Annales Histoire, Sciences Sociales, n° 1 janvier février 2000

Trois gros dossiers dans ce numéro.

Un article essentiel de Paul Veyne: [Le sacré et le profane dans la religion gréco-romaine. Inviter les dieux, sacrifier, banqueter. Quelques nuances de la religiosité gréco-romaine]

Le corps dans la Première Guerre Mondiale : Une approche nouvelle de la guerre nous est présentée:«Nous avons choisi un des thèmes les moins défrichés de l'expérience de guerre de 1914-1918 et des représentations qui lui sont liées : celui de la souffrance des corps et de la douleur psychique.» expliquent Annette Becker et Stephane Audouin-Rouzeau dans leur présentation.

Quatre études sont ainsi réunies: Stéphane Audoin Rouzeau, [Corps perdus, corps retrouvés. Trois exemples de deuils de guerre]; John Horne[Corps, lieux et nation : la France et l'invasion de 1914]; Léonard V. Smith [Le corps et la survie d'une identité dans les écrits de guerre français] et Annette Becker [Guerre totale et troubles mentaux].

Les initiateurs de ce dossier se revendiquent de Marc Bloch et de son article paru dès 1921 dans la Revue de synthèse historique sous le titre : «Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles de la guerre»: «Il ouvrait en effet vers une forme d'historicisation du premier conflit mondial qui n'a été mise en oeuvre et ne s'est vraiment imposée chez les spécialistes d'histoire contemporaine que depuis une décennie environ… Mais des leçons restées longtemps inaperçues par la nouveauté de leur thème et de leur traitement et qui s'étaient perdues.»

A partir d’une notion qu’ils reconnaissent tout autant difficile à cerner que controversée, celle de « culture de guerre », définie «comme la manière dont les contemporains du conflit ont représenté et se sont représentés la guerre» c’est-à-dire comme «l'ensemble des pratiques, des attitudes, des attentes, des créations artistiques et littéraires», les historiens ouvrent un nouveau regard sur ce conflit.

Les historiens sont conscients du risque qu’ils prennent. Ils se tournent ainsi vers l’étude de ce qui a été le moins travaillé dans ces histoires de guerre: celui des souffrances du corps. «L’histoire de la guerre autant et plus que toute histoire est d'abord histoire du corps. Le combat et la mort, l'invasion, l'occupation, la déportation, constituent autant d'expériences de marques sur les corps. Le deuil des morts à la guerre est d'abord, pour ceux qui survivent, expérience du manque du corps de ceux qui sont tombés. Cette « corporalité » des souffrances de guerre, de leur expérience intime, certes, mais aussi de leur spectacle visuel, auditif; olfactif, est évidemment inséparable de la douleur psychique écrivent A. Becker et S. Audoin-Rouzeau.

La question, pour nous, se pose pour savoir si ce type d’histoire a un avenir chez nous. La violence de la conquête, les conséquences, autres que politiques, de la Première Guerre Mondiale sur la santé mentale et physique de ceux qui se sont retrouvés sur le front au sortir de leur douar, mériteraient, un jour, l’attention de nos chercheurs. Ce questionnement pourrait être ouvert aux autres conflits (Guerre de Crimée,…, Deuxième Guerre Mondiale, Guerre d’Indochine…) et à la Guerre de libération nationale.

Complètent enfin ce numéro deux articles regroupés sous l’intitulé: Enquêtes et ethnographie, France et Russie (fin 18ème siècle). André Burguière [La centralisation monarchique et la naissance des sciences sociales. Voyageurs et statisticiens à la recherche de la France à la fin du 18e siècle] et Alessandro Stanziani, [Les enquêtes orales en Russie, 1861-1914]

auteur 

Fouad Soufi

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