Dans un numéro spécial sur Alger, il nous a paru pertinent de rendre compte d’un livre certes édité depuis quelques années, mais demeurant, eu égard à la rareté des études publiées dans ce domaine, intéressant non seulement pour les chercheurs mais aussi pour l’amoureux de la ville qui voudrait mieux connaître sa ville, son histoire, sa (ses) culture (s) et ses langues.
David Cohen dans une lettre à l’auteure, éditée en préface à l’ouvrage lui assigne l’objectif d’établir la carte sociolinguistique de la grande métropole qu’est devenu Alger et déplore, par là même, l’absence d’une monographie linguistique digne de cette ville, justement ! Et c’est ce que va tenter d’entreprendre Aziza Boucherit en réunissant dans son ouvrage plusieurs études concernant l’arabe parlé à Alger, « cet arabe qui ne bénéficie d’aucune, ou si peu, de reconnaissance. Il s’agit pourtant de la langue utilisée régulièrement par des millions d’Algériens pour dire leurs émotions, leurs passions, leurs rêves, pour chanter, réciter des poèmes, raconter des histoires aux enfants, se chamailler, rire, pleurer, vivre ».
S’appuyant sur des réalisations concrètes du parler dans des situations de communication diverses, l’auteure s’attache plus particulièrement à analyser la structure du système verbal du parler algérois mais au-delà de cette analyse, elle met en évidence la diversité du milieu langagier algérois et les phénomènes de contact entre les différentes langues qui habitent Alger et que ses habitants manient avec beaucoup de souplesse.
L’ouvrage fourmille de notations de détail tout à fait intéressantes mais ce qui nous semble le plus remarquable dans ce que nous présente l’auteure, ce sont les matériaux linguistiques sur lesquels elle a travaillé et qui pourraient constituer, tout en les étoffant avec d’autres données plus récentes, langagières mais aussi sociales et anthropologiques, un merveilleux corpus pour justement établir une monographie sociolinguistique d’Alger. Nous pensons à la fois à la chanson, au théâtre, au cinéma (longs et courts métrages), mais aussi à la collecte de matériaux relatifs aux us et coutumes algéroises qui doivent être collectés pour fixer une « norme » qui nous permette de juger des évolutions récentes ou futures de ce parler.
Khaoula TALEB IBRAHIMI