Rituel de laïlat Gnawi, entre le patent et le latent

Mustapha Ameur DJERADI (Auteur)
41 – 58
Patrimoine musical et arts de pratiques en Algérie
N° 106 — Vol. 28 — 31/12/2024

La fête est un phénomène culturel extrêmement répandu à travers le monde, et elle occupe une place importante dans la vie des êtres humains. C'est une manifestation sociale qui ermet de célébrer, de se divertir et de se rassembler en communauté. La fête peut être associée à des événements religieux, tels que les fêtes traditionnelles ou les célébrations de rites spécifiques. Ces festivités ont souvent une signification spirituelle ou symbolique et sont accompagnées de rituels et de pratiques spécifiques. La fête joue un rôle crucial dans la construction de l'identité culturelle, la transmission des traditions et le renforcement des liens sociaux. Elle permet aux individus de se sentir appartenir à un groupe, de se reconnecter à leurs racines et de perpétuer des coutumes transmises de génération en génération. La fête fait partie intégrante de la vie de l’Homme et de sa culture. Elle joue un rôle essentiel dans la quête du sens, du bonheur et de la connexion sociale.

Les études de Durkheim sur la sociologie des religions ont mis en évidence le rôle des rituels et des cérémonies dans le renforcement des liens sociaux et la préservation des spécificités culturelles au sein d'une société (Martinache, 2009). Durkheim considérait, que les rituels collectifs, tels que les fêtes religieuses, étaient des moments de convergence où les membres d'une société expriment leur solidarité et leur appartenance commune. Il soutenait que les rituels étaient plus que de simples pratiques symboliques, mais qu'ils avaient une fonction sociale fondamentale. Ils renforcent le lien social en créant un sentiment de communauté, en réaffirmant les valeurs et les normes partagées, et en donnant un sentiment de continuité et de stabilité au sein de la société. Les rituels permettent également de transcender l'individu et de le connecter à une réalité collective plus vaste, renforçant ainsi le sentiment d'appartenance et d'identité culturelle. Durkheim soulignait, par ailleurs, que les festivités étaient des moments de libération et de joie, où les individus pouvaient se défaire des contraintes sociales et des tensions de la vie quotidienne. Les festivités offrent un espace dans lequel les règles habituelles peuvent être temporairement suspendues, permettant ainsi aux individus de se divertir, de s'exprimer et de se reconnecter à leur part la plus festive et créative.

La fête Gnawi, particulièrement célébrée dans les villes du Sud-ouest algérien, et plus spécifiquement à Taghit, est une manifestation culturelle riche en symboles et en significations. Elle incarne une cérémonie de joie et d'expression collective, où les participants entrent en communion avec la nature, le cosmos et le monde spirituel.

Les Gnawa sont un groupe ethnique d'Afrique du Nord, principalement présent en Algérie, au Maroc et en Mauritanie. Ils sont connus pour leur musique, leurs danses et leurs pratiques spirituelles uniques. Les festivités Gnawa sont souvent accompagnées de rituels mystiques et de performances artistiques, créant une atmosphère d'intense énergie et de connexion spirituelle.

Lors de ces célébrations, les participants se rassemblent pour honorer les esprits, les ancêtres et les saints vénérés dans la tradition Gnawa. La musique joue un rôle central, avec des chants, des percussions et des danses rythmiques qui créent une transe collective. Cette transe est considérée comme un moyen de se connecter avec les forces invisibles et d'atteindre un état de transcendance spirituelle.

Les habitants de Taghit ont préservé le rituel de la fête Gnawi en y intégrant leurs préoccupations et expériences, à la fois sur le plan individuel et collectif. Cette célébration leur permet d'exprimer symboliquement leurs malheurs, leurs soucis, leurs travaux agricoles, leurs récoltes, leurs maladies, leurs guérisons, les exploits de leurs héros, ainsi que la vie qu'ils mènent et celle qu'ils espèrent, dans un contexte religieux. Les maladies et les guérisons sont également abordées lors de la fête Gnawi. Les participants partagent leurs expériences de maladies, expriment leurs préoccupations en matière de santé et cherchent des bénédictions et des prières pour la guérison. Ils font appel à des pratiques religieuses et spirituelles pour trouver du réconfort et de l'espoir dans la perspective d'une amélioration de leur état de santé.

Au sein de la population de Taghit, il existe une communauté gnawiyya[1], qui est affiliée à la confrérie taybiya[2] (Djeradi, 2002). Les Gnawa ont une origine ancestrale liée à des populations d'esclaves ou d'affranchis d'origine subsaharienne, appelés ´abïd et hratan. Ces groupes étaient présents dans la région dès le 14ème siècle, apportant avec eux leurs traditions, leurs croyances et leurs pratiques culturelles (Sum, 2012, p. 12).

La communauté Gnawa perpétue oralement la mémoire de leurs origines à travers des pratiques rituelles qui englobent des éléments d'animisme, le culte des saints locaux. Ces pratiques sont profondément enracinées dans leur culture et sont transmises de génération en génération. Ainsi, les pratiques rituelles des Gnawa, mêlant animisme, culte des Saints locaux et esprits des ancêtres, continuent d'être perpétuées et sont désormais reconnues comme un patrimoine immatériel universel.

Laïlat nawi est une cérémonie nocturne qui se déroule généralement dans le cadre d'un rituel de possession et de guérison. Pendant la laïlat, les Gnawa jouent de la musique traditionnelle avec des instruments comme le guembri (un instrument à cordes), les qarqabû (des castagnettes en métal) et les tbal (des tambours). Les chants et les danses sont également une part importante de la cérémonie. Les participants entrent dans un état de transe, croyant entrer en contact avec des esprits et des forces spirituelles. laïlat Gnawa est bien plus qu'une simple fête musicale. Elle joue un rôle central dans leur culture et leur identité, et elle est vécue comme une expérience sacrée et thérapeutique par les participants
(Hell, 2002).

Lors de nos entretiens avec les habitants de Taghit, la plupart considèrent que laïlat Gnawa est une fête musicale ancestrale. Cette perception de la laïlat Gnawi à Taghit a été influencée par des cérémonies ou des événements festifs qui ont été associés à cette tradition. Ces festivités, bien qu'elles puissent inclure des éléments de la musique Gnawa, peuvent avoir perdu une partie de la signification spirituelle originelle (During, 2005, p. 328). Cette évolution soulève une question essentielle sur la nature de laïlat gnawa: est-elle simplement une célébration musicale ou conserve-t-elle encore une dimension spirituelle plus subtile ? Dès lors, quel message profond et caché se dévoile à travers laïlat gnawa, cette cérémonie spirituelle où résonnent les échos des jnûn et des ancêtres ?

Comprendre et décrire le rituel de la laïlat Gnawa dans sa dimension cachée afin d'apprécier son rôle dans la cohésion de la communauté Gnawa et d'ouvrir des perspectives de réflexion plus profondes sur le patrimoine immatériel de l’Algérie.  Examiner en profondeur ce rituel, en nous appuyant sur l’observation participante, permettrait de l’appréhender comme un espace-temps de pratiques sociales, spatiales et cycliques, ancrées dans un territoire spécifique.

Des participations observantes, menées lors de diverses célébrations, auxquelles nous avons démontrent que les fêtes établissent un puissant vecteur de cohésion sociale et d’assertion identitaire au sein des groupes sociaux. En effet, Ces événements unissent les membres d’une communauté, favorisant les interactions
et le partage d’expériences communes. Les échanges considérés, lors des fêtes, prononcent les liens entre les participants et l’appartenance à un destin commun. Les pratiques festives contribuent, alors, à la préservation et à la transmission des empreintes culturelles et valorisent l’identité collective.

Au moment de la fête, l'Homme ne se contente pas seulement de « jouer », mais il commémore également. La fête est une occasion de se connecter avec la mémoire passée, de célébrer les événements, les traditions et les réalisations qui ont façonné l'identité et l'histoire d'une communauté. Les fêtes permettent à l'homme de se rattacher au passé et à l’avenir d’une manière dont les animaux sont incapables (Éliade, 1957, p. 78).

La musique Gnawa dans le monde occidental

Des recherches récentes indiquent qu'il existe un processus de désacralisation graduelle du répertoire et des pratiques associées à la tradition Gnawa. L'analyse de Pouchelon (2014, p. 227) sur les pratiques des communautés G de Paris et Montréal met en évidence plusieurs aspects intéressants. Selon Pouchelon, on observe une activité musicale « sensiblement moins intense » au sein de ces communautés par rapport aux pratiques Gnawa traditionnelles. Pouchelon mentionne, aussi, une sensation de manque d'authenticité dans les performances des Gnawa dans la Diaspora.

La compréhension de l'évolution de la musique Gnawa influencée par des facteurs externes, en particulier en Europe où elle se mêle à divers genres musicaux fusionnels (jazz, rock, musiques électroniques). Même si certains considèrent cette hybridation comme une déformation de l'authenticité, elle peut être examinée sous l'angle de l'acculturation musicale. En Europe, la musique Gnawa se transforme en un lieu de réinvention identitaire, où les artistes mêlent des aspects extérieurs tout en affirmant leur patrimoine spirituel.

L'étude sémiotique et sociologique de l'accueil musical démontre que l'auditoire européen, généralement éloigné des sens spirituels initiaux, considère la musique Gnawa, davantage, comme un divertissement que comme une cérémonie d'initiation. Ce changement dans la manière de recevoir la musique impacte la performance des artistes, qui modifient leur jeu en réponse aux attentes du public. On peut envisager cette adaptation à travers le prisme de la théorie de la performativité, où la musique se transforme en une pratique réinterprétée en fonction du contexte de sa réception.

D'autres écrivains, comme Majdouli (2007, p. 186) ; Becker (2011, p. 131) ; Witulski (2018, p. 88), soulignent certains aspects de ce phénomène, notamment l’évolution du contexte socioculturel. En effet, la désacralisation du répertoire et des pratiques Gnawa est liée à l'évolution du contexte social et culturel dans lequel ces rituels se déroulent. D’autres aspects importants qui ont impacté l’authenticité de la musique Gnawa sont la commercialisation et le tourisme. Certaines études soulignent que la désacralisation des pratiques Gnawa est en partie liée à la commercialisation et à la mise en scène touristique de ces rituels. La transformation des pratiques Gnawa en spectacles a altéré la dimension sacrée et authentique (Becker, 2011, p. 139).

En définitive, il convient de nuancer l'idée d'une perte d'authenticité. Au lieu de percevoir les évolutions de la musique Gnawa en Europe comme une modification, il serait plus judicieux de les étudier comme une métamorphose dynamique spécifiquement liée aux musiques issues de la diaspora. Le regard essentialiste sur l’authenticité est ici remis en question. La tradition est continuellement réinterprétée selon les contextes culturels et sociaux. Par conséquent, l'adaptation de la musique Gnawa en Europe illustre davantage un processus de négociation constante entre conservation et modernisation, avec le tissage de mémoire, de transmission et d'ajustement aux réalités actuelles.

La musique Gnawa en Algérie

Il est intéressant de noter que les Gnawa en Algérie sont régulièrement présents lors d'événements publics tels que les fêtes nationales et les concerts. Leur participation à ces événements montre leur popularité et leur reconnaissance en tant qu'acteurs importants de la scène musicale algérienne. Ils partagent leur temps entre des concerts dits « fusion » et des concerts « traditionnels ». Ces concerts ont permis aux Gnawa d'explorer de nouvelles sonorités et de toucher un public plus large, en adaptant leur musique à des styles plus contemporains. En plus de leurs apparitions publiques, les Gnawa en Algérie sont également engagés pour animer des événements festifs privés tels que les mariages, les circoncisions et autres célébrations. Lors de ces occasions, ils jouent un répertoire qui comprend à la fois de la musique Gnawiyya, spécifique à leur tradition, mais aussi d'autres styles populaires algériens. Ces pratiques musicales variées des Gnawa en Algérie reflètent à la fois leur enracinement dans la tradition Gnawiyya et leur ouverture à d'autres influences musicales populaires.

Le sens de laïlat Gnawi

Les rituels de laïlat Gnawi sont conçus pour repousser
et combattre les forces néfastes, apportant ainsi guérison, protection et purification aux membres de la communauté. Comme son nom l’indique, laïlat Gnawi est généralement célébrée de nuit et peut durer plusieurs heures, voire toute la nuit. Lors de laïlat Gnawi, les Gnawa se réunissent pour participer à des chants, des danses et des rituels spécifiques. C'est un moment de communion et de connexion spirituelle avec les forces spirituelles et les ancêtres.

Le monde néfaste est associé aux jnûn, qui sont des entités spirituelles ou des démons dans la tradition Gnawa. Le terme « Jnûn » désigne des esprits ou des forces invisibles qui sont omniprésents et qui peuvent avoir un impact négatif sur les humains (Moussaoui, 2002, p. 123). Dans cette perspective, le monde des Jnûn est considéré comme un type particulier du sacré, tel que décrit par J. Chelhod (1964, p. 146) qui le désigne comme un sacré qui englobe des forces et des entités spirituelles diverses et souvent anonymes. Les Jnûn font partie de cette catégorie de forces spirituelles.

Choix méthodologiques

Nous cherchons à comprendre le sens latent
et patent des rituels de la laïlat Gnawi en mettant en évidence les aspects immatériels qui lui confèrent son identité et sa valeur en tant que patrimoine vivant (Herkovits, 1967, p. 42). Pour ce faire, nous avons intégré les Gnawa, en appliquant les préconisations de Peretz: « être présent, s’adapter, observer, et enregistrer » (Peretz, 1998, p.78). Cette posture fournit une base solide pour l'étude et la compréhension d'une pratique culturelle telle que la laïlat Gnawi .

L'observation joue également un rôle essentiel dans l'approche ethnographique. En observant attentivement les comportements des acteurs lors des rituels de laïlat Gnawi, nous avons pu recueillir des informations précieuses sur leurs attitudes, leurs gestes, leurs interactions et leurs expressions artistiques (Laplantine, 1987, p. 186). La compréhension de la signification culturelle profonde de la laïlat Gnawi a été facilitée par divers éléments.

Résultats de recherche

Laïlat Gnawi est une cérémonie nocturne de transe à vocation thérapeutique pratiquée par la communauté Gnawa. Elle vise à établir un contact entre le monde visible et l'outre-monde. La musique joue un rôle central dans ce rituel (Hell, 2002, p. 201).

Un aspect décisif et symbolique de laïlat Gnawi est l'usage d'encens, dont l'arôme captivant et le brouillard mystique aide à créer une atmosphère pleine de spiritualité. Cet « ustensile » sacré, issu de coutumes anciennes, occupe une place centrale dans le rituel, afin de soutenir les liens avec le divin.

Encens dans laïlat  Gnawi

Pour laïlat Gnawi, il faut des encens qui sont une sorte de mangeailles habituelles et immuables aux Jnûn.

Les encens sont considérés comme une offrande symbolique pour les jnûn, un geste d'apaisement ou de respect envers ces entités. Ils sont considérés comme un moyen de purifier l'air, d'attirer les énergies positives et de créer une ambiance propice à la connexion spirituelle. Ces encens sont brûlés ou diffusés pendant les rituels de la laïlat Gnawi . La fumée de l’encens servira aussi à consacrer les objets nécessaires au rituel : instruments de musique, ballot de robes et de foulards aux couleurs des jnûn. Les encens utilisés sont au nombre de sept, ce qui correspond aux sept couleurs emblématiques des jnûn. Quatre sont principalement utilisés. L’encens noir pour le jann africain, l’encens blanc pour le Jann blanc, bleu et vert, le bleu pour le Jann multicolore et le jaune pour le Jann jaune.

Initiation au Gnawi

Dans la tradition Gnawa, les musiciens Gnawa s’initient aux codes de cette tradition dès leur plus jeune âge. Cette initiation est un processus d'apprentissage complexe et progressif qui vise à former les musiciens dans l'art et la spiritualité Gnawa. L'apprentissage des qarqabû est l'une des premières étapes de cette initiation. Les qarqabû sont des instruments de percussion composés de plaques de métal, généralement en forme de demi-sphères. Elles sont reliées entre elles par des anneaux et produisent un son particulier lorsqu'elles sont secouées ou frappées. La forme en demi-sphère des qarqabû est souvent interprétée comme représentant les reins et les testicules, des parties du corps associées à la vitalité, à l'énergie et à la fertilité. Ainsi, la manipulation des qarqabû est perçue comme un moyen symbolique de canaliser et d'exprimer cette énergie vitale. Après avoir acquis les compétences de base dans la manipulation des qarqabû, les musiciens Gnawa les plus doués, peuvent passer à l'apprentissage des tambours. Ces derniers fournissent des rythmes et des grooves rythmiques essentiels pour accompagner les chants et les danses. Après l’étape du tambour, seuls quelques élus ont l'opportunité d'apprendre à jouer du gumbri. Cette sélection des élus pour apprendre le gumbri est souvent basée sur des critères tels que le talent musical, l'engagement envers la tradition Gnawa
et la connexion spirituelle.

Rituels de laïlat Gnawi

Dans la tradition Gnawa, il existe des rassemblements annuels où les femmes et les initiés se réunissent autour d'une Mqadma[3] (Rinn, 1884, p. 276). La Mqadma est une figure spirituelle importante dans la communauté Gnawi. Elle joue un rôle de leader et de guérisseuse. Pour les initiés Gnawa, organiser une laïla est perçue comme une obligation spirituelle.

Le rituel sacré du sacrifice, qui marque le début de la cérémonie avec une intensité symbolique exceptionnelle, est l'un des éléments fondamentaux de la laïla. Ce rituel, chargé d'une profonde spiritualité, est essentiel pour lancer la laïla. Il représente également des valeurs mystiques et culturelles enracinées dans des traditions millénaires. Son impact va bien au-delà du simple geste et se transforme en un lien entre le monde matériel et le divin, créant un instant de partage spirituel entre les participants.

Le sacrifice

Un bélier est prévu pour le sacrifice d’ouverture de la laïla. Ce rituel du sacrifice mérite une mention particulière. En effet, le sacrifice est un rite religieux où un objet ou une vie sont offerts à une divinité pour établir une relation souhaitée entre l'humain et l'ordre sacré. Ce rite, en terre d’islam (nahr', dahh', tazqiya), symbolise la permanence des pratiques abrahamiques. Le sacrifice du mouton lors de la « Grande Fête » et l'immolation de volailles en hommage aux « Saints Patrons », en font partie (Chebel, 1995, p. 370).

Le fait de passer rituellement le couteau sur la gorge de l'animal est un acte purificateur observé par tout Musulman (Brisebarre, 1998, p. 295). L'égorgement du bélier est réalisé dans la cour. L'emplacement choisi doit être propre, ce qui implique généralement un nettoyage approfondi avec de l'eau. Cela peut être fait pour des raisons d'hygiène et de respect envers l'animal sacrifié. La cour est parfumée à l'aide de fumigations de benjoin et d'autres aromates. Le benjoin est une résine aromatique utilisée depuis longtemps dans les rituels religieux et les pratiques spirituelles pour son parfum envoûtant. Les fumigations d'aromates sont utilisées pour créer une ambiance propice au rituel en purifiant l'espace.

Les hommes qui participent à l'égorgement du bélier font attention à ne pas entrer en contact avec le sang et cherchent à le faire disparaître de la gorge de l'animal sacrifié. Ils effectuent des ablutions pour se purifier et éliminer toute trace de sang. De plus, ils évitent de marcher dans les flaques de sang répandues au sol, car elles sont considérées comme impures et potentiellement dangereuses. Par conséquent, ils interdisent aux femmes de les enjamber. Les femmes sont chargées d'évacuer rapidement le sang du sacrifice avant qu'il ne coagule. Cette action peut être considérée comme une mesure de purification et de protection contre toute influence néfaste liée au sang répandu.

Ainsi, la gestion du sang sacrificiel ne se limite pas à une simple précaution matérielle, mais s'inscrit dans une conception plus vaste de la pureté rituelle. Chaque geste accompli vise à préserver l'harmonie spirituelle du rituel. Ce souci de purification dépasse le seul cadre matériel pour s'étendre à une dimension symbolique plus large, où le corps, la parole et le son deviennent les vecteurs d'une sacralisation progressive du rituel. En devenant les canaux d'une sacralisation progressive, ces composantes interagissent et fusionnent pour élever la cérémonie à un niveau de communion profonde entre le tangible et l'intangible, le visible et l'invisible, le matériel et le transcendant.

Inflation du son

L'inflation des sons et des paroles pendant les rituels Gnawa rappelle le moment où Dieu prononce le mot kun (Sois) qui crée le monde (Moussaoui, 2002, p. 134). Cette idée souligne le pouvoir et l'importance de la Parole divine dans la genèse du monde. Selon cette conception, les célébrants Gnawa imitent cette parole de Dieu en prononçant des paroles divines pendant les rituels. En amplifiant les sons et en utilisant les mots sacrés, ils cherchent à recréer symboliquement l'acte créateur de Dieu. Cette perception met en avant le rôle central de la parole et du son dans la spiritualité Gnawa, et elle fait écho à une croyance plus universelle selon laquelle le son et les vibrations sonores ont un pouvoir créateur et transformateur.

La cérémonie du rituel

Au début du rituel de la laïlat Gnawi, un moment clé consiste à sortir un ballot de tissu et de robes qui sont aux couleurs des Jnûn. Ainsi que les bâtons magiques de la Mqadma qui sont utilisés pour canaliser et interagir avec les esprits. La Mqadma est une personne habitée par les Jnûn, elle est considérée comme la guide spirituelle qui préside la cérémonie. Elle joue un rôle central en tant que leader spirituel et conductrice du rituel. Elle est censée être en contact direct avec les Jnûn et posséder des connaissances et des compétences spéciales pour guider le déroulement de la cérémonie.

Après, l'encens est éparpillé aux cercles des hommes participants ainsi qu'aux quatre coins cardinaux de la cour où se déroule le rituel. On croit établir ainsi des repères symboliques dans l'espace rituel. Cela peut aider à créer un lien entre le monde matériel et le monde spirituel, et à se relier à l'immensité cosmique représentée dans la tradition Gnawa.

Après l'utilisation de l'encens, il est distribué des éléments hautement symboliques tels que le lait, les dattes et l'eau de fleurs d'oranger. Chacun de ces éléments est porteur d'une signification spécifique dans le cadre du rituel. Le lait est souvent considéré comme un symbole de fécondité et de pureté. Sa distribution pendant la cérémonie peut représenter le renouvellement de la vie, la fertilité et la vitalité. Les dattes sont souvent associées au symbole du sang, qui peut évoquer des notions de sacrifice et de vie. Elles peuvent être utilisées pour représenter l'offrande de soi
et la communion spirituelle. L'eau de fleurs d'oranger, quant à elle, a une signification symbolique complexe. Elle est souvent associée à la purification, à la transition et à l'évocation de l'âme des vivants et des morts. Elle peut être utilisée pour renouveler et restaurer l'harmonie spirituelle dans le corps social.

La distribution de ces éléments symboliques pendant la cérémonie est hautement significative. Cela peut représenter un acte de partage, de communion et de reconnexion avec les forces spirituelles et les principes de la vie. En consommant ces éléments, les participants peuvent symboliquement restaurer le corps social, renouveler les liens et rétablir l'harmonie au sein de la communauté.

Le dernier soupir du Bélier sacrificiel et le ruissellement de son sang sont considérés comme un moment sacré qui ouvre la voie vers le monde de l'invisible. Ces éléments sont perçus comme des moyens de mettre en communion les vivants et les morts à travers le partage de la nourriture consacrée, notamment la foi du bélier (malfûf) et sa viande. Le festin des Hommes, où la nourriture consacrée est partagée, devient alors un moment de communion où les participants sont connectés aux esprits et aux ancêtres.

La distribution de la nourriture lors des cérémonies rituelles revêt un fort symbolisme et est associée au pouvoir sacré. Cela reflète la notion de Dieu en tant que bienfaiteur (razzâq), celui qui pourvoit aux besoins de ses créatures. La mqadma, en tant que représentant et prolongement de cet attribut divin, détient une autorité particulière, plus elle distribue de nourriture et de bénédictions, plus son autorité est reconnue. Cette distribution est perçue comme une manifestation concrète du pouvoir sacré et de la générosité divine. La nourriture distribuée lors de ces cérémonies est souvent considérée comme étant chargée de Baraka. Les participants reçoivent ainsi une portion de cette bénédiction divine à travers la nourriture qui leur est offerte.

Le couscous est le plat principal de toutes les cérémonies, qu'elles soient privées ou publiques. Il est impossible de concevoir une célébration sans couscous. Au point qu'un des noms locaux, t'ām, a été utilisé pour désigner la fête. Dans le langage courant, manger un couscous est synonyme d'assister à une célébration. C'est une nourriture symbolique. Elle devient communielle.

Ainsi, donc, laïlat Gnawi contribue à renforcer les liens collectifs. Manger dans le même plat, c’est essayer de capter l’effluve sacré (la baraka) qui se trouve chez l’autre ; car, celle-ci est anonyme, on ne sait jamais qui la possède. La maison qui accueille laïlat Gnawi  cherche à attirer cette force lumineuse et la baraka (bénédiction) qui en découle. En accueillant les participants, dār (maison) cherche à se connecter à cette autorité sacrée et à bénéficier de sa puissance spirituelle.

Après la nourriture, c’est le moment de la musique et de la danse. Un danseur utilisant le bâton de Sidi Mûsa évoque une imagerie spécifique qui consiste à chasser les âmes malfaiteuses et néfastes de l’espace de la cérémonie. Il est courant que la musique et la danse jouent un rôle important dans les cérémonies spirituelles et les rituels de purification. Les mouvements rythmés de danse, les sauts et les gestes exécutés par les danseurs sont souvent utilisés pour invoquer des forces spirituelles, communiquer avec les ancêtres et purifier l'espace et les participants. L'énergie générée par les mouvements de danse, accompagnés de chants et de percussions, crée une atmosphère de célébration et de transe qui, combinée à la chaleur et à la légèreté ressenties par les participants, contribue à l'atmosphère festive de la cérémonie.

Après, c’est autour du chef du groupe des musiciens Gnawa qui invoque les ancêtres africains des ethnies, Foulanie, Bambara et Barmus, pour qu’ils président, eux aussi, à la cérémonie avec les sept saints de la région et les jnûn des quatre coins cardinaux.

Dans la cérémonie de la laïlat Gnawi , les chants jouent un rôle essentiel pour invoquer les grands maîtres Gnawi du passé et établir une connexion avec les esprits ancestraux. Ces chants sont souvent répétitifs et rythmiques, accompagnés par les musiciens Gnawa et les participants. Ils sont utilisés comme un moyen de communication avec les esprits et de demander leur aide et leur protection.

Les vivants ne peuvent rien espérer sans l'aide des morts, ceci reflète la croyance centrale dans de nombreuses traditions spirituelles selon lesquelles les ancêtres jouent un rôle actif dans la vie des vivants. Les ancêtres sont vénérés et considérés comme des intercesseurs entre le monde terrestre et le monde spirituel. Dans le contexte Gnawi, ils sont appelés à guider et à soutenir les vivants dans leurs préoccupations et leurs besoins.

Les musiciens frappant du pied pour appeler les habitants du monde d'en bas font référence à l'idée de communiquer avec les esprits et de les attirer vers le lieu de la cérémonie. Cette pratique est souvent utilisée pour établir un lien avec les jnûn, les esprits ou les entités surnaturelles qui sont considérés comme résidant dans le monde souterrain ou invisible. En frappant du pied, les musiciens créent des vibrations et des rythmes qui sont censés attirer l'attention des jnûn et les inviter à rejoindre la cérémonie.

Le cercle formé par les musiciens et les participants est un symbole important dans de nombreuses traditions spirituelles. Il représente l'unité, la continuité et la protection. Dans le contexte de la laïlat Gnawi , le cercle est destiné à accueillir les jnûn et à les contenir jusqu'à ce que l'espace de la cérémonie leur soit définitivement ouvert. Cela peut être interprété comme une manière de créer une zone sacrée et protégée où les interactions avec les esprits peuvent avoir lieu en toute sécurité.

Une fois que la cérémonie de la laïlat Gnawi  a progressé et que les chants, les danses et les invocations ont créé une atmosphère propice, il est temps de sortir les tambours. Les tambours jouent un rôle important dans la musique Gnawa et sont souvent utilisés pour appeler et attirer les derniers jnûn qui n'ont pas encore répondu à l'appel des danses et des chants. Les tambours fournissent un rythme puissant et entraînant qui résonne et vibre dans l'espace de la cérémonie. Ils créent une pulsation sonore qui peut être perçue comme un appel aux esprits qui n'ont pas encore été activés ou contactés. Les battements de tambour servent à attirer l'attention des jnûn restants et à les inciter à rejoindre la cérémonie et à interagir avec les participants. Les tambours, avec leur son puissant et rythmique, sont considérés comme un moyen de communication supplémentaire pour attirer, inviter et engager les derniers jnûn dans la célébration.

En utilisant les tambours, les musiciens Gnawa sortent de la maison et se retrouvent à l'extérieur pour accueillir un groupe de femmes atteintes de démons et malades, qui portent des bougies. Cette rencontre marque un moment important dans le rituel, symbolisant le mariage entre le visible et l'invisible. Cette scène symbolise est une rencontre entre les mondes matériel et spirituel. Les femmes atteintes de démons représentent le monde invisible, celui des esprits et des influences négatives, tandis que les musiciens Gnawa représentent le monde visible, celui des êtres humains cherchant la guérison et la protection. Le fait que les femmes portent des bougies est significatif, car la lumière des bougies est souvent associée à la purification et à l'éclairage spirituel. Les bougies peuvent symboliser la recherche de la guérison et de l'illumination, ainsi que l'éloignement des énergies négatives. Ce moment de rencontre entre les musiciens Gnawa et les femmes porteuses de bougies représente un acte pour faciliter la libération des femmes des influences néfastes qui les affectent.

Les musiciens Gnawa  sortent de la maison et se retrouvent à l'extérieur pour accueillir un groupe de femmes atteintes de démons et malades, qui portent des bougies. Pour retourner à la maison.

Les musiciens Gnawa, après avoir accueilli les femmes possédées porteuses de bougies, rentrent à la maison. Deux compagnes de la mqadma franchissent le seuil en marchant en reculant, car à la manière d’un miroir, le monde de l’invisible est le reflet inversé du monde du visible.

Laïlat Gnawi est également un rituel de fécondation, une quête d’abondance. Le flux d'argent qui circule pendant laïlat Gnawi est perçu comme un symbole de fertilité et de prospérité. Il est associé à la pluie qui arrose le sol et favorise la croissance des plantes, ainsi qu'à l'idée d'un ventre arrondi chez les femmes, symbolisant la maternité et l'abondance. C'est une manière symbolique d'exprimer le désir de prospérité, de croissance et d'harmonie avec la nature.

Après l’appel à la prière, les Jnûn vont bientôt, en bon ordre, répondre à l’appel des Gnawa selon la hiérarchie telle que signifiée par leurs couleurs. Chaque couleur symbolise une catégorie spécifique de Jnûn, représentant différents aspects ou niveaux d'expérience spirituelle. Les couleurs sont également utilisées pour représenter la hiérarchie ou l'ordre d'interaction avec Jnûn, lors des pratiques Gnawa.

Pour les jeunes initiés, la possession se manifeste, d’abord, par des phénomènes de transes incontrôlées qui se transforment au fil des ans en une véritable danse. L’imitation des anciens et la familiarité avec les jnûn suffisent à cet apprentissage. L’initiation est vécue comme un voyage à l’intérieur, accompagné par l’ensemble de la communauté. Ce cheminement spirituel est le trésor caché des descendants Gnawa.

Les jeunes initiés commencent par éprouver des phénomènes de transes incontrôlées, qui évoluent progressivement en une danse maîtrisée au fil des ans. L'imitation des anciens et la familiarité avec les jnûn sont suffisantes pour apprendre cette pratique. Cette initiation est souvent entourée de mystère et de rituels spécifiques. Les jeunes initiés apprennent à entrer en contact avec les jnûn, à développer leur sensibilité spirituelle et à canaliser les énergies lors des séances Gnawa. La danse et les mouvements corporels sont des moyens d'expression de cette connexion spirituelle et de la manifestation des jnûn à travers les initiés.

Conclusion

Cet écrit révèle, en premier lieu, l’importance de la fête dans la cohésion sociale, l’identité du groupe et la quête du sens, du bonheur de l’Homme. Il explore, aussi les significations latentes
et patente du rituel de laïlat Gnawi, en soulignant ses diverses facettes symboliques, spirituelles et culturelles, en manifestant l’importance de ce rituel dans la sauvegarde et le partage des particularités culturelles inhérentes à la communauté Gnawi. laïlat Gnawi joue le rôle d'un catalyseur puissant, fortifiant de façon parfois sporadique, mais toujours importante, l'identité collective et le patrimoine immatériel d’une communauté. Ce rituel, en servant de canal de transmission entre les générations, préserve la force des liens entre les croyances, les rituels et les histoires ancestrales. Lors de ce rituel, les participants se rassemblent pour honorer les esprits, les ancêtres et les saints vénérés dans la tradition Gnawa. La musique joue un rôle central, avec des chants, des percussions et des danses rythmiques qui créent une transe collective. Cette transe est considérée comme un moyen de se connecter avec les forces invisibles et d'atteindre un état de transcendance spirituelle.

Ce mariage ancré entre musique Gnawi et spiritualité subit des transformations lorsqu'il est transplanté dans de nouveaux contextes culturels. En effet, en Europe, les recherches sur la musique Gnawi mettent en évidence une désacralisation progressive de cette musique. Son répertoire s’hybride avec d'autres genres (jazz, rock, musiques électroniques), transformant, ainsi, son rôle en une réinvention identitaire. Cette réception occidentale, déconnectée de la dimension spirituelle, influencent certains artistes. Les chercheurs avancent que la commercialisation et le tourisme ont contribué à la mise en scène de ces pratiques, altérant leur caractère sacré.

En Algérie, par contre, ces transformations s'inscrivent dans une dynamique de performativité et d’acculturation musicale, plutôt que de parler d’une perte d’authenticité. Il y a une métamorphose dynamique. La tradition Gnawa est continuellement réinterprétée selon les contextes culturels et sociaux, illustrant un processus de négociation entre conservation et modernisation. En effet, les Gnawa algériens assolent entre l’héritage du répertoire ancestral
et les influences contemporaines de la musique algérienne.

Cette réinterprétation constante du patrimoine Gnawi, en Algérie, témoigne de sa vitalité et de son penchant d’arrangement aux mutations culturelles. Dans ce contexte, laïlat Gnawi conserve toute sa richesse symbolique, mêlant piété, joie et divertissement. En effet, les différentes pratiques s'entrelacent et s'enrichissent mutuellement, engendrant des atmosphères synonymes de bonheur. Le rituel de laïlat Gnawi est un mélange de musique, de danse, de spiritualité et de connexion avec les esprits et les ancêtres. C'est une pratique riche en symbolisme et en tradition qui joue un rôle important dans la région du Sud-ouest algérien.

Ce rituel, comme son nom l’indique est nocturne, du coucher du soleil jusqu’à sa levée, faite de transes à vocation thérapeutique, pour protéger l’Homme des jnûn qui sont redoutables et néfastes pour sa santé mentale et physique. Il faut des encens au nombre de sept, un bélier pour le sacrifice, son sang servira de nourriture commune pour les Jnûn. Les Gnawa, en prononçant des paroles divines, (re)créent le monde, une sorte de nouvelle existence pour les atteints. La musique Gnawa sert à purifier l’espace de la cérémonie et l’espace intérieur des membres de la communauté présente.

Le rituel des Gnawa représente un patrimoine culturel précieux qu'il est essentiel de conserver dans sa pureté, surtout lorsqu'il est réalisé dans le contexte des sessions de thérapie. Ce patrimoine spirituel, regorgeant de significations profondes et de coutumes ancestrales, doit être préservé contre toute modification ou transformation qui pourrait mettre en péril son essence intrinsèque. En sauvegardant la pureté originelle de ce rituel, on assure la pérennité de sa valeur symbolique et de son rôle crucial dans l'équilibre spirituel et la guérison, tout en maintenant vivants les liens essentiels entre tradition, communauté et identité culturelle. Ce respect pour l'intégrité du rituel honore la mémoire et les enseignements des ancêtres, tout en offrant aux générations futures un espace sacré où se perpétue la sagesse ancestrale.

Garantir la sauvegarde du rituel Gnawi dans sa forme vraie nécessite un engagement actif en faveur de ceux qui en sont les gardiens. À ce titre, le soutien aux maîtres musiciens m’almîn à travers une politique culturelle inclusive joue un rôle indispensable dans la transmission intergénérationnelle et la pérennité de cette tradition.

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(1) Université Abdel hamid Ibn Badis, Département d'architecture, Faculté des Sciences et de la Technologie, 27 000, Mostaganem, Algérie.

[1] Gnawiyya: nom féminin issu de Gnawi, (Gnawa au pl). Différentes orthographes sont utilisées à travers la littérature : dans cet article, nous reprenons celle de Pouchelon.

[2] Le fondateur de l'ordre religieux des taybiya était Mûlay Idris B.‛Abd-l-lah, qui fondait à Fès la célèbre zāwiya, qui portait le nom de Dar-l-‛Alim (maison de la science) et où se formaient des savants et des missionnaires qui prêchaient la vérité et ramenaient les Musulmans à l'orthodoxie. Voir aussi Hocine Taoutaou, (2020). La zaouïa Taïbia de Constantine : repères historiques
et architecturaux. Insaniyat, (89), 31-46.

[3] Masculin de muqqadam qui signifie celui qui est mis en avant : préposé, chef, curateur tuteur. Les nominations des muqqadams se firent par les khouans
(les membres des ordres religieux). Ils élurent leurs muqqadam et présentèrent leur choix à la ratification du shaykh. Ce dernier conféra le diplôme au muqqadam, qui contenait, sous forme d’instruction (waşiya), un résumé de recommandations et pratiques religieuses. 

Citer cet article

DJERADI, M. A. (2024). Rituel de laïlat Gnawi, entre le patent et le latent. Insaniyat - Revue algérienne d'Anthropologie et de Sciences Sociales, 28(106), 41–58. https://insaniyat.crasc.dz/fr/article/rituel-de-lailat-gnawi-entre-le-patent-et-le-latent