Après de longues vérifications, cette publication relative à l’armature urbaine est très attendue en raison de la série de données urbaines fournies.
Evaluée à 16 997 000 habitants, la population des villes algériennes connaît une progression constante de son volume et de son taux d’urbanisation qui s’élève à 58,3 %en 1998; en effet, en un tiers de siècle, ce dernier a presque doublé car il était de 31,4 % en 1966. A côté de cette urbanisation en expansion, la transition démographique peut être remarquée à la fois, à travers la baisse du taux d’accroissement annuel moyen de la population algérienne (2,16 % entre 1987 et 1998) et celle du taux d’accroissement annuel moyen des populations urbaines, évalué durant cette période intercensitaire à 3,57 %.
Géographiquement, la grande permanence de la concentration littorale des villes se poursuit certes; mais, il faut relever d’un côté le déclin de l’accroissement des métropoles urbaines ( Alger: 0,36 %, Constantine: 0,48 %, Oran: 1,03 %, Annaba: 1,28 %) et cela même si l’on assiste à une amorce de conurbation, et de l’autre, il faut souligner l’affermissement spectaculaire de l’ accroissement annuel moyen de moyennes et petites villes du Sahara ( Tamanrasset: 15,7 %, Hassi Messaoud: 14,4 %, Illizi: 9,6 %, Hassi Rmel: 8,8 %, Tindouf: 5,9 %, Ouargla: 4,9 %, Ghardaïa: 4,2 %…) et celui certes plus modeste, mais largement supérieur au croît moyen urbain algérien (3,57 %), des villes des Hautes plaines steppiques et de l’Atlas Saharien (Naama: 10,1 %, Djelfa: 5,8 %, Bougtob: 4,3 %, Aflou: 4,3 %…).
Sur l’ensemble du territoire algérien, le nombre d’agglomérations est passé de 447 en 1987 à 579 en 1998. L’originalité de l’organisation de l’armature urbaine n’a pas varié; elle “réside justement dans la place prédominante occupée par les petites villes qui ont le plus progressé depuis le denier recensement ; ce qui prouve le degré de diffusion du phénomène d’urbanisation dans le monde rural. Le nombre d’agglomérations de la tranche 10 000 à 20 000 habitants est passé de 92 en 1987 à 201 en 1998; ce qui correspond à un gain de 109 agglomérations”. Par ailleurs, la fragmentation géographique des bâtis situés dans les périphéries des métropoles se poursuit certes; mais, les données du recensement de 1998 révèle que celle-ci s’étend désormais aux alentours de quelques grandes et moyennes villes comme celles de Chlef, Blida, Tlemcen, Tiaret, Tizi Ouzou, Skikda… Enfin, il faut noter l’effort fait sur le plan de la méthode dans la mesure où l’Office a tenu compte de nombreuses critiques (définitions des concepts, modifications successives apportées dans le champ urbain…) faites par quelques universitaires dans leurs travaux. Tout ceci justifie la rédaction d’un texte plus conséquent, portant sur l’analyse de l’urbanisation algérienne, dans le prochain numéro d’Insaniyat qui est consacré aux recherches urbaines.
Abed Bendjelid