Tenue à Besançon, cette rencontre scientifique est le résultat à mi-parcours d’un programme de coopération interuniversitaire de type ‘Programme Henri Curien-Tassili’ signé entre le Laboratoire THEMA de l’Université de Franche-Comté (Chef du projet : Pr. Serge Ormaux) et le CRASC d’Oran (Chef de projet : Pr. Abed Bendjelid) ; ce programme, numéroté 07 MDU 710, « Approche des milieux urbains sahariens dans les Wilayas d’Adrar et de Bechar (Sahara algérien) », s’est étalé sur quatre ans (2007-2010).
Ce colloque a rassemblé des chercheurs, domiciliés dans une dizaine de pays d’Europe (France et Autriche) et d’Afrique (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Mali, Niger, Cameroun et Djibouti), qui ont exposé les résultats de leurs travaux portant sur cette aire géographique qu’est le Sahara et ses marges septentrionales (Steppe maghrébine) et méridionales (Sahel africain). Les 35 communications, débattues au sein de douze ateliers, ont porté sur les thèmes suivants : « ‘Frontières, territoires et enjeux politiques’, ‘Patrimoines et tourismes sahariens’, ‘Dynamiques rurales et recompositions spatiales’, ‘Gestions et projets en aménagement du territoire’, ‘Enjeux environnementaux’, ‘Nomadisme, sociétés et territoires du nomadisme’, ‘Politiques et pratiques agricoles au Sahara et ses marges’, ‘Développement territorial saharien au Maghreb’, ‘Dynamiques urbaines sahariennes 1’, ‘Formes et impacts des mobilités sahariennes’, ‘L’action urbanistique en milieu saharien’, ‘Dynamiques urbaines sahariennes 2’ ».
Avant la tenue des ateliers, deux conférences plénières ont inauguré les travaux ; la première « Lire le Monde par ses marges : réseaux marchands et migrations transsahariennes, révélateurs des processus de régionalisation et de mondialisation » élaborée par Emmanuel Grégoire (IRD, Paris) qui affirme qu’en dépit de diverses contraintes, le Sahara s’ouvre de plus en plus à des relations commerciales et humaines, contrariées de temps à autre par des conflits frontaliers ; par ailleurs, l’urbanisation locale rapide dope les échanges formels et informels et structurent aussi de véritables réseaux de relation de pouvoir et de rente et en ce sens, le Sahara apparaît aujourd’hui comme un des enjeux de la géopolitique mondiale dans laquelle s’inscrivent de grandes puissances comme la France, la Chine et les Etats-Unis.
Quant à la seconde conférence, intitulée ‘Réseaux, urbanisation et conflits au Sahara’, elle a fait le point sur les migrations humaines qui traversent le Sahara et ses marges. A travers cette mobilité, Ali Bensaad (Université d’Aix en-Provence) fait ressortir les stratégies déployées par les migrants et ce, en se traçant de nouveaux itinéraires migratoires, toujours adaptés aux conjonctures politico administratives locales. Sur ces déplacements modulés par les subsahariens dont l’objectif est de se rendre en Europe, l’auteur qui parle de « marginalité dans la marginalité », relève l’impulsion donnée par les Etats aux activités informelles et atteste d’une amorce de la mondialisation à travers l’insertion de nombreux commerçants sahariens et sahéliens dans les flux d’échanges de marchandises (Dubaï).
Le colloque a été clôturé par des interventions voulues synthétiques, élaborées par Jean Pierre Frey (Université de Paris XII), Serge Ormaux (Université de Franche-Comté) et André Larceneux (Université de Bourgogne). Enfin, les communications les plus marquantes et elles sont nombreuses, ne sont pas présentées ici dans la mesure où le contenu des travaux sélectionnés sera publié, à la demande des deux parties partenaires, dans la Revue Insaniyat qui avait programmé depuis deux ans déjà, un numéro sur le Désert saharien.
Abed BENDJELID
