Présentation

Insaniyat N°62 |  2015 | Varia | p. 7-9 | Texte intégral


Ce numéro d’Insaniyat regroupe des contributions de divers champs d’intérêt et de recherche : histoire et politique, transformations urbaine et rurale, immigration et quelques pratiques sociales locales (matrimoniale et funéraire).

Dans le champ historique, Daha Chérif BA éclaire une phase de la colonisation française du Vietnam au XIXe siècle à travers l’étude de la piraterie. Pratique courante dans les régions de Tonkin et d’Annam avant la colonisation, la piraterie devient une sérieuse entrave à l’entreprise coloniale, surtout lorsqu’elle était jointe au sentiment national. La stratégie de « pacification » était diversifiée entre campagnes strictement militaires et politiques de « persuasion », soit avec l’offre du travail aux pirates et rebelles ou la proposition de leur intégration aux armées. Tentatives soldées par un échec, ce que préfiguraient les luttes de la révolution nationale vietnamienne au XXe siècle.

De son côté, Hassan REMAOUN revient sur une autre révolution contemporaine, celle de la Tunisie. Sur la base des contributions dans un colloque international organisé à Tunis en mai 2013, il re-questionne la notion du compromis historique en exposant d’autres expériences révolutionnaires (anglaise, française, turque et algérienne). La problématique abordée est comment, politiquement, sortir avec un consensus garantissant les libertés individuelle et collective d’un côté, et la prise en charge d’une revendication identitaire, particulièrement religieuse, d’un autre côté. La réponse, selon l’auteur, est d’éviter de copier d’autres expériences historiques et se consacrer à la recherche de solutions originales.

Les trois contributions suivantes traitent un thème commun : la transformation du milieu habité, urbain ou rural, et ses effets sur les habitants. Pour le milieu urbain, Tahar BAOUNI, Mohamed BAKOUR et Rafika BERCHACHE ont mené une enquête auprès des usagers algérois des nouvelles modalités de transport mises en œuvre ces dernières années dans la capitale (le métro, le tramway et le train de banlieue modernisé). Face aux problèmes de déplacement engendrés par la croissance urbaine, l’objectif étant d’explorer les pratiques de ces usagers, la place des nouvelles modalités de transport dans ces pratiques, le choix parmi ces modalités ainsi que le coût du déplacement.

Toujours en milieu urbain, Saïd HASSAINE et Abdallah FARHI étudient le phénomène de la ségrégation spatiale et fonctionnelle d’une ville, prenant comme cas d’étude la ville d’Ouled Djellal (Sud-Est algérien). Ils montrent, par une analyse multicritères, comment la ville subit cette ségrégation, notamment son centre historique, en mettant en exergue clairement la répartition différentielle des équipements et des commerces dans le tissu urbain. Les deux auteurs proposent des recommandations pratiques pour remédier à cette situation déséquilibrée.

En milieu rural, Chérif BENGUERGOURA présente l’évolution des pratiques et des représentations liées à la résidence dans la région de Mitidja (Centre d’Algérie), et ce à travers une analyse rétrospective de l’habitat rural (haouch) depuis l’époque ottomane. Cette évolution étant plutôt linéaire, c’est-à-dire d’une forme collective vers une forme plus individuelle, affectant aussi bien la morphologie de l’habitat que la vie du foyer familial.

Dans un autre champ, celui de l’immigration, Abdellah BELABBES rappelle une évolution similaire, du collectif vers l’individuel, analysée par Abdelmalek Sayad, celle des trois âges de l’immigration algérienne en France. Mais abstraction faite de cette « immigration exemplaire », l’auteur s’interroge si les analyses d’A. Sayad sont aussi exemplaires pour étudier d’autres expériences migratoires, c’est-à-dire les considérer non comme des analyses spécifiques à un cas particulier, mais comme modèle sociologique généralisable. La réponse de l’auteur est affirmative tout en signalant qu’il y a de nouveaux phénomènes migratoires qui nécessitent de nouvelles recherches et approches.

Toujours dans le champ de l’immigration, Rosa TITOUCHE- HADDADI s’intéresse à l’impact des fonds envoyés par les immigrés sur le développement de leurs pays d’origine. Elle aborde cette question à travers plusieurs entrées : impact de cet envoi au niveau national et régional, impact sur les secteurs productifs, sur la réduction du niveau de pauvreté, enfin sur l’éducation et la santé des populations locales. L’auteure termine son article par des exemples concrets de plusieurs pays qui ont fait de ce transfert de fonds un des moyens de leur politique de développement.

Enfin, trois contributions sont proposées sur des pratiques sociales étudiées dans la région d’Oran :

Dans une recherche qualitative auprès d’une jeune population, Keltouma AGUIS s’interroge sur le choix du partenaire selon le genre : quelles sont les caractéristiques du partenaire idéal ? Et ce partenaire idéal pourra-t-il être le partenaire réel, c’est-à-dire le conjoint ? Les résultats obtenus montrent des représentations contrastées entre les hommes et les femmes, et que la sexualité reste encore un enjeu social primordial.

La contribution de Yamina RAHOU rend compte davantage de cet enjeu qu’est la sexualité dans le projet matrimonial. En étudiant les représentations liées à la virginité et à la pratique de l’hyménoplastie chez quelques jeunes filles et mères célibataires, l’auteure confirme les résultats d’autres études concernant le poids de la norme sociale dans l’institution du mariage. Elle met en évidence également comment cette norme est « contournée » par la médecine et consacrant par-là, toujours selon l’auteure, le caractère fictif de la virginité.

La dernière contribution, celle de Mohamed HIRRECHE BAGHDAD, relève de la thanatologie par l’étude des épitaphes dans un cimetière local, mais pas seulement. L’auteur présente d’autres pratiques funéraires (tels les bains mortuaires et la nécrologie dans la presse écrite), ainsi que l’établissement de nombreuses comparaisons avec l’Occident en matière de « gestion de la mort ». Ces comparaisons corroborent la thèse de Louis-Vincent Thomas, cité par l’auteur, que « chaque société a ses propres rituels funéraires pour conjurer le désarroi de la mort ».

Nous concluons cette présentation en disant qu’au-delà de la diversité des thématiques dans ce numéro, l’objectif poursuivi est d’exposer, soit des données originales sur des sujets déjà abordés, soit de nouvelles approches à propos de données connues. Mais dans les deux cas, les contributions rassemblées ici seront le point de départ pour d’autres investigations dans leurs champs de recherche respectifs.

Abdelouaheb BELGHERRASet Sidi Mohammed MOHAMMEDI

 

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