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La violence et l’histoire dans la pensée de Frantz Fanon

Insaniyat N° 25-26 | L'Algérie avant et après 1954 | p.27-35 | Texte intégral

Violence and history in Frantz Fanon’s thought

 Abstract: Starting from experience and analysis, first psychological then sociological and political, the mechanisms by which violence accumulates, among dominated individuals and peoples, to become a freedom instrument, Fanon finally widens his thought to the conditions in which well balanced societies can be built around an efficient State. At the end of his life Fanon saw the threats weighing on numerous third world societies clearly.

Key words : violence - history - middle classes - intellectuals - peasantry.


Mustapha HADDAB : Professeur – Université d’Alger.


L’œuvre de Frantz Fanon tient sa valeur, en grande partie, de la proximité temporelle, spatiale et psychologique des réalités sur lesquelles elle porte. L’analyse qui y est conduite des phénomènes liés au racisme, tant celle des spécificités de la maladie mentale liées à la discrimination ou à l’oppression coloniale, que celle des conduites sociales des différents groupes sociaux vis-à-vis de cette oppression, ou encore les études sur les conditions et les effets sociaux de l’instauration d’États indépendants en Afrique, sont l’expression d’expériences directes, dans lesquelles son implication était très forte, et ses engagements entièrement assumés. On pourrait dire que, pour Fanon, il ne saurait y avoir d’autre observation ou d’autre analyse que participante ; il n’y a quasiment rien dans son œuvre qui ne soit directement en rapport avec son action sur les faits étudiés, et à son engagement militant dans l’évolution de ces faits.

Or, dans tous les domaines où se sont déployées aussi bien son action que sa réflexion, la violence s’est imposée à lui comme une dimension essentielle. Dans la plupart des situations auxquelles il s’est trouvé confronté, était à l’œuvre une dure dialectique de la violence et de la contre-violence, dont il s’efforçait de mettre au jour les mécanismes et les conséquences prévisibles.

Psychosociologie du racisme

Bien qu’il se soit éloigné très tôt de son île natale, la Martinique, et qu’il ait pris du recul par rapport à cette forme spécifique de colonialisme qui y régnait, l’expérience qui y fut la sienne a sans doute été décisive dans la formation de ses idées sur la genèse de la violence, et sur les implications psychologiques, sociales, culturelles et politiques de celle-ci. Bien qu’il eût une enfance et une adolescence plutôt agréables, au sein d’une famille aisée de Fort-de-France, c’est néanmoins dès cette époque qu’il est confronté à la discrimination fondée sur la race et la couleur de la peau. Sa réflexion sur la question du statut des Noirs face à la discrimination blanche s’alimente en particulier de l’enseignement et des écrits d’Aimé Césaire.

C’est ainsi, très vite, qu’il s’est convaincu que le racisme n’est qu’une des formes que peut prendre la discrimination fondée sur la violence et la domination. Il ne tarda pas à situer le racisme dans une problématique plus large de l’oppression et de la discrimination.

Il faut toutefois ne pas minimiser l’apport de Fanon à l’analyse des mécanismes, parfois très complexes, selon lesquels fonctionnent les conduites racistes, conduites qui souvent « avancent » masquées, non seulement vis-à-vis des autres mais aussi vis-à-vis de soi-même. Peau noire et masques blancs[1] constitue une sorte de traité des perversions, liées au racisme présentant des degrés variés de gravité, et inscrites dans une psychologie caractérisée par sa systématicité – une systématicité qui lui fournit en quelque sorte ses propres consolidations.

Fanon formule explicitement la nécessité de transcender l’étude phénoménologique des manifestations du racisme du Blanc vis-à-vis du Noir, pour analyser les structures fondamentales de la domination et de l’oppression, dont la situation coloniale constitue un paradigme particulièrement clair. Dans un article de 1955, intitulé « Antillais et Africains », reproduit dans Pour la révolution africaine, il écrit : « Les histoires raciales ne sont qu’une superstructure, qu’un manteau, qu’une lourde émanation idéologique, revêtant une réalité économique. »[2]

Il est sans doute intéressant de noter que l’écrivain noir américain Toni Morrison fait une expérience et une analyse du racisme vis-à-vis des Noirs qui n’est pas dénuée de points communs avec celle de Fanon[3]. Le travail précis de décryptage des avatars du racisme – des avatars que différents mécanismes conscients ou inconscients de masquage rendent non directement perceptibles – auquel se livre Fanon n’est pas sans rappeler aussi les démarches qu’utilisent Edward Saïd pour pourchasser les opérations qui produisent, dans toute une partie de la culture occidentale, des discours où s’accumulent, masqués ou non, voulus ou non, des énoncés de discrimination et de dépréciation des sociétés non occidentales[4].

L’expérience précoce du racisme anti-noir, puis celle de la lutte contre le nazisme, n’ont sans doute pas peu contribué à susciter l’intérêt de Fanon pour la psychiatrie.

La psychiatrie et la domination

On sait que Fanon, dès ses années d’études à Lyon, ne s’est pas contenté de recevoir et d’assimiler passivement le savoir psychiatrique classique, mais qu’il s’est vite montré vis-à-vis de celui-ci à la fois critique et subversif. Il a saisi, parce qu’il y était préparé par son expérience du racisme et sa connaissance de l’antisémitisme, que le savoir psychiatrique classique peut être utilisé comme un instrument de domination, ou comme un moyen de justification de positions de domination et de discrimination diverses.

Cette approche critique vis-à-vis de la psychiatrie classique s’exprime clairement dans son article de 1952, « Le syndrome nord-africain », paru dans la revue Esprit. Il y fait ressortir en particulier le caractère totalement asymétrique de la relation psychiatre-malade, qui s’établit entre les psychiatres européens munis d’un savoir qui favorise les tendances de beaucoup d’entre eux à « chosifier » leurs patients, quand ceux-ci appartiennent à la fois à une autre culture et à une autre classe[5].

Une sorte de jonction et de cristallisation de l’ensemble de ces connaissances et expériences se produit dans l’esprit de Fanon au moment où il arrive à l’hôpital psychiatrique de Blida. Des processus de renforcement réciproque s’offrent à son observation avec une grande clarté, processus qui lient la logique de l’oppression coloniale au contenu de la psychiatrie, telle que l’École d’Alger l’avait transformée en une idéologie fondée sur l’infirmité congénitale de l’indigène nord-africain ; mais aussi processus liant les formes spécifiques de pathologie observables chez beaucoup de malades algériens à leur cause principale, à savoir le système colonial lui-même, fondé sur une répression multiforme (économique, raciale, juridique, spatiale, etc.) et l’idéologie psychiatrique liée à ce système. Tout se passait comme si cette idéologie psychiatrique, liée à l’ensemble des dispositifs de la domination coloniale, produisait les cas pathologiques, qui à leur tout fournissaient les pseudo-confirmations ou « vérifications » recherchées par cette idéologie.

Ces phénomènes de circularité aboutissent à la mise en place d’une dialectique de la violence, en quelque sorte explosive. La position de Frantz Fanon vis-à-vis des conséquences psychiatriques de la violence matérielle et symbolique exercée par le système colonial ne consiste pas à nier la réalité de ces conséquences, mais plutôt à les rapporter à des causes totalement différentes de celles auxquelles les imputaient les idéologues de l’oppression coloniale : « Dans la période de colonisation non contestée par la lutte armée, constate-t-il, quand la somme d’excitations nocives dépasse un certain seuil, les positions défensives des colonisés s’écroulent, et ces derniers se retrouvent alors en nombre important dans les hôpitaux psychiatriques. »[6] Les portraits qu’il dresse des paysans algériens soumis des décennies durant à la violence colonialiste, ou des intellectuels dont une partie d’entre eux a été peu ou prou façonnée par les institutions coloniales, s’inspirent de ces constats.

Forces et faiblesses de la paysannerie

La force et l’efficacité dont la paysannerie a pu faire preuve durant la guerre de libération nationale est, en quelque sorte, le produit renversé de la violence qui s’est exercée sur elle[7]. Parmi les couches sociales qui ont subi le plus durement l’oppression et la répression coloniales, la paysannerie est celle qui en a été la plus atteinte, en particulier par la misère matérielle et culturelle qui lui a été imposée. (La politique des regroupements menée par l’administration et l’armée françaises durant la guerre de libération nationale peut être regardée comme l’aboutissement de ces processus de déstructuration subis par la paysannerie.)

L’analyse fanonienne de la situation de la paysannerie dans les sociétés opprimées met au jour un envers et un endroit : l’envers est l’état de déstructuration matérielle et morale dans lequel de longues durées de privation et de désorganisation de leurs bases socio-économiques ont mis une part importante des groupes paysans ; l’endroit, c’est, d’une part, la capacité à préserver, en raison de sa mise à l’écart même, des valeurs de générosité, de solidarité et de sincérité et, d’autre part, la force avec laquelle elle peut engager la lutte contre l’oppression en raison de l’accumulation de contre-violence que la violence coloniale a produit en elle : « Tout est simple, note-t-il. Ces hommes (les nationalistes qui rejoignent la paysannerie) découvrent un peuple cohérent qui se perpétue dans une sorte d’immobilité mais qui garde intactes ses valeurs morales, son attachement à la nation. Ils découvrent un peuple généreux, prêt au sacrifice… »[8]

Un des thèmes fondamentaux des analyses fanoniennes est celui des fortes relations d’interdépendance, ou mieux d’« interdétermination », entre les profils des protagonistes de la tragédie qui a pour théâtre les sociétés colonisées et, plus largement, de la lutte qui oppose les pays dominés aux pays impérialistes. Thème qui n’est pas sans liens avec la structure de la relation du maître et de l’esclave exposée par Hegel.

Les analyses que Fanon propose des caractéristiques et des positions de couches sociales comme la bourgeoisie autochtone avant et après l’indépendance, celle des intellectuels, celle des prolétaires, ou encore celle du lumpenprolétariat, s’inspirent de cette thématique.

Intellectuels sous influence

Pour Fanon, les formes culturelles selon lesquelles les intellectuels des sociétés colonisées tentent de répondre à l’oppression culturelle et psychologique de la colonisation sont, dans une large mesure, structurées homologiquement aux thématiques et aux discours véhiculant cette oppression culturelle : « Les efforts du colonisé pour se réhabiliter et échapper à la morsure coloniale s’inscrivent logiquement dans la même perspective que celle du colonialisme. »[9] C’est en particulier pour cette raison qu’il critique sévèrement l’usage que font de la notion de négritude de nombreux intellectuels africains ou antillais.

À ses yeux, l’intellectuel des sociétés colonisées, y compris parfois après que l’indépendance a été acquise, ne se libère réellement de l’emprise des catégories, des schémas, et du langage produit au sein de la communauté dominatrice, qu’en rejoignant les masses paysannes. Par « intellectuel », Fanon n’entend pas seulement les personnes qui exercent des métiers impliquant des formations scolaires et universitaires plus au moins poussées (enseignants, avocats, médecins) mais aussi les cadres des partis nationalistes. À propos de ces derniers, il formule des hypothèses sociologiques qui ne sont pas sans fécondité : ainsi, note-t-il, par exemple, que « la naissance de partis nationalistes dans les pays colonisés est contemporaine de la constitution d’une élite intellectuelle et commerçante »[10].

Le langage est l’une des voies par lesquelles s’exerce cette emprise de l’idéologie coloniale et colonialiste sur l’intellectuel national ; le langage, le français en l’occurrence, contient des jugements de valeur implicites, des classifications, des exclusions et des inclusions qui sont intériorisées, à son insu, par l’intellectuel de la société colonisée, ou dominée. Fanon évoque, en plusieurs endroits de son œuvre, les problèmes psychologiques et sociologiques liés au fait que les différentes couches sociales des sociétés colonisées ou dominées sont placées dans l’obligation d’entretenir avec la langue des dominants des rapports qui engendrent des formes diverses d’aliénation. Considérée du point de vue de ces hypothèses fanoniennes, sur le rapport à la langue des colonisateurs, la langue élaborée par Kateb Yacine peut sans doute être considérée comme engendrée par la lutte douloureuse mais victorieuse qu’il a menée pour faire exploser en quelque sorte toutes les formes d’aliénation qu’impose au colonisé l’usage du français, marqué par la domination coloniale. Ce faisant, c’est une langue nouvelle que Kateb Yacine a construite.

Projections sur l’avenir

La position dans laquelle se trouvait Fanon, à la fin de sa vie, au moment où il rédigeait les Damnés de la terre, constituait un point d’observation privilégié : l’issue victorieuse prévisible de la guerre de libération algérienne apportait, à bien des égards, des confirmations aux analyses qu’il faisait aussi bien du racisme que des effets sociaux, politiques, culturels et psychopathologiques de l’oppression coloniale.

Il ressortait de ces analyses, en particulier, que ces situations, en instaurant les conditions de formes collectives et individuelles d’accumulation de la violence, créaient aussi les conditions d’un soulèvement très puissant contre les occupants. Fanon s’efforçait d’observer in vivo les effets salvateurs, psychologiques et anthropologiques de cette pratique organisée de la violence contre la violence qu’avait été la guerre de libération. Mais la position dans laquelle il se trouvait lui permettait aussi de suivre de près les conditions de la mise en place de plusieurs États africains indépendants depuis 1958. Sur cette dimension de son activité, on dispose d’une synthèse très utile, celle qu’Alice Cherki a rédigée dans le chapitre de son livre intitulé Fanon et l’Afrique[11].

Cette expérience africaine de Fanon inspire largement les Damnés de la terre ; on peut sans doute dire en particulier que, en ébranlant quelque peu certaines de ses convictions fondamentales, cette expérience a contribué à donner plus de complexité et de profondeur à sa pensée. Elle introduit dans son esprit de l’anxiété quant à ce que seront les sociétés colonisées une fois l’indépendance politique acquise. La prise de pouvoir par des bourgeoisies nationales[12] prêtes à tous les compromis ne se traduira-t-elle pas, comme c’était déjà le cas dans certains pays africains, par le maintien, sous des formes à peine déguisées, de la domination impérialiste ? Cet aspect de la pensée fanonienne a bien été perçu par Edward Saïd, qui note que « parmi les grands théoriciens de l’anti-impérialisme, Fanon a été le premier à comprendre que le nationalisme orthodoxe suivait la voie ouverte par l’impérialisme, lequel, s’il semblait concéder un pouvoir à la bourgeoise nationale, travaillait en réalité à étendre son hégémonie »[13].

Bourgeoisie nationale et reproduction de la domination

Par l’expression de « bourgeoisie nationale », Fanon désigne l’ensemble constitué par des catégories sociales occupant des positions favorisées dans la hiérarchie sociale, et en lesquelles notamment se rassemblent différents travers sociaux qui mettent en danger les pays colonisés après l’acquisition de leur indépendance. L’inquiétude que l’observation de certaines formes de prise de pouvoir en Afrique suscite en lui est telle qu’elle lui inspire des formules qui paraissent bien peu réalistes : « Il semble, écrit-il par exemple, que la vocation historique d’une bourgeoisie nationale authentique dans un pays sous-développé soit de se nier en tant que bourgeoisie, de se nier en tant qu’instrument du capital et de se faire totalement esclave du capital révolutionnaire que constitue le peuple. »[14]

Le bilan très sévère que Fanon dresse dans les Damnés de la Terre des comportements des bourgeoisies qui s’étaient constituées et installées dans les pays africains nouvellement indépendants lui inspire des prises de position politiques et sociales radicales. Il considérait en effet que le salut pour les nouveaux États du tiers-monde consisterait à empêcher que des bourgeoisies nationales se constituent et se développent dans ces pays.

C’est tout un programme politique, dont on peut dire aujourd’hui, avec le recul dont nous disposons, qu’il manquait parfois de réalisme, que Fanon propose dans ce fulgurant paragraphe des Damnés de la terre : « Dans les pays sous-développés qui accèdent à l’indépendance, il existe presque toujours un petit nombre d’intellectuels honnêtes, sans idées politiques bien précises, qui, instinctivement, se méfient de cette course aux postes et aux prébendes, symptomatique des lendemains de l’indépendance dans les pays colonisés. La situation particulière de ces hommes ou leur histoire […] explique ce mépris si manifeste pour les débrouillards et les profiteurs. Il faut savoir utiliser ces hommes dans le combat décisif que l’on entend mener pour une orientation saine de la nation. Barrer la route à la bourgeoisie nationale, c’est, bien sûr, écarter les péripéties dramatiques des lendemains d’indépendance, les mésaventures de l’unité nationale, la dégradation des mœurs, le siège du pays par la corruption, la régression économique et, à brève échéance, un régime antidémocratique reposant sur la force et l’intimidation. Mais c’est aussi choisir le seul moyen d’avancer. » [15]

À la fin de sa vie, courte mais extraordinairement dense, Fanon était écartelé entre deux sentiments aussi forts l’un que l’autre : l’optimisme que lui inspirait l’épopée de la guerre de libération nationale algérienne, épopée qui, en faisant prévaloir la contre- violence des masses populaires, permettait de remédier aux maux dont celles-ci avaient trop longtemps souffert ; et, d’autre part, l’inquiétude très forte qu’il retirait de l’observation des orientations pernicieuses que prenaient nombre de sociétés nouvellement indépendantes. C’est sans doute la coexistence, dans l’esprit de Fanon, de ces deux ordres de réalités qui est à l’origine du ton tragique qui traverse les Damnés de la terre.

La période historique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui apparaît plus complexe que celle qui a vu se développer les luttes pour les indépendances des pays colonisés. La compétition entre les pays de l’Est socialiste et ceux de l’Ouest capitaliste, donnait aux nations du tiers-monde une marge de manœuvre qui, en particulier, semblait laisser le temps à ces dernières de construire leurs États, et de s’engager dans un développement économique et social réel. Cette situation favorable explique, en partie, que le radicalisme socio-politique de Fanon ait parfois pris la forme d’un manichéisme : « Le contexte colonial se caractérise par la dichotomie qu’il inflige au monde », dit-il[16].

Il semble avoir eu le sentiment que le tiers-monde disposait suffisamment de ressources matérielles et humaines pour pouvoir assurer, seul, son destin, dans le non-alignement. Cinquante ans après la mort de Fanon, pour nombre des pays qu’il a pu observer, ce sont ses prévisions pessimistes qui ont prévalu. Pour se libérer à la fois de la domination impérialiste externe, comme de leurs contradictions internes, des luttes plus complexes et plus dures que celles des années 1950 et 1960 doivent être menées par ces pays. Ces luttes trouveront-elles leur Fanon ?


Notes

[1] Frantz Fanon, Peau noire et masques blancs, Editions du Seuil, Paris, 1952.

[2] Frantz Fanon, Antillais et Africains, Esprit, Paris, 1955.

[3] Toni Morrison écrit ainsi, par exemple : «  …pour ce qui est de la race dans l’histoire, c’est le silence et les échappatoires, qui ont régné sur le discours littéraire. Ces faux-fuyants ont favorisé un autre langage, de substitution, où les enjeux sont codés de manière à forclore tout débat ouvert. La situation est aggravée par le tremblement qui précède tout discours sur la race. Elle est encore compliquée par le fait que l’habitude d’ignorer la race est prise pour une attitude élégante, libérale, voire généreuse…Imposer son invisibilité grâce au silence , c’est permettre au corps noir de participer sans faire d’ombre , au corpus culturel  dominant » Playing in the dark, Livre de poche, p. 30.

[4] Cf .  Edward Said, Culture et impérialisme, Fayard, Paris 2000.

[5] « La violence coloniale,  note J.P  Sartre, ne se donne pas seulement le but de tenir en respect ces hommes asservis, elle cherche à les déshumaniser »  Frantz. Fanon, Les damnés de la terre, préface, Paris, F. Maspéro, p. 15.

[6] F. Fanon, Les damnés de la terre, op. cit. p. 191.

[7] Sartre note ainsi dans sa préface aux Damnés de la terre : «  La sauvagerie de ces paysans opprimés, comment n’y retrouve-t-il pas sa sauvagerie de colon qu’ils ont absorbée par tous les pores et dont ils ne se guérissent pas ? » op. cit. p.16.

[8] Frantz Fanon, op. cit.    p 96

[9] idem,  p.159.

[10] Frantz Fanon, op. cit. p, 83.

12 Cf. Alice Cherki, Frantz Fanon, Portrait, Edition du Seuil 2000 

[12] « Si Fanon a eu raison sur la rapacité et le rôle diviseur des bourgeoisies nationales, il n’a pas fourni et ne pouvait fournir d’anti-dote institutionnel ni  même théorique, à leurs ravages. » note Edouard Saïd,  Culture et Impérialisme, Fayard, Paris 2000, p. 385.

[13] Idem, p. 380.

[14] Frantz, Fanon, op. cit.,  p. 114.

[15] idem, p. 132 - 133

[16] Frantz Fanon, op. cit. p. 37

 

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