Les troisième et quatrième numéros du 34ème volume (1996) de la vénérable RASJEP sont parus au cours de ce premier semestre 1997 et ce en dépit d'évidents problèmes matériels. L'existence de cette revue qui, il faut bien le reconnaître, s'est largement éloignée des préoccupations de ses animateurs des années 1970-1980, est essentielle pour l'Université algérienne. On peut même considérer qu'elle sert de repère et de critère d'évaluation de l'évolution des centres d'intérêt de la recherche en droit et accessoirement en économie dans nos universités.
La continuité et la pérennité ainsi assurées, malgré tout, rassurent.
L'essentiel des sommaires des quatre numéros de ce 34ème volume est constitué d'études de droit (en arabe pour la plupart) et d'économie (en général en français).
- Cahiers de l'EPAU, n° 5-6, octobre 1996, Alger
La dernière livraison des Cahiers de l'EPAU (Ecole Polytechnique d'Architecture et d'Urbanisme) est consacrée, en grande partie, à une notion clef de la politique culturelle dans notre pays: le patrimoine.
Les six textes ont été présentés lors du séminaire sur le patrimoine organisé par l'E.P.A.U. et l'Agence Nationale d'Archéologie en mai 1996 à Alger. Il s'agit bien sûr du PATRIMOINE BÂTI. Les contributeurs (sauf N. Saïdouni) sont tous enseignants à l'E.P.A.U. et tous interpellent ceux qui de près ou de loin sont concernés par la sauvegarde des traces matérielles de notre passé.
Le pessimisme ambiant est quelque peu contredit par le beau texte de Y. Ouagueni. Une petite bougie dans un placard et tout s'éclaire…
N. Saïdouni propose l'élaboration d'une «Encyclopédie» historique des lieux et cités d'Algérie». La liste de sites et monuments historiques du pays existe bien quelque part: le JORA pour ceux qui sont classées. Quid des autres? Mais de quoi est constitué ce patrimoine national? quelle est la part des édifices civils publics et privés? celles des édifices religieux? celle des monuments et sites de la préhistoire et de l'antiquité? Quelle est la part de l'Etat et celle des collectivités locales? Tant il est vrai que les communes ne s'intéressent aux monuments que dans la mesure où ils contribuent un tant soit peu à leur développement économique. Il y aurait donc une mission nationale à accomplir (ce que souhaite N.S.) qui réunirait «des chercheurs de divers horizons» et autour du ministère de la Culture, des institutions impliquées directement ou pas dans la mise en valeur du Patrimoine.
Parmi les six contributions, qui démontrent si besoin est, l'intérêt de nos architectes pour cette question, on ne nous en voudra pas d'insister sur celle de Mouaouïa Saïdouni.
Le problème posé est particulier : comment le patrimoine est-il perçu et évalué par les professionnels de l'architecture et de l'urbanisme coloniaux? Pour M. S. cette question semble plus pertinente que «les problématiques liées à la consistance matérielle et à la préservation». Outre que les deux approches sont complémentaires, les deux débats sont tout autant légitimes. Il ne saurait y avoir d'exclusion.
Pour sa démonstration, l'auteur fait appel à quatre «professionnels» qui illustrent chacun une variante des rapports qu'ont entretenu les architectes des années 1930 en Algérie, avec le patrimoine algérien. M. S. est libre de ses choix, mais un peu moins de ses questions. Commencer par le plus récent en date, géographe de surcroît, René Lespès, et fini par le plus ancien, X. Salvador, n'est déjà pas une démarche très évidente. Lespès a fait un gros travail de dépouillement des archives tant pour sa thèse sur Alger que pour son livre sur Oran. Même s'il donne son point de vue, ses œuvres sont plus une lecture critique des politiques urbaines que les propositions d'un spécialiste. M. S. le comprend bien pour qui la réflexion de R. Lespès s'articule autour de l'idée d'un «patrimoine local, objet de constat et d'analyse urbaine».
Mais est-ce une variante?
La question du zoning abordée dans l'étude de Tony Socard et ses articles publiés par «Chantiers Nord-Africains» soulève au moins un problème de source. La consultation de «travaux Publics et bâtiments», dont C. N. A. n'est jamais qu'une édition - que M.S. a dû faire lors de ses recherches - montre qu'à côté de la question du zoning s'était développé, à Alger en particulier, mais curieusement pas à Oran, l'idée de «construction d'une ville nouvelle pour les indigènes (et non pas d'un quartier nouveau)». Point n'est besoin d'aller chercher des arguments à Casablanca! Le projet de destruction de la Casbah était à l'ordre du jour dans les années 1920-1930.
Les vues urbanistiques et architecturales de Salvador,dont le nom apparaît sur la façade de certains immeubles d'Alger, n'ont de sens que par rapport au Plan d'aménagement d'Alger adopté en août 1931 et aux idées développées alors par le Corbusier.
M. S. a bien raison de conclure que dans le fonds «l'ambiguïté de la position coloniale face au patrimoine algérien doit être un enseignement pour comprendre notre propre relation avec le patrimoine». Mais y-a-t-il eu vraiment ambiguïté, n'y avait-il pas plutôt débat. Le débat, le notre, devra être ouvert comme le souhaite l'auteur.
Revue Algérienne d'Economie et de Gestion, n°1, mai 1997, Oran
Sous la houlette du professeur Ahmed Bouyacoub, L'Institut des Sciences Commerciales d'Université d'Oran lance le premier numéro de sa revue. L'intention des promoteurs est claire: ouvrir un espace de débat et de réflexion autour des problèmes que connaît et vit notre économie nationale. Ont été ainsi regroupés les travaux de l'équipe de recherche animé par A. Bouyacoub et qui portent sur «L'entreprise, l'Etat et l'Economie de marché».
Six études soumises au lecteur dont celle de Christian Palloix sur «une théorie hétérodoxe de l'entreprise». Ahmed Bouyacoub essaie de montrer et de démontrer les mécanismes de comportements de nos entreprises publiques en période de transition; quelles sont les politiques de change de l'Algérie depuis 1962? (Mohamed Kenniche). Comment et quels sont les enjeux de l'assainissement financier des entreprises industrielles publiques? (Leïla Baba Ahmed). L'économie de marché impose des conditions et des formes nouvelles de gestion et de rapports avec l'environnement économique et politique: comment s'effectue la libération des relations économiques avec l'étranger (Ali Toubache) et surtout comment peut réagir une entreprise publique face au développement du marché parallèle. Et Ali Moulai étudie le cas du ciment, produit quasiment stratégique dont les problèmes de distribution aggravés par ceux de la gestion et de la production encouragent la spéculation.
Repères, n°3, 1997. La ville et l'urbanisation, Alger
Les Editions Marinoor d'Alger poursuivent leur politique de mise à la disposition du lectorat algérien d'articles repris de revues étrangères inaccessibles aujourd'hui. Le troisième numéro de REPERES regroupe pas moins de vingt et une études autour de LA VILLE ET L'URBANISATION dont trois (?) de Marc Côte sur l'Algérie. L'origine de ces études étant signalée, ce numéro peut servir de référence aux chercheurs et aux étudiants.
auteur
Fouad SOUFI