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La construction de la réalité sociale, BERGER Peter, LUCKMANN Thomas, Paris, Armand Colin, 2006, 357 pages.

Traduit de l’américain par Pierre Taminiaux, précédé d’un avant-propos signé par Danilo Martucelli et suivi d’une postface de François de Singly, l’ouvrage est actuellement un des plus lus en sociologie. La construction sociale de la réalité est l’œuvre de ces deux auteurs dont la préoccupation commune pour la religion et leur référence partagée de la phénoménologie d’Alfred Schütz situe le livre à l’articulation d’une influence créatrice et d’un formidable effort d’intégration théorique.

Pour ces auteurs, dont les travaux se situent dans le prolongement de ceux de Durkheim et de Weber, la religion n’est pas un domaine particulier mais se place au cœur de la réalité sociale. Dès l’incipit, le lecteur découvre les analogies plus ou moins explicites qui jalonnent l’ouvrage: analogies entre la conception sociale du sens et la religion comme ensemble de significations partagées par les acteurs.

La sociologie de la religion est conçue comme une partie d’une sociologie plus générale que Berger et Luckmann associent à une sociologie de la connaissance, avec comme objet l’analyse de la construction de la réalité sociale. L’objectif décliné vise l’étude de la théorie sociale et non des théories. Il faut noter qu’il ne s’agit pas de propositions séparées et discontinues que le lecteur peut trouver dans différents ouvrages mais d’un corps unique de raisonnement théorique. La question centrale soulevée est de savoir pourquoi les significations subjectives deviennent-elles des facticités objectives? Le premier chapitre, portant sur les fondements de la connaissance dans la vie quotidienne, apporte quelques clarifications de la réalité de cette vie telle qu’elle est conçue et perçue par le sens commun: clarification permettant de comprendre l’objectivation de cette réalité par le langage et sa structuration spatiale et temporelle. Le second chapitre décrit la société comme une réalité objective construite par l’être humain. Selon les auteurs, le monde institutionnel est une activité humaine objectivée et l’homme, une production sociale. Le troisième chapitre, mettant en avant l’intériorisation de la réalité, décrit la société en termes de processus dialectique continu, composé de trois moments: l’extériorisation, l’objectivation et l’intériorisation. Cherchant à démontrer l’idéologie de la famille, les auteurs ont essayé de montrer qu’il est possible de développer une théorie du mariage basée sur des présuppositions sociologiques en dehors des catégories psychologiques classiques. En prenant le cas du mariage pour un exercice de sociologie de la connaissance, ils ont réussi à démontrer que les questions microsociologiques étaient aussi importantes en sociologie de la connaissance que les grands univers de significations auxquels il était fait référence habituellement.

En conclusion, nous pouvons souligner la clarté de l’écriture et le caractère séquentiel du raisonnement déployé ainsi que le développement méthodique et le rappel constant des étapes de l’argumentation qui en font un des rares ouvrages de théorie sociale où l’on se laisse porter avec beaucoup de plaisir par le cheminement du texte.

Aïcha BENAMAR

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