L’onomastique au service des personnages dans « Ce que le jour doit à la nuit » de Yasmina Khadra


Fatima Zohra BOUCHAKOUR: Université Oran 2, Mohamed Ben Ahmed, Faculté des Langues Étrangères, Département de Français, 31 000, Oran, Algérie.


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Étudier les noms des personnages du roman Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, nous permet de les situer quant à la stratégie discursive adoptée par l’auteur. Nous tenterons de comprendre un tel choix de dénomination. Yasmina Khadra investit dans l’onomastique pour donner une image au premier abord au lecteur. En lisant le roman, nous nous apercevons que l’attribution des noms aux protagonistes n’est certainement pas fortuite.

Khadra, à travers ce procédé discursif, tente de conférer à chaque actant une identité onomastique avant même de laisser vagabonder sa plume. Il sera question de démontrer les liens interstitiels entre les personnages et leur distribution patronymique. La dynamique patronymique pourrait révéler une infrastructure narrative riche en sens. C’est sur cette complexité que nous baserons notre travail de recherche en tentant de répondre aux questions suivantes : L’auteur nomme-t-il ses personnages pour les inscrire dans un espace ? Les attributions dénominatives reflètent-elles le personnage dans son intégralité ? Les noms attribués sont-ils à l’image des personnages ou incarnent-ils leurs facettes cachées ?

Notre travail aura pour pivots deux axes ; le premier portant sur la dualité du patronyme, le second ayant pour socle la sphère sémantique et l’incarnation patronymique. Nous ferons appel à quelques théoriciens pour structurer notre étude tels que Wilmet, Bauer, et Leguy.

Étude anthroponymique

D’emblée, l’auteur investit dans les appellations et verse dans, ce qu’on appelle « l’onomastique ». Cette branche qui est celle de la lexicologie s’intéresse au nom propre (NP), à savoir : son étymologie, sa morphologie, sa signification, son usage, sa symbolique, sa dénotation, sa représentation et sa fonction dans le discours. Nous tenterons dans cet enchevêtrement de trouver une logique aux choix des noms propres faits par l’auteur. « Les noms propres sont des lieux où s’investissent la subjectivité et la partialité » (Yermeche, 2014, p. 27) de l’auteur, ils « sont portés par la subjectivité et les faits extralinguistiques » (Yermeche, 2014, p. 28). Notre matière d’étude est constituée de noms maghrébins et européens. Nous décortiquerons chaque NP afin de démontrer le lien avec son personnage, et pour cela, nous essaierons d’étudier la composante formelle et sémantique des NP de notre corpus.

Cécile Leguy définit l’acte nominatif en linguistique ainsi :

« Désigner une personne par un nom est d’abord un phénomène de langage. Nommer, c’est en effet attribuer certains sons à une entité. Nommer une personne, c’est désigner vocalement cette personne. Le choix de ces sons peut être plus ou moins libre ; ces sons peuvent jouer différents rôles dans la vie sociale. Il n’en demeure pas moins qu’énoncés au sein d’un contexte linguistique, ils appartiennent à une langue et devraient être un objet d’étude pour les sciences du langage » (Leguy, 2012, pp. 52-81).

Nommer une personne c’est lui attribuer une sonorité, cette dernière peut être gratuite comme elle peut ne pas l’être. Ces appellations influencent d’une manière la vie sociale de l’individu qui porte ce nom propre (NP). Le NP appartient à une langue, et par conséquent, il pourrait faire l’objet d’étude des sciences du langage.

Selon Jean-Pierre Bauer, dans Histoires de prénoms « Le prénom est considéré comme élément fondamental de l’identité, articulant l’histoire collective, familiale, individuelle à l’histoire singulière d’un sujet, voire à sa destinée. » (Bauer, 1987, pp. 78-88). Le prénom n’est pas seulement une appellation qui permet de distinguer une personne d’une autre, c’est une histoire que l’individu porte avec lui durant toute sa vie, c’est l’histoire aussi de son peuple, de son ethnie, de son appartenance religieuse, raciale, reflet de sa culture, le socle sur lequel repose son identité. Beaucoup de personnalités sont interprétées sur la base des prénoms des sujets qui les portent.

Le NP est défini, selon Marc Wilmet, « Le nom propre est celui qui ne peut s’appliquer qu’à un seul être ou objet ou à une catégorie d’êtres ou d’objets pris en particulier ; il individualise l’être, l’objet ou la catégorie qu’il désigne : Paris, Molière, Provence, Anglais » (Wilmet, 1995, p. 1). Le NP confère à son porteur un caractère propre à lui, il l’individualise, le démarque des autres.

Selon Riadh Ben Rejeb, la composante formelle du prénom dépend fortement de quelques aspects: le religieux, le social, le spatial et le psychologique.

Dualité, paradoxe et incarnation du nom propre

Le nom propre entre dichotomie, opposition, et figuration, livre son secret. Qu’il s’agisse de patronyme ou de sobriquet1, ce dernier est attribué en raison d’une subjectivité (Yermeche, 2002, p. 109). Les deux exemples qui suivront sont des « patronymes construits sur la base d’un vocabulaire religieux, en référence […] aux différents noms de prophètes de différentes religions monothéistes. » (Benramdane, 2005, p. 19).

Younes/Jonas

Concernant le personnage principal, Yasmina Khadra a choisi de lui attribuer une double dénomination, à savoir « Younes » -au début du récit-, puis « Jonas » -rebaptisé ainsi par Germaine l’épouse de son oncle et aussi sa mère adoptive-. Nous nous questionnons sur cette double appellation, pourquoi la lui avoir conférée ? Cette attribution de deux substantifs pourrait être traduite par « la double identité » que semble revêtir le personnage. Ayant vu le jour dans une famille bédouine d’origine kabyle, Younes/Jonas se retrouve du jour au lendemain livré à une famille occidentale où tout est à l’opposé de ce qu’il a pu voir, ou croire tout au long de sa vie. Il est à signaler, qu’un lecteur n’appartenant pas à la même communauté que le personnage-narrateur Younes/Jonas, à savoir araberbère2, est tenu de faire quelques recherches afin de comprendre ce choix. Il semble qu’il s’agit de deux prénoms qui se disputent une identité ; un appartenant à une communauté d’origine- araberbère- et l’autre tente de forger une place au péril du patronyme initial.

Dans Histoires de Prénoms, Bauer évoque la transformation anthroponymique qu’il appelle « Les métamorphoses du prénom » dans. Cette transformation peut être effectuée par le sujet lui-même ou par une autre personne, elle se traduit par : des diminutifs, les jeux de noms et les effets de changements de langue. La troisième transformation s’applique au personnage. En effet, afin de l’accueillir dans la communauté des Pieds-Noirs, Germaine le rebaptise. L’anthroponyme répond « à un besoin de singularisation, de distinction et de précision de la personne nommée par la reprise de l’un de ses traits caractéristiques » (Yermeche, 2002, p. 97) qui est son patronyme initial « Younes ».

Pour comprendre un tel choix de dénomination, nous commencerons par dévoiler l’étymologie, la morphologie, et la sémantique de chaque dénomination conférée.

Younes : en arabe "يونس", « Younes Le prénom masculin d’origine arabe vient du patronyme hébraïque « Yôna(h) » (ou Jonas). Le patronyme est la variante arabe du prénom biblique « Jonas » (Yônah en hébreu). Venant de « Yûnus », il signifie « colombe » ou « proche de Dieu ». Ce prénom se traduit également par « baleine » en araméen, en référence à l’aventure de Jonas relatée dans l’Ancien Testament. »

Jonas : prénom masculin tirant son étymologie aussi de l’hébreu de « yôna » et qui signifie « colombe ». Ce prénom renvoie à un personnage biblique qui est le prophète Jonas, ce messager qui a séjourné dans le ventre d’une baleine et qui s’était délivré après sain et sauf.

À travers ce choix onomastique, Khadra confère à son personnage un caractère tantôt coranique, tantôt biblique. L’aspect religieux transparaît dans sa personnalité « […] Vous êtes musulman, un bon musulman d’après mes informations » (Khadra, 2009, p. 247) exemple lorsqu’il fait la promesse de ne jamais se rapprocher d’Emilie car il avait touché sa mère, et de peur de tomber dans l’inceste, il tient sa promesse. Ainsi, l’auteur attribue des patronymes hagionymiques3 ; des anthroponymes religieux. Farid Benramdane déclare à ce propos que la société algérienne est « une société où le système de représentation […] est fondé sur la symbolique du Nom, caractérisée tantôt par une surdétermination du signifié […], tantôt par une surdétermination du signifiant. » (Benramdane, 1999, p. 15).

Guidé par un tel choix -la double dénomination-, la stratégie qu’adopte Khadra impose cette dualité de l’identité et de la communauté.

L’identité : au début du récit, il est Younes, vivant au sein de sa famille ; son père, sa mère, et sa sœur. Par la suite, il est confié à son oncle pharmacien afin de lui garantir un avenir, et là, il devient Jonas. Ne sachant plus qui il était réellement, Younes/Jonas s’interroge sur sa propre identité « […] Comment avais-je pu me passer de cette partie de moi-même ? […] Qui avais-je été à Río ? Jonas ou Younes ? » (Khadra, 2009, p. 303). Le narrateur est conscient de la situation dans laquelle il se trouve. Il ne sait plus s’il est Younes, jeune homme berbère bédouin qu’il était, ou s’il est Jonas, jeune homme émancipé et intellectuel. Il se demande comment avait-il pu céder à sa nouvelle vie et à tout ce qu’elle lui offrait en cédant à tout ce qu’il était avant d’être occidentalisé. Río, lieu où les péripéties se sont déroulées, représente un espace de mutation pour le protagoniste. C’est cet espace qui l’a affranchi de toutes affiliations, mais y a-t-il laissé une parcelle de lui-même ? Voilà la question qu’il se pose à présent, est-il ce qu’il a toujours été ; jeune bédouin berbère à la vie simple ou est-il devenu Younes, ce jeune araberbère occidentalisé malgré lui - sachant qu’il n’a manifesté aucune résistance quant à sa reconversion.

Communauté : Younes/Jonas vit entre deux communautés ; à savoir araberbère et française. Etant né dans un milieu purement algérien, Younes/Jonas se voit, du jour au lendemain vivre et contraint de s’adapter à une communauté à l’antipode de la sienne. Au début, l’immersion n’était pas chose aisée. Isabelle l’avait rejeté car il était Arabe ; par conséquent, il lui était impossible de se voir avec une personne d’une race qui lui était inférieure -selon la vision du colon à cette époque, la plupart des Arabes étaient des domestiques-, puis vient le tour de ses camarades d’école qui l’avaient rejeté aussi. Il est tabassé par Jean-Christophe, qui devient par la suite un de ses meilleurs amis. Younes/Jonas remettait toujours son statut en question, il ne savait à quelle communauté il appartenait, il se questionnait sans cesse « […] Partagé entre la fidélité à mes amis et la solidarité avec les miens, je temporisais. […] je serais contraint d’opter, tôt ou tard, pour un camp » (Khadra, 2009, p. 201). Il sera obligé de choisir son camp, redevenir Younes et exprimer sa solidarité à son peuple, ou rester Jonas, l’Araberbère occidentalisé ? Un dilemme le torturait intérieurement sans le déclarer, et c’est Jelloul qui l’éveille à cette réalité qu’il refoulait et qui allait tôt ou tard faire surface et l’obliger à trancher pour se retrancher sur un seul territoire au lieu « d’avoir le cul entre deux chaises » et c’est ainsi que l’éveil progressif se faisait « C’est ça, Younes. Tourne le dos à la vérité des tiens et cours rejoindre tes amis … Younes… J’espère que tu te souviens encore de ton nom…Hé ! Younes… » (Khadra, 2009, p. 201). Jelloul l’interpelle quand Younes/Jonas quitte les lieux, il l’appelle par son prénom arabe, comme pour lui rappeler sa place, sa culture, son appartenance, ses origines. Il lui demande s’il se souvient toujours de son nom, mais il fait allusion à l’identité et à l’appartenance de ce dernier. Il lui répète son nom trois fois comme pour éveiller le petit araberbère qui sommeille en lui.

Younes/Jonas est ce croisement de deux visions du monde totalement opposées. Il se trouve au carrefour de deux espaces contradictoires. Dans l’un, tout est permis, dans l’autre, tout est tabou et interdit. Trouvera-t-il un terrain d’entente où il pourrait rallier les deux communautés, ou sera-t-il, tôt ou tard contraint de trancher pour un côté ? Tel est son dilemme qui le ronge. Finalement, il n’aura pas à trancher puisque le sort décide à sa place.

Issa

En arabe « Aïssa, عيسى », « Issa est un prénom d’origine hébraïque avec une connotation forte avec Le Sauveur, à savoir Le Christ. Issa est un prénom arabe, dérivé de « Aïssa ». C’est la transcription arabe du nom de Jésus-Christ.

Le personnage porte un nom onomastique significatif et emblématique. « Il existe une raison objective à son attribution » (Yermeche, 2002, p. 109). Sur le plan religieux, Issa renvoie à Jésus -l’équivalent du prénom dans la langue française et dans la culture occidentale, c’est aussi l’équivalent biblique du prénom coranique-, le messie, le sauveur, le salvateur. C’est le prénom coranique de Jésus de Nazareth d’origine juive qui a tenté de sauver son peuple. Il est aussi le fils de Meriem ; Marie dans la confession chrétienne, « la vierge immaculée ».

Ce personnage, dans la trame narrative, a tenté lui aussi de faire de la sorte avec sa famille, la sauver de l’échec et de la perte qu’ils ont connus, mais ses efforts n’apportent rien. Il finit par dériver et disparaître à la fin du récit sans laisser de traces. Il est à soulignerl’aspect contradictoire que semble avoir conféré Khadra à son personnage ; Issa, prophète salvateur à qui le personnage renvoie, n’a pu sauver sa famille de la dérive dans laquelle ils se sont retrouvés et ont dépéri. On pourrait considérer cet acte dénominatif comme un sobriquet puisque le salvateur échoue.

Zahra

Prénom arabe, qui signifie « fleur », et qui renvoie aussi à la fille du prophète Mahomet « Fatima Ezohra ». Le prénom peut connaître plusieurs graphies : Zohra, Ezahra, Zahra, Zuhra, El Zahra, etc. Généralement, le prénom « Zohra » est précédé de « Fatima », il s’agirait, dans ce cas-là, d’un prénom composé qui renverrait à la fille du dernier Messager d’Allah. Chaque composition a une signification ; « Fatima » qui tire son étymologie de "الفطم" [fotm] qui signifie « sevrage », et « Zohra » renvoie à la « fleur », « resplendissante », « lumineuse ».

Le prénom « Zohra » prête aussi son nom à la planète « Vénus », qui en arabe est appelée " الزهرة " [ezahra]. Cette planète est la deuxième dans la constellation quant à son rapprochement du soleil. L’appellation de Vénus reviendrait à la déesse grecque de la Beauté et de l’Amour, par contre, « Ezahra » signifie la blancheur et la lumière. Il s’agit bien d’un prénom qui tire son origine de la langue sémitique. Il s’agit donc d’un terme polysémique.

Le personnage est à l’antipode de ce que le prénom qu’elle porte véhicule : splendeur ou luminosité, elle est telle une fleur qui se fane au fil des jours qui passent, Zahra est un personnage taciturne, « […] elle était silencieuse et effacée » (Khadra, 2009, p. 92) passif, qui meuble le récit. Nous dirions même qu’elle n’a aucun rôle à jouer dans l’histoire, mais en nous intéressant de plus près, nous remarquons que le silence qu’elle porte n’est que celui de son mutisme : « Elle n’était pas malade. Elle n’était pas folle. Elle est seulement sourde et muette. Mais elle comprend et apprend vite » (Khadra, 2009, p. 149).

Drôle d’attribution onomastique quand nous découvrons le personnage, mais sa dénomination n’est pas dénuée de symbolique. Elle pourrait représenter l’Algérie assujettie. Une Algérie qu’on fait passer sous silence depuis plus de cent ans, un pays qu’on souhaite franciser à tout prix, lui trouver une appartenance gauloise de force. Elle ne fait que regarder ce qui se passe autour d’elle sans donner son avis, sans prêter sa parole, peut-être qu’elle n’avait pas le droit de le faire d’où le choix de Khadra de prendre pour personnage une muette. Le choix de l’enfant n’est pas fortuit, toutefois, il pourrait être traduit comme un pays à peine éclos et vierge de toute modernité tombée entre les mains d’un spoliateur qui souhaite bleuir4 le sang rouge algérien. Elle incarnerait ceux qui n’ont pas le droit de parler.

Bliss

Incarne son patronyme, « il assure une fonction de dénomination/caractérisation » (Yermeche, 2002, p. 97). Khadra n’aurait pu faire un meilleur choix. En effet, il s’agit d’un personnage « charognard », à l’affût de la moindre famille en détresse, guettant ses proies avec joie. Bliss est courtier, il loge généralement les personnes démunies : « C’était un courtier surnommé Bliss, une espèce de charognard à l’affût d’une détresse à féconder » (Khadra, 2009, p. 30).

Dans la langue arabe et dans la religion musulmane, « Bliss » signifie « diable », c’est « Satan » en arabe, c’est "ابليس" [iblis], l’ange créé de feu, banni par Allah à cause de son insoumission. En effet, selon la sourate « La Caverne » "الكهف" [elkahf], Bliss a refusé de s’agenouiller face à Adam -l’humain fait d’argile-, lui, qui est fait de feu, trouve dans cette demande divine une infériorisation du statut d’ange de feu. Comme l’écrit Kheira, « À l’opposé, d’autres théories le considèrent riche de sens. Ainsi, pour Breal « les noms propres sont les plus significatifs de tous les mots, étant les plus individuels » ; cette idée va être reprise par Jespersen qui considère que « les noms propres ont énormément de connotations » (Merine, 2013, p. 2). Les noms propres sont porteurs de sens, de symbolique et de connotation. En effet, il est question, dans l’exemple sur lequel nous nous appuyons, de démarcation particulière, celle d’une attribution singulière, le personnage « Bliss » semble satanique en son for intérieur, il s’agit d’une personne à l’antipode des valeurs morales. Il profite de la misère des plus démunis qui sont à sa merci. Profitant ainsi des femmes dans le besoin, « Bliss » semble n’avoir ni de limites, ni de morale.

Il nous a été possible de voir, à travers les échantillons disséqués, le patronyme entre dualité, paradoxe et incarnation. Le nom propre est révélateur d’une sémiotique qui va au-delà du simple acte dénominatif. Il peut connaître une mutation linguistique trouvant son équivalent dans un système linguistique très différent du système linguistique initial, une création langagière comme pour attester d’une imbrication culturelle double. Cette création discursive peut refléter un aspect à l’antipode de la charge sémantique du protagoniste, comme il est possible qu’il revête comme un gant son attribution onomastique.

Le nom propre : entre sémantique et incarnation

Au cours de notre lecture, quelques attributions onomastiques nous ont interpellé.

Badra

Tire sa racine du mot "البدر" « badr », et qui signifie « pleine lune »

"البَدْرُ : القمرُ ليلةَ كماله"5. Comme à chaque quatorzième jour du mois lunaire, la lune devient complète, et par conséquent, elle agit sur le sommeil « Des scientifiques suédois ont étudié l'influence lunaire sur le cycle du sommeil. Pour cela, ils ont observé l'activité cérébrale de 30 volontaires durant une nuit de pleine lune. Leur taux de mélatonine, l'hormone du sommeil, baisse jusqu'à un niveau très bas ces soirs-là. »6. De ce fait, l’activité du cerveau diminue de 30 % par exemple, et ce n’est qu’un effet parmi tant d’autres.

Il existe, toutefois, des idées reçues sur l’effet de la lune sur différents éléments, exemple des personnes qui se coupent les cheveux en pleine lune afin que la pousse s’accroisse, ou qu’elle inflige aussi l’irritation et la nervosité. Cependant, nous n’avons pas de preuves scientifiques à présenter afin de confirmer les croyances que nous venons de citer, mais pourrait contribuer à mieux comprendre un tel choix d’attribution onomastique.

Tout comme la lune et ses effets sur les différents éléments qui nous entourent, Badra, personnage singulier a, elle aussi, son influence sur ses voisines :

« Quand le chagrin menaçait de les emporter, Badra rebondissait sur les délirants cafouillages coïtaux de son premier époux et, comme sous l’effet d’une formule magique, les tristes souvenirs desserraient leur morsure et les femmes se répandaient par terre en tressautant de rire ; la bonne humeur reprenait le dessus sur les évocations assassines et le patio recouvrait un bout de son âme.» (Khadra, 2009, p. 39).

Tel est ce personnage assimilé à « la pleine lune », un personnage influent qui fait passer ses voisines des larmes au rire en quelques secondes. L’expression « sous l’effet d’une formule magique » nous laisse penser aux effets de la lune chaque mois sur la Nature et sur l’Homme. La lune influence la hauteur des marées, la pousse des cheveux, l’humeur de l’individu, et Badra, notre « amazone éléphantesque qui adorait raconter des grivoiseries » (Khadra, 2009, p. 38) influence son entourage, les membres qui constituent son voisinage, et probablement sa seule famille. Elle tente de les distraire, de leur faire oublier leur misère et leur condition d’individus en perdition.

Ce nom fut donné par les Médinois au Prophète lorsqu'il émigra de La Mecque à Médine. Un chant fut même composé en l'honneur de Mohammed al Badr. Attribué au féminin, Badra est une sorte de synonyme « lumineux de la beauté ». Dans la mesure où le prénom « Diane » se réfère également au symbolisme de la lune, on peut fêter Badra à la Sainte-Diane7.

Ainsi, à travers ce passage, nous découvrons l’aspect religieux du prénom « Badra », nous ne pourrions parler d’incarnation de beauté dans notre cas puisque, à aucun moment, notre personnage-narrateur n’y a fait allusion. Khadra est dans la description du détail, il aurait souligné cet aspect de notre personnage. Elle reste, toutefois, leur « bouffée d’oxygène. » (Khadra, 2009, p. 38).

Hadda 

Le prénom « Hadda » pourrait tirer son étymologie du mot arabe "حداد" « hidad », qui signifie en français « deuil », « Hadda » prend un « a » à la fin, la marque du féminin dans la langue arabe des noms -qu’ils soient propres ou communs-. Le nom commun est féminisé pour donner naissance à ce prénom.

Accrédité de valeur onomastique, notre personnage porte bien son prénom de « Hadda », comme cela est cité préalablement, ce prénom renverrait au « deuil », et c’est -en quelques sortes- le cas du personnage dont le mari a disparu du jour au lendemain sans crier gare et en ne donnant aucun signe de vie, effacé totalement du récit « […] Son mari était sorti un matin chercher du travail et n’était plus revenu. Livrée à elle-même, sans repères ni ressources, elle ne devait sa survivance qu’à la solidarité de ses colocataires. » (Khadra, 2009, p. 39). Elle ne sait si elle doit faire son deuil ou espérer qu’un jour, son mari lui revienne et pour cela, elle se laisse prêter au jeu de la voyance de sa voisine Batoul, essayant de voir en l’avenir une lueur d’espoir, cette dernière ne la rassure guère :

« Seule Hadda ne riait pas. […] Elle semblait triste et n’avait rien dit depuis qu’elle avait pris place au milieu des autres. Soudain, elle tendit le bras par-dessus la table basse et présenta le plat de sa main à Batoul.-Dis-moi ce que tu vois ?Il y avait un énorme chagrin dans sa voix. […]- Dis-moi ce que tu y lis, ma bonne voisine. J’ai besoin de savoir. Je n’en peux plus. Batoul scruta longuement la paume. En silence. -Est-ce que tu vois mon époux ? L’empressa Hadda, à bout. Où est-il ? Que fait-il ? A-t-il pris une autre femme ou est-il mort ? Je t’en supplie, dis-moi ce que tu vois. Je suis prête à affronter la vérité quelle qu’elle soit. » (Khadra, 2009, pp. 49-50).

Toujours triste et recroquevillée dans son coin, Hadda ne pense qu’à son mari; est-il parti de son plein grès ou l’a-t-on forcé à rester là où il est ? Est-il vivant ou mort? Les a-t-il abandonnés ou a-t-il été tenté par quelque chose et, par conséquent, il a été contraint de rester là où il serait? Appartient-il à ce monde toujours ou a-t-il franchi la lumière pour rejoindre le monde des morts ? Tels sont les questionnements de la jeune et belle houri. Elle ne sait si elle doit faire le deuil et passer outre cette histoire ou attendre en espérant qu’un jour il lui revienne afin de l’extirper de la misère elle et ses enfants. Hadda ne peut faire son hided8, car elle ne sait si son époux fait toujours partie de ce monde ou pas.

Selon un dicton arabe, « z’har echinna fel s’ma, wa z’har ezina fel h’ma »9. Nous traduisons littéralement : « la chance de la moche est dans le ciel (toujours en hauteur, élevé), et la chance de la belle est dans les caniveaux (au plus bas)». Ce dicton tente d’informer sur l’infortune de la belle, celle qui n’a -généralement- pas de chance, tout comme c’est le cas de Hadda, « cette jeune femme à peine éclose […] Hadda, belle comme une houri, à peine adolescente que déjà flanquée de deux gosses.[…] Elle était recroquevillée sur elle-même, toute menue mais belle à ravir, avec ses grands yeux de sirène et ses jolies fossettes dans les joues[…] -Tu as une main de fée, Hadda. » (Khadra, 2009, pp. 38-39-40) Hadda, la belle voisine livrée à son triste sort.

Emilie 

Le prénom Émilie possède diverses origines : latine, grecque et germanique. Le prénom Émilie tire son origine du terme latin aemulus qui se traduit par « rival » ou « émule ». D’autres sources affirment que ce prénom serait issu du grec haimulos signifiant « rusé ». Par ailleurs, en langue germanique, le prénom Émilie veut dire
« travailleuse »10.

Il peut connaître d’autres formes orthographiques comme « Emily » par exemple. Nous pourrions essayer de démonter cette structure orthographique et l’interpréter ainsi :

Emilie= aime (em) l’amour profond qu’elle nourrit pour Younes « […] Mon cœur appartient à quelqu’un d’autre, précisa-t-elle en serrant doucement ma main contre sa poitrine… » (Khadra, 2009, pp. 268-269), il Younes « Elle me prit la main et la posa sur son sein : -Voyez comment mon cœur bat, Jonas…Younes… » (Khadra, 2009, p. 257), lit (lie) du verbe « lire », il lit dans son regard et dans ses gestes tout ce qu’elle éprouve et ce qui la ronge « Les yeux peuvent mentir, pas le regard ; celui d’Emilie était en perte de vitesse. […] Sa beauté n’avait d’égale que la peine qu’elle taisait derrière l’éclat de ses yeux et l’étirement charitable de son sourire. » (Khadra, 2009, p. 256), devant lui, elle est mise à nue, ses sentiments la trahissent en livrant au regard de Younes/Jonas les secrets qu’elle tait en son for.

Si nous devions trouver un équivalent linguistique à ce prénom dans la langue arabe, ce serait le prénom أمال"" de "أمل", ce qui signifie « espoir », l’espoir qu’elle garde d’être avec l’être qu’elle aime et qu’elle chérirait jusqu’à la fin de sa vie. De "أمل", nous pouvons déboucher sur « أملي », qui signifie en arabe « mon espoir », l’espoir qu’elle obtienne un jour une réponse quant au refus auquel elle y a eu droit alors que les sentiments de Younes/Jonas et d’Émilie étaient partagés, l’espoir d’avoir réponses à ses questionnements « […] ça me travaillait jour et nuit […] -Qu’est-ce que tu me caches, Younes? Qu’est-ce que tu ne veux pas me dire? […]- Tu vois? me dit-elle. Tu ne veux toujours pas me dire. » (Khadra, 2009, p. 353).

Étant donné l’appartenance raciale de Khadra, il nous semble judicieux de revenir à la langue maternelle de notre auteur afin de mieux comprendre de tels choix, même si l’attribution dénominative est faite en langue française, le retour vers l’arabe pour essayer de comprendre une telle attribution est obligatoire pour justifier l’utilisation et ces choix onomastiques.

En plaçant cette forme linguistique dans la structure de la trame narrative, nous découvrons qu’elle n’est pas fortuite comme cela pourrait sembler. En effet, le choix d’une telle attribution onomastique est très clair, Khadra a beaucoup misé sur la sémantique et la symbolique des NP qu’il a choisis.

Germaine 

« Vient du latin "germen" Signifie : "du même sang, de même race" »11.

  • Germain, germaine (latin germanus) : adjectif, s’emploie pour désigner de façon générique et sans ambiguïté les frères ou sœurs issus des mêmes père et mère (par opposition à ceux qui sont soit consanguins ou utérins).
  • Cousin germain : cousin né du frère ou de la sœur du père ou de la mère12.

Dans le dictionnaire Le Petit Larousse, il est question de lien sanguin, le lien qui unie les frères et sœurs, ou celui qui unit les cousins (germains ou pas). Dans notre exemple, il s’agit d’un lien, certes, mais pas sanguin, c’est au-delà du lien sanguin que Germaine se lie à Younes, c’est au-delà du sang que Germaine s’est enracinée en Algérie. En effet, elle devient la mère adoptive du personnage narrateur Younes/Jonas, il parle même de cordon qui le rattachait à elle, on pense forcément au cordon ombilical qui relie la mère à son fils, surtout quand la mère biologique disparaît du récit :

« Mes questions l’avaient blessée. En particulier la manière dont je les avais posées. […] Ce fut la première fois qu’elle me regardait de cette façon. Je compris que le cordon qui me rattachait à elle venait de s’effilocher, que la dame qui avait été tout pour moi- ma mère, ma bonne fée, ma sœur, ma complice, ma confidente et amie- ne voyait plus en moi qu’un étranger. »
(Khadra, 2009, p. 376).

Le lien qui les unissait disparaissait peu à peu. Germaine était tout pour lui, sa famille, à savoir, sa mère et sa sœur qui avaient disparu, sa complice, sa confidente, son alliée et sa chance, mais il finit par perdre son statut, il venait de rompre le lien qui les unissait, et cela, rien qu’en prononçant des paroles crues. Sa présence pour lui était un soutien. La femme qui ne germe pas (n’enfante pas), avait fini par germer, et par avoir un fils, mais un fils de cœur, celui du frère de son mari, à savoir son beau-frère « -Chère Germaine, dit mon oncle d’une voix frémissante, je te présente Younes, hier mon neveu, aujourd’hui notre fils. »
(Khadra, 2009, p. 77).

Nous pourrions aussi justifier une telle appellation à travers la profonde implantation des Pieds Noirs en Algérie, il semble que Germaine soit bien enracinée, elle n’est pas seulement native d’Oran, mais toute sa famille l’est sur plusieurs générations, l’extrait qui suit dévoile l’attachement familial aux terres algériennes :

« - Est-ce que vous savez que vous ressemblez à ma cousine Mélina, madame ?... Tout à l’heure, en arrivant, j’ai cru avoir des visions. C’est fou comme vous lui ressemblez. Mêmes cheveux, même couleur des yeux, même taille. Vous n’êtes pas d’origine grecque, des fois, madame ?

- Non, monsieur.

- Vous êtes de quel coin, alors ?

- D’Oran. Quatrième génération.

- Waouh ! Si ça se trouve, votre ancêtre a croisé le fer avec le saint patron des Arabes… Moi, j’suis en Algérie que depuis quinze ans seulement. J’étais matelot. On a fait escale par ici. Dans un fondouk, j’ai rencontré Berte. Tout de suite, j’ai dit terminus. J’ai épousé Berte et nous nous sommes installés à la Scalera… .C’est une très belle ville, Oran.

- Oui, dit Germaine avec chagrin, c’est une très très belle ville. » (Khadra, 2009, p. 125).

Germaine a bien germé en Algérie. La présence de sa famille date de plusieurs années. Elle est la quatrième génération de sa famille à être en Algérie. Elle semble beaucoup aimer sa ville natale Oran, au point d’être chagrinée en la quittant, comme si une parcelle d’elle allait y demeurer :

[…] La démence, la peur, le chagrin, le naufrage, la tragédie n’avaient plus qu’un seul visage : le leur.

Germaine était assise sur le seuil de la pharmacie, la tête dans les mains. Nos voisins n’étaient plus là ; leurs chiens tournaient en rond derrière les grilles.

« - Que dois-je faire ? me demanda-t-elle.

- Tu restes, lui dis-je. Personne ne portera la main sur toi.

Je la pris dans mes bras. J’aurais pu la contenir dans le creux de ma main tant elle m’avait parue minuscule, ce jour-là. Elle n’était que chagrin et désarroi, hébétude et abattement, défaite et incertitude. Ses yeux étaient rouges de pleurs et de peur. Ses jambes s’entrechoquaient sous le poids […] Je tenais entre mes mains toute la consternation du monde. » (Khadra, 2009 , pp. 388-389).

Batoul 

En arabe "بتول", c’est-à-dire « la vierge »:

"المنقطعة عن الرجال، المضربة عن الزواج، من الفعل: بتله إذا قطعه وأبانه عن غيره"13

Traduction; « El Batoul, c’est celle qui fait abstinence des hommes, vœu de chasteté, ce prénom vient du verbe " بتل" « rompre, couper contact et lien »."بتول" renvoie à مريم البتول"" 14 qui, chez les chrétiens, est « La vierge Marie », mère de Jésus-Christ, l’immaculée, appelée aussi Marie de Nazareth, elle a fait vœu de chasteté dans l’intention de consacrer sa vie à la dévotion et l’adoration de Dieu.

La voyante, le personnage qui se démarque de ses voisines par un don particulier qui est celui des prémonitions, tout comme La Vierge Marie fut choisie parmi toutes les femmes du monde, dans Le Saint Coran, Dieu avait choisi Miryam afin d’être la mère de Jésus

"وَإِذْ قَالَتِ الْمَلَائِكَةُ يَا مَرْيَمُ إِنَّ اللَّهَ اصْطَفَاكِ وَطَهَّرَكِ وَاصْطَفَاكِ عَلَىٰ نِسَاءِ الْعَالَمِينَ"(42)15

« (Sourate Al Imrane) « (Rappelle-toi) quand les Anges dirent : "Ô Marie, certes Allah t'a élue au-dessus des femmes des mondes" »16.

Dans le roman, Khadra choisit de créer un personnage aux dons surnaturels et de ce fait, il lui attribue l’appellation de « Batoul, ce qui fait de NP une entité dénominative aux particularités originales. Il n’est pas aisé de faire le lien avec Marie La Vierge si nous ne connaissons pas la signification du prénom Batoul, il est donc à signaler qu’un individu étranger à la culture araboberbère devra faire une recherche afin de comprendre un tel choix de cette langue étrangère.

Ses prémonitions sont justes, ce qu’elle a prédit à sa voisine Hadda est arrivé « […] Batoul avait vu juste. Il y avait beaucoup trop d’hommes autour de la belle Hadda et si peu de joie. Son nouveau patio, avec ses paillettes de pacotille, ses lumières tamisées, ses décors fantasmagoriques, ses beuveries, ressemblait à un rêve, mais ce n’en était pas un… » (Khadra, 2009, p. 169).

Il en ressort de cet axe, la complexité et l’éclectisme linguistique dont fait preuve l’auteur pour agrémenter son récit. En effet, il semblerait que le choix patronymique des protagonistes ne soit pas gratuit, et verse dans l’incarnation de ces derniers. Il nous a été possible de le constater à travers Badra, ce personnage lunatique comme dérivé de la lune, Hadda qui porte son deuil tel Sisyphe et son rocher, Émilie qui carbure aux sentiments, et Germaine qui ne verra guère germer ses entrailles. L’étude discursive de l’ensemble patronymique révèle l’existence d’un soubassement discursif basé sur l’attribution patronymique ayant pour socle le « sens ».

Conclusion

L’examen du corpus nous a montré que les aspects religieux et culturel dominent. En effet, chaque dénomination choisie pour les personnages, chaque attribution onomastique est étudiée de près afin de représenter au mieux chaque protagoniste. Le nom propre conféré à chacun des personnages n’est pas gratuit, il a une forte charge sémantique.

L’attribution patronymique regorge de sens et les interprétations fusent de toutes parts. Les dénominations sont taillées sur mesure pour chaque personnage au millimètre prés. La rigueur de l’auteur se traduit explicitement dans cette démarche discursive.

Les prénoms que nous venons de disséquer attestent de l’éclectisme algérien, tantôt sur la richesse linguistique tantôt sur la sémantique. Cet amalgame qui fait que l’Identité algérienne est plurielle et variée.

Au-delà du simple fait de conférer une sonorité à une entité, nommer transcende le simple fait de juxtaposer des sons, il est à présent un acte où un personnage s’impose, se définit, et s’exalte par des choix patronymiques dûment pensés ; À l’instar de Younes/Jonas qui vacille entre deux mondes, l’un à l’antipode de l’autre, Issa qui échoue pour sauver sa famille, Zahra qui fane avant d’éclore, Bliss qui souhaite violer toute règle morale, Badra la lunatique, Hadda dans un deuil infini, Émilie qui déborde de sentiments, et Germaine qui ne germera guère.

Ces attributions onomastiques soulignent des infiltrations historiques, traditionnelles, culturelles, psychologiques, et sociales. La sémantique à laquelle renvoie chaque prénom est riche et symbolique à la fois, elle représente le pivot de notre travail.

Nous pourrions, ultérieurement, nous intéresser au double aspect que recèle le nom selon qu’il est masculin ou féminin, s’il se plie aux règles de Brunnel, de flexibilité par exemple, ou pas. Notre champ de recherche tend à déployer davantage ses ailes afin d’atteindre des horizons nouveaux.

Bibliographie 

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Benramdane, F. (1999 septembre-Décembre). Espace, signe et identité au Maghreb. Du nom au symbole. In Histoires et pratiques interculturelles au Maghreb, Insaniyat, 2(9).

Benramdane, F. (2005). Nomination et dénomination. Des noms de lieux, de tribus et de personnes en Algérie. Benramdane, F. et Brahim, A. (dir.), Oran : Éditions CRASC.

Khadra, Y. (2009). Ce que le jour doit à la nuit. Paris : Pocket.

Leguy, C. (2012). Noms propres, nomination et linguistique. In Nomination et organisation sociale, Chave-Dartoen, S. ; Leguy, C. et Monnerie, D. (dir.), Paris : Armand Colin (Recherches).

Merine, K. (2013). Le Nom propre au Maghreb et son rapport avec l’actualisation. In Le Nom propre maghrébin de l’homme, de l’habitat, du relief et de l’eau, Yermeche, O et Benramdane, F. (dir.), Oran : Éditions CRASC.

Wilmet, M. (1995). Le Nom propre en linguistique et en littérature [en ligne], Bruxelles : Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

Yermeche, O. (2002 mai-décembre). Le Sobriquet algérien : une pratique langagière et sociale. In Langues et société, insaniyat (17-18), 97-110.

Yermeche, O. (2014). La Dénomination des langues, des territoires et des personnes en Algérie, ou l’itinéraire conjoncturel des noms. Études et Documents Berbères, (33), 27-44.

Sitographie

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Notes 

1 Surnom moqueur, mais dans notre cas, le surnom octroyé au personnage principal ne l’est pas.

2 Néologisme créé par Yasmina Khadra pour unir les deux peuples ; Arabes et Berbères. Ainsi, et par le biais de ce vocable, l’auteur résume l’appartenance raciale algérienne.

3 Hagionymiques : du grec « hagios » qui veut dire « sacré ».

4 Le sang bleu renvoie à l’appartenance française.

5 Lien URL : https://vu.fr/myIv/ [Site consulté le 13 novembre 2018 à 18h28].

6 Lien URL : https://vu.fr/oBqVv [Site consulté le 13 novembre 2018 à 18h41].

7 Lien URL : https://vu.fr/NTXL [Site consulté le 13 novembre 2018 à 17h47].

8 Hided "حداد" : deuil en arabe.

9 Dicton arabe.

10 Lien URL : https://vu.fr/TYhjZ [Site consulté le 14 novembre 2018 à 21h00].

11 Lien URL : https://vu.fr/DYAB [Site consulté le 20 novembre 2018 à 20h24].

12 Dictionnaire Le Petit Larousse Illustré 2010.

13 Lien URL : https://vu.fr/QZkLt [Site consulté le 17 novembre à 21h13].

14 La vierge Marie (en français).

15 Lien URL : https://vu.fr/RjWRV [Site consulté le 17 novembre 2021 à 22h20].

16 Lien URL : https://vu.fr/bjey [Site consulté le 17 novembre 2018 à 22h22].

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