Engagement (coordonné par Marie Rose Moro), Revue Adolescence, Tome 36, Numéro 2, 2018


Insaniyat N°s 83-84| 2019 |La délinquance juvénile: réalités et prises en charge|p.203 -205 | Texte intégral



Ce numéro de la revue Adolescence portant sur la thématique de l’Engagement, édité par l’Université Paris Diderot-Paris 7 et coordonné par Marie Rose Moro, pose la question de l’engagement comme processus chez les adolescents. Ainsi, dans sa quête d’identité et son combat pour une place dans la société, l’adolescent cherche à être lui-même sur le plan psychologique, différent de ses parents, des autres et de la société. Pour cela, il s’engage pour exister.Il s’agit là d’un travail de mobilisation de l’adolescent cherchant à transformer le monde autour de lui afin de lui donner du sens et avoir le sentiment d’autonomie et de liberté d’agir et d’expérimenter. Il y a plusieurs niveaux dans l’engagement adolescent : un collectif relatif aux valeurs, aux appartenances, aux représentations politiques ou religieuses, un second intersubjectif où l’adolescent explore sa relation à l’autre pour se construire (identification) au même moment où il essaye de se différencier pour être « soi ».Réservé et de plus en plus autonome, l’adolescent se tourne vers les personnes qui répondent le plus à ses attentes :les pairs.

On trouve dans ce dossier des articles sur l’engagement de l’adolescent soumis à la cruauté de son surmoi (niveau intersubjectif), expérience limite pour confirmer une identité croyante et réaliser l’image exemplaire du musulman (Olivier cavillon). Cette adhésion idéologique a fait émerger de nouvelles formes d’expression de la violence et la radicalité adolescente dans le but de s’approprier un monde qu’il méconnait afin de le reconstruire selon sa vision. Dans le traitement clinique de tels cas, le thérapeute doit tenir compte des blessures narcissiques subis lors des traumatismes et accompagner l’adolescent pour réussir le travail de deuil et comprendre les situations tragiques, les passions, les conflits et les contradictions qui les sous-tendent. (Francesca Di Giacomo, Solène Martin-Bonneville, Helene Lida-Pulik).

En clinique pédopsychiatrique, la « radicalisation » est en lien avec le processus d’individuation-séparation et l’engagement religieux, utilisé par l’adolescent comme médiateur pour se détacher des figures parentales et se libérer des appartenances aliénantes. Ainsi, pour se construire, l’adolescent s’inscrit dans des affiliations non menaçantes
et non concurrentes pour acquérir une liberté en articulant filiation et affiliations, collectives, intersubjective et intrapsychique (Maude Ludot, Isam Idris, Marie-Audet Piot, Rahmeth Radjack, Jonathan Lachal, Marie Rose Moro).

Cette individuation-séparation donne à l’adolescent la possibilité d’exister en dehors des liens parentaux tout en négociant avec le « moi idéal », ce afin de se construire ses propres possibles. L’expression du religieux chez les adolescents est extrême, car elle exprime la différence, la révolte, le mal-être et la rupture générationnelle.Le recours au religieux fonctionne comme « catalyseur de séparation psychique et générationnelle» (Fatima Touhami, Sevan Minassian, Rahmeth Radjack, Adrien L’enjalley, Jonathan Lachal, Mayssa ’ElHussein,Marie Rose Moro). Pour cela,il ne faut pas comprendre l’utopie djihadiste en termes théologiques ou comme manipulation, mais comme un désir de se reconstruire avec une cause qui débarrasserait les candidats au « djihad » du sentiment d’inutilité et de l’image du « bon à rien ». Seulement, il ne faut pas réduire ce mouvement aux seules raisons idéologiques ou manipulatrices (Olivier Douville). Le risque dans le cadre de ce travail  de réinvestissement de l’objet à l’adolescence, comme le souligne Vincent Cornalba, se situe au niveau, non pas du désinvestissement de l’objet mais de la relation. Cela peut engager l’adolescent dans une impasse et l’appeler à déployer de nouvelles dispositions pour conquérir un nouveau statut et s’inscrire dans la relation aux autres en faisant écouter sa voix (Anthony Brault, François Marty).

S’agissant d’adolescents dans des situations particulières, David Vavassori et Sonia Harrati s’intéressent à la question du mineur incarcéré et à la dynamique du groupe et institutionnelle. La configuration et l’organisation des lieux de détention font de ces espaces symboliques des lieux où se réactivent les problématiques psychiques de ces sujets
et où émergent des manifestations comportementales, tels le passage à l’acte violent,comme formation réactionnelle à l’excitation pulsionnelle et à la perte d’identité. Quant à Anne Boisseuil, elle articule son article autour du mouvement temporel dans le processus thérapeutique avec une adolescente ; elle aborde également les questions de transfert et de contre-transfert, la subjectivation comme points de compréhension et d’historisation inconsciente du processus thérapeutique.

Sur l’autisme, Michael Chocron et Hélène Krieger-Denou s’interrogent sur le processus adolescent qui agit sur les cas d’autisme et sur l’élaboration psychique chez de tels sujets à partir d’une lecture théorique de certains concepts fondamentaux de Sigmund Freud et Philippe Gutton. Ces interrogations ouvrent le débat sur les modalités de prise en charge institutionnelle, pouvant aider ces sujets à une élaboration psychique.

Julie Chevalier, Christian Bonnet et Guy Gimenez accordent une place à la figure du « héros » O. Rank et aux mythes qui fondent le « roman familial des névrosés » et celui de la « horde primitive ». Ces mythes sont fondateurs du désir incestuel sororal et fraternel chez l’adolescent et soutiennent ce dernier dans l’articulation de l’amour et de la haine auprès de ces figures érotisées de la sœur et du frère cadet.

Enfin, la relation entre Freud et Sándor Ferenczi est l’objet de l’article de Florian Houssiern. Au désir ambivalent du détachement et de l’indépendance exprimé par Ferenczi, se révèle une position paternelle chez Freud. Ses positions résonnent avec leurs conflits d’adolescence. Le dialogue entre Philippe Gutton et Florian Houssiern, au sujet de l’adolescence chez Freud dans sa théorisation psychanalytique aboutit àun dialogue impressionnant entre un historien de Freud (Florian Houssiern)et un psychologue de l’adolescence (Philippe Gutton). Freud semble toujours ramener la sexualité adolescente du côté de l’enfantile ou de la névrose adulte..

Khedidja MOKEDDEM

 

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