Ce premier numéro de l’année est consacré à l’étude des «Espaces policiers, XVII-XXe siècles». Le dossier préparé par Catherine Denys et Vincent Milliot recouvre trois thèmes partagés entre Logiques Territoriales, Quadrillages Policiers et Usages Policiers de l’Espace.
- Catherine Denys introduit le premier thème en étudiant l’émergence d’un discours policier qui investit les villes au XVIIIe siècle, et qui se matérialise par de nouveaux quadrillages de l’espace urbain, comme réponse à la nécessité d’en assurer un contrôle plus efficace.
- Olivier Caporossi, Vincent Milliot et Brigitte Marin présentent le second thème illustré par des exemples concernant la police à Madrid au XVIIe s, à Paris au XVIIIe s et à Naples. Tous les trois soulignent l’importance revêtue par la police en milieu urbain et ses missions de contrôle. Celles-ci suscitent de nombreux conflits de compétence avec les tribunaux à Madrid, tandis qu’elles entraînent la multiplication des équipes de commissaires à Paris, et la nécessité d’introduire des réformes de la police à Madrid et à Naples.
- Dans le dernier thème, Chris A.Williams aborde Catégorisation et stigmatisation policières à Sheffield, au milieu du XIXe s révélées grâce à une analyse critique des statistiques que la police n’a pas hésité à manipuler pour isoler une classe criminelle. Marie Vogel rend compte des modalités à l’origine de la constitution d’un modèle de police républicaine, à Grenoble, 1880-1930. Nathalie Moine démontre comment l’introduction d’un passeport intérieur, à l’époque stalinienne, en 1932, a non seulement provoqué un renforcement du contrôle de la milice, mais également à la purge des grandes villes soviétiques.
Enfin Catherine Douki attire l’attention dans une note de lecture, sur la gendarmerie, important corps social en France, mais négligé par l’historiographie. Deux raisons ont concouru à se saisir de ce nouvel objet et à entreprendre des enquêtes : il s’agit d’abord de l’accès aux archives de la gendarmerie et de la création du Service Historique de la gendarmerie nationale d’une part, et de la dynamique suscitée par les travaux précurseurs des historiens anglo-saxons, tels Clive Emsley et Terry W. Strieter. Désormais, l’institution comme maillon entre l’Etat et la société et la profession de gendarme ont leurs historiens à travers les ouvrages de Jean Noel Luc, Aurélien Lignereux et Arnaud-Dominique Houte…
auteur
Ouanassa Siari-Tengour