Transformation du mouvement associatif en Algérie depuis 1989 : les voies de la professionnalisation

Insaniyat N°s 69-70 | 2015 | Les migrations vues du Sud| p. 149-159 | Texte intégral


Noureddine MIHOUBICentre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, 31 000, Oran, Algérie.


Dans cette position de recherche, nous essayerons de rendre compte de notre thèse de doctorat en sociologie sur le thème des associations en Algérie, soutenue à l’université de Paris VIII en octobre 2014, sous la direction du professeur Aïssa Kadri.

Comme il est indiqué dans le titre, les questions de la transformation et de la professionnalisation des associations algériennes sont au cœur de notre thèse. Le choix de faire une analyse, qui s’étale de 1989 à la période actuelle, est lié au fait que l’année 1989 symbolise en Algérie le passage du système du parti unique au multipartisme et la mise en place d’une constitution qui adopte des valeurs libérales (liberté d’expression, multipartisme, liberté associative, etc.), après trois décennies d’idéologie socialiste.

Le mouvement associatif algérien post 1989 

Les associations algériennes nées après 1989, particulièrement après la loi relative aux associations de 1990, avaient suscité beaucoup d’enthousiasme, par leur nombre et leur vivacité, chez les chercheurs qui s’y sont intéressés[2]. Ce développement associatif est expliqué par diverses hypothèses : désengagement de l’État[3], volonté de l’État de se conformer aux standards de la démocratie après la chute du bloc soviétique[4], stratégie de survie pour un État cherchant à aménager des espaces de libertés sous-contrôle[5], affirmation d’une réelle société civile autonome par rapport à l’État[6], etc. Ces explications ne sont pas limitées au cas algérien, elles concernent autant de pays arabes que de pays en voie de développement qui se sont engagés dans des réformes libérales à partir des années 80.

Le déchaînement de violence après l’arrêt des élections législatives de 1991, plongea l’Algérie durant les années 90 dans une atmosphère de peur et d’insécurité et a conduit à l’instauration de l’état d’urgence, limitant ainsi les différentes libertés, dont la liberté associative. Le retour progressif à la stabilité sécuritaire, à partir du début des années 2000, encouragea la création de nouvelles associations et le retour d’anciens membres ou de présidents d’associations à la vie associative.

La littérature 

La littérature sur le mouvement associatif algérien des deux dernières décennies[7] converge sur l’importance du rôle de l’État dans le façonnement de la vie associative. Elle converge aussi sur la fragilité et l’éparpillement d’un tissu associatif subordonné à l’État dans sa majorité, avec une minorité d’associations autonomes dont le centre d’intérêt gravite autour de questions relevant globalement des droits de l’homme. Concernant les associations « à référent islamique », les travaux de Sarah Ben Néfissa, particulièrement sa notion de « citoyenneté morale », offrent, pour leur part, une analyse intéressante de ce type d’associations.

Hypothèses et méthodologie 

Nos questions de départ, qui ont précédé notre enquête de terrain, ont été formulées à partir de cette littérature sur les associations en Algérie et dans les pays arabes. L’objectif était de confronter au terrain les hypothèses sur le rapport de l’État aux associations, en cherchant à repérer, d’un côté les mécanismes de contrôle, et d’un autre côté les mécanismes d’instrumentalisation et de clientélisation, tout en mobilisant la notion de « citoyenneté morale » pour appréhender le travail associatif à référent islamique.

La démarche comparative nous a semblé la plus adéquate afin de diversifier les types d’association à analyser et de traiter le maximum de profils associatifs. La diversification des types d’association s’est alors faite sur deux plans : le domaine d’action (culturel, social, sportif, environnemental, etc.) et l’espace d’action (local et national). Le choix des associations s’est effectué en fonction de leur visibilité dans les quartiers, les villes, sur internet, dans les mosquées et les lieux publics, ainsi que par le biais des réseaux de connaissance, en essayant, autant que possible, d’éviter le piège de l’effet « boule de neige ».

Le choix de réaliser une enquête qualitative par des entretiens semi-directifs nous a paru le plus approprié car c’est la méthode qui restitue le mieux les représentations que se font les acteurs associatifs de leur engagement, du rôle de leurs associations, des répertoires de légitimation de leurs actions, de leurs parcours associatifs, de leurs rapports aux autres associations, de leurs rapports à l’administration ou aux pouvoirs publics, etc. Par conséquent, elle permet de comprendre au mieux les logiques d’action en les plaçant dans leur contexte. L’observation et l’observation participante ont également fait partie de l’enquête de terrain. En plus des informations recueillies par ce biais, il s’agissait de se familiariser avec des associations et d’établir des liens de confiance avec les acteurs associatifs afin de mieux réussir les entretiens individuels. Les remarques et les notes des pré-enquêtes ainsi que les discussions non enregistrées, ont constitué une matière complémentaire dans l’analyse des entretiens.

L’enquête de terrain 

Notre enquête de terrain a été réalisée entre décembre 2010 et avril 2011, elle a été précédée par deux pré-enquêtes, la première entre décembre 2009 et début janvier 2010, la seconde entre août et septembre 2010. Les associations enquêtées se trouvaient essentiellement dans la Wilaya d’Alger, avec quelques associations dans les Wilayas de Blida et de Tipaza. Une cinquantaine d’entretiens ont été réalisés au bout de notre enquête, 34 avec des présidents d’associations, 13 avec des membres du bureau et 5 avec des membres d’associations. Au total, 33 associations ont été enquêtées. La différence entre le nombre d’entretien et le nombre d’associations est dû au fait qu’une vingtaine d’entretiens ont été réalisés avec des annexes qui dépendent de la même association lorsqu’il s’agissait d’associations nationales ou wilayales. La durée moyenne de ces entretiens était de 30 à 40 minutes, ce qui était suffisant pour aborder les différents points du guide d’entretien. Sur les questions relatives aux rapports des associations avec l’administration ou les politiciens, certains interviewés s’autocensuraient devant le dictaphone. Pour surmonter cet obstacle, nous avons relancé ces questions après avoir éteint le dictaphone à la fin de la rencontre. Pour la majorité des interviewés, l’enregistrement des entretiens ne posait aucun problèmes.

La remise en cause de nos hypothèses de départ s’est imposée après quelques semaines passées sur le terrain. Les angles d’approche adoptés semblaient plus restreindre notre analyse et nos observations que fournir des moyens complémentaires de compréhension et d’interprétation du terrain. Face à des associations qui mettaient en avant leur technicité, leur savoir-faire, leur participation à des programmes internationaux, ou leur professionnalisme, nos outils théoriques ont vite montré leurs limites et leur incompatibilité. Par ailleurs, la notion de « citoyenneté morale », bien qu’utile pour comprendre quelques aspects des associations à référent islamique, ne paraissait pas centrale dans les entretiens réalisés avec ce type d’association. Ces derniers ont fait émerger d’autres préoccupations liées aux financements, à l’élargissement des activités ou à la professionnalisation de ces organisations. À partir de ce moment-là, il nous a paru nécessaire d’adopter une nouvelle posture, plus inductive qu’hypothético-déductive, et de laisser davantage l’initiative aux acteurs associatifs d’orienter les entretiens en fonction des thèmes qu’ils jugeaient pertinents. Ceci s’est bien évidemment réalisé dans le respect des grandes lignes du guide d’entretien. Le risque d’une telle posture était d’inclure une diversité d’expériences et de parcours associatifs qui nous empêcheraient, à la fin, de faire une analyse pertinente de ces associations. Ce risque s’est écarté graduellement, au fur et à mesure que l’enquête avançait, du fait que des profils de certaines associations, qu’on a qualifiés de profils professionnels, se sont confirmés et sont devenus davantage visibles par rapport aux autres profils observés sur le terrain.

La démarche comparative nous a permis de repérer, jusqu’à une certaine limite, la configuration et les orientations actuelles de l’espace associatif. Deux principales remarques ont pu être tirées après l’enquête de terrain :

  • le constat d’une large instrumentalisation politique des associations. L’espace associatif supposé être à l’abri des manipulations des politiciens est devenu l’espace idéal de la cooptation politique, du clientélisme et du faire-valoir politique.
  • le développement d’un type d’association dont l’élément commun n’est ni le domaine d’activité ni les objectifs poursuivis. Il s’agit d’associations qu’on a définies dans le cadre de ce travail comme étant engagées dans des processus de professionnalisation grâce à deux caractéristiques qui les distinguent des autres associations : l’autonomie financière par rapport à l’État et le niveau de maîtrise de leur domaine d’activité.

Retour à la littérature 

Pour analyser ces deux tendances on a eu recours à deux types d’approche théorique. La littérature sur l’État et la société civile dans le monde arabe, notamment la littérature anglo-saxonne qui offre de riches outils d’analyses théoriques pour appréhender les rapports de domination qu’exercent les États sur les associations. Les travaux sur le clientélisme représentent aussi d’importants outils d’analyses pour comprendre les différents rapports dans lesquels les associations sont enchevêtrées. Afin d’appréhender les processus de professionnalisation, il a fallu mobiliser une autre approche qui se focalise moins sur le caractère hégémonique des États arabes que sur l’évolution et la diversité des liens qu’entretiennent les associations avec les pouvoirs publics.

Cette approche relativise le poids de l’État en mobilisant des concepts tels que « l’hybridation des régimes »[8], « la fragmentation des politiques publiques »[9] et « l’imbrication des acteurs associatifs dans la fabrication des politiques publiques »[10].

Résultats 

Sur le plan macro-social 

À partir d’une idée récurrente dans les entretiens, qui est celle de la dégradation progressive de l’image des associations algériennes entre la fin des années 80 et la période actuelle, on a essayé de montrer, d’un point de vu macro-sociale, comment ce mouvement associatif qualifié de précurseur dans le monde arabe au début des années 90, est devenu à la fin des années 2000 synonyme d’instrumentalisation et de cooptation politique. Dans notre analyse, on s’est attaché à situer cette transformation du mouvement associatif dans une dimension à la fois politique, économique et sociale et de mettre en exergue le lien entre cette transformation et la recomposition du clientélisme politique au courant des années 1990 et 2000.

        A) Les associations comme espace de reclassement social :

En effet, la crise économique des années 80 avait mené à une crise sociale conséquente. L’un des traits caractéristiques de cette crise est la décadence de larges couches sociales du fait de l’inflation, du retrait de l’Etat de certains secteurs sociaux et de la politique de l’allégement du personnel des entreprises publiques. La classe moyenne, à sa tête les fonctionnaires publics, est la plus touchée par cette crise. Dans ce contexte, le mouvement associatif représentera un lieu de revalorisation et d’ascension sociale. L’investissement associatif de catégories sociales appartenant essentiellement à la classe moyenne et en grande partie en provenance du secteur public, comme le montre l’étude d’Omar Derras[11], appuie l’analyse d’un processus de reclassement sociale des fonctionnaires du secteur public qui ont subi de plein fouet les effets de la crise économique et de la politique de réajustement structurel. L’espace associatif a représenté, pour ces catégories sociales, un moyen de renouer les liens avec l’Etat, en accédant aux avantages liés à la proximité avec les lieux du pouvoir.

           B) Les associations comme espace de recomposition du clientélisme politique :

Confiné au sein des entreprises et des administrations publiques durant les années 70 et 80, le clientélisme politique trouvera, durant les années 90 et 2000, dans les associations le socle de son renouvellement. La réorientation à la fin des années 80 du régime politique algérien du modèle socialiste vers le modèle libéral était porteuse d’une nouvelle configuration de la légitimité politique. Celle-ci se fondait désormais sur le multipartisme, c’est-à-dire sur une légitimité qui passe par les élections et les campagnes électorales. Cette nouvelle configuration rehausse les associations au rang des ressources déterminantes dans la compétition politique, visible surtout lors des campagnes électorales qui représentent des moments privilégiés de (re)négociation par les hommes politiques des soutiens sociaux multiples sur lesquels ils s’appuient[12], particulièrement les associations.

Sur le plan micro-social 

En changeant de niveau d’analyse, c’est à-dire du niveau macro-social au niveau micro-social et en retraçant le parcours d’associations et d’acteurs associatifs, on a essayé de montrer la complexité des rapports dans lesquels les associations sont enchevêtrées.

      A)La cooptation et la clientélisation des associations, une réalité complexe :

La cooptation des associations dans le giron des réseaux clientélistes des politiciens n’est ni un processus continu, ni linéaire, elle n’est pas non plus dénuée de tensions. Le clientélisme peut même être perçu comme civique par des acteurs associatifs, lorsqu’il s’agit de monnayer un soutien aux politiciens contre un intérêt collectif. Même la notion de clientélisme « en tant qu’alliance dyadique verticale entre deux personnes de statut, de pouvoir et de ressources inégaux, dont chacune d’entre elles juge utile d’avoir un allié supérieur ou inférieur à elle-même »[13], est questionnée à la lumière d’associations nationales dont les liens au sein des hautes sphères de l’État leur permettent de négocier sur le même pied d’égalité avec les politiciens.

       B) Les formes de l’instrumentalisation politique des associations :

En rapprochant les différents parcours associatifs, on a pu avancer l’idée que l’instrumentalisation politique des associations se décline sous trois formes. La première forme est la cooptation, elle concerne des associations qui ne sont pas créées à des fins politiques. Mais en raison des compétences limitées de leurs présidents et de leurs membres et des difficultés que ceux-ci rencontrent pour trouver des ressources financières et un local, ces associations finissent par céder au chant des sirènes de la politique. La deuxième forme est celle des associations créées par l’administration. Contrairement à ce qui est affirmé souvent, ces associations ne sont pas nombreuses, certaines administrations locales en créent pour capter une partie du budget annuel alloué aux associations. Elles fonctionnent en réalité comme des coquilles vides ou des vitrines qui ont l’air d’afficher une préférence pour le statut d’associations culturelles ; à leur tête, on trouve souvent un élu politique proche de l’équipe dirigeante locale. La troisième forme concerne les associations créées initialement à des fins politiques et sont dirigées par des personnes qui ont des ambitions politiques. Elles se déclinent sous un caractère social, culturel, citoyen, civique, etc. Les facilités accordées par l’administration à la création de ces associations révèlent les connivences entre leurs présidents et les milieux politiques, que cela soit au niveau local ou national. Contrairement aux associations créées par l’administration, celles-ci ne captent pas le financement alloué par l’État aux associations, elles sont plutôt distributrices d’argent et de services dans l’objectif d’augmenter leur capital social. Les personnes qui s’investissent dans ces associations sont, par conséquent, souvent aisées, avec des réseaux de connaissance et de lien, particulièrement au sein de l’appareil administratif étatique. Le premier objectif de ce genre d’association est le tissage de réseaux clientélistes mobilisables politiquement. 

  1. La professionnalisation des associations 

Dans notre enquête de terrain, on a distingué un type spécifique d’association qu’on a défini comme engagé dans des processus de professionnalisation. La définition de cette notion de « professionnalisation » était nécessaire vu qu’elle peut englober plusieurs significations : salarisation, compétences, technicités, esprit entrepreneurial, etc. Il fallait aussi la placer dans le contexte algérien, du fait qu’il s’agit d’un phénomène récent qu’on ne peut pas comparer avec des associations d’autres pays, engagées dans la professionnalisation depuis plusieurs décennies, comme en France par exemple[14]. Deux critères ont été retenus dans la définition de la professionnalisation des associations algériennes : l’autonomie financière par rapport à l’État et l’efficacité dans la réalisation des activités associatives. À partir de ces deux critères, on a repéré deux voies de la professionnalisation : la professionnalisation par interconnexion avec les bailleurs de fonds étrangers, et la professionnalisation par ancrage social et accumulation d’expérience.

        A) La professionnalisation par interconnexion avec les bailleurs de fonds étrangers :

La première voie est spécifique aux associations qui ont bénéficié des programmes de mise à niveau organisés par des bailleurs de fonds étrangers. L’intérêt de ces programmes a été double pour ces associations. Il réside, en premier lieu, dans l’acquisition d’un savoir technique et d’une maîtrise des questions liées à leurs domaines d’action ; en second lieu, dans la maîtrise des techniques de financements par les appels à projets des bailleurs de fonds. Les associations engagées dans cette voie sont souvent appelées « associations de développement », bien que ce qualificatif ne révèle pas leur diversité. L’originalité de l’interconnexion avec les bailleurs de fonds étrangers, pour ces associations algériennes, réside dans le changement de perception de leurs rapports avec les pouvoirs publics. Car ces bailleurs, à travers les programmes de mise à niveau, diffusent un discours particulier sur le rôle des associations (ou de la société civile), qui serait plus un rôle de partenaire des pouvoirs publics, que celui de simples intermédiaires entre l’État et les citoyens. Cette nouvelle perception du rapport avec l’État est visible chez plusieurs associations de ce type. Celles-ci perçoivent l’État plutôt comme un partenaire et un collaborateur qui « doit » coopérer avec une « société civile » dont la légitimité réside dans son expertise, sa technicité et sa maîtrise des problématiques liées au développement. Grâce à ce savoir-faire, certaines associations ont pu s’imposer comme des partenaires incontournables vis-à-vis des pouvoirs publics, et d’être ainsi des parties prenantes dans la fabrication des politiques publiques, particulièrement au niveau local. Ces associations algériennes, en interconnexion avec des bailleurs de fonds, présentent cependant les mêmes défauts déjà observés dans d’autres pays arabes, à savoir, l’élitisme et le détournement d’un investissement dans une base sociale.

       B) La professionnalisation par ancrage social et accumulation d’expérience :

Pour la deuxième voie de la professionnalisation, on a donné l’exemple de deux associations caritatives et éducatives « à référent islamique », la première est nationale et la seconde est wilayale. Toutes deux ont eu accès à une autonomie financière vis-à-vis de l’Etat, en tissant des liens de confiance avec des donateurs et en mettant en place des activités lucratives dans les domaines de l’enseignement et de la formation. De plus, elles ont eu accès à la maîtrise de leurs activités par une accumulation d’expériences associatives de plus de deux décennies. Concernant l’autonomie financière, ces deux associations ont développé des activités lucratives, comme les crèches, les cours de soutien scolaire, les stages de couture ou de préparation des gâteaux destinés aux femmes, etc., pour compenser la diminution du nombre des donateurs. Grâce à une complémentarité entre donateurs et activités lucratives, plusieurs annexes locales de ces deux associations ont pu équilibrer leur budget. Quant au deuxième critère de professionnalisation, qui est la maîtrise du domaine d’activité, il est surtout visible dans le travail social. Ces deux associations font un travail minutieux d’investigation pour rechercher les vrais nécessiteux et pour que les aides arrivent réellement à leur destination. Pour ce faire, ils mobilisent des jeunes de chaque quartier pour enquêter sur la situation des nécessiteux inscrits sur leurs listes, ainsi que des femmes pour entrer dans les foyers et constater l’état réel des familles nécessiteuses. Tout en essayant de se perfectionner dans la bienfaisance et la charité, ces deux associations ambitionnent de dépasser la forme actuelle de leur travail social, celui de la solidarité palliative, en allant davantage vers des solutions plus efficaces contre la pauvreté, comme la formation des personnes nécessiteuses, les aider à réaliser des microprojets ou à trouver du travail.

Conclusion

Notre analyse des transformations du mouvement associatif algérien s’est appuyée sur une démarche comparative, c’est-à-dire sur une diversification des types d’associations à enquêter afin de pouvoir dégager, par contraste, les réels profils associatifs et les rapports dans lesquels ces associations sont enchevêtrées. Cette démarche nous a semblé la plus fructueuse dans le sens où elle offre une vision globale des transformations du tissu associatif, elle nous a permis de faire une analyse à la fois micro et macro-social, et de distinguer des processus de professionnalisation chez certaines associations. Cependant, la diversification des types d’associations nous a contraints de combiner entre deux approches théoriques, et d’aborder des profils associatifs qui sont généralement traités séparément par les chercheurs. Dans notre thèse, on aurait pu aborder uniquement les associations à référent islamique, ou les associations de développement, ou les associations instrumentalisées politiquement.    

Bibliographie

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Notes

[1] Titre de notre thèse de doctorat en sociologie, soutenue en octobre 2014 à l’université de Saint-Denis Paris VIII.

[2] Sarah Ben Néfissa écrit en 2002 : « Si la situation algérienne permet de parler d’une véritable explosion associative avec la fondation de 20 000 associations en trois ans, la Tunisie, le Maroc, la Lybie et la Jordanie, entre autres, connaissent aussi, dans les années quatre-vingt-dix, un renouveau associatif ». Ben Néfissa, S. (2002), Pouvoir et associations dans le monde arabe, Paris, CNRS, p. 20.

[3] Ramdane, B. (1991), « Le phénomène associatif en Algérie: genèse et perspective », Annuaire d'Afrique du Nord.

[4] Catusse, M. (2006), « Ordonner, classer, penser la société : les pays arabes au prisme de l’économie politique », in Elizabeth Picard (éd.), La politique dans le monde arabe, Armand Colin, Paris.

[5] Ferrié, J.-N. (2003), « Les limites d’une démocratisation par la société civile en Afrique du Nord », in Maghreb-Machrek.

[6] Augustus, R.-N. (1995), Civil society in the Middle East, Leiden, Brill, vol. 1

[7] Pour citer quelques travaux de cette littérature : Ben Néfissa, S. (2002), op. cit. Azzouzi, A. (2006), Autoritarisme et aléas de la transition démocratique dans les pays du Maghreb, Paris, l'Harmattan. Derras O. (2007), Le phénomène associatif algérien, Alger, Fondation Friedrich Ebert. Liverani A. (2008), Civil society in Algeria: the political functions of associational life, London, Routledge. Thieux, L. (2009), « Le secteur associatif en Algérie : la difficile émergence d’un espace de contestation politique », in L’Année du Maghreb.

[8] Camau, M. (2006), « Globalisation démocratique et exception autoritaire arabe », Critique internationale, n° 30.

[9] Signoles, A., (2006), Réforme de l’État et transformation de l’action publique. Analyse par les politiques publiques, in Elizabeth Picard (éd.), op.,cit.

[10] Abu-Sada, C., Challand, B. (2012), Le développement, une affaire d’ONG. Associations, Etat et bailleurs dans le monde arabe, Paris, Kharthala. 

[11] Derras, O. (2007), op.cit.

[12] Ce phénomène a été observé au Maroc à la fin des années 80, où le tissu associatif commençait à prendre de l’ampleur. Voir sur ce point : Bennani-Chraïbi, M., Catusse, M., Santucci, J.-C. (2004), Scènes et coulisses de l’élection au Maroc. Les législatives 2002, Paris, Iremam-Karthala.

[13] Leca, J., Schemeil, Y. (1983), « Clientélisme et patrimonialisme dans le monde arabe », Revue internationale de science politique, n° 4, p. 455.

[14] Laville, J.-L., Sainsaulieu, R. (1997), Sociologie des associations, Paris, Desclée de Brower.

 

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