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Malika RAHAL, L’UDMA et les Udmistes. Contribution à l’histoire du nationalisme algérien, Alger : Barzakh, 2017, 517 pages


Insaniyat N°79 | 2018 |Varia|p. 127-135 | Texte intégral

 


Cet ouvrage constitue, comme l’indique le sous-titre qu’il porte bien, une contribution non négligeable à l’histoire du nationalisme algérien. Les historiens ne peuvent que se réjouir de cette parution qui vient combler quelques-unes de nombreuses lacunes dans les travaux académiques portant sur l’histoire du mouvement national algérien. L’ouvrage est important dans le sens où il dévoile au grand jour, et pour la première fois, peut-être, l’histoire de l’Union démocratique du manifeste algérien. C’est d’ailleurs le premier mérite de ce livre.

En sept chapitres, Malika Rahal retrace l’histoire d’un parti et à travers lui, celle de son leader, Ferhat Abbas, et de ses cadres et militants. Ce que l’auteure appelle dans l’introduction le « problème » Ferhat Abbas, constitue une entrée permettant de mieux comprendre les enjeux inhérents à la création du parti et à son évolution. Comme elle le souligne, les « détestations tenaces », dont le leader faisait objet, n’étaient pas sans incidence sur l’image du parti auprès du peuple algérien, de l’administration coloniale et des autres formations politiques. 

Dans le premier chapitre, l’auteure retrace le contexte historique et politique dans lequel l’UDMA est née. En effet, il s’agit d’un commencement politique victorieux pour le parti qui fait son entrée à l’Assemblée nationale constituante en juin 1946 avec onze députés.

Les événements de mai 1945 marquent un nouveau début dans la vie politique algérienne. Les Amis du Manifeste algérien, « l’organisation politique la plus massive de l’histoire de l’Algérie », constituent un capital qui a grandement favorisé la montée de l’UDMA.

Le deuxième chapitre analyse les rapports entre les différentes formations politiques. L’UDMA, qui fut l’une des principales formations de la vie politique algérienne à partir de 1946, a fait face à un parti expérimenté, avec des objectifs divergents, des méthodes distinctes et un leader politique charismatique. L’auteure aborde cette relation en montrant les différents points de discordance qui sont liés, notamment aux événements de mai 1945, et d’une manière générale, à l’appréciation de la situation politique qui suit cette date. L’hostilité politique entre les deux formations est encore plus manifeste à l’occasion des élections de 1947 et 1949. L’auteure met en exergue, également, les rapports avec les autres partis comme la SFIO et le PCA. Son étude des rapports de sociabilité liant les militants des autres formations avec l’UDMA apporte un éclairage tout à fait instructif sur la vie politique à l’échelle locale.

Les idéaux et la stratégie de l’UDMA sont analysés dans le troisième chapitre. M. Rahal y aborde l’idée de la République algérienne démocratique et sociale qui reflète l’ouverture du parti à la population européenne, aux idées républicaines, à la modernité et à un islam réformé. Le rapprochement avec les Ulémas, à travers l’action des sections locales traduit des liens « bienveillants » qui lient les deux organisations et leurs chefs, mais aussi une vision convergente quant à l’avenir de l’Algérie.

Dans les chapitres consacrés au parti, par ses structures, ses statuts, ses militants et ses dirigeants, l’historienne entame un travail remarquable dans lequel elle montre la stratégie du parti et ses forces, ses contraintes, ses lacunes organisationnelles, selon les régions et les circonstances. Elle met l’accent sur les divergences internes traduites par le désarroi, voire la fronde de certains cadres et militants, surtout après 1953. Partant d’un travail archivistique minutieux dans plusieurs villes algériennes, et une vingtaine d’entretiens avec les militants de l’UDMA et leurs proches, l’auteure montre comment la dynamique militante s’est créée et s’est renforcée, selon les conjonctures politiques de l’époque, les moyens financiers du parti et les rapports avec l’administration coloniale d’un côté, et les autres formations nationales, de l’autre.

Évoquant la situation du parti au lendemain du déclenchement de la Guerre de libération nationale, l’auteure rappelle ses positions quant au statut de l’Algérie de 1947 et la difficile période qui précède le ralliement officiel du parti au FLN.

La conclusion bien construite, revient à la personne de Ferhat Abbas et les rapports de force qui se dessinent au sein des dirigeants du FLN.

Parce que « ce n’est pas le rôle de l’historien (ne) d’être le justicier de la mémoire », comme l’écrit, à juste titre, M. Rahal dans les dernières pages de son livre, L’UDMA et les Udmistes est surtout une synthèse analytique d’un parti né dans une situation coloniale avec un projet démocratique, égalitaire et républicain. Il éclaire les lecteurs par une analyse historique et sociopolitique du parti et une étude de sa composante complexe et hétérogène.

Le livre est enrichi par des annexes (Manifeste du peuple algérien et son additif), un index des noms des personnes et un nombre important des références bibliographiques. Le seul regret, des coquilles dans les références en langue arabe.

Ce livre est désormais indispensable pour les historiens, mais aussi les politologues, spécialistes du mouvement national algérien. Il constitue une contribution à mieux faire connaitre non seulement l’UDMA, mais aussi la situation politique et les rapports entre les différentes formations politiques de l’Algérie des années 1940 et 1950.

Belkacem BENZENINE 

 

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