Covid-19 : un seul monde est un livre signé en août 2021 par le professeur Jean-Philippe Derenne ancien chef de service de pneumologie et réanimation de la Salpêtrière et préfacé par le professeur François Bricaire, avec lequel il avait déjà publié en 2005 Pandémie. La grande menace de la grippe aviaire .
Ce livre écrit comme un récit est le résultat d’une étude réalisée en 2020 de très nombreux cas de Covid-19 rapportés par les différents pays du monde. Basé sur des statistiques officielles, il donne un tableau de la réalité. Par ailleurs, il analyse les politiques mises en place face à ce fléau et avance des propositions.
C’est un seul monde que depuis presque deux ans le Covid-19 a attaqué, lisons-nous dans l’avant-propos. C’est l’ensemble des peuples qu’il a touché, blessé, meurtri. C’est aussi l’ensemble des peuples de la Terre qui font face et qui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, se mobilisent avec un objectif commun : sauver des vies humaines.
Les cas étudiés1 représentent un ensemble hétérogène. Pour faire un diagnostic, il faut utiliser un test et pour ne pas avoir de cas, le plus simple est de ne pas en utiliser.
La pandémie a touché l’Afrique marginalement. Certes, affirme l’auteur, les nombres publiés sont sujets à caution en raison du très faible nombre de tests, de la mauvaise répartition des médecins et des soignants et de la volonté de certains dirigeants de donner une vision personnelle de la réalité.
L’Afrique du Nord a été touchée très tôt par le Covid-19 qui s’est répandu par vagues. Tout d’abord en Égypte et en Algérie, puis au Maroc au début de l’été, suivis par la Lybie et la Tunisie. Malgré cette hétérogénéité régionale, le nombre de cas est monté de façon quasi linéaire à partir du mois d’août 2020, pour atteindre plus de 8 000 cas par jour fin septembre. Il a ensuite diminué progressivement, les 100 000 cas ont été atteints le 1er juillet, les 500 000 fin octobre. La mortalité a été assez faible pour la population : 10 000 morts le 21 septembre, 20 000 début décembre.
L’auteur note que les réactions tant des autorités que de la population ont été très diverses. La Covid-19 a engendré maladie secondaire : la désinformation systématique par certains réseaux sociaux souvent relayées par quelques télévisions motivées par le spectacle qu’elles produisent en promouvant complotismes, gourous en tous genres et ignares de toutes sortes. Le tout entraînant de la part de la population confusion, incertitude, anxiété, perte de confiance généralisée (p. 404).
Tant que le virus circule, souligne Jean-Philippe Derenne, il peut muter et annuler au moins en partie les bénéfices des mesures préventives. Un sujet, même vacciné ou ayant eu la maladie, peut en tomber malade, en particulier avec l’arrivée des variants. Refuser les mesures barrières au sens large et la vaccination c’est revendiquer le droit de tuer et très généralement en toute inconscience.
Dans un supplément de 14 pages, l’auteur présente un petit dictionnaire de farces et attrapes, qui en semant le trouble avec des déclarations d’autorité, détournent des attitudes défensives.
En ne ventilant pas les vieux on les laisse mourir au sein des services de réanimation. Plusieurs médias internationaux se sont fait l’écho de cette pratique qui se retrouve dans une multiplicité de contextes médicaux, des plus extrêmes (médecine humanitaire, catastrophes, pandémies) aux plus classiques (greffe d’organes, essais cliniques en cancérologie). Dans l’espace social, le tri est appréhendé comme une impossibilité d’accéder à des soins que, bien souvent, les citoyens envisagent comme relevant d’un droit.
En conclusion, Un seul monde. C’est un seul monde que depuis presque deux ans le Covid-19 a attaqué . C’est l’ensemble des peuples qu’il a touchés, blessés, meurtris. Mais c’est aussi l’ensemble des peuples de la Terre qui font face et qui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, se mobilisent avec un objectif commun : sauver des vies humaines. Le choc de la Covid-19 a mis en avant la grande fragilité de nos sociétés et de leurs économies. Il permet cependant d’éclairer une puissance qu’on pensait perdue : celle de l’État, parvenant à suspendre presque du jour au lendemain l’ensemble des activités sociales, économiques, culturelles voire même politiques. Le problème est que cette brusque suspension cale la machine : roulant à la croissance, nos institutions ne peuvent que sortir fragilisées voire effondrées d’un tel arrêt. Or, le monde d’après présuppose une sortie de ce fonctionnement destructeur basé sur la croissance. Dès lors, comment y parvenir sans provoquer l’effondrement de nos sociétés ?
Aïcha BENAMAR
1. Les 200 millions de personnes chez lesquelles le diagnostic de covid-19 a été fait.