Revue scientifique Tréma. Publication par l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Montpellier, n° 29, 2008.
Existant depuis 1992, la Revue scientifique Tréma, publiée par l’IUFM de Montpellier, constitue un cadre référentiel de réflexions et recherches sur l'enseignement et la formation des enseignants. Présentant des études didactiques et/ou pédagogiques en lien avec des expériences pratiques, sur de nombreux domaines, elle paraît deux fois par an, dans des numéros thématiques. Le numéro 29, que nous tenterons de présenter ici, paru en mars 2008, est consacré au discours sur les guerres et conflits dans l’enseignement en général et les manuels scolaires en particulier.
Coordonné par Brigitte Morand, de l’IUFM de Montpellier, ce numéro rassemble six articles articulés autour de nombreuses questions telles : celles de savoir comment les manuels scolaires rendent-ils compte de l’évolution des savoirs universitaires et des différentes interprétations idéologiques ? Comment répercutent-ils les représentations cristallisées au sein de la société ? Est-ce que les manuels peuvent permettre aux élèves d’accéder à une plus grande intelligibilité du monde ? Quels outils intellectuels pourraient-ils leur apporter afin qu’ils soient capables de décoder les images des guerres et des conflits qui marquent la face du monde qui les entoure ?
Le discours sur la Guerre de libération nationale (1954-1962), dans les anciens et nouveaux manuels algériens, fait l’objet d’une analyse réalisée par Hassan Remaoun. Partant des programmes d’histoire et de leurs projections dans les livres scolaires, l’auteur met en évidence un certain nombre de caractéristiques militaires et politiques de la Guerre de libération, dont l’enseignement constitue un enjeu de taille pour l’affirmation d’une culture de la citoyenneté.
La contribution de Rainer Bendick, portant sur la Première guerre dans les manuels des deux Allemagnes, est consacré à une vérification expérimentale de la thèse selon laquelle cette guerre et ses conséquences constituent des événements clés, faisant sens aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest, autrement dit fournissant une explication fondamentale des développements postérieurs en matière de nouvel ordre de paix en particulier.
Les principales questions posées par Bernard Lécureur, toujours à propos de l’Allemagne, sont de savoir d’une part comment le thème de sa résistance est présenté dans les manuels d’histoire publiés depuis cinquante ans, et d’autre part de quelle manière s’est opéré l’apport des travaux de la recherche historique allemande. De l’étude d’un corpus de trente manuels de neuvième et dixième année, l’auteur dégage les idées d’un renouvellement de l’image de la résistance et d’une profonde évolution mémorielle.
S’inscrivant dans la même approche didactique, Brigitte Morand s’intéresse au discours historique dans ses dimensions iconographiques. A partir d’un corpus constitué de livres d’histoire de la terminale de lycée, l’auteure montre comment le discours sur la Guerre froide tend à recomposer l’image du monde et de l’Europe, image chargée de représentations symboliques à l’origine d’un glissement opéré de récits nationaux à des récits identitaires européens.
Evelyne-Farcy-Megdenel parle d’une révolution culturelle à mener en vue de convaincre de l’intérêt d’étudier de nouvelles problématiques, de renouveler le champ des réflexions et de dynamiser les équipes pédagogiques dans les établissements scolaires. C’est certainement là un passage obligé pour penser la guerre, éduquer à la paix, favoriser la construction de l’esprit de défense à l’école et promouvoir ainsi l’éducation à la citoyenneté.
A partir d’une enquête sur les guerres dans le monde, réalisée par questionnaire auprès, auprès d’un échantillon d’élèves regardant les images des journaux et de la télévision, dans des aires géopolitiques diverses, Jean-Pierre Blanchereau, dégage de nombreuses pistes de travail pour la didactique de l’histoire. L’auteur conclut que l’école ne devrait pas s’abstenir, sous prétexte de neutralité ou de scientificité, de proposer une réflexion sur les guerres du monde actuel et laisser les élèves complètement démunis face à l’abondance des images et sans outils pour les décoder.
Ce numéro de Tréma, constitue un réservoir d’idées pour les chercheurs intéressés d’une part par l’historiographie et d’autre part par la transposition didactique des connaissances sur les guerres dans l’enseignement, dans les manuels scolaires et ouvrages de référence.
Aïcha BENAMAR