N°23-24 | 2004 | Oran : Une ville d'Algérie | p. 151-166 | Texte intégral
Cheikh Belguendouz’s assassination by the Bey Hassan of Oran in 1829 Abstract : In the disturbed region of Oran at the end of the Turkish regency, the oppression exerted by the last Bey of Oran, Hassan, particularly fell on men of piety and scholars, the “marabous” being accused of trouble because of their popularity Key words : Oran region - popular poetry - brotherhood - turkish period - history. |
Ahmed-Amine DELLAÏ : ِCentre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, 31 000, Oran, Algérie
La fin de la période turque en Oranie a été marquée par deux grands soulèvements populaires dirigés l’un par les Derqaouas [1] et l’autre par les Tidjania [2] .
La révolte des Derqaouas [3] , la plus longue et la plus violente, a débuté sous le premier beylicat de Mustapha El-‘Adjmi (1800-1805) [4] et s’est poursuivie jusque sous le gouvernement du bey Kara-Baghli (1813-1826) [5] .
Quant au Tidjani Ahmed Ben Salem c’est en l’an 1826 qu’il prend la tête des tribus du Sud et de l’Oranie, principalement les Hachem [6] , en révolte contre le pouvoir central turc représenté par le Bey Hassan Ben Moussa (1826-1830) le dernier bey d’Oran.
Mais il finit par être vaincu, puis décapité et une répression féroce s’abattit alors sur les tribus insurgées et les « marabouts » soupçonnés d’alimenter le mécontentement populaire.
Tel le cheikh Mohamed Belguendouz El-Qaddâri Et-Tidjâni [7] , qui, comme le note Louis Rinn [8] « porta ombrage au bey Hassan, qui, n’aimant guère les khouan et le trouvant dangereux, le fit arrêter, conduire à Mazouna [9] et exécuter en 1829 ».
L’exécution injuste de cet homme de piété et d’étude a eu un grand retentissement et son souvenir a été immortalisé par l’un de ses élèves à la zaouia de Tahamda [10] le poète et fondateur, vers 1859, de la tariqa Takkoukia [11] -Sanoussia, Charef Bentakkouk (1794-1890), dans ce chant du genre invocatoire que nous présentons ici et qui, comme le note cheikh Mehdi Bouabdelli, continue jusqu’à nos jours à être récité par les étudiants de cette zaouia tous les vendredis [12] .
De ce même poète nous avons un autre texte appelé « العقاب » (l’aigle) [13] dans lequel, utilisant la métaphore du roi des oiseaux aux ailes brisés, il se lamente sur les revers brutaux de la fortune et les vicissitudes amères de l’existence, thème cher à nos poètes, et invoque le secours du saint dont il se déclare le fidèle serviteur, Sidi Abdelkader El-Djilali.
Cette qacida est, de toute évidence, postérieure à notre chant-ci -nous pouvons le dater autour de l’année 1854, soit cinq ans avant la fondation de sa zaouia- car il y déclare avoir servi le patron de Baghdad durant soixante années écoulées.
Quant à la « غوثية », ou « supplique » [14] , qui est l’objet de cette présentation, elle a été écrite, nous dit Mehdi Bouabdelli [15] qui se base sur certains passages du texte, probablement après son retour d’exil du Maroc où il s’était enfui après l’assassinat de son maître. Aboul Kacem Saadallah qui dit ignorer la date exacte de son retour d’exil, pense pouvoir la situer, sur la foi de sources françaises, après 1847, date de la reddition de l’Emir Abdelkader [16] .
Quoi qu’il en soit, cette pièce poétique en langue algérienne [17] porte la trace des événements, des hommes, des sentiments et de l’atmosphère générale de la fin de la période d’occupation turque en Algérie et du début de la colonisation française.
Du point de vue formel, elle est composée de 62 vers, chaque vers ayant la forme d’un quatrain de quatre fois 7 syllabes : 7a-7a-7a-7x.
Les 3 rimes internes sont seules changeantes, la quatrième rime externe (يَ) restant stable. Ce mètre, appelé « مربوع », est l’un des mètres les plus usités, avec le «مشّرقي » (vers de deux hémistiche de 10 syllabes chacun) de la poésie algérienne melhoun. Il est aussi facile à composer qu’à mémoriser.
Document d’histoire et de littérature algériennes d’après un chant melhoun du poète Charef Bentakkouk
Retenons, en outre, de ce texte-ci sa vocalisation particulière qui emprunte beaucoup plus au classique qu’au dialectal. C’est souvent la particularité des pièces qui sont attribuées à ces bilingues17 que sont nos étudiants coraniques (tolbas) traditionnels. Une autre pièce connue, racontant une amourette de jeune « taleb », justement, a pratiquement la même forme et la même scansion, c’est la fameuse : [18] «بنت الأمير الصنهاجي»
Le respect de cette vocalisation, mi-dialectale mi-classique, que nous avons tenu à reproduire fidèlement dans le texte arabe, est important pour reproduire le rythme et la scansion exacts de ce texte. Car, autrement, si nous le lisons comme n’importe quel autre texte de melhoun où tous les mots sont dialectalisés, nous cassons la métrique du texte car nous n’obtiendrons jamais les 7 syllabes que comptent nos hémistiches.
Du point de vue de la structure thématique, la qacida est composée globalement de deux parties : du début jusqu’au vers 45, le poète commence par invoquer, une à une, l’intercession des 114 sourates du Coran tout en priant le Seigneur d’éloigner de lui le mal, de le défendre contre tous ses ennemis, d’effacer ses péchés et de le faire mourir en musulman afin qu’il puisse entrer au paradis. Ensuite il aborde le sujet principal de son chant et le motif de ses prières, à savoir, l’assassinat de son maître et les multiples méfaits de son assassin, ce qui lui permet de se répandre en bénédictions sur son maître Belguendouz et en malédiction sur son assassin le bey Hassan et ses complices. Il évoque enfin l’occupation française et l’avilissement des musulmans contraint de payer tribut à la puissance infidèle. Il termine sa supplique par l’appel à son ancêtre Sidi Khattab et au Prophète Mohamed afin qu’ils ouvrent son esprit à la science pour laquelle il nous semble avoir définitivement opté à l’exclusion de toute autre activité dans ce bas-monde qu’il exècre.
Mais, pour qui parcourt la biographie mouvementée de cheikh Charef Bentekkouk, il semblerait, à compter ses multiples séjours en prisons et l’intérêt tout particulier que lui portait l’administration coloniale (terriblement méfiante vis-à-vis de la tariqa Senoussia, à laquelle il était affilié, et qu’elle considérait comme dangereuse) que la politique, depuis qu’elle a fait irruption, de façon aussi violente, dans son école de Tahamda, en lui ravissant son maître presque sous ses yeux, ne l’a pratiquement jamais plus quitté jusqu’à sa mort.
Texte arabe [19]
1. لاَ إلهَ إلاَ اللهْ * مُحَمَّدْ رَسُولُ اللهْ * لاَ إلهَ إلاَّ اللهْ * يَا رَبِّي تُوبَ اعْلِيَا
2. نَبْدَ قَوْلِ يَحَنَّانْ * بِفَتِحاةَ الْقُرْءَانْ * بِالْبَكْرِ [20] وَ بِالْعُمْرَانْ * نَجِّينِي مِنَ الدُّنْيَا
3. نَتْوَسَّلْ لَّكْ يَوَدُودْ * بَالنِّسَا وَ بالْعُقُودْ [21] * حَرَّرْ جَسْدِ مِنَ الدُّودْ * مَا يُصَرَّفْشِ فِيَا
4. بِالاَنْعَامِ وَ الاَعْرَافْ * اسْتُرْ عَيْبِ مَا يُكْشَافْ * نَبْغِ ثَمَّ مَا نَخَافْ * مَا نَرَى حَتَّى حَيَّا
5. بِالاَنْفَالِ وَ تَوْبَا * وَلِدِييَا وَالْقُرْبَا * سَكَّنْهُمْ جَنَّتْ طُبَ * يَرَبِّ عَالَ الْعُلْيَا
6. بِيُونَسْ وَ سُورَةْ هُودْ * طَلَبْتُكَ يَمَعْبُودْ * يّوْمَ الْحَرَّالِّي مَشْدُودْ * تَمْنَعْنِي مِن طُلْبَيَا
7. بِيُوسَفْ وَ بِالرَّعَدِ * وَ بِجَاهِ الْبَغْدَادِي * فَتَهْدِينِي يَهَدِي * مَا نَحْضَرْ فِي دُنِيَا
8. بَابْرَهِيمَ وَالْحَجْرِ * وَ بِالْعِلْمِ الْمَشْهُورِ * فَوَنَّسْنِي فِي قَبْرِي * يَكُونُ الضَّيَّ اعْلِيَا
9. بِالنَّحْلِ وَبِالاَسْرَآءَ * بِبَكْرٍ وَ عُمَرَ * لاَ تَكْشَفْ لِيَا عَوْرَ * مَنْ لاَّ تَخْفَاكْ اخْفِيَا
10. وَ بِسُورَةِ الْكَهْفِ * فَعَافِنِي يَشَفِي * مِن السَّمَّ الِّي هَفِي * فَصَرِّفْهُ عَلِيّاَ
11. بِمَرْيَمْ وَ بِطَهَ * اقْتَرَبَ [22] بَعْدَهَا * الشَّهَادَة مَا نَنْسَاهَا * فَلاَ تَثْقَلْ عَلّيَّا
12. بِالْحَجِّ وَ قَدَ افْلاَحْ [23] * وَ بِالنُّورِ يَفَتَّاحْ * مَنُخَمَّمْشِ نَرْتَاحْ * فِي الاَخِرَ وَالدُّنْيَا
13. بِالْفُرْقَانِي وَ بَخِيعْ [24] * وَ بِالنَّمْلِ يَوَسِيعْ * اِلْقِصَاصِ يَسَرِيعْ * نَمْنَعْ مِنَ الْهَوِيَا
14. بِالْعَنْكَبُوتِ وَالرُّومْ * فَنَجِّينِي يَقَيُّومْ * يَوْمَ الْحَقَّ الِّي مَعْلُومْ * تُقَبَّلْ ثَمَّ لِياَ
15. بِلُقْمَانِي وَ السُّجْدَ * لاَ تَنْقُصْ مِنِّي عَدَّا * احْفَظْنِي مِنَ الرِّدَ * نَخْضَ اطْرِيقَ الشَّرْعِيَا
16. بِلاَحْزَابِ وَ سَبَا * فَوَصَّلْنِي لَلْكَعْبَ * انْزُورَ اقْبَرْ بُطَيْبَ * نَنْظُرْ فِيهِ ابّعَيْنِياَ
17. بِفَطِيريِ وَ يَسِْ * وَ الْيَقْطِينِ [25] يَمُعِينْ * فَتَمْنَعْنِي مِنَ الدِّينْ * قَبْلَ الاَّ نَعْشَرْ كُدْيَا
18. بِصَدِ وَ زُمَرَا * وَ غَافِرْ الْمَذْكُرَ * بِفُصِّلَتْ وَ شُرَى * سَلَّكْنِي مِنْ طُلْبَيَا
19. بِالزُّخْرُوفِ وَالدُّخَانْ * طَلَبْتُكَ يَرَحْمَنْ * دَخَّلْنِي جَنَّتْ رِضْوَنْ * بِسُورَةِ الْجَثِيَا
20. بِالاَحْقَافِ وَالْقِتَالْ [26] * سَأَلتُكَ ذُو الْجَلَلْ * نَكُونُ تَحْتَ الظُّلاَلْ * يَوْمَ الشَّمْسَ الْحَمِيَا
21. بِالْفَتْحِ وَ الْحُجُرَاتْ * وَ بِقَافْ وَالذَّرِيَاتْ * بِالطُّورِ وَ بِالسَّدَاتْ * لَتَكْتَبْ عَنِّي سَيَّا
22. بِالنَّجْمِ وَالْقَمَرِي * فِجَاهِ كُلِّ قَرِي * بَالْقَنْدُوزْ بَحْرُ سِرِّي * مِنَ ارْجَالَ الصُّفِييَا
23. بِالرَّحْمَانِ وَالْمُزْنِي [27] * أَرْحَمْ مَّوْلَى الْغَيْوَنِيِ * شَرِيفُ ابْنُ الْجِلاَنِي * وَلْدْ التَّكُّوكْ ارْعِيَا
24. بِالْحَدِيدْ وَ قَدْ سَمِعْ [28] * وَ بِالْحَشْرِ يَسَمِيعْ * لاَ إلَهَ إلاَّ اللهْ مَا تَتْلَفْشِ عَلَيَّا
25. لَمْ تِحَانِيِ [29] وَالصَّفِّ * وَ الْجُمُوعَ يَكَافِي * فَتُقَطَّعْ لِي سِيفِي * تَزْبَرْ مَنْ يَّوْصَلْ لِياَ
26. بِالاِنْفَاقِِ [30] التَّغَابُنْ * سَلَّكْ مَنْ هُوَ مَغْبُونْ * مَا جَابَرْ طَاقَ لَعَوْنْ * عِنْدَ اوْلاَدْ الرُّمِيَا
27. بِالطَّلاَقِ التَّحْرِيمِ * وَ الْمُلْكِ وَالْقَلَمِ * فَتُحَرَّرْلِي دَمِّي * ابْنِ عَمِّ و اخْوَيَا
28. بِالْحُسُمِ [31] وَ سَالَ [32] * وَ بِنُوحٍ أَكْمَلَ * فِي جَسْدِي مَا نَبْتَلَى * بِسُورَةْ قُلُ اوحِيَ [33]
29. الْمُزَمِّلْ وَ الْمُدَثِّرْ * طَلَبْتُكَ يَغَفِيرْ * بِالْقِيَامَة نَفْتَخِيرْ * فِي الدَّرَجَاتَ الْعُلْيَا
30. بِهَلاَ [34] وَ الْمُرْسَلاَتْ * وَ عَمَّ [35] وَ النَّازِعَاتْ * عَبَسَ وَ كُوِّرَتْ [36] * نَبْغِي تَنْهَلَّ فِيَا
31. مُنْفَطَرَتْ [37] يَمُعِينْ * بِجَاهِ الْمُطَفِّفِينْ * حَرَّرْ جَمْعَ الْمُسْلِمِينْ * لاَ تَحْرَمْ غَيْرَ الْخُزْيَا
32. الاَنْشِقَاقِ الْبُرُوجِ * بِالطَّرِيقِ [38] نَرْتَجِي * لَقِّنِي بِالسِّرَاجِ * مُحَمَّدْ ظَهْدَ اعْدَيَا
33. بِسَبِّحْ [39] وَ الْغَشِيَا * وَ الْفَجْرِ كُونْ امْعَيَا * نَلْقَ صَحِيبُ النِّيَا * الْجِلاَنِي قُطْبَ الْوَلْيَا
34. بِالْبَلَدِي وَالشَّمْسِ * وَ الَّيْلِ فَهْدِي نَفْسِي * قَبْلَ الاَّ نَفْرَقْ نَسِي * بِالتَّوْبَا عَجَّلْ لِّيَا
35. بِالضُّحَى وَ لَمْ نَشْرَحْ [40] * وَ بِالتِّينِ يَفَتَّاحْ * مَنُشَغَّبْشِ نَفْرَاحْ * لَيْلَتْ نَمْسَ وَحْدَيَا
36. بِالْعَلَقِ وَالْقَدْرِ * فَهْدِنِي وَمْحِي وَزْرِي * لَيْلَتْ نَعْشَرْ فِي قَبْرِي * فَلاَ خَوْفُ عَلَيَّا
37. لَمْ يَكُنِ [41] الزَّلْزَلَتْ * بِسُورَةِ الْعَدِيَاتْ * فَاجْعَلْ مَجْلَسْنَا سَدَاتْ * لَمْ يَفْتَرْقُوا عَلَيَّا
38. بِالْقَارِيعَ وَ الْهَكُمْ [42] * فَنَجِّينِي يَقَيُّومْ * مِنَ الزَّامَانْ الْمَذْمُومْ * فَلاَ يُقَرَّبْ لِياَ
39. بِالْعَصْرِ وَالْهُمَزَاتْ * فَارْحَمْ جَمِيعَ الْقُرَّاتْ * الِّي يَتْلُوا فيٍ الْآيَاتْ * صَبَحًا وَ عَشِيَا
40. بِالْفِيلِ وَالْقُرَيْشِ * اعْدُنَا مَا يَطْلَعْشِ * صَعَّبْ عَلَيْهِ الْعَيْشِ * وَالدِّينِ مَعَ الْعُرْيَا
41. بِالْمَعُونَِ يَرَبِّ * أَمْنَعْ امَّا وَ أَبِي * اشْيَاخِي مَعَ احْبَابِ * مِنْ صَهْدَ النَّارَ اقْوِيَا
42. بِالْكَوْثَرْ وَالْكَافِرُونْ * خَلَّصْ عَلَيْنَا الدُّيُونْ * نَّبْغِ مَا نَبْقَ مَغْبُونْ * مَن لِي يَتْبِعُ فِياَ
43. بِالنَّصْرِ تَبَّتْ يَدَآ [43] * فَازْجَرْ عَلَيْنَا الاَعْدَا * مَا يَعَّرْفُوشِ الرِّدَّا * اصْحَابَ الدُّنْيَا الْفَنِيَا
44. وَ بِسُورَةِ الْإخْلاَصْ * الْفَلاَقْ مَعَ الْخَنَّاسْ [44] * نَجِّنِي مِنَ الْوَسْوَاسْ * فَلاَ يُقَرَّبْ لِيَا
45. انْتَهَى مِنَ الْقُرْءانْ * مِائَةٌ ظَهْرَ تَعْيَانْ * وَ ارْبَعْطَاعَشْ يَرَحْمَانْ * تَجْعَلْهُمْ صُورْ عْلِياَ
46. أَرْحَمْ شَيْخِي بَالْقَنْدُوزْ * مُرِيدَ الشَّيْخَ الْمَعْزُوزْ * عَبْدَ الْقَادَرْ بِهْ انْفُوزْ * عِنْدَ ارْجَالَ اللَّزْمِيَا
47. حَبِيبَكْ فَرَّطْتَّ فِيهْ * تَلْمِذَكْ وَ اعْزِيزْ اعْلِيهْ * شَهْوَتَ ابْعَادْ اعْلِيهْ * مَا يَرْضَاشِ الْمَعْصِيَا
48. بَالْقنْدُوزَ الْمُزَهَّدْ * فِي وَسْطَ الطُّلْبَ عَابِدْ * لَبْدَ فِي الذِّكْرِ يَجْبَدْ [45] * يَخْدَمْ رَبِّ بِالنِّيَّا
49. عَفَا الدُّنْيَا الْمُذْنِبَة * طَعَ ادْيَانُ فِي ضَرْبَ * بَاذْنَ الله قَعْدُ سَيْبَا * يُكْرِهُونَ الْأَوْلِيَآء
50. يَا رَبِّي عَذَّبْ حَسَانْ * فَرْكَتْ بَيْتَ اللهْ تَعْيَانْ * الطُّلْبَ قَعْدَتْ تَنْهَانْ * افْتَرْقُوا فِي بُكْرِيَا
51. افْتَرْقُوا مِنْ تَحَمْدَا * شَدُّو مَنْ بِهَ الْعَمْدَ * مَا تَضْنِي كَيْفُ وَلْدَ * اسْمَ النَّبِي سِيدَ ارْقَيَا
52. ثَمَّ كَانُو مَجْمُعِينْ * اعْمَرَ لِلْمَسَكِينْ * يَكْفُو الِّي مَا عِنْدُ وَيْنْ [46] * يَكْس [47] َ الِّي ايْجُوهْ اعْرَيَا
53. احْدَثْ هَذِهِ الْأَمْرْ * فِي الْقَرْنْ الثَّالَثْ عَشَرْ * هَذَا حُكْمَ اللهْ قَدَّارْ * عَلَمْ بِكُلَّ اخْفِيَا
54. فِي شَهْرَ اللهِ صَفَرْ * دَارَتْ بِهْ الْعَصَكِرْ * فِي الثَّلاَثَ بَعْدْ الْفَجْرْ * ولَّى فِي دِينْ [48] الْخُزْيَا [49]
55. عَامَ الْخَمْسَ وَالرَّبْعِينْ * تَوَفَّى لَيْلَتْ الاَثْنَيْنْ * فَرْحُ لِهَ الطَّآئِغِينْ * غَبِطِينَ فِي الدُّنْيَا
56. يَحْسِبُوهَا [50] تَدُومْ * فَشَبَّعَتْهُمْ هُمُومْ * رَجْعُ يَخْدِمُ فِي الرُّومْ * فِي كُلِّ اشْهَرْ الْجَزْيَا
57. مَا رَفْقُوشِ بِالنُّفُوسْ * يَخَّدْمُ غَيْرَ النُّحُوسْ * مَاذَا قَتْلُ مِنْ رُّؤُوسْ * مِنْ سَدَاتِ الصُّفِيَا
58. قَتْلُ شَيْخِ الرَّبَّانِي * مَهُوشِ [51] مِنْ أَهْلَ الْفَنِي * يَجَّعْلُ مَا يَنْسَانِي * فِي الاَخِرَة وَ الدُّنْيَا
59. رَبِّ رَضِّيهْ اعْلِيَا * هُوَ وَ اصْحَابَ اْلأَيَا * وَ رَضِّي وَلِدَيَّا * وَ جَمِيعَ الأَوْلِيَاء
60. سَأَلْتُكَ يَجَلِيلْ * وَرَّثْنِي فِي عِلْمَ اخْلِيلْ * نَكُونُ كَبَحْرَ النِّيلْ * طَيَّبْ مَا فِيهْ أَذَيَا
61. طَلَبْتُكَ يَوَهَّابْ * فَهَّمْنِي فِي كُلَّ اكْتَابْ * عَبْدُ اللهِ ابْنُ الْخَطَّابْ * لاَ تُفَرَّطْشِ فِيَا
62. نَخْتَمْ هَذِهِ الاَنْظَامْ * بِالصَّلاَةِ وَالسَّلاَمْ * اعْلَى طَهَ خَيْرَ الْأَنَامْ * وَلْدَ حْلِيمَة السَّعْدِيَا.
Traduction
1. Il n’y a de dieu qu’Allah, Mohamed est l’envoyé d’Allah, il n’y a de dieu qu’Allah, ô mon Dieu, pardonne-moi mes péchés !
2. Je débute mon propos, ô Très-Miséricordieux, par (la sourate) « Qui ouvre » le Coran, par « la vache » [52] et « la famille d’Amran », préserve-moi du monde d’ici-bas!
3. Mes intercesseurs auprès de toi, ô Dieu d’amour, sont « les femmes » et « le plateau servi » ; Délivre mon corps de la vermine, qu’elle ne puisse pas disposer de moi !
4. Par « les bestiaux » et « les limbes », cache mes défauts, qu’on ne puisse les mettre à nu ; Je veux, là-bas [53] , n’éprouver aucune crainte, et ne subir aucun désagrément.
5. Par « les dépouilles » et « le repentir », mes parents et mes proches, donne-leur pour demeure le paradis de Touba [54] , ô mon dieu, toi dont la grandeur dépasse toute grandeur !
6. Par « Jonas » et « Houd », je te prie, ô divinité, au jour de la chaleur intense, de me soustraire à mes ennemis [55] !
7. Par « Joseph » et par « le tonnerre », par l’intercession du Baghdadien [56] , dirige-moi dans la voie droite, ô Guide, que je ne sois mêlé à aucune vilenie!
8. Par « Abraham » et « Al-Hijr » [57] , et par la science notoire, tiens-moi compagnie dans ma tombe, que la lumière m’éclaire !
9. Par « les abeilles » et « le voyage nocturne », par Abou-Bakr et Omar, ne dévoile aucune de mes parties honteuses, toi à qui rien n’échappe !
10. Par la sourate de « la grotte », guéris-moi, ô Guérisseur, du poison qui décharne, tiens-le éloigné de moi !
11. Par « Marie » et par « Ta Ha », et « les prophètes » après elles, (fasse que) je n’oublie point le témoignage de foi, et qu’il ne me soit pas pénible à prononcer !
12. Par « le pèlerinage » et « les croyants », et par « la lumière », ô Dieu « qui ouvre ce qui est fermé », que, sans me faire de soucis, je puisse trouver le repos, dans l’au-delà et dans ce monde-ci !
13. Que par « le discernement » et par « les poètes », par « les fourmis », ô Dieu « qui embrasse tout » [58] , et par « le récit », ô Diligent, j’échappe à l’abîme infernal !
14. Par « l’araignée » et « les Byzantins », sauve-moi, ô Immuable, au jour fixé de « L’Inévitable » [59] , accorde-moi là-bas ton agrément !
15. Par « Lucman » et « le prosternement », ne retranche rien de mes préparatifs (pour la vie future), protège-moi de l’apostasie, que je suive l’orthodoxie !
16. Par « les coalisés » et « Saba », mène-moi à la Kaaba, et que j’aille visiter la tombe de Boutaïba [60] , que je la contemple de mes propres yeux !
17. Par « le Créateur » et « Ya Sin », et « les rangés en rang », ô Secourable, évite-moi les dettes, avant que je n’aille m’établir sous un monticule! [61]
18. Par « Sâd » et « les groupes », et la sourate « le Pardonneur » qu’on invoque, par « les détaillés » et « la consultation », sauve-moi de mes ennemis !
19. Par « l’ornement » et « la fumée », je te demande, ô Très Miséricordieux, de me faire entrer au paradis de Ridhwan [62] , par la sourate « l’agenouillée » !
20. Par « Al-Ahcâf » [63] et « le combat » [64] , je te demande, ô Dieu de Majesté, de nous mettre à l’ombre, le jour du soleil brûlant !
21. Par « la victoire » et « les cloisons », par « Qâf » et « qui éparpillent », par « le Mont » et par les saints, n’enregistre aucune de mes mauvaises actions !
22. Par « l’étoile » et « la lune », par l’intercession de tous les lecteurs (du Coran), Belguendouz est un océan secret, il est du nombre des soufis.
23. Par « le Très Miséricordieux » et « l’échéant », accorde ta miséricorde à l’auteur du chant, Charef fils de Djilali, fils soumis de Takkouk.
24. Par « le fer » et « la plaideuse », et par « la mobilisation », ô Toi qui entends, (la formule) « il n’y a de dieu qu’Allah », je saurais m’en rappeler! [65]
25. Par « l’examinée » et « le rang », « le vendredi », ô Suffisant, rends mon sabre tranchant, et coupe la tête de quiconque vient se frotter à moi !
26. Par « les hypocrites » et « la duperie mutuelle », secours celui qui est dans la gêne, qui n’a ni force ni assistance, auprès des enfants de la chrétienne !
27. Par « le divorce » et « l’interdiction », « la royauté » et « le calame », délivre ceux de mon sang, mes cousins et mes frères !
28. Par « qui s’avère » et « les escaliers », et par « Noé » en entier, que je ne sois pas éprouvé dans mon corps, par la sourate « les djinns » [66] !
29. Par « dans les draps » et « en couverture », je te demande, ô Pardonneur, par « la résurrection », de nous donner cette fierté, (d’être du nombre des bienheureux) des degrés supérieurs !
30. Par « l’homme » et « les envoyés », « la nouvelle » et « celles qui tirent », « il s’est renfrogné » et « le décrochement », je veux que tu prennes soin de moi!
31. Par « le bris », ô Secourable, par l’intercession de la sourate « les fraudeurs », délivre l’ensemble des musulmans [67] , hormis ceux qui se sont couverts d’opprobre !
32. Par « le déchirement » et « les constellations », par « l’arrivant du soir », je suis dans l’attente, fais-moi rencontrer « le flambeau », Mohamed, le fléau de mes ennemis !
33. Par « le Très-Haut » et « l’enveloppant », par « l’aube » soit avec moi, (je veux) rencontrer l’homme à la foi (inaltérable), El-Djilani, le pôle de la sainteté !
34. Par « la cité » et « le soleil », par « la nuit », dirige-moi [68] sur la voie droite, avant que je ne me sépare des miens, accorde-moi, sans tarder, le repentir !
35. Par « le jour montant » et « l’ouverture », par « le figuier », ô Toi qui ouvres toutes les portes, au lieu de faire grise mine je veux être content, la nuit où je me retrouverais tout seul !
36. Par « le caillot de sang » et « la détermination », guide-moi et efface mes péchés, la nuit où je serais installé dans ma tombe, je n’éprouverais aucune crainte!
37. Par « la preuve » et « la secousse », par la sourate « les juments coureuses », fasse que notre réunion soit une assemblée de saints hommes, qui ne me quitteront jamais !
38. Par « le coup » et « la surenchère », délivre-moi, ô Immuable, de cette époque déplorable, qu’elle se tienne loin de moi !
39. Par « le temps » et « les séducteurs », étends ta miséricorde sur tous les lecteurs du Coran, qui psalmodient les versets, le matin et le soir!
40. Par « l’éléphant » et « les Qoraïch », que notre ennemi ne s’élève jamais, rends-lui la vie difficile, en plus des dettes et du dépouillement!
41. Par « l’utilité courante », ô mon Dieu, épargne à ma mère et à mon père, ainsi qu’à mes maîtres et à mes amis, la chaleur d’un feu intense!
42. Par « la profusion » et « les mécréants », acquitte nos dettes pour nous, je ne veux plus me faire de soucis, pour ceux qui me sont rattachés !
43. Par « le secours » et « les fibres », sévis contre nos ennemis, ils ignorent (ce qu’est) l’apostasie [69] , ce sont des adeptes de ce monde périssable !
44. Et par la sourate « la pureté », par « la fente » et par « les hommes », sauve-moi du « mauvais conseiller » [70] , qu’il ne s’approche pas de moi !
45. Du Coran, voici le terme, une centaine (de sourates) bien en évidence, plus quatorze (autres), ô Très Miséricordieux, qu’elles soient comme un rempart pour moi !
46. Accorde ta miséricorde à Belguendouz, mon maître ! Le disciple du cheikh Très-Estimé [71] , Abdelkader [72] par qui je triomphe, auprès des hommes de la pudeur et du scrupule !
47. Tu as négligé ton ami, qui est ton élève et qui te vénère, il est à mille lieues (de succomber) à ses appétits, car il répugne à désobéir (à Dieu).
48. Belguendouz, l’ascète, qui s’adonne à la dévotion au milieu des étudiants, égrenant indéfiniment ses litanies, servant Dieu avec dévouement.
49. Il n’a éprouvé que dégoût pour ce monde de péchés, […] [73] d’un seul coup ses ennemis, qui, par la permission de Dieu, sont restés livrés à eux-mêmes, car ils ont en horreur les saints.
50. Ô mon Dieu, fais souffrir Hassan [74] ! Qui a dispersé la maison de Dieu [75] , sciemment, (laissant) les étudiants en butte au mépris, aux premières lueurs du jour, ils se sont séparés.
51. De Tahamda [76] , chacun a pris une direction, se mettant sous la protection de celui sur qui l’on peut compter, celui dont nulle femme ne peut enfanter de semblable, le Prophète surnommé « le seigneur de Roqayya [77] ».
52. Là-bas ils étaient rassemblés, ils étaient la providence des malheureux, il prenait en charge [78] celui qui n’avait personne vers qui se tourner, et donnait de quoi se vêtir à ceux qui se présentaient nus.
53. Cet événement se produisit dans le treizième siècle, c’est un ordre de Dieu qui en a décidé ainsi, il connaît toutes choses cachées.
54. Dans le mois de Dieu de Safar, les soldats l’ont encerclé, le mardi après (la prière de) l’aube, il s’est retrouvé entre les mains des infâmes [79] .
55. En l’an quarante-cinq, il s’est éteint la nuit du lundi, les tyrans s’en sont réjouis, eux qui se complaisent ici-bas.
56. Ils s’imaginaient qu’elle [80] allait durer éternellement, mais elle les a accablé de soucis, ils se sont mis au service des Chrétiens, payant la capitation tous les mois.
57. Ils n’ont pas pris les âmes en pitié, ne commettant que des actions sinistres, combien d’hommes éminents n’ont-ils pas tué, parmi les maîtres soufis [81] ?
58. Ils ont tué mon saint maître, (car) il ne fait pas partie des mondains, puisse-t-il ne pas m’oublier, dans ce monde et dans l’autre !
59. Mon Dieu, faites qu’il soit satisfait de moi, lui ainsi que les gens du verset, faites que mes parents m’agréent, ainsi que l’ensemble des saints!
60. Je te demande, ô Majestueux, de me donner en partage la science de Khalil [82] , que je devienne comme le grand fleuve Nil, (à l’eau) douce et potable.
61. Je te demande, ô Généreux, (aide-moi) à percer le sens de tous les livres, Abdallah Ben El-Khattâb [83] , ne m’abandonne pas !
62. Je clos ces vers, par la prière et la bénédiction, sur Taha [84] le meilleur des hommes, le fils de Halima la Saadienne [85] .
NOTES
[1] - Sur l’ordre des Chadelya-Derqaoua voir : Marabouts et Khouans, étude sur l’Islam en Algérie, par Louis Rinn.- Alger, 1884.- p.p.231- 264.
[2] - Sur l’ordre des Tidjanya voir : Marabouts et Khouans.- p.p.416-451.
[3] - Sur l’histoire de cette révolte consulter l’historiographie locale:
- أنيس الغريب و المسافر، مسلم بن عبد القادر، تحقيق و تقديم رابح بونار، الجزائر، الشركة الوطنية للنشر و التوزيع، 1974م - 1394هـ (أنيس).
-" دليل الحيران و أنيس السهران في أخبار مدينة وهران، محمد بن يوسف الزياني، تقديم و تحقيق المهدي البوعبدلي.- الجزائر، الشركة الوطنية للنشر و التوزيع،1979.-ص.ص.207-237".(دليل).
-" طلوع سعد السعود، للآغا بن عودة المزاري، تحقيق و دراسة الدكتور يحيى بوعزيز.- بيروت، دار الغرب الإسلامي، الجزء 1، 1990.-ص.ص.299-347.(طلوع).
[4] - Car ce bey est revenu au pouvoir à Oran en 1807.
[5] - Pour un tableau récapitulatif des beys qui se sont succédés en Oranie consulter :(18-30) « أنيس ».
[6] - Tribu célèbre de la région de Mascara dont est issu l’Emir Abdelkader. Sur cette tribu on peut lire la monographie locale de cheikh Tayeb Belmokhtar, un parent d’Abdelkader, intitulée «القول الأعم في بيان أنساب قبائل الحشم » in "كتاب مجموع النسب والحسب و الفضائل و التاريخ و الأدب في أربعة كتب" de Belhachemi Ben Bekkar.- Tlemcen, éd. Ibn Khaldoun, 1961.- p.p.329-403.
[7] - Aboul Kacem Saadallah l’appelle « Mohamed Belguendouz Mostaghanemi » (Histoire culturelle de l’Algérie, tome 4, page 247) et indique qu’il était un « moqaddem » de la tariqa Derqaouia(Idem, 267). Mehdi Bouabdelli l’appelle Ibn El-Gandouz Et-Toudjini (Eth-Thoghr, 50).
[8] - Marabouts et Khouans, 483, note 1.
[9] - D’après El-Mazari (/1/363/طلوع) c’est à Oued Rhiou qu’il fut mis à mort par strangulation. D’après Mehdi Bouabdelli, c’est sur le chemin entre Oued Rhiou et Mazouna qu’eut lieu l’exécution à un endroit qu’on peut encore voir de nos jours (Dalîl, 10 note 24).
[10] - Entre L'Hillil et El-Matmar, près des ruines de la vieille cité médievale d’El-Batha aujourd’hui disparue (Eth-Thoghr, 50). Le cheikh Mohamed Ben Ali Ben Snoussi El-Khattabi El-Hassani El-Idrissi El-Medjahri, (1792-1859) le fondateur de la tariqa Snoussya, était aussi l’élève de cheikh Belguendouz, en compagnie de son contribule Charef Bentekkouk, dans cette école. Au moment de l’assassinat de son maître, il se trouvait à Fès, au Maroc. C’est cette même année 1829 qu’il entreprit son pèlerinage à la Mecque.
[11] - Pour la zaouia Takkoukia de Bouguirat, près de Mostaganem, chez les Ouled Chafaa, voir : « Histoire culturelle de l’Algérie, Aboul Kacem Saadallah, tome 4.- p.p.266-274 ».
[12] - Voir à propos de ce chan les introductions aux deux ouvrages de cheikh Mehdi Bouabdelli : «د ليل ، 10 - 11 » et
"الثغر الجماني في ابتسام الثغر الوهراني، تأليف أحمد بن سحنون الراشدي، تحقيق و تقديم المهدي البوعبدلي.- منشورات وزارة التعليم الأصلي و الشؤون الدينية سلسلة التراث1.- ص.ص.50-53".
[13] - " الكنز المكنون في الشعر الملحون، قاضي محمّد، الجزائر، 1928.- ص.ص. 202-205".
[14] - Genre poétique très en vogue dans la littérature de l’époque et qui consiste à en appeler au secours divin en invoquant l’intercession du Prophète ou des prophètes, des saints ou, comme ici, du Coran.
[15] - « Eth-Thoghr », 52, note 42.
[16] - « Histoire culturelle de l’Algérie », tome 4, 267.
[17] - Nous défendons l’idée qu’il n’y a pas de diglossie « arabe classique-arabe dialectal » mais un bilinguisme « langue arabe-langue algérienne » et que la véritable diglossie se situe, pour nous et pour d’autres éminents linguistes comme Daniel Cohen, entre l’algérien parlé et l’algérien littéraire qui est le melhoun.
[18] - Sonneck : Chants arabes du Maghreb, pièce n°54 : « أصادني ما صادها ».
[19] - Nous avons extrait ce texte d’un vieux cahier de poésies melhoun que nous a procuré notre ami Larbi Bouamama, sociologue. Nous tenons à le remercier ici.
[20] - C’est la sourate «البقرة » (la vache), 2ème du Coran, car «البكر » signifie : « vache qui n’a pas encore connu le mâle » (Kazimirski).
[21] - C’est la sourate «المائدة » (le plateau servi), 5ème du Coran, qui commence par ce verset : «يا أيّها الذين ءامنوا أوفوا بالعقود... »
[22] - C’est la sourate «الأنبياء » (les prophètes), la 21ème du Coran, qui commence par ce verset: «اقترب للنّاس حسابهم و هم في غفلة معرضون »
[23] - C’est la sourate «المؤمنون » (les croyants), la 23ème du Coran, qui commence par :
«قد أفلح المؤمنون».
[24] - C’est la sourate «الشعراء » (les poètes), la 26ème du Coran, qui commence par ces versets :
«طسم (1) تلك ءايات الكتاب المبين(2) لعلّك باخع نفسك ألاّ يكونوا مؤمنين(3)».
[25] - C’est la sourate «الصّافّات » (les rangés en rang), la 37ème du Coran, car on y lit au verset 146, concernant le prophète Jonas :
.«و أنبتنا عليه شجرة من يقطين »
[26] - Appelée aussi sourate «محمّد ».
[27] - C’est la sourate appelée «الواقعة » (l’échéant), la 56ème du Coran, où il est dit, aux versets 68 et 69:
« أفرئيتم الماء الذي تشربون (68) أأنتم أنزلتموه من المزن أم نحن المنزلون (69)».
[28] - C’est la sourate intitulée «المجادلة » qui débute par ce verset :
"قد سمع الله قول التي تجادلك في زوجها و تشتكي إلى الله و الله يسمع تحاوركما إن الله سميع بصير"(1).
[29] - Sourate 60 : «الممتحنة » (l’examinée).
[30] - Sourate 63 : «المنافقون » (les hypocrites).
[31] - Sourate 69 : «الحاقّة » (qui s’avère). On lit au verset 7 :
سخرها عليهم سبع ليال و ثمانية أيام حسومًا فترى القوم فيها صرعى كأنهم أعجاز نخل خاوية ". "
[32] - Sourate 70 : «المعارج » (les escaliers) qui débute ainsi : «سأل سائل بعذاب واقع »
[33] - Sourate 72 appelée «الجنّ » (les djinns). Elle commence par ce verset :
"قل أحي إلي أنه استمع نفر من الجن فقالوا إنّا سمعنا قرءانًا عجبًا".
[34] - Sourate 76 appelée «الإنسان » (l’homme ou le temps) qui commence par ce verset :
"هل أتى على الإنسان حين من الدهر لم يكن شيئا مذكورا".
[35] - Sourate 78 intitulée «النبأ » (la nouvelle) qui commence par ce verset : «عمّ يتساءلون »
[36] - Sourate 81 «التكوير » (le décrochement).
[37] - Sourate 82 «الإنفطار » (le bris).
[38] - Sourate 86 «الطارق » (l’arrivant du soir).
[39] - Sourate 87 «الأعلى » (le Très-Haut) qui commence ainsi : « سبّح اسم ربك الأعلى »
[40] - Sourate 94 «الشرح » (l’ouverture).
[41] - Sourate 98 «البيّنة » (la preuve) qui commence par ce verset :
«لم يكن الذين كفروا من أهل الكتاب و المشركين منفكّين حتّى تأتيهم البين».
[42] - Sourate 102 «التكاثر » (la surenchère) qui commence par : «ألهاكم التكاثر »
[43] - Sourate 111 «المسد » (les fibres) qui débute comme suit : «تبّت يدآ أبي لهب و تبّ »
[44] - Sourate 114 «النّاس » (les hommes) qui contient le verset suivant :
«من شرّ الوسواس الخنّاس (4)».
[45] - Dans la version citée par cheikh Mehdi Bouabdelli (préfaces à « Thoghr », page 51, et à « Dâlîl », page 10) on trouve : لا بد في الذكر يمجد.
[46] - Version M. Bouabdelli : يكفل من لا عنده وين
[47] - Pour : «يكسي »
[48] - Pour : ايدين
[49] - M.B. : العدية
[50] - Pour rétablir la mesure, il faudrait dire : يحسبونها. M.B. a «فيحسبونها » ce qui fausse aussi la mesure.
[51] - Il faudrait dire «ما هوشْ » pour rétablir la mesure.
[52] - Nous utilisons la traduction du Coran de Muhammad Hamidullah (1981).
[53] - Dans l’autre monde.
[54] - Touba est le nom d’un arbre au paradis. طوبى peut vouloir dire aussi : bonheur, félicité.
[55] - C’est à dire tous ceux qui témoigneront contre lui, le jour du jugement dernier, à savoir chacune des parties de son propre corps.
[56] - Sidi Abdelkader El-Djilali, enterré à Baghdad.
[57] - Pays du prophète Sâlih, dans l’Arabie du Nord.
[58] - Par sa science autant que par sa miséricorde.
[59] - الحاقّة : ce qui doit nécessairement arriver, c’est à dire le jour du jugement dernier.
[60] - Abou-Taïba : l’homme de Taïba (la parfumée, épithète de la ville de Médine), c’est à dire le Prophète qui est enterré à Médine et dont la tombe exhalerait un parfum suave.
[61] - C’est à dire d’être enterré.
[62] - Nom de l’ange qui garde le paradis. رضوان الله c’est l’agrément, la satisfaction de Dieu que recherche tout croyant.
[63] - Littéralement : « les dunes ». Désigne une contrée désertique de l’Arabie du Sud.
[64] - Appelée aussi sourate « Mohamed ».
[65] - Le jour où, dans sa tombe, il sera interrogé, par les deux anges examinateurs Nâkir et Mounkir, sur son dieu, sa religion et son prophète.
[66] - Il y a ici un jeu de mots avec le nom de la sourate « les djinns » que, par superstition, il ne nomme pas : le poète supplie Dieu de ne pas laisser les démons prendre possession de lui.
[67] - Du feu de l’enfer.
[68] - النفس c’est le moi égoïste (on dira, plus familièrement « sa petite personne »),qui pousse à commettre le mal (النفس الأمّارة بالسّوء النفس)والهوى و الشيطان sont, d’après la tradition, les trois ennemis jurés de l’homme.
[69] - Je ne suis pas sûr du sens de cet hémistiche.
[70] - C’est à dire le diable.
[71] - المعزوز : le « très aimé, très estimé » ou alors celui qui est « fort du soutien de Dieu », surnom de Sidi Abdelkader El-Djilani qui a une multitude de surnoms dans les deux traditions savante et populaire.
[72] - Sidi Abdelkader El-Djilali.
[73] - Mot incompréhensible, probablement mal orthographié.
[74] - Autant la conduite de cet ancien cuisinier et marchand de tabac devenu caïd des Flittas puis bey était exemplaire avant son accession à ce poste, autant elle devint odieuse dès qu’il prit le commandement de la province de l’Ouest. Il accabla ses sujets d’amendes, extorqua de l’argent même à ses officiers («Alger me mange, leur disait-il, donc je vous mange ») encouragea la délation («celui qui attrapera une perdrix, disait-il, aura droit à son aile »), et fit assassiner les chefs et les marabouts qui lui déplaisaient (12 chefs de la tribu des Hachem furent traîtreusement assassinés). A son sujet, les prophéties populaires avaient déjà annoncé : «يجي حسن، ياكل الرتعة و يزيد الرسن» (Viendra Hassan, il rongera la longe et même le licou). A la fin, il livra Oran aux Français sans opposer de résistance et négocia avec eux son départ en Syrie. On dit qu’il finit ses jours à la Mecque. Voir «دليل », «أنيس » et «طلوع ».
[75] - Il s’agit de la zaouia de cheikh Belguendouz.
[76] - Tahamda est le nom du village où était située la zaouia du cheikh Belguendouz, entre Hillel et El-Matmar (Cf. « Dalîl Al-Haïrân », page 10 note 24).
[77] - Roqayya était la fille du Prophète.
[78] - Il s’agit du cheikh Belguendouz. Ici, nous nous appuyons sur la version Bouabdelli.
[79] - Les circonstances de l’arrestation du cheikh Belguendouz nous ont été rapporté comme suit dans le «Dalîl » (248-249) et « Toulou’a » (1/362-363) d’après le témoignage de l’agha Mustapha Ben Ismaïl: « Puis il rassembla (le bey Hassan) une armée considérable et la conduisit à la zaouia du cheikh Belguendouz El-Qaddâri à Mina (il n’y avait alors chez ce cheikh que des étudiants qui apprenaient le Coran) pour le tuer. Puis quand il le vit, il dit : « un homme pareil ne se soulèvera pas contre nous ! » et s’en retourna sur ses pas. Ensuite il revint chez lui en 1245 à la tête d’une armée considérable et quand il parvint à destination, il dit à celui qu’il envoya pour lui amener (le cheikh) : « s’il refuse de venir et si les étudiants veulent en découdre, alors revient me prévenir ! ». Leur nombre (les étudiants) était important (M.Bouabdelli parle de 400 étudiants) et il donna ses consignes à ses troupes turques en ces termes : « sachez que si je tire un coup avec mon pistolet alors précipitez-vous dans les salles où se rassemblent les étudiants avec leur maître et tuez-les sans faire de quartier ! ». Et il avait l’habitude quand il voulait s’en prendre à quelqu’un de mordiller sa barbe. Il se mit alors à la mordiller en tenant le pistolet dans sa main. Quand l’agha Mestfa Ben Ismaïl vit cela, il l’aborda sur le champ en lui disant : « Ô bey ! Que comptes-tu faire ? Veux-tu que les troupes qui t’accompagnent fassent parler la poudre contre toi ? ». « Et pour quelle raison, lui demanda-t-il ? ». Il lui répondit que tous ces étudiants avaient des liens de parenté avec ses troupes : certains sont des Douaïrs, des Zmalas, des Gherabas, des Bordjias, d’autres sont des Beni Amer, ou des Hachem ou des Medjahers ou d’autres tribus encore. L’un a son fils(parmi eux), l’autre son frère etc. « Et s’ils voient qu’on les massacre, sois certain qu’ils te combattront à cause des leurs, et ils seront dans leur droit. Si tu veux mon avis, abandonne ce que tu avais l’intention de faire et envoie quelqu’un te ramener ce saint homme pour lequel tu es venu jusqu’ici, puisque, (hélas), Dieu ne t’as pas détourné de lui, et laisse les étudiants s’en aller chez eux ». Il raconta : « alors le bey lui dit : « ton conseil est de bon sens » et il revint sur l’ordre qu’il avait donné et remit son pistolet dans son étui. Puis il envoya en premier El-Mazari le chercher. Celui-ci s’en alla et revint bredouille. Car il lui avait fait une offrande (ziara) et ne l’avait pas forcé à le suivre. Puis il envoya en second Qaddour Ben El-Mokhfi qui fit la même chose que El-Mazari. Enfin il envoya un homme des Beni Amer appelé Bendahmane qui se dirigea vers lui, entra dans sa « qoubba », le gifla, l’agrippa avec force et le traîna à terre jusqu’aux pieds du bey. Celui-ci ordonna qu’on lui mette les fers, ce qui fut fait. Les étudiants quant à eux se dispersèrent sur le champ et chacun rejoignit sa famille. Le bey leva alors le camp et se dirigea vers l’Est. Il le fit exécuter par strangulation en cours de route. »
[80] - Il s’agit de la vie d’ici-bas.
[81] - On cite les noms de : El-Hadj Mohamed Bouchikhi, Ben Abdallah Ben Hawwa Tedjini, Fergane El-Fliti. En outre, il interdit à Mahieddine et à son fils Abdelkader de quitter Oran pour le pèlerinage à la Mecque et les retint en résidence surveillée jusqu’au moment où, suite à l’intervention des notables du makhzen, il se décide à les libérer.
[82] - Khalil Ibn Ishâq, savant musulman du 14ème siècle après J.C. qui composa, entre autres, un précis de droit musulman, appelé en arabe
«المختصر في الفقه على مذهب الإمام مالك», qui fait autorité dans les pays musulman de rite malékite. Une édition bilingue en a été faite sous le titre : «Code musulman par Khalil (rite malékite-statut réel), texte arabe et nouvelle traduction par N.Seignette, Constantine-Alger-Paris, 1878, 749 pages».
[83] - Sidi El-Khattab (Abdallah Ben El-Khattâb Ben El-‘Asl Ben Ali Ben Râched) que les chorfas de la tribu des Flittas ainsi que les Senoussis, de la tribu des Medjahers, revendiquent comme ancêtre. Son mausolée se trouve sur la route qui relie Mostaganem à Oued Rhiou.
[84] - Surnom du Prophète tiré des deux lettres «ط » et « ه » qui introduisent et identifient la sourate 20 du Coran.
[85] - Nourrice bédouine du Prophète, de la tribu des Beni Saad.