Revue du département des langues – Faculté des lettres et des langues - Université Mentouri, Constantine. N° 7 – Avril 2001.

Ce numéro a été consacré à la publication des actes du colloque international organisé les 21-23 Mai 2000 à Constantine et dont le thème a été : « Des femmes et des textes dans l’espace maghrébin ».

Il s’agit pour les organisateurs du colloque de questionner un champ littéraire marqué par l’émergence, ces dernières années, d’un grand nombre d’écrivains femmes. Aussi, il fallait répondre à un certain nombre d’interrogations qui tournent autour des conditions socio-historiques de cette émergence, et des apports esthétiques de l’écriture féminine à la littérature maghrébine en général et algérienne en particulier.

Vingt huit intervenants, venus de pays maghrébins (Algérie, Maroc), de France, d’Egypte et de Norvège ont participé à cette rencontre. Parmi eux, on peut citer : Bonn Charles (Lyon), Kamel Abdou (Constantine), Mdarhri-Alaoui – Abdallah (Maroc), Kessoul Aïcha (Alger), Maougal Mohamed Lakhdar (Alger), Rached Amina (Egypte), Morsly Dalila (Angers), Sebbar Leila (Paris), Bechlaghem Samira (Mostaganem), Sahraoui Abdessalam (Constantine) et bien d’autres.

La féminité dans l’écriture masculine maghrébine, a été abordée par Charles Bonn, qui a pris comme corpus les romans de Boudjedra (La répudiation) et de Kateb Yacine (Nedjma), où « le personnage féminin se caractérisait par sa relative mise à distance, dans un discours littéraire à la virilité affirmée », et dont les deux auteurs cités plus-haut sont parmi les représentants les plus typiques.

Après avoir analysé le statut de la féminité dans l’imaginaire littéraire et la représentation qu’en donnent les textes, il conclut que le personnage féminin « n’est pas la victime privilégiée de la tragédie politique algérienne dans une lecture ambiguë, mais l’illustration même de l’ambiguïté tragique de toute écriture à prétention littéraire ».

Quant à Kamel Abdou, il a interrogé les espaces féminins à travers deux thèmes qui relèvent de la narration et de la dissidence. Pour l’auteur de cette étude : « Des stratégies sont élaborées, à commencer par l’organisation de l’espace physique et social, mettant en œuvre dispositifs et stratagèmes pour pervertir, dénaturer, dévaloriser la femme- sujet, pour la gommer de l’espace social en tant qu’actant, et surtout pour empêcher cette femme-sujet d’accéder à une parole libre, une parole politique ».

Pour étayer cette thèse, il recourt à l’analyse de plusieurs textes sociologiques, juridiques et littéraires, dont Fadèla Merabet, Fatima Mernissi, Fatma Ath Sabah, Assia Djebbar et Rachid Mimouni.

Aussi à propos de l’espace féminin et de sa représentation chez les romancières marocaines, Mdarhri Alaoui Abdellah a analysé une quinzaine de romans féminins au Maroc. « Dans le cas du roman marocain écrit par des femmes, l’espace est une catégorie narrative essentielle pour comprendre les rapports entre hommes et femmes, et notamment les relations de domination. L’écriture rend conscient d’une inégalité entre deux sexes dans l’appropriation de l’espace. Même quand elle est exagérée, la description de l’espace est révélatrice d’une conscience féminine».

A partir d’un corpus varié, comprenant des textes de femmes arabes du Liban, de Turquie, d’Egypte et d’Algérie, deux premières en français et les deux autres en arabe, Amina Rached s’est posé la question des variantes et des variations que proposent les textes au niveau du pays, de la langue, la génération, le contexte littéraire ou social, les préoccupations, et s’ils permettent de dégager une spécificité de l’écriture féminine.

Autant de questions, que l’auteur a abordées dans son analyse qu’elle conclut sur une note d’optimisme, concernant la production littéraire massive des femmes qui laisse prévoir une modification aussi bien des rapports du masculin et du féminin, que du profil d’une culture. Enfin, la séduction de la langue chez Ahlam Mostaghennemi, romancière algérienne de langue arabe, a fait l’objet de la communication de Abdessalem Sahraoui.

En prenant les deux derniers romans de cet écrivain «Mémoire du corps» et «désordre des sens » comme exemples d’analyse, l’auteur de l’article étudie les rapports qu’établit la romancière avec la langue arabe. La poésie, le plaisir et l’amour sont autant de considérations esthétiques et affectives qu’Ahlam Mostaghennemi entretient avec la langue qu’elle a choisie comme instrument d’écriture. On peut dire, en définitive, que la publication des actes de ce colloque constitue un moment important dans l’approche de la littérature féminine dans notre pays.

auteur

Mohamed Daoud

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