Insaniyat N°65-66 | 2014 | Algérie 1962 | p. 93-104 | Texte intégral
Oran, or the exhumed memory (1962, 1994) in Assia Djebar’s Novel Abstract: It is owing to my investigation in the OAS victims in Oran, during the period 1961-1962 that i became much interested in the collection of Assia Djebar’s novels, «Oran, langue morte»”, “The Tongue’s Blood Does not Run Dry: Algerian Stories” (the English version). Novelist and short story writer, she was the first Algerian woman novelist to have included Oran as a spatial frame in her romantic writing. “The Tongue’s Blood Does Not Run Dry: Algerian Stories” (Oran, langue morte), is not, properly speaking, a romantic work, but a collection of stories written between August and October 1996 in Paris: Oran, langue morte (The Tongue’s Blood Does not Run Dry, L’attentat (The assassination) and Le corps de Félicie (The corpus of Felicia). |
Saddek BENKADA: Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, 31 000, Oran, Algérie.
L'histoire à Oran s'est acharnée à installer des béances.
Et c'est le temps, exfolié en tranches de siècles, de décennies ou d'heures immobiles évanouies, qu'on cherche, qu'on interroge . […]
Assia Djebar, « Oran » * [1]
C'est en historien travaillant sur les victimes civiles, algériennes et européennes, de l'OAS [2] des années 1961-1962 [3] , que j'étais amené à m'intéresser, de près, au destin victimaire des personnages évoqués par Assia Djebar dans son recueil de nouvelles : Oran, langue morte.
C'est donc à partir des recherches sur la victimologie de guerre que je suis passé à l'analyse du texte littéraire, en faisant, non pas une source historique, mais narrative sur des événements réels qui ont largement nourri l'imaginaire de l'écrivaine.
Oran dans l'inspiration des écrivains
Il est des villes dans monde qui, d’emblée, paraissent faites pour planter les décors d’une intrigue romanesque comme Oran l’est, par excellence. Elle, qui, depuis Cervantès, n’a cessé d’inspirer femmes et hommes de lettres, dont les œuvres, pour certains d’entre eux, sont universellement connues : Albert Camus, Emmanuel Roblès, Hélène Cixoux, Assia Djebar, et d’autres [4] .
Assia Djebar est la première femme romancière algérienne à avoir intégré Oran comme trame spatiale de son écriture romanesque. Elle a emprunté au cinéma la technique du flash-back. Elle en a usé afin que son style narratif saisisse l’horreur de la brutalité sanguinaire et de la violence aveugle des événements dont elle a essayé de recréer les lieux et les émotions vécues par les différentes victimes [5] .
L’écrivaine, à l’instar d’autres hommes et femmes de lettres avant elle, ont fait de la ville d’Oran une source d’inspiration épique et romanesque. Des œuvres de ces auteurs sont inscrites au patrimoine littéraire universel. Assia Djebar, d’ailleurs, elle-même, se reconnaît implicitement dans cette lignée des inspirés, tels que « Albert Camus, Diégo-Suarez, Miguel de Cervantès,… » [6] .
Le moins qu’on puisse remarquer chez cette romancière, bien qu’elle ne soit pas native d’Oran, c’est son attirance plus que sentimentale, nous dirions même, presque fusionnelle avec la ville. Il en résulte de cette communion un fort intérêt dans ses projets d’écriture.
Albert Camus et Assia Djebar : croisement d’écritures
La célébration du Cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie fut, en cette année 2012, le moment fort du calendrier des commémorations, tant en Algérie qu’en France. Il est bien vrai que l’évènement politique, en lui-même, symbolise incontestablement la fin, en 1962, de la colonisation et le recouvrement de la souveraineté nationale, obtenus après sept ans et demi d’une guerre de décolonisation des plus inhumaines qu’ait connues le XXe siècle.
Il reste, néanmoins, qu’au-delà des horreurs de la lutte contre le colonialisme, l’Algérie en est venue, trente ans après, en 1992, à renouer avec la violence durant la « décennie noire » ou les « années rouges » [7] .
Pendant cette période, les terroristes ont fait subir aux populations les mêmes actes d’horreur que ceux perpétrés par les déchaînements de haine et de meurtres organisés par l’OAS, qui avaient marqué les six derniers mois (janvier-juillet 1962) de la « présence française » en Algérie et, plus particulièrement, Alger et Oran.
Dans ce contexte, il y a lieu toutefois, de relever le parallèle qu’on pourrait aisément établir entre le roman d’Albert Camus, La Peste, et Oran, langue morte, le recueil de nouvelles de l’écrivaine Assia Djebar.
Albert Camus et Assia Djebar ont, tous deux, fait de l’espace de la ville le lieu de mémoire où se sont passés et déroulés des événements réels ou imaginés. Si tous deux ont, chacun à sa manière construit son récit narratif, ils se rejoignent, au moins, sur un même registre : celui de la dénonciation des drames paroxystiques où, nulle ville, autant qu’Oran, n’a été vouée aux violences extrêmes[8].
Par le biais de sa seconde épouse oranaise, Francine Faure, Albert Camus avait pris attache avec Oran [9], ce qui lui a permis d’avoir de fréquents séjours dans la ville, notamment de janvier 1941 à août 1942, période durant laquelle il lui était loisible de se documenter sur la peste et de s’informer sur la société oranaise. Celle-ci lui fournit les personnages de son roman : le docteur Rieux, Rambert, le journaliste parisien, le père Paneloux dont les « reconstitutions épigraphiques faisaient autorité », Tarrou etc. [10]
Le Prix Nobel de littérature avait délibérément choisi Oran pour camper les « héros » de ses romans, notamment l’incident sur la plage de Bouisseville qui a inspiré la scène du meurtre dans L’Étranger [11] . C’est incontestablement son roman La Peste où il situe d’emblée le récit en (194.) à Oran ; d’aucuns à l’époque ne pouvaient s’empêcher de faire un rapprochement avec l’occupation nazie de la France [12] .
Cependant, quatorze ans plus tard, soit en 1961-1962, lorsque les peuples français et algérien vont se trouver confrontés aux grandes violences causées par les extrémistes partisans de l’Algérie française, la Peste, métaphore de la collaboration pétainiste, s’estompe. Elle se donne à voir comme un roman prémonitoire qui annonçait l’angoisse collective créée dans la population européenne d’Algérie par la folie meurtrière de l’OAS.
Michèle Villanueva, écrivaine européenne d’Algérie, affirme avec une précoce lucidité qu’on décèle rarement chez ses compatriotes : « Je suis née à Oran, dans les quartiers populaires espagnols d’Eckmühl. J’ai d’abord enseigné, de 1962 à 1965, au lycée Ben Badis d’Oran. Trente ans plus tard, me plongeant dans la guerre d’Algérie, j’ai relu Camus. Et j’ai eu le choc de La Peste qui m’est alors apparu comme ce que j’avais vécu à Oran ». Quant à l’historien britannique Alistair Horne [13], il est l’un des premiers à avoir pressenti dans La Peste une œuvre éminemment annonciatrice d’un évènement historique.
Contrairement à celle d’Albert Camus, la biographie d’Assia Djebbar reste quelque peu silencieuse sur un quelconque séjour effectué à Oran. Pourtant la ville et les événements lointains et récents qu’elle a connus n’en ont pas moins été pour la romancière une ineffable source d’inspiration. Nous savons les liens d’attache à l’histoire et à l’identité de la ville qui l’unissent à ses ami(e)s oranais(es), qui sont en même temps ses « initiateurs » comme elle se plait non sans quelque affectueuse malice à les qualifier ; en l’occurrence les proches de son compagnon oranais Malek Alloula [14] .
Les tragiques événements qu’avait connus l’Algérie durant la décennie noire (1992-2002) ont fait l’objet de remarquables et pertinentes études de la part d’écrivaines et essayistes algériennes dont Assia Djebar qui se place assurément en tête [15] . Assia Djebar qui a vu bon nombre de ses amis intellectuels tomber l’un après l’autre sous les balles ou sous la lame tranchante des couteaux des terroristes: le journaliste et poète Tahar Djaout le 3 juin 1993, le psychiatre Mahfoud Boucebci le 15 juin 1994, le sociologue M’hamed Boukhobza le 27 juin 1994, Abdelkader Alloula, 10 mars 1994 [16] .
Un an à peine après cette série d’assassinats en 1993 et 1994, Assia Djebar restitue dans son ouvrage, Le Blanc de l'Algérie , les derniers instants de la mort de ces victimes propitiatoires, en nous mettant en garde de ne pas le considérer comme un « exercice de déploration littéraire »: « J'ai voulu, dans ce récit, explique-t-elle, répondre à une exigence de mémoire immédiate : la mort d'amis proches (un sociologue, un psychiatre et un auteur dramatique); raconter quelques éclats d'une amitié ancienne, mais décrire aussi, pour chacun, le jour de l'assassinat et des funérailles ― ce que chacun de ces trois intellectuels représentait, dans sa singularité et son authenticité, pour les siens, pour sa ville d'origine, sa tribu » [17] .
Depuis les débuts de ces « années rouges », Assia Djebar sent ardemment, avoue-t-elle, «le désir de dérouler une procession : celles des écrivains d'Algérie, depuis au moins une génération, saisis à l'approche de leur mort ― celle-ci accidentelle, par maladie ou, pour les plus récents, par meurtre » [18] . Et depuis lors elle ne cesse de consacrer sa créativité littéraire en se faisant l’impérieux devoir de rallumer la flamme du souvenir en hommage à la mémoire de tous ceux et celles qui ont été innocemment massacrés lors des actes de barbarie et des meurtres fratricides.
À l’« exigence de mémoire immédiate » qu’elle déploie éloquemment dans Le Blanc de l'Algérie, l’écrivaine, ou convient-il de la qualifier sciemment en la circonstance de mémorialiste ou de chroniqueuse, effectue dans Oran, langue morte un déplacement de regard vers, cette fois-ci, une mémoire antérieure ; une sorte de « retours en arrière dans la guerre d'hier », selon sa propre expression. Sur le plan de l’écriture, le recueil se présente comme le croisement du discours littéraire et de la chronique journalistique [19] .
En effet, Oran, langue morte n’est pas à proprement parler une œuvre romanesque, mais un recueil de nouvelles écrites entre les mois d’août et d’octobre 1996 à Paris : Oran, langue morte, L’attentat et Le corps de Félicie. Dans toutes ces nouvelles, Oran investit l’imaginaire de l’auteure qui met à contribution les lieux de mémoire de la guerre du passé (période de l’OAS 1961-962) et du présent (terrorisme intégriste, 1992-1999).
Dans les deux nouvelles, Oran, langue morte et Le corps de Félicie, Assia Djebar établit un lien direct entre des protagonistes différents, sur les mêmes lieux, mais à des époques différentes : la politique de la « terre brûlée » de l’OAS, la journée sanglante du 5 juillet 1962, et les massacres des populations et assassinats des intellectuels par les terroristes islamistes. Sont évoqués aussi dans la nouvelle Oran, langue morte, les actes criminels des tueurs de l’OAS. Assia Djebar décrit la scène atroce de l’assassinat d’un couple d’Algériens dans une chambre d’hôpital à Oran.
On se demande alors comment d’un fait réel, Assia Djebar a pu tisser la trame de son récit. En fait, le couple d’Algériens assassinés n’est autre que le couple Mustapha et Abassia Fodil [20] , deux militants communistes de la cause nationale.
De même qu’elle évoque sans le nommer, l’assassinat d’Abderahmane Fardeheb [21] :
«Non loin de notre quartier, deux ou trois adolescents, m’a-t-on dit, venus dans une vieille guimbarde qui ensuite fila vers le quartier du « Petit Lac», ont tiré à bout portant sur un professeur d’université d’âge mur qui sortait de chez lui, un de ses petits enfants à ses côtés. C’est un maître qui a formé d’autres maîtres en sociologie : en arabe et en français.
Il se savait menacer. Une université française lui proposait de venir enseigner comme professeur associé.
Le maître prenait son temps parce que cela lui coûtait (il n’avait pas bougé de sa ville, depuis les années soixante) et il faisait ses préparatifs. Ces derniers jours, il n’attendait que son visa français.
Les meurtriers l’ont atteint juste avant. Abattu, le professeur ! On m’a rapporté au cimetière le drame; on m’a décrit l’onde douloureuse qui a traversé le monde des étudiants et des jeunes collègues…
Le corps du maître assassiné a été transporté à l’hôpital, puis à la morgue.»Oran, langue morte (nouvelle), p. 47.
« Oran et les meurtres »: la journée sanglante du 5 juillet 1962 revisitée
Dans Le corps de Félicie, la nouvelle la plus longue du recueil (130 pages), Assia Djebar semble être très bien informée du déroulement des événements de ce tragique jeudi 5 juillet 1962 à Oran. En effet, son récit coïncide avec de nombreux témoignages que nous avons recueillis auprès des témoins de cette journée sanglante, dont des « massacreurs ». Ceux-ci, éléments au passé douteux, ont intégré les rangs du FLN/ALN, à partir du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, et lendemain de la signature des Accords d’Évian.
Ces « combattants de la dernière heure » ont été à l’origine de nombreux dépassements qui ont failli, durant la période transitoire de mars à juillet 1962, mettre en danger la fragile paix qui venait d’être si chèrement acquise. Certains de ces « marsiens » [22] se sont donné une virginité patriotique, en montrant un zèle excessif dans les tueries :
« Oran et les meurtres. En conclusion lugubre de cette dernière année, où les assassinats s’étaient succédé jour après jour : avec cette différence que les tueurs venaient de changer de camp. Après des mois où « la chasse à l’Arabe » avait été systématiquement menée, en une journée, intervint la vengeance. De la part de qui : des “gens de la pègre ”, “ceux qu’on avait libérés récemment des prisons”, un ou deux mois auparavant (on avait ouvert les portes aux prisonniers politiques, mais aussi à ceux de droit commun !)…
J’avais rencontré beaucoup de ceux qui, aussitôt après le 19 mars, en mettant simplement un uniforme flambant neuf, se présentaient en « maquisards », en « libérateurs », en « combattants ». Après cette hypocrisie et ces comédies, voici que, dans le même cortège, se préparait soudain la terrible danse macabre !
Ce jour du 5 juillet, je ne me suis dit cela ni clairement, ni lucidement. J’étais encore naïf, mais je reconnaissais déjà, à l’instinct (ou à un je-ne-sais-quoi dans une gouaille soi-disant « oranaise », lorsqu’elle devient excessive, douteuse), les « vrais » des « faux », disons les véritables acteurs des figurants, ou même des « traîtres déguisés » : cela formait l’essentiel de mes conversations avec Brahim, mon initiateur. Silencieux sur son passé était-il, souriant souvent avec mépris devant les nouveaux vantards et hâbleurs… »
A peine les irréductibles de l’OAS, avec leur politique de la « terre brûlée » menée presque à son terme dans notre ville maudite, à peine ces démons furent-ils partis (ils s'éclipsèrent dans une fuite in extremis vers le proche rivage espagnol) que leurs esclaves d'hier, leurs pseudo-ennemis exhibaient leur museau de loup! », Le corps de Félicie (nouvelle), p. 337-338.
Assia Djebar qui, le 5 juillet 1962, se trouvait à Alger en reportage sur les premiers jours de l’indépendance [23] , semble, néanmoins, très bien informée du déroulement des événements de cette tragique journée à Oran :
« Remonte en moi le déroulé de cette journée : chants des défilés, cortèges effervescents, à la fièvre joyeuse, cela dans tout le pays…Partout, sauf à Oran; Oran où la tragédie a été cachée ensuite comme une honte.
J'avais juste vingt ans; le souvenir de ce jour me reste gris, brumeux, taraudé que j'étais par une inquiétude montante.
Ce 5 juillet et les deux jours suivants !
Car j’ai craint de plus en plus ta mort, Félicie. Et je refais connaissance aujourd’hui avec le plomb de cette angoisse d’autrefois, de ce désert de l’âme», Le corps de Félicie (nouvelle), p. 335.
Elle ne laisse pas mourir Félicie de mort violente, « sous la lame du coutelas… des égorgeurs » ; elle lui donne le statut de « rescapée » pour l’appeler à témoigner de ce qu’ont pu vivre pendant plusieurs heures de nombreuses personnes qui étaient destinées à l’« abattoir » :
« En ce 5 juillet oranais, non loin de la nouvelle préfecture, ils se retrouvèrent, un lot d'une vingtaine de personnes, proies désignées de deux ou trois égorgeurs qui, avec des grognements, avaient réussi à les cantonner sur un remblai, près d'un hangar… Le reste de la foule, la joyeuse, l'hystérique et ceux qui soudain avaient humé le danger (parce que, simples badauds, Européens, ou pour une autre moitié, des “indigènes” au teint clair, habillés avec recherche, il y eut même, parmi ces derniers, une institutrice d'un certain âge dont l’élégance à l’européenne allait l’exposer), cette foule donc avait réussi à s’égailler sur une large avenue, puis à se disperser, les couples européens étaient pris ensuite en charge par des soldats français qui avaient reçu ordre jusqu’alors de ne pas intervenir…Ils furent sauvés, ceux-là. D’autres, à un carrefour opposé, environ une dizaine, furent exécutés et, en moins d’un quart d’heure, leurs corps emportés disparurent.
Le groupe, où se trouvait Félicie, semblait à son tour aller à l’abattoir ! », Le corps de Félicie (nouvelle), p. 344.
À y voir de plus près, Oran, langue morte dans le recours à la symbolique, n’est pas très éloignée de La Peste d’Albert Camus; sauf peut-être que, chez Assia Djebar, la particularité demeure dans la quasi-présence de l’obsession de la mort violente, à tel point que nous avons l’impression qu’elle fait sortir les personnages de ces nouvelles, du martyrologe des victimes innocentes de toutes les barbaries. Elle leur rend la voix au-delà de leurs sépultures (pour ceux qui ont eu la chance d’en avoir une), pour crier toute leur innocence dont se sont abreuvés les fous de Dieu et les desperados d’une cause perdue d’avance dans leur ivresse sanguinaire. Comme pour les femmes, les morts chez l’auteure :
« S’éclatent en poussant un cri de malheur pour se libérer à leur façon mais libérer surtout leur voix » [24] .
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Benkada, S., intervention le 18 mars 2012 sur la chaîne BFM/TV, dans le cadre d'un reportage de Laëtitia Soudy et Quentin Baulier : « Fin de la Guerre d'Algérie : le massacre d'Oran reste dans les mémoires ».
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Filmographie (d’Assia Djebbar)
Djebar, A. (1978), La Nouba des femmes du Mont Chenoua.
Djebar, A. (1982), La Zerda ou les chants de l'oubli.
NOTES
[1] Djebar, A., « Oran », in Le Monde Dimanche, 27 juillet 1980, (supplément au n° 11.038). Assia Djebar de son vrai nom Fatima-Zohra Imalayène, née à Cherchell le 30 juin 1936, son premier roman La Soif, publié en 1957 chez Julliard, lui vaut par la critique le surnom de « Françoise Sagan algérienne », tout comme le fut Leïla Baalbaki, surnommée la « Françoise Sagan d’Orient », à la suite de la sortie, en 1958, de son premier roman Ana Ahya (Je vis).
[2] Organisation de l’Armée Secrète (OAS), mouvement clandestin fondé à Madrid en février 1961 par les opposants à la politique algérienne du général de Gaulle qui se montrait de plus en plus déterminé à mener l’Algérie vers une « République indépendante, rattachée à la France »; où le peuple algérien serait seul maître de son propre destin national. Dès lors, l’OAS entraînent, sur les territoires algérien et français, un déchaînement de haine communautaire et de tueries par des actes violents et aveugles dirigés aussi bien contre la population civile algérienne que contre les Français civils et militaires favorables à la politique gaullienne. Dans cette guerre, Alger et Oran ont été les villes qui ont payé le plus lourd tribut aux dérives fascistes et terroristes de la stratégie de la « terre brûlée» adoptée par l’OAS.
[3] Ces évènements furent beaucoup médiatisés. A ce sujet, Benkada, S. (2012), « Villes et massacres collectifs: le cas d’Oran (1961-1962) », Conférence au CRASC, 21 février 2012, (compte-rendu, APS, 22 février 2012).
[4] La prolifique production littéraire, particulièrement riche en thèmes et variée en style d’Assia Djebar, fait l’objet de très nombreuses études de critiques littéraires universitaires de l’espace francophone, et même anglophone.
[5] En plus de ses talents littéraires, Assia Djebar a des rapports étroits avec l’écriture cinématographique. Son expérience d’animatrice de séminaires de cinéma à l’Université d’Alger lui a permis d’écrire et de tourner deux films : La Nouba des femmes du Mont Chenoua, en 1978, mal vu à Alger, reçoit le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise ; La Zerda ou les chants de l'oubli, en 1982.
[6] Djebar, A. (1980), Le Monde Dimanche, « Une ville, un écrivain, Oran », op.cit.
[7] Aslaoui, L. (2000), Les années rouges, Alger, éd.Casbah.
[8] Déjà présente, cette violence dans Saison violente, le roman d’Emmanuel Roblès, un enfant de la ville.
[9] À propos d’Oran, «…quoique Camus la dise souvent laide, paraît plus agréablement européenne qu'Alger… », Todd, O. (1996), Albert Camus. Une vie, Paris, Gallimard, p. 228.
[10] Benkada, S (2010), « Albert Camus dans la mémoire oranaise », communication présentée au Centre Culturel algérien à Paris, le 10 janvier 2010, à l’occasion de la Commémoration du 50e anniversaire de la mort d’Albert Camus.
[11] Chaulet-Achour, C. (2005), « Albert Camus et Oran », Colloque « Albert Camus : Oran, l’Algérie, la Méditerranée », Centre culturel français d’Oran.
[12] Ce que confirmera Camus dans une lettre du 11 janvier 1955 qu’il écrivit à Roland Barthes : « La Peste, dont j’ai voulu qu’elle se lise sur plusieurs portées, a cependant comme contenu évident la lutte de la résistance européenne contre le nazisme ». À ce sujet, Barthes, R. (1955), « La Peste, annales d'une épidémie ou roman de la solitude ? », in Œuvres complètes, t. 1, 1942-1965, Paris, éd. Seuil, 1993, p. 454-455.
[13] Horne, A. (2007), Histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Albin Michel, Alger, éd. Dahlab, (éd. originale anglaise : A Savage War of Peace, Macmillan London Ltd., 1977).
[14] Frère aîné du dramaturge Abdelkader Alloula (1938-1994), Malek Alloula est né en 1937 à Oran. Écrivain, poète et critique littéraire, connu pour son travail sur la représentation de la femme algérienne dans l’iconographie cartophilique coloniale, Le Harem colonial. Images d’un sous-érotisme, Paris-Genève, éd. Slatkine, 1980.
[15] Benmansour, L. (1997), La prière de la peur, Paris, éd. la Différence.
Aslaoui, L. (2000), Les années rouges, Alger, éd. Casbah.
Balhi, M. (1998), Chroniques des années infernales, Alger, éd. Marinor. Etc…
[16] « Le héros de la ville, un homme de jovialité et de générosité », comme le qualifie Assia Djebar, frère cadet de Malek Alloula, son compagnon d’Assia Djebar, Abdelkader Alloula (1938-1994), dramaturge et intellectuel était engagé sur tous les fronts de la lutte pour les droits politiques et de l’action humanitaire, il fut grièvement blessé à Oran. par deux terroristes islamistes, le 10 mars 1994, le soir du 28ème jour du mois sacré de ramadhan 1414. Transporté à Paris, il y décède le 15 mars. A l’occasion de ses funérailles à Oran, auxquelles assistèrent une foule immense, des gens du peuple, et d’intellectuels, Rédha Malek, chef du gouvernement, lança la célèbre expression : « Il faut que la peur change de camp ».
[17] Djebar, A. (1995), Le Blanc de l'Algérie (récit), Paris, éd. Albin Michel, p. 11.
[18] Idem ., p. 11.
[19] Oran, langue morte donne l’occasion à Assia Djebar de montrer, à souhait,son talent de nouvelliste et la fait renouer avec ses premiers écrits journalistiques du temps du journal El Moudjahid à Tunis (1958-1959) où elle fut la collaboratrice de Frantz Fanon.
[20] Mustapha Fodil, né le 16 février 1925 à Sidi-Bel-Abbès, secrétaire régional du PCA pour l’Oranie, était hospitalisé à la clinique du Front de mer, à Oran, lorsque, le vendredi 2 février 1962 à 10h 45, des tueurs de l’OAS attaquent à la mitraillette la chambre de la clinique; en quittant les lieux, les assaillants jetèrent des grenades derrière eux ; Mustapha Fodil décède sur le coup, tandis que son épouse Abassia Fodil qui l’accompagnait, très grièvement blessée, décèdera quelques heures plus tard à l’hôpital d’Oran.
Abassia Fodil (née Dali-Ahmed) est née le 1er mars 1918 à Sidi-Bel-Abbès. Secrétaire régionale du Parti communiste algérien (PCA) pour l’Oranie et figure de proue du mouvement féministe algérien.
[21] Professeur d'économie à l’Université d’Oran, Abderahmane Fardeheb militant du PAGS (Parti de l'Avant-Garde Socialiste), membre fondateur du comité d’Oran de la Ligue algérienne des droits de l’homme, fut abattu le 26 septembre 1994 par deux de ses anciens étudiants ; le matin, en se rendant à l'université. Sa fille qui l'accompagnait échappa par miracle à la mort.
Sur ces événements, voir notre intervention du 18 mars 2012 sur la chaîne BFM/TV, dans le cadre d'un reportage de Laëtitia Soudy et Quentin Baulier : « Fin de la Guerre d'Algérie : le massacre d'Oran reste dans les mémoires ». Ainsi que les travaux de l’historien Fouad Soufi , entre autres : « L'histoire face à la mémoire : Oran, le 5 juillet 1962 », Colloque La guerre d'Algérie dans la mémoire et l'imaginaire ?, in Dayan-Rosenman, A., Valensi, L., « La guerre d'Algérie dans la mémoire et l'imaginaire », Actes du colloque, Paris, Université Paris 7 puis École des hautes études en sciences sociales, 14-16 novembre 2002, Saint-Denis, éd. Bouchène, 2004, p. 133-147. Ainsi que, Daum, P., A., « Chronique d’un massacre annoncé. Oran, 5 juillet 1962…», in Le Monde Diplomatique, janvier 2012, p. 14-15.
[22] En référence au mois de mars (1962).
[23] Le 1er juillet 1962, Françoise Giroud envoie Assia Djebar à Alger afin d’effectuer pour L’Express, un reportage sur les premiers jours de l’indépendance, le 26 juillet, le reportage paraîtra sous le titre de, « L'Algérie des femmes ».
[24] Sari-Mohamed, L. (2006), « La parole occultée ou le voile du silence, dans Oran, langue morte de Assia Djebar », in Daoud, M. Le roman moderne : écriture de l’autre et de l’ailleurs, Oran, éd. CRASC, p. 127-137, p. 135.