«Les cadres de l’industrie ?» Journées d’études. Organisées à Annaba les 25 et 26 avril 2000 par le CRASC et l’Université d’Annaba avec la participation de SONELGAZ.

Hacène MERANI (Auteur)
177 – 178
Violence : Contributions au Débat
N° 10 — Vol. 04 — 30/04/2000

Les travaux des participants à ces journées ont tourné autour des axes prévus par le thème proposé par les organisateurs de cette rencontre. L’ensemble des chercheurs et cadres invités étaient sollicités à répondre aux différentes questions que le sujet des cadres suscite et aussi à aider les chercheurs du CRASC travaillant sur ce thème à développer leur problématique et lui donner une assise méthodologique plus solide.

Premier communicant, M. Cheraiet (ALFASID-Annaba) estime que les efforts consentis par les entreprises publiques, dont SIDER, dans la formation des cadres ont été bénéfiques et exemplaires. Toutefois, les récentes vagues de liquidation et compression ont obligé beaucoup de ces cadres à connaître le chômage ou, dans les meilleurs des cas, à changer de métier. Souvent très loin de leurs profils. Aussi, insiste-t-il, désormais, sur le fait que les cadres doivent compter sur leur compétence pour faire valoir leur place et leur statut.

M. El-Hadj (Université d’Oran, chercheur CRASC) choisit de répondre à la question de savoir: comment les travailleurs se représentent leurs cadres ? Selon une enquête qu’il a effectuée dans une usine de Zinc de l’Ouest algérien, El-Hadj parle d’un rejet des cadres par les travailleurs locaux. A son avis, la raison est d’ordre culturel. Les ouvriers locaux, d’origine paysanne, se réfèrent à des normes et valeurs incompatibles avec la culture de l’entreprise industrielle moderne.

Pour O. Derras (Université d’Oran, chercheur CRASC), il était question de connaître les facteurs de la mobilité professionnelle des cadres d’après le cas GNL-Arzew qu’il a étudié, il conclut que la promotion des cadres dans l’entreprise publique est justifiée par l’obtention de nouveaux diplômes. Cependant, le niveau académique des cadres est moyen. Car, remarque-t-il, la formation dont il est question, est surtout confiée aux centres de formation professionnelle et non à l’université et aux grandes écoles spécialisées.

A partir d’une enquête réalisée à GNL-Skikda, S. Guira et B. Touhami (Université de Constantine, chercheurs CRASC) analysent la situation du cadre         à travers l’aliénation qu’il vit sous l’influence de la crise qui frappe actuellement notre société. Ils soulignent qu’en dépit de leurs origines diverses, les membres de cette “couche supérieure” ont tendance à être solidaires. En outre, l’enquête     a montré, selon eux, que ces cadres visent actuellement une situation d’instabilité. Toutefois, une minorité d’entre eux, active, est porteuse d’un projet d’alternative à l’ordre actuellement établi.

Fouad Abdelmoumen (Université de Batna, chercheur CRASC) s’intéresse   à la position du cadre dans la structure du pouvoir. Si nos cadres sont loin de jouer leur rôle technique efficacement et s’ils ne participent pas à une prise réelle de décisions c’est que leur statut n’est pas justifié par leur rôle dans la sphère économique. Celui-ci leur est plutôt attribué par un système centralisateur reposant sur la distribution de la rente privilégiant les postes administratifs et non les activités productives.

T. Boussafel (Sonelgaz-Annaba) propose de parler du nouveau système d’évaluation des cadres adopté par Sonelgaz. Après une étude entamée en 1992, Sonelgaz décide de changer de stratégie dans l’appréciation de ces cadres. Au lieu des critères “subjectifs” des anciennes politiques, la nouvelle se veut objective et se base sur le dialogue et la participation. L’objectif principal de cette nouvelle démarche est d’adapter les ressources humaines aux objectifs de l’entreprise.

C’est à l’encadrement féminin que L. Boutamine (Université d’Annaba, chercheur CRASC) s’est intéressée à partir de diverses sources statistiques, elle souligne la faible représentation des femmes dans la catégorie cadres. Cette situation s’explique, selon elle, par la résistance qu’oppose la société, sous l’emprise des valeurs traditionnelles conservatrices, au travail féminin en général et à l’encadrement des femmes en particulier.

M. L. Anser considère qu’il est très intéressant, avant toute étude se voulant explicative, de répondre à certains questions préalables, mais essentielles, pour mieux cerner le thème des cadres: qui sont-ils? Quelle est leur origine? Leurs préoccupations ? Leurs engagements ? Etc... L. Anser, à l’aide de données collectées lors d’une enquête ayant touché 200 cadres, a essayé d’apporter des réponses à ces questions fondamentales. Ce travail réunira les éléments aidant à prévoir dans quelles conditions, les cadres pourraient (ou non) jouer un rôle dans la modernisation de notre société.

H. Merani (Université de Annaba, chercheur CRASC) pense qu’il est utile de poser la question sur les raisons qui empêchent les cadres d’émerger, en tant que groupe socio-professionnel, jouant efficacement leur rôle. Soulignant que la réponse qu’il propose n’est qu’une hypothèse de travail, Merani pense que c’est d’abord une question de conscience. Dans notre société, les cadres sont appelés à prouver concrètement leur compétence dans les entreprises, de s’organiser et participer au développement de la société.

Les débats suscités par ces communications ont été intenses et très riches. Les questions soulevées, les témoignages apportés et les propositions faites par les différents intervenants: chercheurs, cadres et étudiants ont permis aux organisateurs d’envisager déjà, d’autres questionnements, d’autres voies de recherche et surtout de mesurer l’importance du contact direct entre les chercheurs et les acteurs sociaux. Autrement dit, les principaux objectifs de ces journées, semblent avoir été atteints.

Hacène Merani

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MERANI, H. (2000). «Les cadres de l’industrie ?» Journées d’études. Organisées à Annaba les 25 et 26 avril 2000 par le CRASC et l’Université d’Annaba avec la participation de SONELGAZ.. Insaniyat - Revue algérienne d'Anthropologie et de Sciences Sociales, 04(10), 177–178. https://insaniyat.crasc.dz/fr/article/les-cadres-de-lindustrie-journees-detudes-organisees-a-annaba-les-25-et-26-avril-2000-par-le-crasc-et-luniversite-dannaba-avec-la-participation-de-sonelgaz