La représentation des Algériens à travers trois séquences l’année 1955 - mai 1958 -décembre 1960

Insaniyat N° 29-30 | 2005 | Premières recherches II (Anthropologie, Sociologie, Géographie, Psychologie, Littérature) | p.61-76 | Texte intégral


La Guerre d’Algérie dans les archives photographiques de l’Agence France-Presse – trois séquences – trois figures des Algériens : l’année 1955 et les  « rebelles », mai 1958 et les anciens combattants, décembre 1960 et les Algériens

Abstract : L’essentiel du corpus de la guerre d’Algérie dans les archives photographiques de l’AFP est répertorié dans six boîtes d’archives d’où le mot « guerre » est pratiquement absent. Sa quantification met en évidence la faible proportion de la couverture du conflit par rapport à la production totale sur la période des « événements ».
Un examen attentif de la « visibilité » des Algériens à travers ce corpus a permis de dégager trois grandes catégories : les « hors-la-loi » : stéréotype colonial et terme « officiel » utilisé dans les dépêches de 1955 ; les « colonisés » : catégorie qui se révèle infiniment complexe à l’analyse ; enfin, les Algériens en tant que citoyens d’une nation émergeante. La réflexion sur ces trois catégories s’appuie sur le décryptage de trois photographies correspondant à trois séquences où les Algériens paraissent en tant qu’acteurs plutôt qu’en tant que victimes dans les archives de l’AFP.
La photo-souvenir « détournée » des « trois jeunes guérilleros » incarne l’année 1955, année de l’entrée en guerre. La photo « de presse » d’un ancien combattant participant aux illusoires fraternisations franco-musulmanes de mai 1958 évoque cette séquence très importante qui semble s’extraire d’une longue période où les Algériens apparaissent à l’image essentiellement comme « suspects » (malmenés, humiliés, blessés, morts…). Enfin, la photographie « instantanée » des « jeunes manifestants musulmans » de décembre 1960, représente le surgissement – l’avènement -  de la figure de l’Algérien en tant que citoyen débarrassé des marqueurs vestimentaires exotiques fondamentaux dans les deux premières représentations.

Mots clés : Guerre d’Algérie - colonisation - rebelle - ancien combattant - manifestant.


Eléonore BAKHTADZE :  AFP de Paris.


Pour l’Agence France-Presse, qui vient de recouvrer sa totale indépendance par une loi promulguée le 10 janvier 1957, la guerre d’Algérie sera “l’épreuve du feu[1]”. Ses journalistes travaillent sous la direction sourcilleuse en matière d’objectivité de Jean Marin, qui fut la voix de la France depuis Londres pendant la Seconde Guerre mondiale et à qui, le président du Conseil Pierre Mendès France a confié en 1954 le soin d’élaborer le “statut de la liberté[2]”.

Filiale de l’AFP jusqu’en 1959, le service photographique, encore marginal, bénéficie d’une certaine autonomie et de peu de moyens. Les “événements d’Algérie” y sont traités dans le flot de tous les autres événements. C’est la grande diversité des sources (pigistes, reporters et journalistes présents sur le terrain, appelés du contingent, agences étrangères, Service cinématographique des Armées, envoyés spéciaux...) dont certaines restent inconnues, qui font la richesse des six boîtes d’archives aujourd’hui étiquetées “Guerre d’Algérie”.

L’AFP a, selon Barbara Vignaux, «épousé bon gré mal gré, les grandes lignes de la guerre d’Algérie[3]». Elle distingue à juste titre dans la couverture de la guerre une première phase (1954-1958) qui rend compte des opérations militaires en cours en Algérie, puis une seconde phase (1959-1962), où «l’Agence, dotée d’un statut plus libéral, suit l’affirmation de nouveaux acteurs sur les scènes nationale et internationale...»[4]. Un découpage similaire est observable dans la couverture du conflit par le service photographique de l’Agence. On constate en particulier que les légendes prennent une forme de plus en plus neutre et strictement informative tandis que les envoyés spéciaux, en mission sur le terrain, en offrent une vision plus libre, plus variée et précise en même temps que distanciée.

Le corpus de la guerre d’Algérie dans les archives photographiques de l’Agence France-Presse est classé dans six boîtes créées dans les années 1990 et, donc, indexées «Guerre d’Algérie». En revanche, le mot «guerre» n’apparaît jamais dans l’indexation «d’époque» sauf une fois, dans les légendes, en 1956 dans l’expression «l’Algérie sur pied de guerre».

La quantification du corpus met en évidence la faible proportion[5] de la couverture de la guerre d’Algérie par rapport à la production totale sur toute la période du conflit: 2,06 %. On observe deux années «creuses», 1955 et 1959, qui sont pourtant et paradoxalement les deux années de très forte production du service photographique. Le même phénomène est relevé dans les actualités de l’ORTF par Evelyne Desbois.

Comment peut-on interpréter ce fait? Le premier semestre de 1955, la situation semble «sous contrôle»: peu de photographies parviennent à l’Agence (une seule jusqu’en mai), sinon pour annoncer que l’armée occupe le terrain (arrestation de Mostefa Ben Boulaïd, reddition de Kerbadou Ali). Les photographies signées SCA (Service cinémato­graphique des Armées) commencent à affluer après la tentative d’insurrection du 20 août 1955 qui marque la véritable entrée en guerre. Concernant 1959, on peut s’étonner que la plupart des chronologies[6] de la guerre d’Algérie donnent similairement l’impression d’une année pauvre en événements. Comme si le retour du général de Gaulle aux affaires, avait mis fin aux évènements. C’est pourtant l’année du lancement du plan Challe et de la proclamation du droit des Algériens à l’autodétermination. Les terrains militaire et politique sont donc fertiles en événements, mais les sources conservées à l’AFP n’en rendent pas compte.

La forte proportion de photographies répertoriées pour la deuxième phase de la guerre, à partir de janvier 1960, tient essentiellement dans la couverture du conflit franco-français- journées des barricades, putsch, actions de l’OAS – et des diverses rencontres et négociations qui ont abouti aux accords d’Evian.

En revanche, un certain nombre de lacunes apparaissent concernant le départ des réfugiés algériens vers la Tunisie et le Maroc (mais leur retour après les accords d’Evian est bien documenté), les camps de regroupement (dont l’accès était rigoureusement contrôlé par l’armée) et la torture que les dépêches pouvaient évoquer d’une manière détournée[7].

De même, les opérations liées au plan Challe sont presque passées sous silence dans ces archives: cinq photographies seulement en 1959, ce qui peut s’expliquer par le fait que l’accès au terrain est impossible pour les photographes non militaires tandis que, l’Agence ayant acquis son indépendance par rapport à l’Etat, la fourniture des photographies SCA est en forte diminution comparée à la première partie du conflit. Enfin, il faut noter une couverture extrêmement réduite du départ massif des Européens durant les semaines qui ont précédé la proclamation de l’indépendance. Aussi n’existe-t-il aucun véritable reportage accessible dans ces archives.

Dans ce contexte, quelles représentations des Algériens – colonisés en cours d’émancipation – les photographies aujourd’hui visibles dans les archives de l’AFP transmettaient-elles à l’opinion française, à laquelle ce «média des médias» s’adressait prioritairement, pendant la guerre d’indépendance algérienne? Le désengagement de la France (c’est-à-dire le renoncement à l’Empire) est-il perceptible à travers cette représentation de l’Autre (le colonisé) entre le début et la fin du conflit?

Un examen attentif de la «visibilité» des Algériens à travers le corpus a permis de dégager trois grandes catégories : les «hors-la-loi» (stéréotype colonial et terme «officiel» utilisé dans les dépêches de 1955), les colonisés (catégorie qui se révèle beaucoup plus complexe à l’examen) et, enfin, les Algériens en tant que citoyens d’une nation émergeante. J’ai choisi pour un décryptage «historien» trois photographies qui, en quelque sorte incarnent chacune de ces catégories et qui correspondent à trois séquences où les Algériens s’offrent au regard en tant qu’acteurs.

Le décryptage de ces images obéit à la méthode mise en évidence par Clément Chéroux. Inspirée des principes de la «Nouvelle histoire», cette méthode consiste à prendre en considération tous les facteurs qui ont procédé à la création et à la «carrière» d’une photographie - le référent (le sujet de la photo), le contexte historique, le photographe, les conditions de prise de vue, d’acquisition, d’archivage, de diffusion et, éventuellement, de publication - de manière à «aboutir à la restitution d’un objet historique[8]».

La première séquence couvre l’année 1955, qui est la phase d’entrée dans «la guerre ouverte[9]», scandée par la tentative d’insurrection dans le Nord Constantinois du 20 août 1955. Celle des «trois jeunes guérilleros» (Fig. 1) est l’unique photographie diffusée par l’AFP, au cours du conflit, de rebelles (re) présentés «en combattants». Elle n’a à ma connaissance jamais été publiée. Je la confronterai à la photographie de rebelles (re)présentés «en soldats» ramenée des maquis par Robert Barrat et publiée dans L’Express du 17 septembre 1955.

Source : A.F.P. : Reproduction interdite

Figure 1 : Les trois jeunes guérilleros. Frontière algéro-tunisienne (18 mai 1955)

 Source : A.F.P. : Reproduction interdite

Figure 2: Fraternisations franco-musulmanes. Un ancien combattant au village de Duperré le 26 mai 1958

Enfin, au mois de décembre 1960, surgissent – c’est le dénouement – «les jeunes manifestants musulmans» selon la terminologie utilisée dans les légendes. Une autre vision se fait jour, un autre regard, dont l’acuité s’affirmera au cours des derniers mois du conflit: les photographes semblent enfin voir les Algériens au-delà des «clichés».

Mais jusqu’à la fin de la guerre, les Algériens continueront d’être le plus souvent désignés par le référent religieux.

En 1955, la représentation des rebelles au maquis: les «trois jeunes guérilleros»

les vocables “rebelle”, “hors-la-loi”, “fellagha” apparaissent le plus souvent dans les légendes relatant des arrestations et des opérations militaires françaises pour désigner, le plus souvent, de simples «suspects». Les “rebelles” dont la représentation est analysée ici sont uniquement ceux qui combattent au maquis.

Le magazine L’Express publie le 17 septembre 1955 une photographie[1] d’un groupe de combattants du FLN en tenue militaire (calots ou casquettes et chemises kaki) aux visages masqués par des turbans, avec le commentaire suivant: “le document photographique que nous publions ici est le premier qui soit parvenu en France sur les rebelles d’Algérie.”

Pourtant, l’agence Intercontinentale (agence photographique filiale de l’Agence France-Presse) avait diffusé[2] dès le mois de mai 1955, une photographie représentant trois jeunes maquisards algériens fournie par le bureau de l’AFP à Tunis. Ce sont de très jeunes gens, presque des adolescents, vêtus comme des paysans (sarouel et turban rabattu autour du cou, qui posent fièrement sur un fond de rochers avec dans les mains des fusils hors d’âge. Ce n’était pas une photographie “officielle” originellement destinée à la presse, mais une simple “photo souvenir” destinée aux familles des hommes “montés” au maquis et, sans doute, saisie lors d’une opération militaire. On ignore par quel détour exactement elle est parvenue au bureau de l’AFP de Tunis.

Pourquoi L’Express a publié l’une et pas l’autre? Le fait que les trois jeunes “fellaghas” (terme de la légende) apparaissent à visage découvert a pu inciter à la prudence un organe de presse anticolonialiste. Mais, surtout, l’aspect des trois jeunes paysans quelque peu dépenaillés et armés de pétoires, accrédite l’image véhiculée par les autorités françaises du “fellagha-hors-la-loi”, ramassis de bandits, au mieux de pauvres bougres égarés – des “indigènes” - mal équipés face à la formidable armée française[3]. Cette photographie ne correspond certes pas à l’image d’ “armée organisée[4]” que s’attache à “communiquer” le FLN, ce qu’au contraire réussit très bien celle du groupe d’hommes masqués et en uniforme prise par Robert Barrat dans un maquis de Kabylie.

Notons, cependant, que la photographie des “trois jeunes guérilleros”, présentée en ouverture de l’exposition “Photographier la guerre d’Algérie[5]”, transmet aujourd’hui, pour un œil contemporain, l’image émouvante d’une “armée du peuple” levée avec de pauvres moyens contre la tyrannie coloniale. Cette trace, vieille de cinquante ans, porte aujourd’hui un message inverse de celui que l’on souhaitait alors transmettre à travers ce «cliché[6]» et, surtout, à travers la légende qui l’accompagne.

“RECRUDESCENCE DE L’ACTIVITE DES FELLAGHA EN AFRIQUE DU NORD: les attentats et les accrochages avec les forces de l’ordre se multiplient en Afrique du Nord, justifiant les mesures d’urgence proposées au Conseil des ministres. NPM, dans le maquis de la frontière algéro-tunisienne, ces fellaghas posent complaisamment devant l’objectif de l’un d’eux et envoient les photos à leurs familles. AFP/Tunis - Intercontinentale 18/5/1955[7].”

Le ton quelque peu persifleur (“posent complaisamment”) de la légende tend à relayer la vision dépréciée de la résistance algérienne contre l’occupation française, que les autorités françaises et par la presse conventionnelle (Paris-Match, France-Soir, L’Aurore…) reproduisent.

Comme la légende, la photographie remplit parfaitement sa fonction: donner une image de la résistance algérienne inquiétante, «criminalisée», mais surtout pas “militarisée”… La “pacification” n’en sera que plus facile et rapide face à ces “fellagha”, mal équipés et inorganisés. De surcroît, il émane de cette image un net parfum d’exotisme (les vêtements, le cadre), si propice au vieux mythe colonial, dont l’historien Charles-Robert Ageron souligne la renaissance après la Seconde Guerre mondiale[8].

Cette photographie a été archivée par l’Intercontinentale le 18 mai 1955 dans un contexte historique particulier, c’est-à-dire un mois à peine, après la Conférence de Bandoeng qui sonne la fin de l’ère coloniale[9]. Alors qu’en France, les premiers «réseaux de divulgation[10]» dénoncent la torture pratiquée par les autorités coloniales en Algérie et que l’on est à la veille de la décision par le Conseil des ministres du premier rappel de disponibles et de l’envoi de renforts.

Comme le précise la légende des «trois jeunes guérilleros», on observe cette semaine-là, sur le territoire algérien, une extension de la guerre. Au printemps 1955, les attentats se multiplient contre les Européens et les caïds, les gardes champêtres, les agents de la police… et contre les contrevenants à l’interdiction imposée par l’ALN de consommer tabac et alcool[11].

En vérité, cette image de jeunes villageois tout fiers d’arborer leurs armes illustre “le basculement vers le FLN”, avec l’entrée en scène massive de la paysannerie[12]. Elle incarne également l’enquête menée par Jacques Duquesne, pour le journal La Croix auprès «des Musulmans de tous bords». Il avait recueilli «des réponses différentes à l’extrême (...) mais qui concordaient sur un point: la jeunesse était, dans son ensemble, acquise à l’idée de l’indépendance. Elle était persuadée de l’obtenir un jour[13] ».

L’examen minutieux - en quelque sorte archéologique - des conditions de réalisation, d’acquisition et d’archivage de ce document aboutit, après un certain nombre de détours, au résultat suivant: les «trois jeunes guérilleros» sont vraiment des résistants à l’occupation de la France colonialiste et non de simples paysans avec leurs fusils de chasse, car le négatif appartient à une série comprenant en particulier une photographie avec un drapeau frappé de l’étoile et du croissant(mais unicolore comme le drapeau tunisien et non bicolore comme la plupart des drapeaux du FLN. Mais ils ne sont peut-être pas Algériens, car une autre photographie de la série représente un certain Sassi Lassoued, lequel réapparaît dans le dossier Tunisie au milieu d’un groupe de «fellaghas» tunisiens venant de faire reddition[14] (ce qui peut être un début d’éclaircissement sur les conditions d’acquisition des négatifs originaux par le bureau AFP de Tunis).

En conclusion, le seul “fait historique” auquel aboutit l’analyse de cette image réside dans la vision particulière de la «rébellion» - qui se voulait négative - offerte à l’opinion française dans la première année du conflit. Cet “objet historique” serait irrécusable, même si, pour une raison ou une autre, nous découvrions que ces trois jeunes villageois n’étaient nullement des maquisards ou qu’ils n’étaient pas Algériens mais Tunisiens.

Dans l’état actuel de nos connaissances, cette photographie n’a pas été publiée à l’époque de la guerre d’indépendance. Elle semble avoir connu un long sommeil dans les archives photographiques de l’AFP. Mais quelque cinquante ans après, elle aborde une nouvelle carrière, à l’occasion de l’exposition Photographier la guerre d’Algérie, en 2004, à l’Hôtel de Sully, à Paris. Elle acquiert ce titre «les trois jeunes guérilleros» et vient s’inscrire dans la mémoire collective comme une vision émouvante - positive et quelque peu romantique - de l’armée d’un peuple, en lutte contre la puissance colonisatrice, composée d’hommes jeunes et déterminés, pleins d’espoir malgré leur pauvre équipement.

Le fonds de l’AFP recèle quelques autres photographies – toutes de source étrangère - provenant des maquis algériens. Elles sont de facture convenue, offrant une vision militarisée de la résistance telle que la représentait le service d’information du FLN. Ces acquisitions, toutes postérieures au 10 janvier 1957, ne sont peut-être pas étrangères à la promulgation de la loi sur le statut d’indépendance de l’Agence. Aucune ne fut diffusée: on ne montrait pas l’ennemi. Les seules photographies de «rebelles» diffusées (mais pas forcément publiées par les organes de presse) les représentent morts (Amirouche), arrêtés (Yacef Saadi, Ben Bella, Boudiaf...), interrogés (deux ou trois photographies), faisant reddition (Adjel Adjoul, Kerbadou Ali). “Le rebelle n’acquiert une existence (car ce qui n’est pas montré n’existe pas) qu’au moment où il cesse d’être une menace pour la France: mort, blessé, prisonnier ou rallié.” comme le rappelle Marie Chominot[15].

Mai 1958 - L’ancien combattant - Une figure imposée, qui s’expose

À l’opposé, de la figure du rebelle, qui est jeune et quasi-absent, celle de l’ancien combattant, généralement âgé, s’impose par sa forte présence[16] jusqu’en décembre 1960. Sa silhouette très droite, avec turban et décorations fièrement arborées sur la poitrine[17], devient vite familière à qui feuillette les images de la guerre d’Algérie. Cette figure, instrumentalisée régulièrement pour montrer l’adhésion des Algériens à la mère patrie revêt toujours les signes vestimentaires de “l’indigène” dont le turban en est le symbole. En ce sens, cette photographie s’apparente à celle des «trois jeunes guérilleros» et elle apparaît le plus souvent lors de commémorations et pour la dernière fois en tête, en première ligne - comme sur les champs de bataille - d’une manifestation d’Européens hostiles à la politique du général de Gaulle pendant son voyage de décembre 1960, en Algérie.

Au mois de mai 1958, l’Express diffuse et publie la photographie d’un ancien combattant, figure du bon «colonisé». Elle revient à Jacques Moalic[18] qui a su pointer la vision stéréotypée.

L’intérêt de l’ancien combattant est qu’il s’expose. A sa manière, c’est un acteur, lui aussi. On le montre et il se montre. A l’époque, il est exhibé comme un «bon colonisé», aujourd’hui comme la victime d’une manipulation de son image, voire même comme un traître à son pays.

Il s’agit d’un homme âgé, coiffé d’un turban et vêtu d’un veston où sont épinglées deux rangées de médailles. Il salue de la main droite et, sans vraiment sourire, il a sur le visage une expression heureuse. Dans la foule, autour de lui, plusieurs fillettes coiffées d’un foulard semblent applaudir; l’une sourit franchement, avec une main une peu hésitante ou timide au-dessus de sa tête. À l’arrière-plan, on aperçoit des fanions tricolores accrochés entre les arbres et un militaire avec un calot; lui aussi salue de la main. Un militaire à béret blanc et armé, occupe la partie gauche de l’original de l’agence Intercontinentale.

C’est cette partie gauche avec le militaire qui a été oblitérée dans la version publiée dans le magazine L’Express du 29 mai 1958 pour accompagner un long article de Jean Daniel, où le journaliste examine les circonstances qui ont conduit aux illusoires «fraternisations» de mai 1958. Peut-être un simple maquettiste a-t-il pris cette décision, qui offre une vision schématique, tronquée (consciemment ou non, l’idéologie[19] n’est pas loin) - même si elle se voulait symbolique - d’une situation dont Jean Daniel s’efforce, sur huit colonnes, d’en démontrer la complexité en insistant sur le rôle, justement, des militaires des Sections administratives urbains (SAU). Ainsi même dans L’Express, pourrait-on dire! - la figure de l’ancien combattant algérien est placée au premier plan, en première ligne...

Manipulés, sans doute, utilisés par les Français d’Algérie... c’est flagrant dans toutes les photographies. Mais est-ce aussi simple ? Les interviews de harkis[20] permettent d’entrevoir toute la complexité de la situation pendant la guerre. Beaucoup disent qu’ils n’imaginaient pas que l’indépendance fût possible. Tel était aussi sans doute le sentiment des anciens combattants, attachés aux avantages (postes, pensions, décorations) que leur procurait leur statut. Avec l’âge, ils étaient devenus “ sages ”. Jacques Duquesne note : “ En général, plus on montait dans la pyramide des âges, plus on rencontrait de gens qui craignaient les répercussions économiques et sociales de l’indépendance[21]”. Enfin on ne peut pas oublier le vécu de ces hommes[22], l’expérience irréductible des champs de bataille, la découverte d’un autre monde, la peur, le risque, la cruauté, la solidarité, l’héroïsme et… avoir survécu. Il faut évoquer également la fierté d’avoir combattu pour des idéaux républicains anti-nazis et, par conséquent, le sentiment d’appartenir à cette nation “moderne et démocratique”. Ahmed Ben Bella lui-même, qui reçut la croix de guerre des mains du général de Gaulle, relate non sans émotion ses faits d’armes dans la campagne d’Italie, pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la série d’interviews accordés à Séverine Labat en 2005.

Il est sûr que la photographie est une source hautement manipulable, dont la lecture s’avère très différente selon l’époque et la société qui la regarde. Dans le même temps, elle se pare d’un «effet de réel» qui ne peut qu’inspirer la méfiance des historiens. Le stéréotype n’est jamais loin. Paradoxalement, la fiction, ou la “littérature”, offre peut-être une approche intéressante pour déjouer les pièges du “référent” trop évident[23]. Peut-être même est-ce la meilleure source à croiser avec la source photographique pour ouvrir et soutenir – enrichir - une réflexion d’historien, appréhender tout ce hors champ qui gravite autour de cette «émanation du réel passé[24]».

Troisième séquence: Décembre 1960 et le Dénouement

Après une longue éclipse de leur représentation de presque une année dans les archives photographiques de l’AFP, de janvier 1960 (la semaine des barricades) à décembre 1960, date des manifestations qui ont marqué le voyage du général de Gaulle, les Algériens font irruption sur la scène politique et dans la sphère publique. Si une seule photographie de «rebelles» a été diffusée pendant les années de guerre, «les jeunes manifestants musulmans» selon la terminologie des légendes, s’imposent dans les rues et à l’image, au mois de décembre 1960. (Fig. 3).

Source : A.F.P. : Reproduction interdite

Figure 3: Jeunes manifestants algériens à Alger le 11 décembre 1960

Vêtus à l’européenne, ils n’ont rien d’exotique. Ils surgissent par groupes au bout des rues, armés de bâtons et de drapeaux algériens, et sur certaines images, des jeunes femmes sont mêlées à eux[1]. Ils captent l’attention des photographes, qui se sont visiblement détournés des émeutiers européens dont cinq photographies ont été répertoriées, contre quarante-cinq concernant les manifestants algériens, qui furent toutes diffusées[2].

Poussés à la confrontation contre les Européens par les militaires des Services administratifs urbains (SAU), puis réprimés par les forces de l’ordre, une centaine d’entre eux perdront la vie. Est-il possible de parler d’instrumentalisation? Les rares études sur ces manifestations ont montré l’importance de l’émergence dans la rue par les populations des villes et le détournement de sens qu’elles imposent en scandant des slogans appelant à l’indépendance.

L’ampleur des manifestations met fin au mythe de l’Algérie française et le basculement vers l’indépendance apparaît comme irréversible.

Les photographes de l’AFP ne s’y sont pas trompés. La facture de leurs images (floues, en mouvement, souvent confuses) trahit une couverture dans l’urgence: ils semblent courir à la rencontre et à la poursuite des Algériens qui déferlent dans les rues et que des militants du FLN tentent de canaliser comme en témoignent certains clichés. De fait, ces images-là semblent comme les seules véritables et authentiques «images de guerre» de tout le conflit. L’événement s’impose, c’est vraiment «de l’instantané», de la photographie purement informative répondant aux critères de la presse quotidienne. France Soir et Paris Match ont, quant à eux, abondamment traité ces manifestations, et cela sur le mode spectaculaire. On peut noter au passage la différence de ton des légendes entre notamment Paris Match[3], très partisan, et l’AFP[4], qui a acquis au fil des ans (surtout après 1958-59) une neutralité toute informative (hormis le terme de «musulman», lequel est utilisé dans toute la presse, y compris anti-colonialiste comme L’Express). L’Express[5] a choisi d’illustrer ces manifestations de manière équilibrée, comme à l’accoutumée, avec deux photographies (de l’agence Dalmas) en miroir qui se répondent. Sur une page, les émeutiers européens, de dos, avec pour légende «Les Ultras – La fin des équivoques», et sur l’autre double page, les jeunes Algériens (dont une jeune fille), de face, «Les Musulmans – La fin des illusions». La route sera longue et semée d’embûches mortelles après le tournant de décembre 1960 jusqu’à la proclamation de l’indépendance en juillet 1962.

Ainsi, au-delà des stéréotypes idéologiques (fellagha, rebelle, terroriste, suspect, ancien combattant, Nord-Africain…), «Les Algériens» ont commencé d’exister dans le regard des photographes, même si dans les légendes, ils continuent jusqu’à la fin d’être désignés sous le vocable ethnicisé de «musulmans», ce qui déborde très largement le cadre de l’AFP.

Il faut insister sur le fait que cette séquence s’inscrit dans une période qui va de janvier 1960 jusqu’aux accords d’Evian en mars 1962, période où parallèlement à l’occupation de la rue par les Algériens, le conflit franco-français va s’imposer à son tour sur le devant de la scène. Les Algériens ont presque disparu des photographies, remplacés, croirait-on, par la cohorte des identités judiciaires des porteurs de valises arrêtés. Après le référendum de janvier 1961, qui donne lieu à quelques photographies de femmes voilées et d’hommes avec turban dans les bureaux de vote, les Algériens retournent, le plus souvent, à leur fonction de décor. Ils ne reviendront vraiment au premier plan de l’image qu’après la signature des accords d’Evian. On trouve alors dans les archives un certain nombre de photographies dites «d’illustration» - scènes de rue, petits cireurs, mendiants, vues générales d’Alger, bidonvilles – qui sont le plus souvent des tirages isolés sans date ni légende. Parfois le nom d’un photographe est indiqué: Jean-Claude Combrisson ou René Jarland (qui sont des permanents envoyés de Paris), dont le regard semble avoir acquis une acuité particulière, comme si le pays et ses habitants s’étaient mis à exister et qu’il fallait en capter quelques images avant de partir.

Assez logiquement, on observe dans ces archives de l’Agence France-Presse que l’émergence de la figure de l’Algérien puis son occultation et, enfin, son retour – son avènement - à l’image répond au repli français sur le conflit franco-français, prélude au désinvestissement définitif de l’Algérie. Ce repli est tel que les Algériens disparaissent un certain temps du champ (des archives), en même temps, d’ailleurs, que la guerre menée par le général Challe contre eux. A partir de 1959, les photographies SCA se raréfient jusqu’à quasiment disparaître en 1960, 1961 et 1962. Les Français se préparent à oublier la guerre et la colonisation pour entrer, déchargés de ce fardeau, de plain pied, mais les yeux fermés, dans l’ère consumériste.

– Avertissement –

La direction du service photographique de l’AFP a autorisé Madame Eléonore Bakhtadzé à publier les trois photographies libres de droit dans le cadre exclusif de cet article.


Notes

* DEA en histoire, sous la direction de Benjamin Stora, Université Paris VIII (Institut Maghreb-Europe), Octobre 2005.

[1] Cf. Vignaux, Barbara, «L’Agence France-Presse en guerre d’Algérie», Vingtième Siècle, n° 83, juillet-septembre 2004, pp. 121-130. Voir également, Jean Huteau, Bernard Ullmann, AFP, Une histoire de l’Agence France-Presse, 1944-1990, Robert Laffont, 1992, pp. 157-165.

[2] Marin, Jean, Petit bois pour un grand feu, mémoires, Editions Fayard, 1994, p. 497.

[3] Vignaux, Barbara, op.cit., p. 130.

[4] Idem.

[5] Desbois, Evelyne observe en effet que «Pour plus de sept ans de guerre, de 1954 à 1961, les Actualités françaises n’ont donc présenté que 28 documents». Evelyne Desbois, «Des images en quarantaine», in Jean-Pierre Rioux (ed.), La Guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, p. 563.

[6] Par exemple celle de Stora, Benjamin, Histoire de la guerre d’Algérie (1954-1962), Paris, La Découverte, 2002 (1993), p. 108, et celle d’Yves Courrière, La guerre d’Algérie, (1958-1962), L’heure des colonels, Les feux du désespoir, Paris, Laffont, Robert, 1998 (Fayard, 1970), p. 1174.

[7] Les images sur la torture s’ont d’une manière générale rarissimes, voire pour l’instant inexistantes. Cf. Vignaux, Barbara, op.cit, pp. 129-130.

[8] Ilsen, About., Clément, Chéroux, «L’histoire par la photographie», Etudes photographiques, n°10, novembre 2001, pp. 8-34.

[9] Stora, Benjamin, «Chronologie», in Gervereau, Laurent, Rioux, Jean-Pierre et Stora, Benjamin (eds), La France en guerre d’Algérie, Paris, BDIC-MHC, 1992, p. 313.

[10] On sait aujourd’hui qu’elle fut prise par Robert Barrat lors de l’interview de Belkacem Krim et Amar Ouamrane réalisée dans les maquis kabyles juste après la tentative d’insurrection du 20 août 1955.

[11] Dans les archives, les photographies diffusées en série aux clients abonnés à «la pochette» (essentiellement la presse quotidienne) se reconnaissent au fait qu’elles sont accompagnées d’une légende tapée à la machine sur une bande de papier. Cela ne signifie nullement, bien sûr, qu’elles furent à l’époque publiées. En revanche, certaines photographies non diffusées ont pu être proposées individuellement (et publiées) par les représentants aux magazines qu’ils visitaient régulièrement.

[12] Laquelle commence à inonder d’images strictement contrôlées l’AFP et d’autres agences à partir du 20 août 1955, date du “vrai” début de ce que l’on s’abstient, dans les milieux officiels, de nommer la guerre d’Algérie.

[13] Ce que les “rebelles” interviewés par Robert Barrat affirment être dans France-Observateur du 15 septembre 1955, terme repris dans l’encadré accompagnant la photographie de l’Express du 17 septembre 1955: “Les rebelles de ce maquis se déclarent en guerre ouverte avec la France. Ils prétendent appartenir à une armée organisée.”

[14] L’exposition “Photographier la guerre d’Algérie” organisée et présentée par le Patrimoine photographique avec pour commissaires Laurent Gervereau, Benjamin Stora, s’est tenue à Paris, à l’Hôtel de Sully, du 23 janvier au 18 avril 2004.

[15] Au sens propre comme au sens figuré.

[16] En majuscules: le titre de la légende, suivi d’un bref exposé de la situation, - NPM signifie “Notre photo Montre” - vient ensuite la description de la photographie, la légende proprement dire. La source “AFP Tunis” est manuscrite. Intercontinentale est le nom de l’agence photographique, filiale de l’AFP. La date ne correspond évidemment pas à la date de création du cliché mais probablement à la date de sa réception, décalage très souvent observé dans les archives de l’Intercontinentale.

[17] Ageron, Charles-Robert, La décolonisation française, Paris, Armand Colin, 1991, p. 103.

[18] Voir Lacouture, Jean, “Bandoeng ou la fin de l’ère coloniale”, Le Monde diplomatique, n° 613, avril 2005, pp. 22-23.

[19] Stora, Benjamin, La gangrène et l’oubli, Paris, La Découverte, 1991, p. 46 à 51. Ces réseaux se manifestent en dénonçant dès janvier 1955 la pratique de la torture par les autorités en Algérie.

[20] Courrière, Yves, La guerre d’Algérie, Le temps des léopards, Paris, Robert Laffont, Bouquins, 1998 (1970), p. 493.

[21] Stora, Benjamin, “La gauche et les minorités anti-coloniales françaises devant les divisions du nationalisme algérien” in Jean-Pierre Rioux (dir.), La guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, p. 69.

[22] Duquesne, Jacques, Pour comprendre la guerre d’Algérie, Paris, Perrin, Tempus, 2003 (2001), p. 215.

[23] C’est aux Tunisiens entrés en guerre dès 1953 que le terme de «fellaghas» est attribué. Nombreux sont les Algériens, frontaliers du territoire de la Tunisie qui ont pris les armes avec eux. Au moment où l’autonomie est accordée à la Tunisie, les résistants sont appelés à déposer les armes. Cf. Charles André Julien, l’Afrique du Nord en marche, Paris, Juillard, 1972;

[24] Chominot, Marie, Photographie et guerre d’Algérie, Mémoire de DEA, direction Stora, Benjamin, Université de Paris VIII, Institut Maghreb-Europe, 2002, p. 61.

[25] Plus que par sa fréquence dans les archives : une dizaine d’occurrences entre juin 1956 et décembre 1960.

[26] L’idéal, le stéréotype étant sarouel, turban et barbe blanche avec double rangée d’insignes au plastron. Voir l’extraordinaire photographie signée SCA et reproduite dans le catalogue de l’exposition La France en guerre d’Algérie organisée par le Musée d’histoire contemporaine de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine à l’Hôtel des Invalides au printemps 1992. On y voit main dans la main un jeune parachutiste et un ancien combattant conforme à ce stéréotype dans une image à juste titre légendée “scène ostentatoire de fraternisation, 1958”. Laurent Gervereau, Jean-Pierre Rioux, Benjamin Stora (éds), La France en guerre d’Algérie, Paris, BDIC-MHC, 1992, p. 88. Le même personnage, ou son sosie, est visible, figé dans un salut militaire, au côté de Robert Lacoste et du général Salan, lors des célébrations de la fête nationale, le 14 Juillet 1957 (crédit SCA, négatif n° 234 324).

[27] Chef du bureau d’Alger pendant la dernière partie de la guerre d’indépendance, avec qui j’ai eu plusieurs entretiens extrêmement fructueux.

[28] Freund, Gisèle, consacre un chapitre intitulé “La photographie, instrument politique” à ce sujet. Elle y démonte les diverses manipulations destinées à domestiquer les photographies, qui échappent ainsi parfois à l’objectif du photographe. Gisèle Freund, Photographie et société, Paris, Le Seuil, 1974, pp. 153 à 163. Voir également Robert Capa qui, se trouvant en Allemagne au moment de la libération des camps de concentration, subit une sorte de “blocage” et laissa ses collègues “mitrailler” l’horreur sans lui-même prendre une seule photo. En 1947, il écrit: “Du Rhin jusqu’à l’Oder, je n’ai pas pris de photos. Les camps de concentration étaient envahis de photographes, et chaque nouvelle photo de l’horreur ne faisait que diminuer la force du message. Aujourd’hui, tout le monde allait voir ce qu’avaient enduré ces pauvres diables, demain, très peu allaient se soucier de ce que les survivants deviendraient”. Blocage ou décision politique, face à ces circonstances totalement “extraordinaires”, de ne pas voir ses photographies lui échapper un jour et “servir” à des fins qu’il aurait réprouvé? Robert Capa, Slightly out of focus, Paris, Delpire, 2003 (1947), p. 282.

[29] Voir notamment le film réalisé par Deniau, Jean-Charles, Harkis: des Français entièrement à part? LIGHT-INA, 2003.

[30] Op.cit., p. 216.

[31] Voir à ce sujet, concernant les troupes coloniales de la Grand Guerre, l’article de Marc Michel, “Les troupes coloniales arrivent”, Le temps des colonies, Les collections de L’histoire, H.S n°11, avril 2001, pp. 76-79. Il y explique que l’armée fut “un puissant outil d’intégration” en même temps que l’occasion d’une prise conscience “de la dette de reconnaissance due par la France”.

[32] Sans faire l’économie, bien sûr, de l’archéologie du document photographique selon la méthodologie exposée par Ilsen About et Clément Chéroux dans leur article, article cité, pp. 18 à 29.

[33] Barthes, Roland, La chambre claire, Note sur la photographie, Paris, Cahiers du cinéma/Gallimard/Seuil, 2004 (1980), p. 139.

[34] Une seule image appartenant à cette série a été publiée dans France Soir. Mais il s’agit d’une photographie du général de Gaulle serrant la main de «vieux musulmans» à Tizi Ouzou. Presse dépouillée: France Soir, Paris Match, France Observateur et L’Express.

[35]Par comparaison, cinquante photographies avaient été diffusées sur la semaine des barricades.

[36] Par exemple, dans Paris Match du 24 décembre 1960, n° 611, pp. 96-97: «Attention à la fatma de droite, regardez bien la manche de son veston» et «En tête des manifestations musulmane, des femmes. Mais, parfois, la hampe du fanion est une matraque, et le voile est un travesti qui cache un meneur du FLN».

[37] Par exemple: «Des partisans Du F.L.N. groupés aux environ d’Alger avec des drapeaux et des pancartes»ou «A Belcourt, ce matin, des musulmans, bras levés (au 1er plan) appellent leurs camarades manifestants qui sont contenus par le service d’ordre», 11.12.1960.

[38] L’express du 15 décembre 1960, pp. 13, 14, 15. Avec un magnifique dessin de Tim du général de Gaulle portant un «musulman» mort avec à la main une pancarte portant l’inscription «Vive de Gaulle».

 

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