Cet ouvrage présente un inventaire des écrits de langue française sur la musique dans le Monde arabe et musulman parus depuis quarante ans. Christian Poché et Jean Lambert sont ethnomusicologues et chacun d’eux a à son actif des études et ouvrages qui font autorité sur la question. Le premier s’est illustré en particulier par ses travaux sur la musique arabo-andalouse et le second par ses études sur la musique du Yémen et de la Péninsule arabe. Outre l’inventaire des écrits (articles, ouvrages et travaux universitaires) francophones depuis 1958, les auteurs ont su synthétiser pour chaque grand ensemble régional (en particulier ici, le Maghreb), les principales recherches entamées antérieurement. Des figures sont brossées, des bilans sont établis sur la base des travaux reconnus ou qui sont, aujourd’hui, des références incontournables. Les entrées sont données par grand ensemble et par pays. A la fin de chaque recension une discographie référencée est fournie mais qui ne vise pas pour autant à l’exhaustivité. Les auteurs mettent l’accent sur les tendances fortes de la recherche en matière musicale. Ils estiment cependant que le paradoxe des musiques du Monde arabe et musulman est de bénéficier d’une diffusion de plus en plus grande, voire d’une certaine popularité; alors que leur place d’un point de vue institutionnel est des plus réduite. Evidemment, en tant qu’ethnomusicologues, Pochée et Lambert J. déplorent la faiblesse des analyses musicologiques, la propension élevée d’études purement factuelles ou d’articles journalistiques qui se focalisent sur des musiques ‘reformatées’ ou qui bénéficient d’un engouement médiatique (comme le raï).
C’est vrai que l’on est frappé, pour ce qui est de l’Algérie, de la pauvreté quantitative des travaux universitaires (mémoires et thèses) en comparaison avec les voisins tunisiens et marocains. De même, on remarquera que le champ académique et universitaire accorde peu d’intérêt à l’étude des musiques traditionnelles et populaires, même si la décennie écoulée a pu compenser quelque peu cette désaffection. On notera enfin, que l’édition nationale, en matière d’études du patrimoine musical algérien est des plus symboliques, ainsi que l’édition discographique spécialisée, puisque les meilleures initiatives en la matière (au niveau institutionnel) datent des années 1960 et 70. Bref, cette bibliographie et discographie devrait donner à réfléchir aux décideurs de la politique culturelle algérienne, les inspirer et les inciter (on peut rêver) à passer un peu plus vite aux actes.
Hadj Miliani