Villes algériennes: premier bilan, premières perspectives

Insaniyat N°5 | 1998 | Villes Algériennes | p. 113-114 | Texte intégral


Abed BENDJELID : Université d’Oran, Département de géographie et de l'aménagement du territoire, 31 000, Oran, Algérie.
Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, 31 000, Oran, Algérie.


 

 

 

Après le texte de présentation (Cf. pages 1 à 6 ), il nous est apparu utile d'achever ce dossier en dressant une sorte de premier bilan des travaux présentés et d'ouvrir quelques perspectives de recherche dans le domaine des mutations vécues par les villes algériennes.

L'ambition initiale de Abed BENDJELID et Abdelkader LAKJAA, coordinateurs de ce numéro, était mue par une intention d'analyse à la fois des transformations multiformes, des dysfonction­nements observés et des entraves rencontrées en matière d'aménagement, vécus par les agglomérations urbaines algériennes; bref, il s'agissait d'étudier les mutations, d'identifier les stratégies d'acteurs, de cerner les contraintes décelées et d'émettre, éventuellement, quelques propositions.

Tout en espérant toucher toutes les strates de villes localisées sur l'ensemble du territoire national, une trame composée de cinq axes de recherche a été proposée à des auteurs venus de différentes disciplines concernées par l'aménagement; ces cinq axes sont: l'éclatement physique des villes, la dimension urbanistique, les activités économiques, la dynamique socio-culturelle et la dimension socio-anthropologique.

Douze articles ont finalement été retenus. Si toutes les grandes zones géographiques (Algérie du Nord et Sahara) et les diverses strates urbaines (métropoles, villes moyennes, petites villes) ont été touchées, diversement il est vrai, par les analyses faites, il n'en demeure pas moins vrai que les mutations marquantes connues depuis l'indépendance par la Capitale nous ont fait défaut... Ceci explique la place accordée aux six thèses et ouvrages élaborés par A. Ravereau, D. Lesbet, M. Sgroï­ Dufresne, L. Icheboudène, M. Safar-Zitoun et J. J. Deluz portant sur Alger, dont les lectures faites sont données par Amara Bekkouche, Abdelkader Lakjaa, Abed Bendjelid et Fouad Soufi. En outre, il faut tout de même ajouter la position de recherche de Madani Safar-Zitoun dont la thèse porte sur Alger.

Parmi les thèmes proposés, celui se rapportant au champ économique urbain fait défaut et ceci est d'autant plus regrettable, que toutes les économies des villes connaissent de notables métamorphoses consécutives à la crise. Néanmoins, il faut avouer que l'économie urbaine semble être une filière foncièrement délaissée en Algérie. S'il n'en est pas de même pour la recherche en architecture et en urbanisme menée au sein des différents instituts universitaires, le résultat est pratiquement comparable dans la mesure où de nombreux travaux de recherche soutenus demeurent méconnus; bien plus, les quelques revues d'architecture et d'urbanisme éditées restent invisibles, y compris dans le champ universitaire... En revanche, la participation de chercheurs intéressés par l'histoire urbaine est, pour nous, une satisfaction partagée en raison de son apport à la connaissance de la formation de nos villes.

Les besoins d'une meilleure connaissance des milieux urbains sont manifestes tant, pour des universitaires guidés par des préoccupations personnelles ou collectives de recherche que pour les décideurs et les praticiens. Le nombre de colloques et de séminaires portant sur les villes algériennes, organisés durant le premier semestre de l'année 1998, à la fois par les institutions universitaires («l'aménagement urbain» tenu à l'Université des sciences et de la technologie d'Alger; ceux préparés à Oran; d'abord «les discours sur la ville», ensuite «les perceptions du phénomène de banlieue», enfin «demain la ville, l'entreprise») et par les collectivités locales («la gestion des grandes villes» monté par la Wilaya et l'Université d'Annaba, «la réhabilitation et la sauvegarde de la Casbah d '.Alger» organisé par le Gouvernorat d'Alger), exprime clairement les besoins des uns et des autres en matière de connaissance concrète de ces espaces en vue d'entamer d'éventuelles interventions dans le domaine de l'aménagement des métropoles. C'est dire là aussi, l'intérêt croissant qu'il faudrait porter à l'avenir sur les travaux conçus par les praticiens, par les représentants des collectivités locales et par les autres acteurs de la vie urbaine. Il va de soi que l'absence et / ou la faiblesse des études d'impact et des rapports d'évaluation consécutifs aux interventions faites en milieu urbain, limitent, et limiteront, l'efficacité des actions publiques d'aménagement.

En définitive, la connaissance imparfaite des villes algériennes et surtout, l'inaccessibilité de la production scientifique portant sur la question et l'insignifiance des relations entretenues entre les deux institutions que sont l'université et les collectivités locales et centrales, laissent ouvert de larges champs de recherche plus ou moins abordés qui concernent le fonctionnement et l'aménagement des villes algériennes (l'information en milieu urbain, la gestion des villes et l'environnement, les nouvelles territorialités urbaines, la réhabilitation du vieux bâti, les pouvoirs publics face à la ville, les finances locales, la réorganisation des quartiers, la centralité, l'armature urbaine et l'aménagement du territoire...).

En cette fin de siècle, l'essentiel est de dépasser à la fois la vision ponctuelle de l'aménagement urbain et l'autre vision, plus parcellaire celle-là, qui continue d'extraire les villes de leur cadre territorial et des multiples relations entretenues avec les campagnes. Enfin, loin d'être exhaustif par les sujets abordés, ce dossier doit être lu comme une ouverture à un débat sur la ville et en ce sens, la Revue s'engage à ouvrir largement des colonnes aux travaux portant sur ce champ de recherche.

 

 

 

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