vraisemblablement un des facteurs déclenchants des émeutes. Celles- ci ne sont pas seulement les expressions d’une simple colère vis-à-vis de ces insultes mais elles peuvent également être considérées comme l’amorce d’une ère nouvelle, une rupture par rapport à un silence qui avait duré plus d’une trentaine d’années. C’est paradoxalement une véritable révolution intérieure.

Conclusion

Peut-on dire finalement que le silence est le résultat de facteurs intérieurs (la famille) et extérieurs (la société) ?

La réponse est certainement positive. Mais la façon avec laquelle ces facteurs deviennent efficaces n’est pas aussi évidente qu’on l’imagine. Le premier facteur, la famille, ne devient déterminant dans le processus d’adaptation de l’enfant à soi-même que lorsqu’il lui permet d’entamer un processus de négociation constructive avec son environnement familial. Dans cette logique, plus le modèle éducatif parental est caractérisé par une stratégie de communication, de compréhension et d’intervention précoce en faveur de l’enfant, en cas de souci particulier, plus le silence de l’adolescent apparaîtrait sans signification. Inversement, plus la relation enfant-parent se caractérise, d’une part, par la faible communication, la démission des parents et l’embarras de leurs responsabilités au nom de leur ignorance ou de leur méconnaissance du monde psychologique, éducative des enfants et, d’autre part, par la peur de l’Autre et de sa culture, plus le silence serait significatif et observable.

Le silence serait ainsi lié au degré d’ouverture ou de fermeture du milieu familial ainsi qu’au degré de stigmatisation sociale à l’égard de l’immigration.

Quant aux « Chibanis », les vieillards arrivés dans les années 1960, ils continuent à se rassembler en petits groupes consolateurs dans les vieilles villes ouvrières mortes du silence de leurs usines et de leur mémoire, leur souci n’est plus de retourner au pays d’origine, un sentiment qui était auparavant vivant et répandu,  mais de trouver un carré « musulman », un cimetière[23] où le voyage d’une vie si pénible prend fin.

Ainsi, malgré sa spontanéité chez la génération Père lié à l’effondrement du mythe du retour au pays d’origine et son côté stratégique chez le Fils lié aux difficultés d’installation dans son pays de naissance, le silence reste un mal « nécessaire » et partagé entre les deux générations dans un pays d’accueil qui n’a pas su désormais rassembler, au moins pour l’instant, les composants de sa société.

Bibliographie

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Notes

[1] L’histoire de l’immigré commence à partir du moment où il dépose son dossier aux services consulaires étrangers dans son pays. Qui sont les prioritaires pour les services consulaires qu’ils soient français ou plus généralement européens : est-ce par exemple les Woloofs ou les Soniquets sénégalais, les chrétiens ou les musulmans libanais, les kurdes ou les Turcs, les berbères ou les arabes algériens, les Rifis ou les habitants de l’intérieur du Maroc…? La liste est beaucoup plus longue et plus compliquée qu’on l’imagine, surtout, lorsqu’on ajoute les pays africains où éclatent de temps à autre des guerres civiles, des conflits d’ordre politique, ethnique ou religieux. Dans un tel contexte, l’humanitaire et le politique se mélangent si bien que les critères de sélection des bénéficiaires d’un visa,  établis par les services consulaires, deviennent de plus en plus difficiles à décrypter. En outre, en France ou en Europe, les débats relatifs à l’immigration sont souvent brouillés par le choix des termes utilisés (étrangers, immigrés, populations issues de l’immigration) et par la confusion entre les « flux » (les entrants et les sortants) et les « stocks » (les populations installées). De même, les comparaisons entre pays européens achoppent sur la construction, réelle ou supposée, de « modèles » (d’intégration, de multiculturalisme, de communautarisme, voire d’assimilationnisme ou d’apartheid), ou sur des conceptions opposées de la nationalité (droit du sol et droit du sang)... Sur le plan théorique comme sur le plan pratique, la problématique de l’immigration est donc loin d’être réglée.

[2] Des enquêtes de terrain (entretiens) et des tests psychologiques ont été exploités dans cette région, et par comparaison à d’autres régions européennes.

[3] Le colloque « Histoire et mémoires des immigrations en France », organisé par l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens le 8 et 9 novembre 2007 en collaboration avec les associations de soutien à l’expression des communautés d’Amiens.

[4] Soufflet, A., Williate, J.-B. (2001), « Les anciens supplétifs de l’armée française en Algérie et leurs descendants », in Enquête sociologique CNMF, Janvier.

[5] Salem, M. (2006), « Du vide culturel au mésestime de soi chez les adolescents : étude comparative entre la région de la Somme (France) et le Medway (Grande Bretagne) », Colloque organisée par l’I.M.E. et l’U.P.J.V., Octobre.

[6] Les résultats de cette enquête existent sur un CD et sur un site Internet : www.picardmed.com

[7] Van Eeckhout, L. (2007), L’immigration, la documentation française, janvier, p.  15.

[8] Van Eeckhout, L., ibid., p. 14.

[9] Collectif, (1968), Banine la France étrangère, Paris, Edition S.O.S, p. 42-43.

[10] Vallet, L.-A., Caille J.-P. (1996), « Les élèves étrangers ou issus de l’immigration dans l’école et le collège français. Une étude d’ensemble », in Les dossiers d’Éducation et formation, n° 67, Direction de l’évaluation et de la prospective, MEN.

[11] Maaroufi, S. (2006), « Du vide culturel au mésestime de soi chez les adolescents : étude comparative entre la région de la Somme (France) et le medway (Grande Bretagne) », Colloque organisée par l’I.M.E. et l’U.P.J.V.

[12] Avec le concept de processus médiateur Osgood tente de mettre en évidence la nature psychologique de la signification, c’est-à-dire les processus d’analyse que le sujet opère de son environnement et de son vécu. Voir pour plus de details, Osgood et Sebeok, (1954), Psycho-linguistics, a survey of theory and research problem, Baltimore, Waterly Press.

[13] Feraoun, M. (2000), « Ma tante », cité par Amar Mahmoudi, in « Imaginaires et croyances populaires », Insaniyat, n° 11, p. 131.

[14] Bentolila, A. (2007), Le verbe contre la barbarie, Paris, Odile Jacob, p. 44.

[15] Voir les travaux de Berthelier, R. (2006), Enfants de migrants à l’école française, Paris, l’Harmattan, et ceux de Bentolila, A., op.cit., notamment la partie : l’impuissance linguistique et la violence, p. 123.

[16] Maaroufi, S. (2006), « L’estime de soi chez les adolescents en Picardie », Colloque organisé à l’U.P.J.V. et l’I.M.E. de la Somme, 19 novembre.

[17] Voir les travaux de Martinet, A. (1977), Eléments de linguistique générale, Paris, A. Colin, p. 13-15.

[18] Callina J.-M. (2006), Les représentations mentales, Paris, Dunod, p. 115.

[19] Voir l’enquête nationale « Relation armée et société », et d’autres études également qui soulignent bien la citoyenneté et l’appartenance nationale des jeunes issus de l’immigration à leur pays (France).

[20] La première affaire du voile islamique date de 1989. Cette affaire est devenue un débat de société et un enjeu politique jusqu’à ce jour.

[21] Clerget, S., Leroy, C. (2003), Élever un garçon aujourd’hui, Paris, Albin Michel.

[22] A l’occasion de son déplacement du 26 octobre 2005 dans une ville du Val-d’Oise, le ministre de l’Intérieur français (Nicolas Sarkozy) a dit : « on va vous débarrasser de cette racaille au Karcher», une phrase qui n’a pas été sans avoir de l’importance dans les émeutes de banlieue qui ont suivi peu de temps après.

[23] Les musulmans de France revendiquent depuis les années 1980 la séparation entre le carré confessionnel et le reste du cimetière. Un sujet à la fois sensible et coûteux qui ne trouve pas un accord, au moins pour l’instant, entre les associations et les municipalités.

 

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