Présenté comme le signe du progrès au temps des Trente glorieuses, le grand ensemble vingt ans plus tard, devient un sujet d’intérêt. Dans ce dossier un regard historique en France retrace le contexte des réalisations en cherchant à définir la vision de cette période et de son évolution (Jean-Louis Robert, Daniel Asseray, Nathalie Lemarchand, Pierre Gras, Anne-Marie Sohn). Il inclut une prise de conscience après une phase d’inquiétude générée par les dégradations, les risques psychologiques et sociaux justifiant leur rejet politique par la circulaire Guichard du 21 mars 1973 (Danièle Voldman, Eric Langereau). «Autant qu’un choix formel et urbanistique, la construction des grands ensembles est à ses débuts la résultante de deux exigences nationales conjointes, l’une sociale, la fin du taudis et de la crise du logement, l’autre économique, la rationalisation de l’industrie française du bâtiment, dans le cadre de la modernisation planifiée de l’industrie française» (Annie Fourcaut). Sur le plan théorique, un passage en revues donne un aperçu des écrits de l’époque (Edouard d’Eudeville, Gwénael Lecocq) tandis qu’une relecture de la Charte d’Athènes mène dorénavant à la conclusion de son inutilité (Paul Chemetov). Le parcours des travaux de sociologues avec à leur tête Paul-Henry Chombart de Lauwe, examine la transition de la notion de besoins à celle d’aspirations pour étayer une critique des grands ensembles (Thierry Paquot). Deux propos nuancent leur avis au sujet des grands ensembles face aux appels actuels pour leur démolition: celui de Yves Lacoste qui en fut un des rares partisans et celui de Bruno Vayssière qui plaide pour leur patrimonialisation. Ils situent le problème au niveau social avant d’être architectural.
