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Insaniyat N°19-20 | 2003 | Historiographie maghrébine : champs et pratiques | p.5-6 | Texte intégral


Qu’en est-il des recherches sur l’histoire du Maghreb? Sans chercher à répondre de manière exhaustive à cette question, il nous a paru intéressant de soumettre à l’examen critique des textes, qui à partir de différents centres d’intérêt, proposent des regards non moins différents sur le propos.

Question subsidiaire, en apparence, mais qui aide à comprendre la mise en œuvre et en forme de la production historique: Comment aborder les champs et pratiques de l’historiographie maghrébine?

Les approches peuvent certes différer selon les écoles, les pays et d’une période à l’autre. La puissance scientifique et institutionnelle des sociologues, des économistes, etc. peut entraîner ici et là une sorte de repli de l’activité historiographique proprement dite.

Le repli identitaire par exemple souvent matiné de positivisme historiographique à la prégnance encore importante, a souvent provoqué une forte rupture méthodologique par rapport aux autres disciplines sociales, et sans empêcher pour autant les interférences paradigmatiques et l’ouverture aux approches démographiques, économiques et sociales.

Mais, là aussi il faut apporter la nuance. C’est bien le paradigme de la «résistance» qui demeure dominant.

Peut-on alors évoquer un style national d’historiographie qui pousserait (ou autoriserait) les historiens de chaque pays à prendre en compte et à assimiler les référents considérés comme universels ou au contraire à en faire l’impasse?

S’il est vrai et évident que «chaque société produit ses propres références et les construit» (Jean Boutier), il n’est pas moins vrai «que les institutions, les liens sociaux, les formes urbaines, les territoires n’ont pas de nature éternelle, mais seulement des usages» (J. Boutier).

Ce sont bien ces institutions qui laissent «une empreinte forte sur la production historiographique» que Hassan Remaoun pour l’Algérie et Sami Bergaoui pour Sfax (Tunisie) nous présentent ici. Hugh Roberts reprend alors le concept de segmentarité à la lumière du champ politique algérien actuel.

Ce style national d’historiographie implique-t-il l’élaboration d’outils d’analyse spécifiques? Isabelle Grangaud avec ses historiens constantinois des premières années de l’occupation française montre comment et à partir de quoi, s’est élaborée une histoire de Constantine dès cette époque. Histoire intellectuelle que complète celle des lieux de mémoire.

Pour Ouanassa Siari-Tengour le passage du Palais du Dey au Palais du Gouvernement est plus qu’un simple changement d’adresse. Il va au-delà d’un simple transfert de pouvoir. Il présente en fait, un changement de monde. Il montre comment l’univers et les repères d’Alger ont basculé. Le débat sur la place de la période ottomane dans notre histoire en est la parfaite illustration.

Fatima Zohra Guechi essaie de montrer comment Constantine et les constantinois ont protégé leur mémoire collective. Ce travail a été réalisé à partir des registres des habous institués par Salah Bey et les registres des actes de décès des années 1840 – 1841.

Le transfert des lieux de mémoire a été le fait des hommes. Saddek Benkada examine ce qu’a pu être l’apport de Gabriel Camps et Omar Carlier nous présente un Braudel d’Algérie, un Braudel déjà brillant, remarqué par l’Université d’Alger qui lui confie non seulement un espace éditorial mais aussi une place de choix dans l’organisation des colloques scientifiques.

Dans cette histoire culturelle, Omar Bessaoud met en valeur la place d’Hyppolite Lecq alors qu’Abdelkader Charchar essaie de comprendre ce qu’a pu être le rôle du livre de Dugat dans la construction de l’image de l’Emir Abdelkader.

Pratiquer l’histoire, c’est encore et toujours accuser de nouveaux champs de recherche: la démographie (Aïcha Ghettas), la consommation du thé (Abdewahed El Mokni), la question de l’eau (Abdelkader Khelifi) et même l’événement politique (Mohamed Ben Maammar).

Le chemin est encore long (en Algérie, du moins) qui nous conduirait vers l’analyse de la société colonisée, vers l’étude des mutations fondamentales qu’elle a subies, vers l’impact des études historiques sur la société actuelle. La modeste ambition de ce numéro d’Insaniyat est de présenter un panorama encore sommaire de ce qui se fait en (ou à propos) Algérie et au Maghreb.

Fouad SOUFI

 

 

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