André Ravéreau et le M’Zab : regarder, dessiner, construire


 Insaniyat N°91 | 2021 |Vivre et (re)penser la ville : nouvelles perspectives| p.77 -92 | Texte intégral


 


Daniela RUGGERI: Université Iuav de Venise, Centre d'études AfricaLab, 30135, Venise, Italie. 


« Autour de la Méditerranée, se penchant comme un ‘S’entre la péninsule arabique et l'Himalaya, une large bande de terre rougeâtre, entre l'argile et le sable, épaisse entre vingt-cinq et quarante-cinq degrés de latitude, qui de l'Atlantique au Pacifique rompt presque en deux l’Afrique et l’Asie […] Dans cette vaste région, le soleil est la malédiction et la nuit le bonheur, la lune devient le symbole d'une culture […] »[1].

C’est avec ces mots que l’architecte Ludovico Quaroni décrit la « Contre-méditerranée » (Braudel, 1985, p. 6) qui arrive jusqu’au désert du Sahara et qui se pose dans des relations de continuité et d'opposition avec la culture occidentale.

Dans cette longue histoire des rencontres, conflits et circulations de modèles culturels et architecturaux, l’œuvre de l’architecte André Ravéreau (1919 Limoges – 2017 Aubenas) représente un exemple de synthèse entre les cultures de la Méditerranée. Considéré en marge des grands mouvements d’architecture, notamment le Mouvement Moderne, il est encore aujourd’hui relativement peu étudié. À l’occasion de son centenaire, une exposition itinérante, dont le premier acte s’est tenu à Marseille[2], a remis à sa juste valeur l’œuvre de l’architecte. Dans la continuité de cette exposition, cet article retrace le parcours intellectuel qui a conduit André Ravéreau à des résultats significatifs de confluence entre les cultures du bassin Méditerranéen. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la rencontre de l’architecte avec le M’Zab, la « Contre-méditerranée », moment clé dans le parcours de l'architecte, qui représente le but de ses réflexions théoriques et expérimentations pratiques, notamment sur la relation entre le lieu, le climat et l'architecture.

Ensuite, nous décortiquerons la méthode analytique de l'architecte, qui comporte un processus de décomposition en éléments constitutifs, opéré par le regard d’abord, puis par le dessin interprétatif. Pour terminer, nous expliquerons la relation entre les phases d'analyse, de dessin, et de conception du projet qui caractérisent l’œuvre de Ravéreau ; un mode de décomposition et de recomposition par morceaux proposé dans les différentes phases du projet architectural.

Les projets pour le M'Zab sont un exemple de système unitaire composé des parties conçues par l’architecte dans le Plan Directeur Général du M’Zab.

La rencontre avec le M’Zab

Depuis 1960 et durant environ vingt ans, André Ravéreau vit et travaille en Algérie où, à partir de 1965, il est Architecte en chef des Monuments historiques de l’ensemble du pays[3]. À ce moment, il a déjà à son actif nombre de pérégrinations en Méditerranée, comme la participation à la reconstruction de deux villages sur l’île de Céphalonie, en Grèce, suite au tremblement de terre de 1953.

Plusieurs prix reconnaissant  son travail lui seront décernés après son retour en France, où il s'installe définitivement dès 1975; notamment le prix d’architecture Aga Khan en 1980 pour le Centre de santé de Mopti au Mali, ou encore la médaille du mérite de l’Algérie pour sa contribution à la valorisation du patrimoine du pays, en 2012. La rencontre avec le M’Zab représente un moment important dans la démarche d’André Ravéreau, ses réflexions théoriques et leur expérimentation et applications pratiques.

Ravéreau avait eu l'occasion d'explorer le M'Zab lors de ses voyages de formation en Afrique entre 1949 et 1950 et il reste profondément fasciné par la particularité de cette oasis algérienne située à environ 600km au sud d’Alger à la lisière du Sahara. Cet ancien système urbain constitué par cinq villes fortifiées (ksar) d’une valeur historique et artistique importantes, qui ont été fondées sur les hauteurs de la vallée au cours du XIe siècle par les Ibadites, autrement connu comme Pentapole du M’Zab.

Pour décrire la première rencontre avec le M'Zab, Ravéreau dira :

« Comme tout le monde, j’ai reçu la séduction de Ghardaïa avant d’en faire l’analyse. On a l’intuition que les choses possèdent un équilibre que l’on appelle esthétique, […], j’ai vu dans le M’Zab à la fois, la rigueur que j’aimais chez Perret, dont j’étais l’élève, et les formes exaltantes que l’on trouve chez Le Corbusier » (Ravéreau, 2003, p. 17).

En 1958, l’Agence du Plan d’Alger[4] commence, sous la direction de Gerald Hanning (en charge de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes), la rédaction d’un Plan Directeur pour la vallée du M’Zab. À partir de 1960, l’architecte André Ravéreau rejoint l’équipe de l’Agence du Plan d’Alger constitué par Jean-Jacques Deluz et Robert Hansberger pour rédiger le Plan Directeur du M’Zab (1960-62).

Sa notoriété de passionné de l'architecture du M'Zab, notamment construite grâce à l'article Le M’Zab, une leçon d’architecture publié en 1951 dans la revue « Techniques et architecture » (Ravéreau,1951, p. 6-7), et probablement ses amitiés au sein de l'Agence du Plan d'Alger, renforcés depuis 1954 avec la reconstruction d'Orléans ville[5], vont contribuer au choix des dirigeants de l'Agence d'Alger de lui confier la tâche de participer à la rédaction du Plan directeur du M’Zab.

Ravéreau apporte ainsi une contribution importante aux Plans du M’Zab[6], marqué par son expérience biographique et par les études de la vallée qu’il a effectuées à travers le dessin critique et avec la documentation photographique de Manuelle Roche.

Image 1 : André Ravéreau, Jean Jaques De Luz, Robert

Hansberger, Plan Directeur général du M’Zab (1960-1962)

Dessin de Daniela Ruggeri à partir de une version du Plan du M’Zab de l'archive privée de André Ravéreau.

Au début des années 1960, l'architecte et la photographe passent beaucoup de temps à interviewer les habitants de la vallée. Les informations collectées, accompagnées d'un processus continu de dessin critique du territoire et de son architecture, constituent les prémisses d'une œuvre qui a le mérite d'avoir un caractère totalement pionnier, dont la portée doit être reconnue. Il s’agit, en fait, de la première étude complète sur le M’Zab, conçue pour être accessible non seulement aux techniciens et urbanistes mais aussi à un public moins avisé. Ce sera également Manuelle Roche qui se chargera de publier la vision de Ravéreau, en écrivant un premier livre sur le M’Zab paru en 1970[7].

Dans l’analyse territoriale du M’Zab formulée par Ravéreau, lors de ses études préliminaires au Plan Directeur, il décompose la vallée en parties, identifiant les différents éléments constitutifs, les composants qu'il réutilisera ensuite dans les projets du M'Zab à différentes échelles d'intervention.

Ses projets au M’Zab (1960-76), réalisés ou non, représentent aussi des étapes clés dans la démarche de définition de son architecture. En effet, c’est au M’Zab que Ravéreau commence à analyser l’architecture en adoptant une méthode comparative : « J’ai compris ce que l’humide apportait à la Normandie seulement après avoir vu ce que le sec donnait au M’Zab. De par la différence, le phénomène du M’Zab m’était apparu bien plus clairement. [...]» (Ravéreau, 2003, p. 18).

Regarder et dessiner

C’est grâce à son regard particulier sur le contexte que Ravéreau fait l’analyse de l’architecture traditionnelle, étroitement liée au territoire et à son climat, avant d’avancer sa proposition architecturale.

Regarder[8] est donc chez André Ravéreau un aspect fondamental pour la composition des espaces à l’échelle architecturale comme à celle de l’échelle urbaine. C’est toujours son regard très attentif aux détails, accompagné du dessin, l’outil principal d’analyse, qui est à la base de la démarche de sa pensée architecturale.

Depuis ses études à l’école des Beaux-arts de Paris, il développe une méthode pour l’aménagement des bâtiments en traçant sur les dessins des réseaux visuels à partir de la position et de la hauteur de l’œil humain, comme témoignent les planches de son diplôme – le projet d’un Village en Normandie – de 1953, où le but du projet est de préserver la vue sur la Seine. Cela signifie que la disposition des bâtiments, définissant le rapport entre les espaces pleins et vides, est principalement basée sur ce que les gens vont percevoir.

L'utilisation de cette méthode, que Ravéreau perfectionne au fil des années, devient une constante qui distingue ses projets aussi bien graphiquement par le dessin de petits yeux que par les rayons visuels, qui sont présents principalement dans les plans et les coupes.

Images 2 et 3 : Hôtel des postes de Ghardaïa (1966-67)

© Manuelle Roche/ADAGP. Paris, 2013.Plan de couverture-terrasse, dessin de Daniela Ruggeri

C’est au M’Zab que Ravéreau atteint des résultats particulièrement intéressants en expérimentant cette méthode: ici le thème du regard s'entrelace avec ceux des facteurs climatique, fonctionnel mais également culturel.

L’Hôtel des postes de Ghardaïa (1966-67) est le premier témoignage réalisé du Plan de Détail de la Place de Ghardaïa (1960-62), qui a été conçu avec l’application de sa méthode du tracement des rayons visuels.

« Déjà un hôpital y était construit, ainsi qu’une caserne, la gendarmerie, le commissariat et le palais de justice. L’espace entre ces bâtiments était parfois libre, parfois au contraire, encombré au point de créer une sorte d’étranglement. J’ai décidé de tirer parti de ces percées visuelles existantes sur le paysage environnant, le ksar de Melika, le minaret de Ghardaïa… J’ai imposé de conserver ces vues et j’ai souligné leur direction par une zone bâtie dense, […] et de masquer certains bâtiments trop importants pour le lieu ». (Ravéreau, 2007, p. 52).

Dans l’Hôtel des postes, qui comprend l’habitation du receveur à l'étage supérieur du bâtiment, l’étude des regards joue également un rôle déterminant dans la configuration des espaces intérieurs. La hauteur de l’œil est déterminée par la posture assis sur le sol qui, jusque dans les années mille neuf cent soixante, était avant tout une habitude logique par rapport au climat du M’Zab, et qui, par conséquent, devait entrainer un positionnement en hauteur des fenêtres. C’est donc l’étude des ouvertures basées sur les regards des futurs utilisateurs de la maison qui, pour Ravéreau, est déterminant afin d’établir des relations visuelles entre le paysage, son projet de l’espace urbain et celui de l’espace intérieur, tout en respectant les usages de la tradition du M’Zab :

« Une chambre, donnant sur la cour de service de la poste, comporte un moucharabieh en excroissance, permettant une vue biaisée sur l’esplanade prévue et protégée des regards de la cour par des découpes de plâtre, reprise de pratiques traditionnelles au M’Zab » (Baudouï, Potié, 2003, p. 141).

Avec ce dispositif architectural, Ravéreau permettait une vue complète de la place et du paysage depuis la chambre des« femmes et des enfants », sans que ceux-ci ne soient vus de l’extérieur.

Image 4 : Hôtel des postes de Ghardaïa  (1966-67), particulier « moucharabieh » en excroissance sur la cour

 © Manuelle Roche/ADAGP. Paris, 2013

Encore embryonnaires dans le projet de la Poste, les études des ouvertures basées sur les regards seront perfectionnées au fil du temps. Au cours d'une de ses conférences à Lentillères en 2016[9], Ravéreau distingue deux types de regards, donnant lieu, dans son projet, à des types spécifiques de fenêtre : "le regard plongeant" dont l’exemple est la fenêtre conçue pour les logements de Sidi-Abbaz (1976), et "le regard de biais". Ce dernier est obtenu précisément avec la solution de moucharabieh en excroissance – une sorte de bow window saharien – que nous trouvons dans l’Hôtel des postes de Ghardaïa et que Ravéreau proposera de nouveau, adapté à un autre lieu, dans un projet de maisons en Lozère.

Image 5 : Le regard plongeant, André Ravéreau, Logements à Sidi-Abbaz (1976)

Photo © Manuelle Roche/ADAGP. Paris, 2013. Dessin © André Ravéreau/ADAGP. Paris, 2013

La rencontre avec la photographe Manuelle Roche deviendra essentielle dans les études du regard d’André Ravéreau. Du point de vue du projet architectural, les photographies de Manuelle Roche sont un outil d'analyse du lieu qui ont alimenté ses réflexions, nourrissant ainsi la conception en amont. Par ailleurs, les photos que prend Manuelle Roche des réalisations d'André Ravéreau seront aussi la preuve de ce qu'il avait imaginé et tracé avec patience dans ses dessins en plan et en coupe et qu’il cherchait à vérifier avec des perspectives.

Au cours des années, les photographies de Manuelle Roche deviendront, pour Ravéreau, une véritable fenêtre sur l'architecture du monde. En effet, Ravéreau, qui avait l’habitude d’analyser les architectures à travers des cartes postales, revues et livres, lui demandait souvent de réaliser des photographies sur des bâtiments pour la plupart situés sur le pourtour méditerranéen. Avec ces photos et sa collection d’images de toutes sortes, Ravéreau, jusqu’à ses derniers jours d’activité, réalise des collages qu’il monte sur des planches en effectuant des analyses comparatives pour découvrir les relations existantes entre les architectures du monde.

Concevoir par fragments

On peut retrouver dans l'œuvre de Ravéreau une sorte de correspondance entre la phase d'analyse du site, la conception du projet et le dessin ; un mode de décomposition et de recomposition par morceaux, qui est proposé dans les différentes phases du projet architectural.

À cet égard, une phrase de l’architecte sur sa façon de dessiner est significative :

« Moi, justement, je commençais à dessiner par détails, c’était pour moi une évidence intuitive, je dessinais par morceaux. Au moment où Perret venait me corriger, je lui montrais lesmorceaux, […]. Il m’a dirigé vers ce qui me motive aujourd’hui, partir du détail construit, du matériau, des éléments…des ingrédients qui feront un tout harmonieux. […]»[10].

Les projets pour le M'Zab sont un exemple du« tout harmonieux » entre la Pentapole de Ghardaïa et les nouvelles expansions conçues dans le Plan Directeur Général du M’Zab, en partie restées sur le papier.

Le Plan Directeur avait pour but de définir un scénario urbain pour toute la vallée, de projeter une nouvelle infrastructure routière, tout en préservant les cinq villes. Des équipements touristiques étaient également prévus. En fait, les projets se sont concentrés sur la partie centrale de la vallée, entre Ghardaïa et Bou-Noura, favorisant le processus de développement urbain autour de Ghardaïa.

Dans le cadre de ce Plan Directeur général, André Ravéreau réalise le Plan de Détail pour la place de Ghardaïa et le Plan de Détail pour l’expansion de Beni-Isguen. Pour l’aménagement des bâtiments, il propose la méthode du tracement de rayons visuels pour préserver les vues sur les éléments constitutifs de la vallée, comme les minarets ou des portions de paysage. Bien que ses collègues urbanistes aient considéré cette méthode comme une nouveauté par rapport à la méthode « d’épannelage des volumes»[11]  de l’Agence d’Alger, en réalité, il s’agissait d’une méthode de l’enseignement "Beaux-Arts", que Ravéreau a réinterprétée[12].

L’Hôtel des postes de Ghardaïa est le premier bâtiment, « fragment réalisé », du Plan de Détail de la Place de Ghardaïa (1960-62) qui a été conçu et construit entre 1966 et 1967. Cet édifice est fondamental pour l'expérience du chantier ; il constitue un moment préparatoire à la réalisation des autres travaux. En effet, Ravéreau associe ici, pour la première fois, l’utilisation du béton armé aux matériaux naturels présents dans la vallée, récupérant ainsi certaines solutions constructives locales apprises au fil des années passées dans le M'Zab. Ainsi, le soubassement en pierre calcaire a été construit avec les techniques du bâti local. Aux étages supérieurs, il a étudié un mur doté d'une cavité ventilée qu'il appelle mur masque, construit de l'intérieur vers l'extérieur, de parpaing de ciment et de brique en terre cuite, complété à l'extérieur par un enduit fabriqué selon la tradition mozabite avec des couches de plâtre.

Image 6 : André Ravéreau, Hôtel des postes de Ghardaïa (1966-67)

Photo © Manuelle Roche/ADAGP. Paris, 2013

L'année suivante, Ravéreau réalise la villa du docteur M. près de Beni-Isguen, dans un quartier destiné par le Plan Directeur à une nouvelle zone d'expansion résidentielle.

Image 7 : André Ravéreau, Villa M. (1968)

Photo © Manuelle Roche/ADAGP. Paris, 2013

Comme pour la Poste de Ghardaïa, avec la Villa M., Ravéreau réutilise et réinterprète les matériaux présents dans la vallée à toutes les échelles d’intervention, montrant que la cohésion avec le territoire ne se cherche pas exclusivement à travers la forme et la matière, mais à travers l'étude des vues qui entretiennent les relations entre l'intérieur et l'extérieur.

Dix ans après la réalisation de la Villa M., Ravéreau aura la possibilité de réaliser une autre partie du Plan Directeur général du M’Zab : les logements économiques de), situés dans une zone d’expansion à vocation résidentielle selon le Plan de 1960.

Image 8 : André Ravéreau, Logements à Sidi-Abbaz (1976)

Photo © Manuelle Roche/ADAGP. Paris, 2013

De fait, Ravéreau réalisera très peu de projets conçus dans le cadre du Plan Directeur de la vallée du M’Zab. D'ailleurs, ceux-ci ne sont pas conçus comme des projets isolés, mais comme les éléments, les « fragments » d’une stratégie et d’une vision unique pour la mise en œuvre de l’expansion de la Pentapole du M'Zab. Tout en reprenant les traits de l'architecture vernaculaire, ils n'expriment jamais une attitude mimétique en accueillant et réinterprétant la tension entre le centre ancien et la ville nouvelle.

Conclusion

André Ravéreau est un architecte qui a passé sa vie entre les deux rives de la Méditerranée. Il a aimé le désert où il a appris à affiner sa trajectoire personnelle par rapport aux modèles du Mouvement Moderne et son regard sur les architectures du monde. Il a fini sa vie en Ardèche (France) où, jusqu’à ses derniers jours, il a poursuivi ses recherches sur l’architecture et s’est consacré à l’écriture d’ouvrages sur l’architecture vernaculaire algérienne et plus généralement sur l’architecture méditerranéenne[13].

Ses recherches sur le caractère local des éléments architecturaux – fortement conditionnés par le contexte et le climat et sur la vérification des constantes universelles – déterminées par les latitudes – se matérialisent dans ses expérimentations de projets en Algérie d'abord, puis au Mali et en Mauritanie, et pour finir en France et en Grèce.

Ravéreau nous laisse en héritage un point de départ important pour la conception architecturale et urbaine, non seulement dans des contextes climatiques extrêmes, mais aussi de manière générale face au changement climatique. Son approche n'est, cependant, ni exclusivement vernaculaire ni seulement technique, mais contient une forte composante holistique et poétique.

En effet, ses dessins et ses projets montrent avant tout une capacité extraordinaire à rapprocher les cultures occidentale et orientale et à composer avec des éléments d’origines différentes pour leur donner une nouvelle unité. Son regard attentif extrapole des détails du contexte, réel ou imaginaire, et les repositionne pour raconter une nouvelle histoire régie par des relations visuelles scéniques.

Annexes

Images 9, 10 et 11 : Exposition André Ravéreau, Leçons d’architecture[14]


© Pauline Lavigne du Cadet, 2019

Image 12 : André Ravéreau, planche de son diplôme, projet d’un village en Normandie (1953)

© André Ravéreau/ADAGP. Paris, 2013

Bibliographie

Baudouï, R., Potié. Ph. (dir.), (2003). André Ravéreau, l’atelier du désert, Marseille : Éditions Parenthèses.

Braudel, F. (1985). La Méditerranée: l’espace et l’histoire. Paris : Flammarion.

Deluz, J-.J, (1988). L’urbanisme et l’architecture d’Alger: aperçu critique. Liège : Pierre Mardaga.

Deluz, J-.J., Hansberger, R., Ravéreau, A. (1963). Vallée du M’Zab. Urbanisme et architecture. Cahiers du Centre scientifique et technique du bâtiment, 64.

Micara, L. (1985). Architettura e spazi dell’Islam. Le istituzioni collettive e la vita urbana. Roma : Carucci.

Ravéreau, A. Le M’Zab, une leçon d’architecture. (1981). Arles Actes Sud-Sindbad, 2003.

Ravéreau, A. (2003). La Casbah d’Alger et le site créa la ville (1989). Arles : Actes Sud-Sindbad.

Ravéreau, A. (2003). Le Sens & l’équilibre. Chapiteaux du monde méditerranéen. Bez Esparon : Etudes & Communication.

Ravéreau, A., Bertaud du Chazaud, V., Ravéreau, M. (2007). Du local à l’universel. Paris : Editions du Linteau.

Ravéreau, A., Genton, P., (1951). Le M’Zab, une leçon d’architecture. Dans Techniques & Architecture, 7-8.

Ravéreau, A., Roche, M. (1997). Le Caire, esthétique et tradition. Arles : Actes Sud-Sindbad.

Roche, M. (2003). Le M’Zab. Cités millénaires du Sahara. Bez Esparon : Etudes & Communication. Première édition: (1970). Le M’Zab: architecture ibadite en Algérie. Paris : Arthaud.

Ruggeri. D, (2020).Tra Mediterraneo e Sahara. André Ravéreau e la valle del M’Zab. Siracusa : Lettera Ventidue.

Notes 

[1] «Intorno al Mediterraneo, gira piegandosi ad esse fra la penisola Arabica e del l’Himalaya, una larga fascia di terra rossastra, fra argillosa e sabbiosa, spessa tra venticinque e quarantacinque gradi di latitudine, che dall’Atlantico al Pacifico quasi spezza in due l’Africa e l’Asia […] in questa vastissima zona, il sole è la maledizione e la notte la felicità, la luna diventa il simbolo di una cultura […]».

Ludovico Quaroni, dans Cuneo Paolo, Micara Ludovico, Petruccioli Attilio (dir.), Architettura nei paesi islamici: seconda mostra internazionale di architettura di Venezia, La Biennale di Venezia Electa, Milano, 1982, p. 19. Traduction de l’italien par l’auteur de cet article, Daniela Ruggeri.

Ludovico Quaroni (1911-1987), architecte urbaniste italien, ayant travaillé entre les deux rives de la Méditerranée, et enseigné à l’EPAU d’Alger à plusieurs reprises entre 1969 et 1979.

[2] Titre de l’exposition: André Ravéreau, Leçons d’architecture. Exposition hommage à l’occasion du centenaire d’André Ravéreau (1919-2017). L’exposition s’est tenue pour la première fois à Marseille, Galerie des Grands Bains douches de la Plaine du 1er mars au 13 avril 2019. À l’initiative de Maya Ravéreau. Réalisée par l’association ALADAR www.aladar-assoc.fr/

Commissariat : François Cadiou, Jeanne Marie Gentilleau, Marta Pop. Avec : Mounia Bouali, Manon Bublot, Jean Goizauskas, Jean-Jacques Horem, Djenina Illoul, Adam Nafaa, Daniela Ruggeri, Capucine Tournilhac, Amel Zerourou. Scénographie : Anaïde Nayebzadeh.

[3] À son initiative, la Pentapole du M’Zab est classée dans la Liste du Patrimoine Mondial de l’U.N.E.S.C.O. en 1982.

[4] L’Agence du Plan d’Alger a été créée en 1955 par la volonté du maire d’Alger Jacques Chevallier. Voir Deluz, J-.J. (1988). L’urbanisme et l’architecture d’Alger: aperçu critique, 63-72. Liège : Pierre Mardaga.

[5] Ravéreau avait initialement été sollicité par l’Agence du Plan d’Alger pour participer au projet de reconstruction d’Orléanville (actuel Chlef) suite au tremblement de terre de 1954. Néanmoins, ayant été au même moment appelé pour la reconstruction de deux villages en Céphalonie, il part en Grèce laissant la reconstruction d’Orléan ville au soin de Jean Bossu, Jean de Maisonseul, Robert Hanberger accompagnés d’autres architectes. Voir, Deluz, J-.J, L’urbanisme et l’architecture d’Alger: aperçu critique, cit., p. 63 et p.172-73.

[6] À l’intérieur du Plan Directeur général, Ravéreau développe, entre 1960 et 1962, les Plans de détail pour la place de Ghardaïa et pour l’expansion de Beni-Isguen. Les projets de plans sont publiés pour la première fois dans : Deluz, J-J. Hansberger, R. Ravéreau, A. Vallée du M’Zab. Urbanisme et architecture. Cahiers du Centre scientifique et technique du bâtiment, 64, octobre 1963.

[7] En 1970, Manuelle Roche publie Le M’Zab: architecture ibadite en Algérie où la contribution d’André Ravéreau est évidente. Le livre a été réédité en 2003 sous le titre Le M’Zab. Cités millénaires du Sahara, Etudes & Communication, Bez- et-Esparon, 2003.

[8] Cet article s’appuie sur des réflexions et analyses développées par l’auteure, dans : André Ravéreau, Leçons d’architecture. Exposition hommage à l’occasion du centenaire d’André Ravéreau (1919-2017) et Ruggeri Daniela, Tra Mediterraneoe Sahara. André Ravéreaue la valle del M’Zab, Lettera Ventidue, Siracusa, 2020.

[9] Ravéreau André, Habitat groupé, conférence tenue lors de l'Assemblée générale de l'ALADAR à la salle des fêtes de Lentillères, Ardèche, le 8 octobre 2016.

[10] Ravéreau André, Bertaud du Chazaud Vincent, Ravéreau Maya, Du local à l’universel, p. 15-16.

[11] « Le terme (épannelage) est expressif : comme un sculpteur qui « préforme », les volumes de son modelage par un équarrissage, ils définissaient dans la géométrie spatiale (plans et hauteurs) des îlots, une sorte d’enveloppe à la silhouette urbaine. Le système de l’îlot (qui n'était pas forcément, dans ce cas, conforme à la définition originale du terme, pouvant envelopper un espace ouvert ou fermé, pouvant être aussi un élément de ponctuation ou de tracé linéaire) devait assurer le caractère et l’unité urbaine ». Deluz J-.J, L’urbanisme et l’architecture d’Alger: aperçu critique, p. 153-154.

[12] Pour une comparaison détaillée entre la méthode de l'Agence du Plan pour Alger (1955-1959) et celle pour le M’Zab (1958-1962), voir : Ruggeri, D. Dalla città di Algeri alla valle del M’Zab, metodi a confronto. Dans Tra Mediterraneoe Sahara. André Ravéreaue la valle del M’Zab, op.cit. p. 121-125.

[13] On retiendra principalement :

Le M’Zab, une leçon d’architecture (1981), Actes Sud-Sindbad, Arles, 2003. La Casbah d’Alger et le site créa la ville (1989), Actes Sud-Sindbad, Arles, 2003. Le Sens & l’équilibre. Chapiteaux du monde méditerranéen. Bez-Esparon Études & Communication, 2003. (Avec Bertaud du Chazaud Vincent, Ravéreau Maya), Du local à l’universel (2007). Paris : Éditions du Linteau. (Avec Roche Manuelle). (1997). Le Caire, esthétique et tradition. Actes Sud-Sindbad. Arles.

[14] Exposition organisée en hommage à l’occasion  du centenaire d’André Ravéreau (1919-2017). Marseille, Galerie des Grands Bains douches de la laine du 01.03 au 13.04.2019.

 

 

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