Insaniyat n° 101, juillet-septembre 2023, p. 7-8
Ce Varia porte sur un ensemble d’articles rendant compte de plusieurs objets. Aussi, l’architecture de ce numéro est pensée, d’abord autour de la littérature, dans la mesure où trois contributions sur cinq, sont consacrées à des romans.
Le roman « De Aïni à Marie-Corail : L’image de la femme rebelle dans deux récits autobiographiques de Fadhma et Taos Amrouche » de Kamal Medjedoub explore la condition féminine chez les Amrouche, la mère et la fille. Cet univers est disséqué par le biais d’une multitude de personnages (femmes) confrontés à une société qualifiée de patriarcale. L’approche comparative privilégiée par l’auteur permet ainsi de relier ces deux romans et de les inscrire dans une forme de littérature de l’action et la résistance des femmes.
Dans la même optique, l’article de Loubna Raïssi Djerafi, dans son intitulé « Identité, dignité et féminité dans Le Châle de Zeineb », à partir du roman de Leila Hamoutene, constitue une investigation à travers la colonisation française de l’Algérie. Cette mise en récit portée par des femmes algériennes de différentes générations est consubstantiellement associée à l’évolution de la société ; cela sous plusieurs dimensions (religion, traditions, identité, patriotisme, etc.). Au final, c’est un roman « anthropologique » qui portraiture la femme algérienne durant cette période.
Toujours dans la fiction, Fatima Bouchakour réalise, dans « L’onomastique au service des personnages dans Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra , une corrélation entre l’onomastique (les noms propres) et les personnages qui les portent. C’est un exercice subtil, dans le sens où ces dénominations ne se réduisent pas à de simples et simplistes appellations ; elles ont, au contraire, une fonction transcendantale et renvoient à une réalité politique, sociale et historique beaucoup plus complexe.
Au sujet de l’article de Wahid Saad Saoud, Belkacem El Dib et Hamza Bachiri, la focale est mise sur un quartier de la ville de Ouargla, en l’occurrence « Mekhadma ». Il s’agit en effet de répondre, en l’espèce, à l’articulation pratiques sociologiques et législation urbaine dans une situation où le tissu urbain est confronté à des mutations majeures. Les premiers résultats de cette étude informent sur un ensemble d’objets : diversité de la structure législative en rapport avec l’espace urbain et faiblesse des mécanismes exécutifs inhérents à cet arsenal juridique. En sus, l’étude montre également que les mœurs, les relations de parenté participent à l’organisation et à l’orientation des pratiques sociales avec l’espace. Enfin, il a été montré dans cette contribution que la gestion urbaine planifiée évacue la participation des habitants du quartier ou de leurs représentants.
Le cinquième article de ce varia, intitulé « L'importance des archives ottomanes dans l'écriture de l'histoire Moderne de l'Algérie » est une source primordiale de Kheireddine Saidi, si l’on souhaite aller plus loin dans la connaissance cette période de l’histoire nationale. Les fonds sur l’Algérie, collectés et analysés pas l’auteur au niveau de la Présidence de la République turque à Istanbul, apportent un éclairage nouveau sur une période cruciale de l’histoire de l’Algérie. L’article met en exergue la vision des archivistes ottomans dans leur traitement des fonds consacrés à l’Algérie et présente également des exemples de documents d'archives et de correspondances officielles en langues ottomane et arabe. L’auteur revient aussi sur quelques erreurs qui ont pu être commises, dans la narration de cette histoire.
In fine, le dernier article du varia est lui également en lien avec l’histoire, mais sur la longue durée. Il s’agit en l’occurrence du travail de Salima Siada autour de « L’enfant dans l’épigraphie funéraire latine d’Afrique : les provinces de Numidie et de Maurétanie césarienne comme cas d’étude (1er - 3ème siècle ap. J.-C) ». Dans cette contribution, il est question d’inventorier des inscriptions funéraires relatives dédiées à l’enfant dans les provinces romaines de Numidie et de Maurétanie Césarienne durant les trois premiers siècles de l'empire. L’objectif étant d’interroger le statut de l’enfant dans ces deux provinces et celui des commémorations y inhérentes.
En somme, ce Varia, comme à l’accoutumé de Insaniyat a pour objectif de rendre visible des articles de fond et des contributions réalisées suite à des lectures des travaux littéraires associés à une approche anthropologique avec et des travaux de terrain. Il s’inscrit dans le continuum de la tradition de Insaniyat de promouvoir les recherches pluridisciplinaires, notamment celles des doctorants et des jeunes enseignants chercheurs.
Le Comité de rédaction d’Insaniyat