Delfante, Charles.- Grande histoire de la "ville de la Mésopotamie aux Etats-Unis.- Paris, Armand Colin, 1997.

Architecte, urbaniste et enseignant, l'A montre, dans un livre riche et dense, combien il est impossible de «planifier les établissements humains sans tenir compte du passé... » Une notion essentielle traverse le livre: la composition urbaine.

Depuis l'urbanisme des Hittites jusqu'à Brasilia, la composition urbaine consiste à « regrouper des éléments choisis pour en faire un tout homogène et complet de telle sorte qu'aucune partie ne puisse se suffire à elle-même... ». Une composition urbaine est toujours «l'expression d'une idée pérenne qui donne, au fil du temps, son sens à la ville, la lie au site». Derrière la composition urbaine, le pouvoir (les pouvoirs) et deux principes fondamentaux: l'ordre (nécessaire) et le symbolisme (grandeur et évidence du pouvoir en place). Trois lignes directrices d'études: la rue (lieu d'expression de l'ordre, des échanges), la place (lieu de démonstration de la puissance du pouvoir) et les plans (lieu d'expression de la création, de l'imagination et de la décision).

L'introduction est un essai dans lequel l'A. s'explique sur l'esthétique dans la ville. La première partie, l'art de la ville à travers l'histoire de l'urbanisme, constitue l'épine dorsale de l'ouvrage.

Voilà pourquoi bien que parti de Mésopotamie (peut-on commencer une histoire des villes dans une autre région du monde?), ce tour du monde nous conduit très vite en Europe et accessoirement en Amérique avec quelques brèves incursions chez les Mayas (au Moyen age européen.), en Inde, en Iran et en Chine.

L'expérience urbaine de la Mésopotamie s'arréte-t-elle à la protohistoire? N'y a-t-il donc plus de villes ni d'art urbain en Egypte post-pharaonique ni en Perse post-achéménide? Timgad est-elle la seule ville d'Afrique du Nord? Carthage n'a pas existé! Par contre plus de 4 pages sont consacrées à la Crête, 14 à la Grèce classique et 17 à Rome. Si le passage sur l'urbanisme au Moyen âge fait une petite place à Yucatan, il fait silence sur le monde arabe. Kufa, Baghdad (Madina Mudawara), Damas et plus tard Alger, Tunis, Fès, Constantine Marrakech et leurs médinas ne seraient d'aucune originalité. Pourtant la composition urbaine en terre d'Islam a également impliqué « une science de l'organisation et une conscience de l'espace». Elle s'est tout autant exprimée «par un tracé que matérialise une conception par le dessin». Mais le lecteur est prévenu: «cette étude n'a pas la prétention d'exposer toutes les compositions urbaines du monde, ni de coller à une exhaustive histoire des villes... » [p. 173] Quant a la page consacrée à Ispahan et à la place Maidam-I-Shah, elle se justifie par la crainte que le propos de l'A. «ne soit par trop européen». En tout état de cause «la composition d'ensemble constitue un événement urbanistique exceptionnel..»

Une chronologie de 12 pages des principaux faits urbains depuis 7500 ans av. J.C. (Jéricho) jusqu'en 196S (la cité jardin de Puchenau en Autriche) et une bibliographie de 8 pages (avec seulement 6 références sur l'urbanisme arabo-musulman) clôturent cet ouvrage dont la lecture devrait inciter nos urbanistes à tenter l'aventure de la synthèse.

auteur

Fouad Soufi

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