Images et Colonies (sous la dir. de BLANCHARD, Pascal et CHATELIER, Amelle).- Paris, ACHAC, Ed Syros, 1993.- (158 pages, format 27 x 21 cm).
Images et Colonies (1880-1962) (sous la dir. de BANCEL, Nicolas ; BLANCHARD, Pascal et GERVEREAU, Laurent) - Paris, B.D.I.C - ACHAC, 1993 - (304 pages, format 30 x 21 cm).
L'Autre et Nous «scènes et types» (sous la dir. de BLANCHARD, Pascal ; BLANCHOIN, Stéphane ; BANCEL, Nicolas ; BOËTSCH, Gilles et GERBEAU, Hubert). - Paris, ACHAC, Ed Syros, 1995.- (279 pages, format 23 x 33 cm).
L'ACHAC a regroupé une iconographie impressionnante portant sur l'Afrique contemporaine et le Monde colonial en général. Plus d'un million d'images auraient été traitées par des historiens et anthropologues, lors du séminaire périodique organisé par cette institution, et les trois ouvrages présentés ici synthétisent une partie de ces travaux.
Images et Colonies reprend les Actes d'un colloque organisé du 20 au 22 Janvier 1993 à la Bibliothèque nationale de Paris, et traite de thèmes aussi variés que la perception du Maghreb et des Maghrébins dans la France des XIX et XXéme siècles, des Africains dans l'affiche politique française, de l'imaginaire colonial dans la bande dessinée, de la propagande missionnaire, du cinéma, de la carte postale et de l'exotisme érotique, et des iconographies coloniales française, italienne, portugaise, belge ou anglaise.
Images et Colonies (1880 - 1962) reprend des thèmes similaires auxquels d'autres viennent s'ajouter, (peinture, sculpture, timbres-postes, guerres mondiales, l'iconographie anti-colonialiste...).
L'illustration par l'image est encore plus abondante (en noir et blanc, ou en couleurs).
L'Autre et Nous, abondamment illustré aussi (en noir et blanc), reprend les Actes d'un colloque organisé en Février 1995 à Marseille à l'initiative de l'ACHAC, du GDR Océan indien et de l'UPR dynamique culturelle, et sous le patronage de l'UNESCO. Le thème du colloque : l'Autre et Nous «Scènes et types», et surtout le sous-titre : Anthropologues et historiens devant les représentations des populations colonisées, des «ethnies», des «tribus» et des «races» depuis les conquêtes coloniales, donnent le ton d'un travail qui met à la disposition du chercheur un important bilan critique sur les représentations coloniales.
La France en Guerre d'Algérie - Nov. 1954 - Juil. 1962.- (sous la dir. de GERVEREAU, Laurent ; RIOUX, Jean Pierre et STORA, Benjamin).- Paris, Ed B.D.I.C et la Découverte, 1992 - (320 pages, format 30 x 21 cm).
France - Algérie, images d'une guerre (sous la dir. de MIMOUN Mouloud Paris, les cahiers de ciné-ima, N°1, Juin 1992.- (136 pages, format 18 x 24 cm).
La guerre de libération nationale en Algérie a été à l'origine d'une bibliographie abondante ; sans doute des milliers d'ouvrages et articles divers. Quelques uns d'entre eux abondent en images.
C'est notamment le cas pour la France en Guerre d'Algérie, qui regroupe une série d'articles rédigés, par un grand nombre de spécialistes, et nous présente surtout une série de documents et une abondante iconographie (plus de 750 illustrations en noir et blanc et parfois en couleur), qui avaient servi à l'exposition portant le titre de l'ouvrage, et organisée du 4 Avril au 28 Juin 1992 à l'Hôtel des Invalides (Paris), par le musée d'histoire contemporaine, et la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (B.D.I.C, Nanterre). Une collection très riche de photographies, croquis, affiches, caricatures, tracts, coupures de journaux, séquences reprises à la télévision ou au cinéma..., et qui expriment la mémoire française de cette guerre, et dans une certaine mesure, la notre.
Un travail fait par des historiens professionnels avec la collaboration d'acteurs et de témoins et qu'il est utile de diffuser et de lire en Algérie.
Avec France - Algérie. Images d'une guerre, la revue Ciné-ima (éditée par l'institut du monde Arabe, Paris), nous présente des commentaires et une abondante illustration en noir et blanc portant sur la production cinématographique française et algérienne qui jusqu'en 1992 avait eu pour objet direct ou indirect, la guerre d'Algérie.
Le ministère algérien de l'information et de la culture avait édité en 1974 un travail similaire et plein d'images (en noir et blanc et en couleur), mais qui malheureusement n'a pas connu de mise à jour depuis[1].
TRISTAN, Anne. - Le silence du fleuve. Octobre 1961. - Paris, Au nom de la mémoire et société européenne des Arts graphiques, 1991. - 141 pages).
LALLAOUI, Mehdi. - Kabyles du Pacifique. - Paris, mêmes éditeurs, 1994.- 141 pages.
LALLAOUI, Mehdi. - 20 ans d'affiches anti-racistes. - Paris, édité par l'Association Black, Blanc, Beur, 1989. - 120 pages.
L'association Au nom de la mémoire (Boite postale 82, 95873 BEZONS - Cedex, France) a édité deux livres de mêmes formats (23,5x 25s cm) et qui mériteraient d'être signalés au public en Algérie. Tous deux abondamment illustrés (photos en noir et blanc), abordent en effet une partie de notre mémoire, et plus particulièrement en relatant les drames vécus par des algériens exilés.
Dans le silence du Fleuve, Anne TRISTAN, relate les événements survenus à Paris en octobre 1961, lorsqu'à l'appel du F.L.N., les Algériens résidants à Paris et dans sa banlieue organisent une grande manifestation pour protester contre la mesure discriminatoire leur imposant le couvre-feu à eux seuls. On sait qu'une répression féroce s'en était suivie et que des centaines de nos compatriotes avaient été massacrés et leurs corps jetés dans la Seine[2]. Le préfet de police Maurice PAPON, avait une fois de plus fait parler de lui, et le génocide sera jusqu'à ces dernières années nié par les autorités françaises.
Avec Kabyles du Pacifique, Mehdi LALLAOUI nous fait remonter encore plus loin dans le temps, puisque parti du soulèvement algérien de 1871 (dirigé par les frères El-Mokrani et le Cheikh El Haddad), il nous relate les phases de la répression et nous fait suivre l'itinéraire de dizaines de chef insurgés transférés en France avant d'être exilés en Nouvelle Calédonie en même temps que Louise MICHEL et d'autres révoltés de la Commune de Paris. Toujours documents et photographies à l'appui, l'auteur nous décrit le mode de vie en Nouvelle Calédonie des déportés algériens et de ceux de leurs descendants qui y vivent encore.
Le travail de publication mené par l'association au Nom de la mémoire a permis plus récemment encore la parution du livre plus sobre (puisque sans illustrations) de Boucif MEKHALED Chroniques d'un massacre, 8 Mai 1945 ; Setif, Guelma, Kherrata (format 23 x 15 cm, 250 pages, Editions Syros 1995). Nous avons affaire là à un livre qui vient enrichir la bibliographie existante sur les Événements du 8 Mai 1945 en Algérie[3].
Dans 20 ans d'affiches anti-racistes Mehdi LALLAOUI a regroupé tout en couleurs, quelques 280 affiches antiracistes diffusées en France entre 1968 et 1988 par des dizaines d'associations dont la raison d'être est de combattre la xénophobie et le racisme, celui touchant notamment les populations émigrées. Ce sont là de précieux documents éducatifs et pouvant constituer comme le dit Jean-Louis ROLLOT de la Ligue française de l'enseignement «une mémoire à conserver et à exploiter».
Un livre très utile pour ceux qui s'intéressent notamment au vécu de notre émigration outre-Méditerranée.
STORA, Benjamin -Imaginaires de Guerre. Algérie - Vietnam en France et aux Etats-Unis. - Paris, Ed. La Découverte, 1997.- 252 pages. (Réédition en cours en Algérie grâce à CASBAH-éditions, Alger).
Avec imaginaires de guerre, Benjamin STORA continue son travail d'exploration de la mémoire de la guerre d'Algérie, et dont il a eu à nous livrer des résultats dans une oeuvre abondante, dont la Gangrène et l'oubli, (Ed. La Découverte, Paris, 1991), ainsi que la série télévisée, les années algériennes dont il avait été l'un des réalisateurs (France 2, 1991).
L'intérêt de la dernière livraison réside cependant dans l'approche comparatiste entre l'Algérie et le viétnam, et encore plus dans les traces que ces deux conflits ont laissé dans les mémoires française et américaine, et ce à travers un outil privilégié, l'image, qu'elle soit photographique, de film documentaire et d'actualité (cinéma, télévision), ou enfin de film de fiction.
A travers une analyse détaillée des productions française et américaine, il nous montre où résident les différences dans la façon dont fonctionnent les mémoires de deux guerres, en France et aux Etats-Unis.
Si les deux conflits avaient déjà dans l'actualité de l'époque été répercutés dans l'opinion par des moyens différents, surtout le transistor et le reportage de Magazine (genre "Paris-Match"), pour la guerre d'Algérie, et une grande masse d'images filmées faisant là une quotidienne des journaux télévisés (notamment américains) pour la guerre du vietnam, la différence est aussi tranchante dans le film de fiction. La guerre a été surtout abordée de manière indirecte, voire allusive dans le cinéma français, tandis que les américains se lançaient assez tôt dans de grandes productions abordant directement l'événement (c'est le cas par exemple en 1978 pour voyage au bout de l'enfer de Michael CIMINO, en 1979 pour Apocalypse Now de Francis Ford COPPOLA, en 1986 pour Platoon de Oliver STONE, ou en 1987 pour Full Metal Jacket de Stanley KUBRICK).
Stora nous indique cependant comment la réalité est plus complexe puisque malgré la censure qui a longtemps prévalu une quarantaine de films français traitent de manière plus ou moins directe de notre guerre de libération, et il émet un certain nombre d'hypothèses sur les modalités de fonctionnement de la mémoire de ces guerres dans les deux pays en s'appuyant sur leur histoire respective, et les enjeux sociaux qui y ont court depuis la fin des conflits.
Si l'image produite par les algériens et vietnamiens est aussi abordée par l'auteur (même si ce n'est pas l'objet principal de son livre, et le titre l'indique bien), il n'en demeure pas moins qu'un travail d'exploration de nos propres mémoires à travers la photographie et la peinture ou le film (documentaire ou de fiction) reste à faire, en Algérie notamment.
Il existe d'ailleurs quelques travaux sommaires et qui gagneraient à être développés. On pourra citer notamment la contribution d'algériens à l'atelier cinéma du colloque organisé en Mars 1992 à Paris par la Ligue française de l'enseignement et l'institut du monde arabe (IMA) sur le thème Mémoire et Enseignement de la Guerre d'Algérie (les actes ont été publiés) ainsi qu'un numéro spécial consacré à la question par la revue ciné-IMA (publiée aussi en Mars 1992), sans oublier d'autres matériaux comme ceux présentés dans la revue algérienne les deux écrans, qui faisait le bonheur des cinéphiles dans les années 1970.
Egypte, 100 ans de cinéma. - (Sous la dir. de WASSEF, Magda).- Paris, Edition Plume, Institut du Monde Arabe, 1995.
C'est là un beau cadeau que nous offre l'Institut du Monde Arabe à l'occasion de l'exposition qu'il organisait sur le cinéma égyptien, accompagnée d'une projection de cent films, et ce, entre le 25 Octobre 1995 et le 25 Février 1996. Il s'agit d'un ouvrage de 320 pages (format 30 x 23 cm) regroupant une information précieuse pour le chercheur et le simple cinéphile, et abondamment illustré de scènes de films en noir et blanc (et quelques unes en couleurs).
Les répertoires de réalisateurs, d'acteurs, des sociétés de production égyptiennes, ainsi que l'index des noms cités apportent un plus à l'utilité de ce travail.
La première projection publique d'un film en Egypte (en 1896 à Alexandrie) allait être à l'origine d'un phénomène majeur dans la société égyptienne puisqu'un siècle plus tard quelques 3000 fictions en long métrage avaient vu le jour dans le pays et étaient diffusées dans tout le monde arabe, voir bien au delà pour certaines d'entre elles.
En axant sur trois catégories de films qui ont fait les grands jours du cinéma égyptien, la comédie musicale, la narration historique et ceux de type réaliste, ce livre interpelle une partie de notre mémoire, et mériterait d'être mis à la disposition des millions de personnes qui durant une bonne partie de ce siècle ont rêvé au rythme de l'imaginaire produit dans la Vallée du Nil[4].
Une édition en langue arabe de cet ouvrage est en effet indispensable.
Chronique d'un été algérien. Ici et là-bas (Texte de DJEBAR, Assia et photographies de DE WURSTEMBERGER, Hugues ; VINCK, John ; DOURY, Claudine et ZACHMANN, Patrick) - Paris, Editions Plume, 1993 - (173 pages, format 28 x 21cm).
L'image n'est pas seulement un reflet du passé. Elle est aussi témoignage sur le présent, surtout lorsqu'elle ne s'attache pas à l'exotique, mais saisit le geste simple quotidien, celui qui donne sens à la vie de tous les jours. Chronique d'un été algérien, nous le prouve ; accompagnés du texte combien lui même sensible et imagé de Assia DJEBAR, quatre photographes français regardent l'Algérie en cette période cruciale de 1992, qui plus est sous le soleil d'été qui à la fois engourdit et donne du répit.
Hugues de WURSTEMBERGER pour Alger, John VINCK pour Annaba, Claudine DOURY pour la grande Kabylie, et Patrick ZACHMANN pour Oran, nous présentent une série de prises de vues de la vie de tous les jours. Femmes, enfants, hommes jeunes et vieux, au travail, à la plage, à la campagne, au foyer ou sous la tente.
De très belles photographies en noir et blanc avec la sensation pour nous d'une redécouverte du déjà vu, du familier, du sérieux et du ludique.
Nous avons affaire nous dit Assia DJEBAR à «une Algérie étrangement sans défense... Elle se laisse enfin être regardée, dans ses intérieurs, dans ses espaces clos, dans ses lieux publics déchirés en plein soleil, sur ses seuils... Cette Algérie d'un été de transition»
L'humour en Orient (Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, n° 77-78.- Aix en Provence, Edisud, 1996).
La Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée (REMMM), publiée par l'association pour L'Etude des Sciences Humaines en Afrique du Nord et au Proche-Orient et en collaboration avec l'IREMAM (Aix en Provence), aborde dans ce numéro double, le thème de l'humour en Orient.
Irène FENOGLIO et François GEORGEON qui en assurent la coordination, nous ont regroupé ici une quinzaine d'articles ayant fait l'objet d'exposés dans différentes institutions parisiennes (IMA, CNRS, EHESS), et qui touchent une région du monde allant du Maghreb aux Balkans, en passant par l'Egypte et le Moyen-Orient. Y sont abordés des études qui traitent aussi bien des Mille et une nuits, de Djoha, du Garagouz, du Cinéma que de la Noukta, et de la Hkaya et autres satyres.
Comme le précise la présentation du numéro, «tout en faisant apparaître les modes universels de fonctionnement de l'humour», les études présentées «tiennent compte de certains traits spécifiques des sociétés concernées : poids du religieux, tendances politiques autoritaires, pluralisme ethnico-confessionnel, condition de la femme, valeurs sociales».
Il est bien entendu largement fait appel à l'image puisqu'en feuilletant l'ouvrage, nous pouvons découvrir une soixantaine d'illustrations, de caricatures de presse, et plus rarement de photographies empruntées au cinéma.
De l'intéressant article de Aïssa KHELLADI consacré à l'Algérie, nous ne retiendrons cependant pas les conclusions tirées par les coordonnateurs de ce numéro thématique, qui écrivent à propos de notre pays : «Il semble qu'aujourd'hui la situation ne laisse plus de place à l'humour, et que celui-ci doive s'exiler». Bien au contraire, au-delà du drame et même alimenté par lui, nous pouvons constater que l'humour persiste et signe en Algérie. Voici un terrain de recherche à investir ! A signaler aussi la présentation d'une bibliographie très utile touchant au thème de l'humour et du rire (une centaine de titres).
notes
[1] Cinéma, production cinématographique 1957 - 1973, (142 p, format 27 x 23 cm. Ministère de l'Information et de la Culture. Alger, 1974). C'est un ouvrage qui présentait toute la production cinématographique algérienne, réalisée à cette époque. Ministère de l'Information et de la Culture. Alger, 1974). C'est un ouvrage qui présentait toute la production cinématographique algérienne, réalisée à cette époque.
[2] Avant le livre de TRISTAN, Anne ; le livre de PEJU, Paulette.- Ratonnades à Paris, édité dès Novembre 1961 n'avait pu circuler que clandestinement, tandis que le film documentaire de PANIGEL, Jacques.- Octobre à Paris sera saisi dès 1962 et interdit de diffusion durant dix ans.
[3] Dont l'ouvrage de AINAD-TABET, Redouane.- Le 8 Mai 1945 en Algérie. - Alger, Editions OPU, 1ère éd. 1985.
[4] A signaler aussi le catalogue édité par l'Institut du monde arabe sur la 3ème Biennale des cinémas arabes à Paris, (96 pages, format 30 x 23 cm, IMA, Juin 1996).
auteur
Hassan REMAOUN