Les patients à l’épreuve des soins. Colloque international, GRAS (Groupe de Recherche en Anthropologie de la Santé), Oran, 25 ans après, du 27 au 29 octobre 2016


Insaniyat N°80-81 | 2018 |La santé au quotidien dans les pays du Maghreb|p. 141-143 | Texte intégral


Le colloque international, sur les « patients à l’épreuve des soins »,
a permis de faire le point sur les recherches menées non seulement au GRAS, pendant 25 ans, mais aussi dans les autres espaces universitaires  nationaux et internationaux sur les expériences de soins déployées par les malades chroniques. L’objectif central de ce colloque est de permettre de mettre au jour les différentes représentations sociales, les pratiques  socio-sanitaires et les logiques sociales révélées au cours des interactions  entre les différents acteurs de la santé. Plus précisément, il s’agissait de montrer la prégnance des dynamiques socio-sanitaires construites, interprétées, étiquetées et mises en œuvre dans les espaces domestiques et professionnels par les malades chroniques, leurs parents et le personnel de santé. En donnant du sens à « l’anatomie politique du détail », selon l’expression de Michel Foucault, il était important de relever un ensemble de dimensions au cœur des rapports sociaux concrets qui marque le champ de la santé. Les attentes fortes des acteurs de la santé, faiblement satisfaites, dévoilent leur non-reconnaissance sociale et professionnelle, l’absence d’une dignité socio-sanitaire de la personne malade, une défiance encore dominante qui marque les relations entre le monde de la médecine et celui des patients.

Ce colloque international avait aussi pour objectif de mettre en perspective les interactions quotidiennes entre les différents protagonistes de la santé, en référence aux différents contextes socio-historiques, aux temporalités qui permettent de rendre compte des épreuves auxquels sont confrontés les patients chroniques pour tenter de se soigner. La notion d’épreuve est ici pertinente. Elle met l’accent sur « l’incertitude qui, dans une perspective de l’action, habite à des degrés divers, les situations de la vie sociale » (Boltanski, Chiapollo, 1999).

Cette manifestation scientifique a été structurée autour de cinq thématiques : les transformations du statut du patient dans les différentes sociétés, les inégalités sociales au cœur des différentes expériences de soins, les épreuves traversées par les patients atteints d’une maladie chronique, les différents modes d’interaction soignants/soignés, les rapports entre savoirs scientifiques et savoirs profanes.

La première séance plénière, autour du rapport de la personne aux soins, a permis d’appréhender trois thèmes importants : 1) soins et citoyenneté en Algérie, 2) l’assistance sociale en santé : quelle voie pour une prise en charge globale et digne des plus pauvres ? 3) les recours aux soins en Algérie : entre le passé et le présent.

La deuxième séance s’est davantage focalisée sur la question du handicap et les traumatismes dans la société. Les trois interventions ont décrypté le traumatisme psychique et les maladies chroniques, la qualité de vie : handicap et personne et, enfin, corps handicapé, identité et souffrance.

Le premier atelier a porté sur les enjeux de la prise en charge du patient chronique : les familles face à la maladie d’Alzheimer, les enfants atteints de troubles d’apprentissage, la prise en charge du paludisme à Bordeaux, et, enfin, la prise en charge des enfants victimes de troubles mentaux en Côte d’ivoire.

Le deuxième atelier a été centré sur les patients à l’épreuve des soins, notamment l’épreuve de la chimiothérapie chez les femmes atteintes d’un cancer du sein, les personnes âgées en « situation de dépendance », l’épreuve de l’insuffisance rénale chez les jeunes, le diabète au féminin : émotions et épreuves, et, enfin, de la cellule cancéreuse à la cellule familiale : quand le cancer vient révéler les souffrances.

Le troisième atelier a permis d’appréhender les implications des différents acteurs dans les soins. Quatre interventions ont été présentées : les donneurs d’alerte et accompagnateurs durant l’urgence médicale, les pratiques de soins des bénévoles de la santé et du handicap, les compétences des familles face au handicap de l’enfant, et enfin, les familles comme actrices dans le processus de soins.

La troisième séance s’est structurée autour de la thématique générale suivante : épreuves, souffrances et soins. Trois interventions ont été présentées : la relation de soins chez les dialysés en attente de greffe, les cancéreux algériens face au pouvoir de la manipulation médicale,
et enfin, traiter et « blâmer les victimes » : à propos de l’hypertension  artérielle au Maroc.

La quatrième séance a porté sur la prise en charge : regards croisés, en appréhendant la prise en charge des inégalités sociales et santé mentale en France, les insuffisances rénales chroniques, entre hémodialyse
et greffe rénale : regards croisés entre le psychologue et le néphrologue, et enfin, la résistance aux soins psychologiques face à l’acharnement  thérapeutique.

Le quatrième atelier s’est focalisé sur les modes d’interaction soignants/soignés dans les différents espaces de soins. Quatre interventions ont respectivement permis d’appréhender : l’équipe soignante face au trouble factice (cas du syndrome Münchaussen), la relation médecin/malade à l’épreuve de la technicisation de la reproduction, l’ethnographie de la relation patient/infirmer : hôpital Ibn Sina de Rabat (Maroc) et enfin, la séropositivité en Algérie : entre annonce de la maladie et prise en charge.

Le cinquième atelier a mis en exergue la thématique des négociations
et violences dans l’espace de soins. La première intervention : Que se passe-t-il du côté du soignant ? La deuxième présentation a porté sur les processus psychiques inconscients chez les professionnels de santé,
et enfin les représentations des morsures de serpents et choix du traitement chez les populations rurales Gourou de Bouaflé (Côte d’ivoire).

Le sixième atelier a questionné les rapports entre savoirs médicaux
et savoirs profanes. Les présentations ont porté sur : la dépression coping et auto-efficacité chez l’hémiplégique, les cancers et l’alimentation, le recours à la rouqya en Algérie et enfin, analyse comparative des représentations sociales de la médecine traditionnelle par les tradithérapeutes et les patients.

En conclusion, il est important de relever que les actes du colloque international ont été remis à l’ensemble des participants (Algérie, France, Belgique, Maroc, Côte d’ivoire, Bénin), ce qui a permis un débat plus approfondi.

Mohamed MEBTOUL

 

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