Insaniyat N°79 | 2018 |Varia|p. 138-140 | Texte intégral
Le 3ème colloque national de psychologie clinique intitulé « Parentalité et prise en charge psychologique de l’enfant et de l’adolescent » a été organisé par le département de psychologie et d’orthophonie (Faculté des sciences sociales, U. Oran 2), en partenariat avec le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) où il a eu lieu les 26 et 27 avril 2017.
Ce 3ème colloque tente de s’inscrire dans la durée et continue une large réflexion sur la psychologie clinique et ses pratiques. Le premier colloque, intitulé « La psychologie clinique en Algérie : état des lieux » (2012) a exploré les pratiques des cliniciens et leurs difficultés. Le deuxième colloque, portant sur « La psychologie clinique : du bien-être du patient au bien-être du praticien » (2014), a abordé les émotions, les sentiments de bien-être et mal-être du praticien et du patient. Ces sentiments sont peu explorés, presque tabous, considérant que le bien-être va de soi, alors que la relation thérapeutique peut être source de malaise et de gêne qui nécessite analyse et prise de conscience. Et enfin, ce troisième colloque aborde une question cruciale, il s’agit de la parentalité qui est sacralisée, accusée, interrogée dans toutes les sciences sociales et en particulier dans les sciences psychologiques, de la santé et de l’éducation. Comprendre les parents et leurs fonctions multiples permettrait de mieux saisir les enjeux cliniques, narcissiques éducatifs et thérapeutiques. Bons parents, mauvais parents, co-thérapeutes, les parents restent les alliés incontestables des praticiens, que ces derniers soient dans le système scolaire, éducatif ou de santé.
L’argumentaire pose les objectifs suivants : « d’abord bien définir la notion de parentalité et ses soubassements, ensuite, explorer les hypothèses abordées par les chercheurs sur la place de la parentalité dans les travaux accomplis et enfin, de développer les bonnes pratiques aidant les familles telles que le coaching, la guidance parentale, les psychothérapies familiales, de soutien.».
Le colloque a regroupé 50 Communicants d’Universités et de Centres universitaires au cours de deux plénières et 9 ateliers. Vingt wilayas étaient représentées.
Les deux journées ont été organisées en deux plénières comportant deux conférences la première matinée suivies de quatre ateliers parallèles en fin de matinée et quatre ateliers en après-midi.
La conférence introductive intitulée « L’enfant entre bénédiction et malédiction », présentée par l’initiatrice du colloque, le Pr. B. Moutassem-Mimouni, développe, dans une approche historique, anthropologique et psychologique, comment l’enfant passe de « don du ciel » à « objet de malheur », « mauvais objet » : exposé par les Romains, enterré vivant(e) dans la péninsule arabique, placé dans des institutions modernes qui sont, parfois, de vrais mouroirs, à ce propos dira Margaret Mead « une façon moins radicale de se débarrasser d’eux ». De leur côté, les sociétés musulmanes, en rejetant l’enfant nés hors mariage, l’expose à l’abandon, au rejet et aux sévices. Stigmatisé « ould El Haram », il ne peut même pas prétendre à une identité du fait d’un triple déni : déni religieux, déni social et déni juridique. Des parentalités exemplaires à travers l’histoire ont illustré l’autre facette de la parentalité.
Les communications ont présenté des parents exemplaires se battant contre le silence et le stigmate de leurs membres atteints de handicap ou de maladies graves (A. Amani, U. Oran1; F. Bouhas, U. Sidi Bel Abbès; N. Kellou U. Oran2, etc.). Les parents en grande difficulté en thérapie familiale (B. Amirouche, U. Tiaret), des parents maltraitants et produisant les pires sévices contre leurs enfants tels que des violences sexuelles, physiques, morales (N. Zouani et L. Koudache, U. Tizi-Ouzou), des parents surprotecteurs (S. Gahar U. Alger 2) ; la fonction parentale est interrogée dans le contexte de l’adolescence avec ses turbulences (F.-Z. Sebaa, U. Oran 2) etc.
Si certains parents sont victimes de conditions complexes, difficiles et de traditions figées, produisant rejets et stigmates ; d’autres sont soutenus, et aidés par leur entourage.
Elles ont abordé, également, les facettes multiples de la parentalité qui témoignent de la complexité des fonctions parentales et de leurs rôles et rendent compte d’une société en mouvement qui affronte les difficultés de la vie avec plus ou moins de bonheur.
Badra MOUTASSEM-MIMOUNI